mercredi 5 décembre 2007

Un historien bientôt en prison ?



Los Años de Hierro
Pio Moa

Esfera de los libros, 680 p., 26 euros, ISBN 9788497346634.

Pio Moa est un historien qui met du sel dans les plaies ouvertes de la gauche espagnole. Venu des rangs du terrorisme d’extrême-gauche qui a combattu le franquisme, il ne prend pas de gants pour rappeler à l’Espagne que le passe ne se lit pas seulement à travers le prisme déformant de la gauche bien-pensante qui règne dans les universités de la péninsule.
A fil de ses livres, il a brisé l’image d’Epinal d’une gauche ibérique démocrate, humaniste, fauchée en pleine ascension par une droite réactionnaire et militariste faisant alliance avec le nazisme, la fascisme et l’Eglise pour abattre la liberté en Espagne.
Sa thèse principale peut se résumer ainsi : c’est la gauche espagnole qui porte la responsabilité de la guerre civile déclenchée en 1936 par sa volonté d’imposer par la force dès 1934 un régime marxiste sur le modèle de l’Union soviétique.
Le 26 novembre dernier, un groupe de personnes proches du Parti communiste (Izquierda Unida) ont porté plainte contre l’historien à l’occasion de la parution de son livre Los Años de hierro qui couvrent les premières années du régime franquiste.
Astucieusement, ils ne lui reprochent pas le contenu de son livre mais les pros que lui attribue le 29 octobre dernier le quotidien de gauche proche du gouvernement Publico.
Les communistes dénoncent le fait que l’historien y associe les défenseurs de la loi de réhabilitation des victimes du franquisme aux criminels qui peuplaient les geôles clandestines du Front populaire, les sinistres « checas ». Ce faisant, Pio Moa manquerait de respect aux élus de gauche et mérite donc la prison.

Les lecteurs médusés de Publico ont pu lire :

Moa reconstruit le franquisme. Avec une idée fixe : le Front populaire (cette coalition de centre-gauche qui a gagné les élections de 1936) ne voulait pas de la démocratie. « Cétait un amalgame de staliniens, de séparatistes, de racistes du Parti nationaliste basque ou de putschistes comme Azaña, qui n'a pas respecté la loi, qui a coulé la constitution de 1931 et qui a mis en route un processus révolutionnaire », explique Pio Moa à Publico. La conclusion ne tarde pas à arriver : « Ceux qui aujourd'hui appuient la loi sur la Mémoire histoirique s'identifient avec les criminels, ceux des checas (les prisons républicaines). »

Mais ce qui étonne le plus et révèle l’état dans lequel se trouve la liberté d’opinion en Espagne est le silence qui a accueilli cette initiative communiste. Aucun parti ne l’a condamnée et la presse nationale garde un silence complice avec les nostalgiques du stalinisme.


Pio Moa (deuxième à partir de la droite), hier mardi 4 décembre 2007, photographié pendant la conférence de soutien organisée par Javier Portella (à droite) directeur des éditions Altera.




Pour en savoir plus


· Pío Moa: «La democracia viene del franquismo, no de la oposición a él»




Pio Moa répond à Periodista Digital.

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