jeudi 27 décembre 2007

Fidèles au Magistère

Il a démodé les cols roulés.

Telle un iceberg, la presse française est bien plus riche que ne laissent le supposer les rayons des marchands de journaux. En dépit de la qualité de leur contenu, un grand nombre de titres échappent à la curiosité des lecteurs potentiels en raison des contraintes commerciales imposées par une distribution en kiosque.

La presse catholique n’échappe pas à cette règle. Les croyants français disposent chez leur marchand de journaux d’une abondante production de magazines qui va de Témoignage chrétien à Télérama en passant par le Pèlerin. Pourtant, en dehors du quotidien la Croix, la majorité des titres qui se disent chrétiens sont en perte de vitesse. Comment s’en étonner ? Ils véhiculent les valeurs d’une génération de clercs en fin de cycle. Des prêtres qui ont longtemps cru aux idées de l’aile la plus progressiste de Vatican II. Mal conseillés, mal informés, ou tout simplement mal intentionnés, ces curés du rouge au rose ont largement contribué à dénaturer le concile dans la pratique ecclésiale.

Avec Benoît XVI, l’Eglise a finalement tiré un trait sur une expérience de quarante ans qui a échoué. Les prêtres en pull a col roulé et les religieuses habillées chez les Trois Suisses vont progressivement céder la place car ni les uns ni les autres ne séduisent la jeunesse qui se reconnaît dans l’Eglise.

Si la presse qu’aiment à lire les catholiques n’est pas dans les kiosques, où est-elle ? Elle se fait connaître par le bouche à oreille, par la prospection postale, par l’affichage dans quelques points de vente ponctuels… A l’abri des regards, et loin des coups de crosse épiscopaux, elle chemine souterrainement, en attendant de se diffuser au grand jour.

L’Homme nouveau est de cette presse encore discrète. Certes, ce n’est probablement pas le genre de magazine trendy et glossy que fabriquent à la chaîne les éditeurs spécialisés dans le « chrétien cool » pour ados. Néanmoins, dirigé par Philippe Maxence, un journaliste ferme dans ses convictions mais à l’esprit ouvert, ce bimensuel réussit à concilier la qualité de l’information religieuse, un ultramontanisme light et un relatif anticonformisme.
Il est probable que la lecture de l’Homme nouveau déclenche un furieux prurit dans les sacristies où le portrait du père Yves Congar fait face à celui de Hans Kung et dans les palais épiscopaux où les mitrés lisent plus volontiers Libération que l’Osservatore Romano. Mais qu’importent leurs démangeaisons, leur heure est passée.



Un magazine qui annonce l’Eglise de demain

L’avenir de l’Eglise est ailleurs. Il est dans ces jeunes qui retrouvent les chemins de la foi grâce à une liturgie traditionnelle qui parle plus à leur cœur que la logorrhée progressiste scandée au rythme du djembé.

L’Eglise de demain est probablement à l’image de ces familles que l’on croise dans les pèlerinage, la mère avec une poussette et le père transportant dans un sac à dos le pique-nique de la ribambelle d’enfants qui les suit.

La force du catholicisme du XXIe siècle sera de réunir sous le même toit des sensibilités très différentes, des communautés catéchuménales à des prélatures comme l’Opus Dei ou encore aux Légionnaires du Christ, aux jésuites (ou ce qu’il en reste), aux dominicains en passant par les franciscains fondus de télévision de l’Eternal Word Television Network. Quant aux fidèles, ils trouveront eux aussi une voie qui leur conviendra dans une offre religieuse diversifiée mais unie sur l’essentiel.

Comme tout corps vivant, l’Eglise est le lieu d’affrontements où les ambitions bien humaines compliquent des enjeux théologiques bien complexes. Voilà pourquoi, l’un des plaisirs de la lecture régulière de l’Homme nouveau est de suivre les péripéties des combats à crosses démouchetées entre les tenants de la « tradition » au sens large et ceux qui défendent ce qu’ils appellent « les acquis du concile ».

Ainsi, les péripéties de la réception du motu proprio du 7 juillet 2007 de Benoît XVI, levant tous les obstacles hiérarchiques à la célébration de messes dans le rite traditionnel, dit « extraordinaire », par opposition au rite conciliaire dit « ordinaire », valent le détour.

Le bimensuel ne se limite pas aux affaire d’Eglise. Il jette un regard curieux et critique sur la société et ça fait du bien de lire d’autres points de vue que ceux des médias conformistes. Par exemple, dans son numéro de fin décembre 2007, le magazine offre un intéressant dossier sur le scoutisme où l’on trouve le récit peu connu des origines des Scouts d’Europe et aussi un papier d’humeur dénonçant le « temps des assassins », quand les terroristes non-repentis d’Action directe se retrouvent en liberté alors qu’un site internet à leur gloire fait un appel permanent à la violence. Mais l’important est ailleurs. Il se trouve en Une dans l’appel de l’abbé Chanut à grandir dans l’espérance chrétienne « maintenant que l’optimisme béat de la période post-conciliaire a fait preuve de sa fatuité prédatrice ».








Les jeunes catholiques ont le sens de l'humour. Voici deux savoureuses mises en boîte des délires ayant accompagné l'imposition du Novus Ordo.

Même pas peur

Les lecteurs de l’Homme nouveau sont des hommes et des femmes qui ont connu le nadir de la foi catholique et qui pourtant ont persévéré dans leur foi. Après les trente désastreuses qu’ils ont vécues avec leurs familles, plus grand chose ne peut les abattre. Ils risquent de nous réserver quelques surprises.

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