mardi 4 décembre 2007

Les Australiens à la ramasse



Nemesis : The Battle for Japan 1944-1945

Max Hastings


HarperPress, 704 p., 25 £, ISBN 978-0007219827


Les Australiens ont une histoire militaire paradoxale. On y trouve d'incontestables pages de gloire, comme les ANZAC à Gallipoli en 1915, mais aussi des épisodes plus sombres comme la débâcle de Singapour en 1941.
Jeune nation fière de ses enfants, arrogante et xénophobe comme peuvent l’être des descendants de bagnards anglais, l’Australie n’aime guère se souvenir des mauvais moments du passé. D’autant plus qu’elle s’est découvert une vocation de missionnaire du politiquement correct et de la francophobie tranquille.
Le récent ouvrage de l’historien anglais Max Hastings Nemesis : The Battle for Japan 1944-1945, a suscité un torrent de récriminations aux antipodes car le chercheur a mis en lumière des documents d’archives précédemment négligés qui révèlent que les soldats australiens étaient, pour le moins, largement démotivés vers la fin de la guerre au point que certaines unités étaient aux limites de la mutinerie. L’historien ajoute : « la dernière année de la guerre a été la moins glorieuse de toute l’histoire de l’Australie comme nation combattante. »

Max Hastings, un historien qui sait ce que la guerre veut dire.

Une des raisons de la crise du moral des troupes australiennes découle des choix faits par le général Mac Arthur, le commandant en chef des forces alliées dans le Pacifique, marginalisant les Australiens au profit des Américains et en réduisant leur rôle à de la simple figuration ou à de routinières opérations de nettoyage.
Max Hastings souligne le paradoxe d’une armée australienne qui s’est couverte de gloire face à Rommel et qui a résisté à l’assaut initial des Japonais pour achever la bataille du Pacifique dans la rancœur et l’abattement.
Les anciens combattants australiens exigent les excuses de l’historien anglais au nom de leurs 7 384 camarades morts dans ce théâtre d'opérations. Un observateur mal intentionné pourrait leur rappeler que les Australiens et les Néo-Zélandais ont eu 8 000 tués rien qu’à Gallipoli en 1915. Pour l’ensemble de la Première Guerre mondiale, les Australiens ont comptabilisé 60 000 tués. En ce qui concerne la Seconde Guerre mondiale, le compteur macabre affiche 39 000 morts, soit 31 616 ailleurs que dans le Pacifique.
Si on croit les chiffres, les analyses de l’historien anglais ne sont ni absurdes ni choquantes. Un nouvel épisode de l’affrontement entre la mémoire des hommes et le travail des historiens.

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