lundi 23 février 2009

L'évasion fait-elle partie de la vie ?

Le 18 février dernier, Ondine Millot a publié dans les colonnes de Libération un intéressant papier sur l'absurdité du renforcement des conditions d'enfermement dans les prisons françaises pour tenter de réduire encore davantage un nombre d'évasions réussies déjà remarquablement faible.

L’évasion face à l’absence d’avenir

Allongement des peines et durcissement de la vie en prison poussent les détenus à des tentatives désespérées.

Un «acte de guerre». C’est ainsi que le directeur de l’administration pénitentiaire, Claude d’Harcourt qualifie l’évasion de Christophe Khider et d’Omar Top El Hadj de la centrale de Moulins-Yzeure (Allier). Lors d’une conférence de presse organisée hier, il a donné le ton de la riposte : «mettre en œuvre de meilleurs mécanismes de surveillance et de contrôle pour que cela ne se reproduise pas». Mais les évasions de prison sont déjà rarissimes (5 en 2008, 12 en 2007, 11 en 2006, 12 en 2005), et les évadés presque toujours repris. Est-il alors nécessaire de durcir encore les conditions de détention ? Est-ce la seule piste de réflexion face à l’allongement de la durée des peines, qui encourage ces tentatives désespérées ? Pour Christophe Khider, la sortie de prison était prévue en 2045. Peut-on faire semblant d’ignorer que pour ces hommes condamnés à la perpétuité de fait, l’évasion est la seule chance de sortie réelle ?

Voilà un bon moment que, face à ces questions, la réponse de l’administration pénitentiaire se résume à une spirale sécuritaire. Année après année, les efforts consacrés au renforcement des contrôles sont toujours plus importants, au détriment de ceux pour la réinsertion. Deux nouveaux établissements ultrasécuritaires ouvriront leurs portes en 2012, à Alençon (Orne) et Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). «Les fouilles se durcissent et deviennent de plus en plus humiliantes pour les détenus et leurs familles, les portes des cellules en maison centrale ne sont plus ouvertes pendant la journée, les déplacements se réduisent… En filigrane se construit une prison qui enferme toujours plus, et prépare toujours moins à la sortie», relève Patrick Marest, porte-parole de l’Observatoire international des prisons. Symbole de cette logique : le braqueur Antonio Ferrara, placé à «l’isolement total» depuis 2003 dans des conditions inhumaines (fenêtre de sa cellule obstruée, cour de promenade couverte sans lumière du jour, fouille complète quotidienne, aucun contact avec d’autres détenus). Et «l’appel de Clairvaux», par lequel, en janvier 2006, dix prisonniers de cette centrale condamnés à de très longues peines, demandaient pour eux-mêmes le rétablissement de la peine de mort, plutôt que «l’hypocrisie de la mort lente».

«Soupape». Mais l’objectif évasion zéro est-il réalisable, voire souhaitable ? Un bref retour en arrière montre que l’obsession sécuritaire n’a pas toujours été de mise. En 1971, Paul Amor, ex-directeur de l’administration pénitentiaire devenu membre du Conseil supérieur de l’administration pénitentiaire tenait un discours beaucoup plus moderne. «Pourquoi dramatiser une évasion ?J’ai toujours considéré une évasion comme une soupape de sûreté. Vouloir prendre des mesures trop rigoureuses pour les prévenir serait un non-sens, d’autant que neuf fois sur dix l’évadé est repris.»

Las, la «soupape» ne semble plus d’actualité et le combat contre les évasions, au lieu de les rendre impossibles, les rend de plus en plus violentes. «Pour sortir, il n’y a plus qu’un seul moyen : la prise d’otage», note le docteur Philippe Carrière, psychiatre des prisons pendant de nombreuses années. «Le sécuritaire est devenu l’obsession qui régit tout, avec des architectures invivables, des emplois du temps insupportables. A cela s’ajoute l’allongement des peines. Aucun être humain ne peut se projeter à plus de dix ans. Quand on dit à quelqu’un: tu sors en 2045, cela revient à dire : "tu n’as pas d’avenir. Donc plus rien à perdre".»

Suicides. Face à cette «absence d’avenir», exacerbée par la loi sur la rétention de sûreté (qui permet de maintenir enfermés sans limites des condamnés «dangereux» après leur peine), «certains réagissent par l’évasion, d’autres par le suicide», dit le docteur Carrière. Entre 2007 et 2008, le nombre de suicides a augmenté de 20 %. Seule l’administration pénitentiaire ne semble pas voir le lien. «Ne faut-il pas se reposer la question des longues peines ?» demandait hier un journaliste à Claude d’Harcourt. «Absolument pas, répondait ce dernier. Le problème, c’est celui d’un petit nombre de détenus, comme Christophe Khider, qui ne reconnaissent pas la gravité de leurs actes, n’acceptent pas leurs peines, nient leur responsabilité, et sont en plus encouragés par leur famille. Ce n’est pas un problème de longues peines, c’est un problème de déni de responsabilité.»

Il y a du vrai dans les propos de Claude d'Harcourt. Il est possible qu'une nouvelle génération de déliquants ne perçoivent pas la gravité de leurs actes à la suite d'un long processus d'irresponsabilisation commencé avec la justice pour mineurs, aggravé par une pression sociale favorable au crime. Toutefois, le directeur de l'Administration pénitentiaire se garde bien d'aborder le point crucial, celui des périodes de sûreté.



dimanche 22 février 2009

Une association pour le soutien aux familles des prisonniers

Vidéo de Claude Charles-Catherine le 16 octobre 2008 à l'occasion de l'assemblée générale de l'ARPPI, association pour le respect des proches de personnes incarcérées.

Sacrée bonne femme !



Cette vidéo, qui résume bien les revendications des familles, est aussi éclairante sur la sociologie des milieux d'origine des prisonniers de droit commun.

Ce sont des hommes

Christophe Kidher.

La récente évasion mouvementée de deux repris de justice, Christophe Kidher et Omar Top El Hadj, emprisonnés à la maison centrale de Moulins-Yzeure dans l'Allier, devrait inciter la société à réfléchir sur la situation des personnes condamnées à de très longues peines de prison, appelées tristement en France les « périodes de sûreté » qui sont, dans les faits, pires que la peine de mort.

Il est facile de considérer que des personnes coupables d'actes de délinquance avec violence méritent qu'on les enferme et que l'on jette la clef de leur cellule au fond d'un puits.

Cela ne fait pas disparaître pour autant les condamnés de la surface de la terre. Ils s'entassent dans des maisons centrales où ils doivent gérer une vie nouvelle face à une administration pénitentiaire pas toujours accommodante.

J'ai eu l'opportunité, voici quelques mois, de me rendre au parloir d'une de ces maisons centrales pour rendre visite à l'un de mes lecteurs. J'y suis resté tout un après-midi au milieu des familles venues maintenir les liens familiaux avec des pères, des fils ou des maris.

Au milieu des cris d'enfants, des embrassades ou des rires, on se rend compte que ces « détenus particulièrement dangereux » dont parle la télévision sont aussi des hommes comme les autres. Ils sont aimés tout comme ils sont capables d'amour pour les leurs.

Comment expliquer autrement que Cyril, le frère de Christophe Khider, ait voulu libérer son frère en organisant une évasion par hélicoptère ? Ce geste d'amour fou comme le précise leur mère Claude Charles-Catherine n'est en rien différent de celui de la compagne de Khider qui lui a fourni les moyens de son évasion.

Dans son édition d'hier, le quotidien Libération publie un entretien avec Claude Charles-Catherine qui mérite d'être lu. Non seulement parce qu'il rappelle les grandes heures de cette feuille pour gauchiste enrichis quand elle défendait le criminel contre la société, mais aussi car il est bon de prendre conscience de la réalité humaine derrière un homme en prison.

Il est malgré tout pathétique de lire des phrases comme :

Christophe, l’aîné, est jugé pour une série de braquages dans des agences de voyage «avec un flingue factice», dit-elle
Ce n'était donc qu'un jeu ? La condamnation est injuste ?

Suite au braquage d’un Crédit lyonnais, il a mis une balle dans la tête d’un homme qui a refusé d’abandonner son véhicule. «On m’a enterré vivant», dit-il.
Laquelle des deux morts est la pire ? L'artifice de la phrase sous-entend que le sort de Kidher est plus injuste que celui de sa victime.

mais il voulait «payer une grande maison à sa grand-mère et à sa mère». Sur la Côte-d’Azur,«il n’a jamais étendu une serviette. On a toujours été sur des plages privées. Je ne me rendais pas compte que j’étais en train de le faire adhérer à la société de consommation.»
Truc habituel des journalistes : les crimes de Kidher n'en sont pas parce qu'il voulait simplement offrir un petit cadeau à sa maman ! Et, au finish, c'est la faute à la société de consommation. Je fais des vœux pour que cette journaliste de Libération ne rencontre pas un jour une de ces « victimes de la société » au coin d'un bois.

Je ne pense pas que les criminels soient des irresponsables, victimes innocentes d'une société bourgeoise qui les pousse à délinquer. Bien entendu, j'exclus de mon propos ceux qui soufrent d'une pathologie mentale.

A l'image de ces durs à cuire que j'ai rencontrés au parloir de la Maison centrale, ce sont des hommes qui ont fait des choix rationnels et qui ont pris le risque de enfreindre les règles de fonctionnement de la vie sociale en échange d'un gain financier immédiat. Leur arrestation, leur condamnation et leur emprisonnement sont donc parfaitement justifiés. Ces prisonniers sont d'ailleurs les premiers à le comprendre et à l'accepter.

Quel est donc alors mon propos ?

La gestion de ces hommes en détention doit être repensée. Il est inhumain de jeter en prison des êtres humains pour des périodes de temps qui échappent à la compréhension. La peine de mort les respectait davantage!

Comment donner encore un prix à sa propre vie lorsqu'on est condamné à rester en prison toute une vie d'adulte sans espoir de sortie ? Cette situation transforme des hommes en fauves incontrôlables ou en épaves, ce ne sont pas les personnels de l'administration pénitentiaire qui diront le contraire.

La première chose à faire n'est pas de réduire les peines de prison mais de réserver les périodes de sûreté aux condamnés auxquels une pathologie mentale interdit un retour à la vie normale. Ainsi, faire bénéficier de remises de peine aux condamnés qui font des efforts pour se réinsérer : études, travail, etc. L'important est de maintenir ouverte la porte de la sortie.

En outre, faciliter davantage les contacts familiaux et amicaux, étendre la pratique des parloirs conjugaux, réduire l'arbitraire dans l'obtention de permis de visite, ne plus interdire l'envoi de livres aux prisonniers, etc.

Voici le texte de l'entretien accordé par Claude Charles-Catherine au quotidien Libération :


Claude Charles-Catherine

La cavaleuse

Claude Charles-Catherine. Mère de Christophe Khider, l’évadé de Moulins repris mardi, cette ancienne toxico, 55 ans, se dresse contre les longues peines subies par son fils.

Elle porte un pendentif autour du cou : un hélicoptère en or. «C’est le symbole de l’amour entre Cyril et Christophe.» En 2001, Cyril, son fils cadet a tenté de faire évader son frère, Christophe Khider, de la prison de Fresnes en prenant en otage une jeune pilote. Dimanche dernier, Christophe Khider a réussi à s’échapper de la maison d’arrêt de Moulins, dans l’Allier. Il est sorti grâce à des explosifs et un pistolet Glock que sa compagne et une amie auraient introduit au parloir. Après 36 heures de cavale, Christophe a été repris mardi. Sous un pont de l’A86, près de Paris, il a reçu une balle qui lui a «perforé le poumon». La police l’a annoncé mort, il est vivant. «Il n’a pas ouvert le feu , note sa mère dans un sourire. Le procureur a été obligé de le dire du bout des lèvres.»

Lorsqu’on la rencontre, Claude Charles-Catherine, dite «Catherine», sort d’une parfumerie. Avant la photo, elle insiste pour se remaquiller. «J’ai toujours pris soin de moi, même quand j’étais au plus bas.» Depuis cinq jours, elle ne dort plus. «Je suis désolée, je n’arrive plus à aligner deux mots. Mes yeux se ferment.» Chez elle, une affiche de Beckett côtoie celle de Bob Marley. Elle a envie de raconter pourquoi «les longues peines n’ont que trois solutions : la folie, le suicide ou l’évasion». Elle dit : «Je ne suis pas une militante, je suis une résistante.»

Catherine naît à Paris d’une mère bourguignonne et d’un père martiniquais, «entre le bon vin et le rhum, en plus, un 11 septembre. Un cocktail explosif». Son père «ultra-violent» a la mauvaise habitude de la «désosser». Sa mère, à qui elle voue une franche admiration, finira par le virer, un jour où la gamine «refuse de plier». Hyperactive - «à l’époque, on disait caractérielle» -, Catherine est bourrée de cachetons, de l’«Epanal 3 et du Théralène». Son parcours scolaire s’arrête en sixième. Elle se souvient que quand elle écrit «albatros», la maîtresse lui dit que ça n’existe pas. Elle se rebiffe. L’instit lui répond : «Depuis quand les Noirs connaissent mieux le français que nous !» Elle conclut : «C’était une autre époque.» La jeune fille rencontre un premier psychiatre. «Il m’a demandé d’enlever ma culotte, m’a fait subir un attouchement et m’a dit : "Il ne faut pas en parler." J’avais 12 ou 13 ans.» Elle s’arrête. «Tu vas pas me faire un truc misérabiliste, hein ? J’ai pas envie qu’on dise "oh, la pauvre", qu’on s’apitoie. Je veux qu’on comprenne.»

A «17 ans et demi», Catherine accouche de Christophe. Deux ans et demi plus tard, voilà Cyril. Leur père la frappe. «A 20 ans, je me suis tirée.» Elle vient de perdre sa sœur cadette.«J’avais, rien dans le crâne. On m’avait toujours interdit de sortir. Pour moi, une mobylette, c’était une Harley. Je ne savais pas comment on élève un enfant.» Elle confie ses fils à sa mère et part un mois en Sardaigne. Au retour, elle rencontre «un garçon». «J’étais super amoureuse de lui.» Il est musicien. «C’était les années 70, les acides, les expériences. Je faisais la fête, des conneries.» L’héroïne et la cocaïne s’ajoutent au LSD. Elle est pickpocket pour payer sa «came», fait des «allers-retours» en taule (huit fois, dit-elle), roule en «allemande». «En 76-77, je participe aux premiers programmes méthadone» [un produit de substitution, ndlr], mais dès qu’on lui enlève les produits, le «mur de coton» s’écroule.«Je ne supporte pas la société, les gens»

Elle lève un peu le pied, écrit. Elle a toujours aimé les livres. «Quand j’étais petite, à côté de mon lit, il y avait un cosy avec des polars : Hadley Chase, Raymond Chandler… Mes parents étaient obligés d’enlever les ampoules la nuit pour que j’arrête de lire.» Elle est fascinée par le personnage du «privé».«Ce que je préfère, c’est quand il carotte la mafia.» Elle insiste : «J’ai toujours été curieuse, je posais des questions. Plus tard, j’ai eu le complexe de la culture.» Catherine est scotchée par les gens qui ont «la science infuse» et puis elle comprend qu’en fait, ils sont «hyper normés», qu’ils n’ont «rien qui leur appartienne vraiment». Catherine est une «autodidacte».

De ses années de came, Catherine a récolté le sida qu’elle a transmis à sa fille et à Tijani, l’un de ses compagnons avec qui Khider a fait un braquage. Elle en parle sans complexes. «S’il n’y avait que le sida… Je ne prends pas de médicaments. Pas un Doliprane.» Vers 1985, elle part dans le Lubéron, se plaît bien dans la nature. Elle y vit dix ans, gère son addiction.

En 1997, Christophe, l’aîné, est jugé pour une série de braquages dans des agences de voyage «avec un flingue factice», dit-elle. Déjà, il essaie de s’évader en sautant par-dessus le box. Ses chaussures sans lacets l’empêchent d’aller bien loin. Il a 24 ans. Il écope de six ans de taule. Catherine est revenue à Paris, a tout arrêté, «jusqu’à la cigarette». En 1999, Christophe est condamné à perpétuité. Suite au braquage d’un Crédit lyonnais, il a mis une balle dans la tête d’un homme qui a refusé d’abandonner son véhicule. «On m’a enterré vivant», dit-il. Selon sa mère : «Il ferait sa perpétuité si ça pouvait le ramener à la vie.»

Petit, Christophe a vu «l’argent facile» . «Vers 12 ou 13 ans», il récolte une baffe parce que devant un fourgon blindé, il lance, bravache : «Un jour, je m’en ferai un.» «Ce n’est pas un capitaliste» , mais il voulait «payer une grande maison à sa grand-mère et à sa mère». Sur la Côte-d’Azur,«il n’a jamais étendu une serviette. On a toujours été sur des plages privées. Je ne me rendais pas compte que j’étais en train de le faire adhérer à la société de consommation.»

La mère ne tarit pas d’éloges sur son fils. «Il est brillant, s’exprime tellement bien qu’on l’appelle "XVIIIe siècle". Un expert qui l’a examiné a dit que c’était une erreur de parcours. Il aurait pu être autre chose s’il avait grandi dans un autre environnement.» Elle ne s’étend pas plus : «J’en ai fini avec la culpabilité. Ça engluait.»

Au parloir, Catherine n’ose pas regarder son fils dans les yeux. Il s’énerve : «Tu nous as toujours appris à ne pas être faibles.» Elle se reprend. J’étais «dans le subir». Aujourd’hui, elle assure vivre des 700 euros mensuels de sa pension d’invalidité. Loin de ses belles années.

En 2001, Cyril échoue à faire évader son frère. «C’était un acte d’amour.» «L’acte d’amour» vaut dix ans à Cyril. Selon Catherine, les gardiens lui mènent la vie dure : «Cinq ans en isolement, on lui a cassé trois côtes, deux fois le pied. On a tenté de l’empoisonner.» Elle fait condamner l’administration pénitentiaire, écrit un livre, parle aux prisonniers dans l’Envolée, une émission de radio anticarcérale. Elle lit Nietzsche, Foucault et cite Pascal :«On peut tout enlever à un homme, sauf l’espoir.» Catherine se rend aux dîners du «groupe Mialet», un espace de réflexion sur la réforme des institutions judiciaires et pénitentiaires. Il y a là d’anciens préfets, des procureurs. Elle en profite pour se former à la communication.

Aujourd’hui, elle a sa propre émission sur Radio Libertaire, a créé un blog et l’Arppi, l’Association pour le respect des proches des personnes incarcérées. Alors, lorsque Christophe s’est évadé, elle était prête à raconter que ce qu’on «propose aux longues peines, c’est une perfusion d’oubli». Lorsque l’avocate est allée voir Khider à l’hôpital, il aurait dit : «J’espère que ça n’a pas servi à rien.» Maman y veille.


Je ne partage pas grand choses des opinions et des analyses de Claude Charles-Catherine, mais nous nous retrouvons sur un point : les prisonniers sont aussi des hommes et ils méritent qu'on les respecte comme tels.

samedi 21 février 2009

L'état-major se défend comme il peut

Légionnaire français en Afghanistan, photographié par l'USMC.

J.-D. Merchet se prête à nouveau à son rôle de porte-voix préféré de l'état-major. Il publie sur son blog un entretien avec Louis Pichot de Champfleury, commandant de la Légion étrangère, lequel tente de limiter les dégâts après les révélations de Michel Bavoil, patron de l'ADEFDROMIL.

«La Légion étrangère n'est pas une zone de non-droit» nous dit son commandant

L'association de défense des droits des militaires (Adefdromil), présidée par le capitaine en retraite Michel Bavoil, vient de publier un "Rapport sur les droits de l'homme dans l'armée française", dans lequel elle s'en prend très violemment à la Légion étrangère. Parlant de "quasi-servitude" des Légionnaires, le capitaine Bavoil expliquait ainsi au Figaro.fr que "la Légion fonctionne sur un système de pression. Les gars sont retenus par la force et la menace, il faut le savoir : sinon, 85% d'entre eux se sauveraient".

Secret-Défense a demandé au général Louis Pichot de Champfleury, commandant de la Légion étrangère (COMLE) de répondre à ces accusations graves. Voici l'entretien exclusif avec le "Père Légion".

Vous êtes accusé par l'Adefdromil de violer les droits de l'homme au sein de votre institution. Pour beaucoup, la Légion est un univers opaque. Qu'en est-il ?

Lorsque je lis les propos du capitaine Bavoil, j'ai l'impression que le droit commun ne s'applique pas chez nous, que les légionnaires sont soumis au bon vouloir de leur chef. Rassurez-vous: je ne suis pas un général qui fait ce qu'il veut. Nous ne sommes pas une zone de non-droit. D'abord parce que la Légion est partie intégrante de l'armée de terre et que nous sommes régis par les mêmes textes, à savoir le statut général des militaires qui date de 2005. Il y a en effet un statut particulier pour les hommes qui servent chez nous "à titre étranger". Leur statut a fait l'objet d'un décret pris en Conseil d'Etat en septembre 2008. Or, le Conseil d'Etat n'a pas la réputation de traiter avec légereté les règles de la République...

Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes? Le rapport cite pourtant des cas particuliers douloureux...

Le rapport contient beaucoup d''affirmations approximatives, voire erronées. Ainsi lorsqu'il affirme que devant un conseil d'enquête, le légionnaire n'a pas le choix de son défenseur. C'est simplement faux. Mais, attention, je ne dis pas que dans une collectivité de 7600 hommes, nous n'avons pas de temps en temps une part de responsabilité dans des erreurs administratives ou de gestion.

L'Adefdromil s'en prend particulièrement à "l'identité déclarée" sous laquelle s'engage tous les légionnaires et qui les placerait dans une situation de "quasi-servitude" par rapport à la hiérarchie. De quoi s'agit-il ?

Depuis que la Légion étrangère existe (1831), on s'y engage sous une identité déclarée, c'est-à-dire une autre identité que la sienne. Si nous avons maintenu ce principe, ce n'est pas par respect des traditions mais pour de bonnes raisons, que le Conseil d'Etat a reconnu. D'abord le principe d'égalité entre les engagés. Nous ne voulons pas de discrimination entre les "francophones" [citoyens français - ndlr] et les autres. En effet, pour des raisons de sécurité, nous vérifions l'idendité réelle des gens qui s'engagent chez nous. Il nous faut en moyenne un an pour nous assurer de la véracité des déclarations faites lors de l'engagement. Nous vérifions par exemple que l'engagé n'est pas recherché par la police de son pays pour un crime commis à la veille de la signature de son contrat. Cela prend du temps, car cela se passe souvent dans des pays lointains. Pour nous, l'identité déclarée est une phase d'entrée. Au bout de trois ans, 80% des légionnaires ont repris leur vraie identité. Dans l'ensemble de la Légion, nous n'avons qu'une cinquantaine de légionnaires avec plus de cinq ans d'ancienneté qui servent sous "identité déclarée". Retrouver son identité est un processus long car nous demandons des papiers fiables, certifiés, pas des photocopies. Il faut des traducteurs habilités, etc... Pour nous, la simplicité, c'est que les engagés servent sous leur identité réelle.

Avez-vous des difficultés de recrutement ?

En 2008, nous avons recruté 1000 légionnaires et nous avons eu 8000 candidats. Donc, huit candidats par poste. Les meilleurs agents recruteurs sont les anciens légionnaires rentrés dans leur pays d'origine.

Quelle est l'origine des légionnaires ?

Un tiers d'Europe occidentale, dont la France, un tiers d'Europe de l'Est et un tiers du reste du monde - qui se décompose entre 10% d'Amérique latine, 10% d'Asie et 10% de l'ensemble Maghreb, Afrique, Moyen-Orient. Nos effectifs sont de 7600 dont 7200 servent "à titre étranger", parmi lesquels on compte 40 officiers et 1700 sous-officiers.

La Légion est connue pour la fréquence des désertions. Qu'en est-il ?

Les chiffres sont stables. En moyenne, j'ai 250 déserteurs sur l'année, soit une quinzaine en permanence, sur un effectif de 7600 légionnaires. Mais c'est un phénomène compliqué : des jeunes partent parce qu'ils ont un coup de cafard, qu'ils doivent rentrer chez eux pour soigner leur mère, etc. Et parfois, ils reviennent ensuite.

La Légion a récemment été secouée par l'affaire de Djibouti, avec la mort d'un légionnaire et la mise en examen de son lieutenant. Beaucoup dans l'institution militaire accuse la hiérarchie - donc vous - d'avoir lâché cet officier. Que leur répondez-vous ?

Je souhaite rester neutre dans cette affaire afin de ne pas influer la justice qui doit faire son travail en toute indépendance. Ce que je peux dire, c'est que le conseil d'enquête - c'est-à-dire les pairs du lieutenant Bertaud - a proposé sa mise à pied et sa radiation des cadres, non pas parce qu'il a été jugé coupable, mais parce qu'il a gravement transgressé les réglements militaires.

Les lecteurs du Figaro remettent les pendules à l'heure

Légionnaires photographiés en août 2008 par Charlie Dave.

L'entretien parfaitement space d'une journaliste du Figaro avec le patron de l'ADEFDROMIL, publié par le quotidien comme s'il s'agissait d'un rapport d'experts comme un autre, ne pouvait pas laisser les lecteurs de cette institution bourgeoise sur papier bon marché sans réaction. En voici quelques unes des 157 reçues par la rédaction :

La sueur épargne le sang
Il ne faut pas croire que nous allons former des soldats d'élite en les faisant jouer à la marelle, ces entraînements (même si ils peuvent être choquant pour certains) servent à former la cohésion et renforcent le moral de ces unités. N'en déplaise à certains, qui apparemment ont connus une autre formation beaucoup plus tournée vers l'utilisation du tutu en dentelle, je ne suis pas certain que le moment venus ils auraient réagis comme de vrais soldats.
Le fait d'apprendre à avoir froid, faim, mal, être dans des situations inconfortable (aussi bien moralement que physiquement) renforce ces hommes qui le moment venu sauront répondre présent.

Corps d'élite
Moi-même officier en retraite d'origine du rang et ayant été formé par des cadres de la légion, j'ai vu en ces hommes,des cadres de valeur , durs mais justes, ayant le souci des intérêts de leurs subordonnés . Croyez vous que l'on puisse avoir un corps d'élite mené sous la contrainte ? Il faut comme l'individu Bavoil avoir passé sa carrière dans un bureau et avoir une méconnaissance de l'ambiance des unités de combat pour éprouver autant de rancœur . Pauvre baveur , pour cracher ainsi dans la soupe ,vous ne devez pas avoir eu une carrière bien intéressante , je vous plains sincèrement .


Bombe a retardement
Quand va-t-on incriminer l'armée pour forcer des soldats a se dépasser lors d'entraînements physiques et psychologiques, ce équivaut a un harcèlement bien condamnable? Et surtout, puisque nous sommes déjà bien lances, préparons déjà l'époque ou l'ordre de mobilisation pour les terrains d'opérations sera passible de prison pour torture morale - au moins! A moins que l'on oblige les grades responsables a demander gentiment aux soldats si ça ne les dérangeraient pas trop d'aller se battre...contre triple repos et double solde, bien sur.
Puisque le capitaine a a l'évidence survécu a sa carrière d'élite - bien lui en porte - souhaitons-lui de s'apercevoir que si le ridicule ne tue pas, il peut être assez douloureux. C'est pas un scandale ça?


A t'il été au combat ce capitaine
Ou a t'il été cherchez ces sornettes ? Je suis un très ancien légionnaire (engagé en 1951) je suis belge. Je me suis engagé librement, et je ne l'ai jamais regretté, pourtant, j'ai fait l'Indochine, j'ai pataugé dans les rizières. J'ai donc connu bon nombre d'officiers LÉGION, et croyez moi, EUX je les admiraient, c'étaient des hommes, pas des lavettes.
PS. Je suis titulaire de la carte d'ancien combattant et
Croix de guerre. Pouvez-vous en dire autant??

La discipline et respect de sa parole donnée
Bavoil pour ne pas dire capitaine, car à ce titre vous êtes pas digne et vous êtes la chienlit de ces militaires aigris, qui n'ont connue 4 murs d'un bureau et la pendule fixé à votre mur. Vous voulez être le porte-parole d'un légionnaire qui se porte plainte car il s'est senti lésé par la légion étrangère. Je rappelle a ce gars qu'il venu à la légion étrangère et qu'il a signé un acte d'engagement en parfaite connaissance de cause et réglementaire. Maintenant accusez la légion de bafouer le droit d'un soldat, cela n'a jamais fait parti du système légion, même elle s'en occupe même après avoir servi,exemple l'IILE à Puyloubier ou nos anciens d'Indo les gueules cassés du combat ont un refuge cela à servi d'exemple puisque armée de terre a crée depuis peu CABAT. Je pense que ce jeune gars ne devait pas être un bon élément et qu'il n'a jamais su s'intégrer à l'esprit de corps légion, dans cette arme particulière nous avons besoin d'hommes solide ou les missions de combat sont plus compliqué mais pas d'imposteur comme ce jeune ghurka qui voulu profité de la légion pour se servir non pour servir! Alors Bavoil, laissez en paix ces hommes et ses chefs car vous ne savez de quoi parlez! J’en profite au passage que vous faites honte aux corps des officiers et bafoué les armées qui vont être des moments difficiles tant en opération que sur le plan de restructuration. Vous méritez que l'on dissous votre association et quelque année avant on vous aurez fait passer devant un peloton! Mais je pense bavoil que vous n'êtes pas un adepte de l'histoire militaire mais plutôt adepte des circulaires syndicales

L'état-major reçoit la monnaie de sa pièce

Un légionnaire photographié à Deh Rawod, en Afghanistan, en novembre 2008 par le Marine Cpl. John Scott Rafoss.

L'association ADREFOMIL, qui se prétend attachée à la défense des fonctionnaires sous l'uniforme (je n'ose pas utiliser les termes de soldats ou de militaires), vient de publier un rapport hallucinant sur l'état des droits de l'homme dans l'Armée française en général et au sein de la Légion en particulier.

Rappelons que cette association a joué un rôle non négligeable dans la médiatisation de l'affaire du jeune lieutenant de Légion dont la responsabilité a été mise en cause par sa hiérarchie dans la mort accidentelle d'un soldat au cours de manœuvres à Djibouti.

Interrogé par le journaliste du Figaro Charlotte Menegaux, Michel Bavoil, responsable de cette association a tenu des propos sur l'Armée qui ne manquent pas de sel.

Pour la première fois, une association publie un rapport sur les atteintes aux droits de l'homme que subissent des militaires en exercice. Son président dénonce des «pratiques d'un autre âge», surtout dans la Légion.

L'Association de défense des droits des militaires (Adefromil), une association créée en 2001 pour recueillir des témoignages de militaires, vient de publier son premier rapport sur les droits de l'homme dans l'armée. Un rapport explosif qui tire la sonnette d'alarme face à l'afflux de témoignages de soldats brimés dans le cadre de leur mission. Michel Bavoil est président de l'association. Capitaine en retraite, il dénonce la situation et réclame des mesures concrètes :

Lefigaro.fr : Quel bilan tirez-vous en matière des droits de l'homme dans l'armée ?

Michel Bavoil : Nous mettons le doigt sur des dysfonctionnements majeurs. Et principalement à la Légion étrangère. La Légion fonctionne sur un système de pression. Les gars sont retenus par la force et par la menace, il faut le savoir : sinon, 85% d'entre eux se sauveraient. Par ailleurs, les commandants profitent de leur pouvoir sur eux, parce qu'ils sont tous étrangers : ils décident des certificats de bonne conduite, dont dépend l'attribution de titres de séjour. Et font du chantage avec ça. Et comme les légionnaires ne s'engagent pas sous leur vrai nom, mais sous une «identité déclarée», des problèmes surgissent toujours en fin de contrat. C'est un scandale, on ne peut pas traiter des étrangers comme ça !

Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Il y a cet ancien légionnaire, Taleb. Il a été réformé suite à une blessure au genou, libéré à Marseille sans ses papiers, ce qui a posé des problèmes quand il s'est présenté à l'hôpital pour se faire opérer. Il y a aussi Gurkha, un Népalais, atteint d'une tuberculose. Il a eu un moment de déprime et s'est retiré de la Légion quelques jours. Ce qui ne lui a pas été pardonné : la Légion l'a renvoyé à Paris, lui a retiré tous ses papiers et lui a bloqué son compte bancaire à La Poste.

Et puis j'ai des photos aussi de légionnaires en train de ramper en slip et en rangers la nuit, avec, à côté, un gradé qui tient un grand bâton et une bière. Ça relève du Code pénal ! C'est un autre monde, on a l'impression de revenir 100 ans en arrière chez eux !

La Légion étrangère est pourtant souvent présentée comme un creuset d'intégration synonyme d'exploits guerriers…

Des mythes tout ça ! Et nous, on met le doigt là où ça fait mal. Faire partie d'une troupe d'élite, c'est être très bon en sports, savoir tirer, bien connaître l'armement, mais ça n'est pas de foutre des coups à des gars ! Les victimes deviennent des hommes sans droits.

Dans votre rapport, vous vous appuyez sur le témoignage de 200 personnes par an en moyenne. Au regard des 347.903 militaires français, ne représentent-elles pas une minorité ?

Pour avoir un dossier béton, nous avons décidé de nous fonder uniquement sur les témoignages de personnes qui ont fait le déplacement et qui ont adhéré à l'association (c'est le seul lien de droit qui nous unit à elles). Mais on ne compte pas les quatre ou cinq militaires qui nous contactent chaque jour souvent anonymement pour parler de leur détresse, par téléphone ou par mail. On leur donne des conseils, et au besoin on les dirige vers des avocats. Quoiqu'il en soit, il y a de plus en plus témoignages, souvent très durs, c'est un fait.

Ne craignez-vous pas qu'on vous accuse de dénigrer l'armée ?

Dévoiler ces dysfonctionnements, est-ce dénigrer l'armée ? Faut-il que ces atteintes aux droits de l'homme continuent ? Mais attention, nous ne sommes pas dans une entreprise antimilitariste, loin de là !

Vous parlez d'une «régression». Faut-il y voir un rapport avec la professionnalisation de l'armée ?

Bien sûr. Les appelés avaient des bouées de secours, avec leurs parents ou les députés. Maintenant que les militaires sont des professionnels, tout le monde s'en fout ! Si le pouvoir ne surveille plus ce qui se passe, ça peut devenir n'importe quoi.

Quelles sont vos propositions ?

Il faut des contre-pouvoirs. On propose des médiateurs dans les armées, avec le renvoi systématique des gens qui pratiquent des brimades.

Qu'attendez-vous des pouvoirs publics ?

Le ministre de la Défense, Hervé Morin, refuse de communiquer avec nous. Michèle Alliot-Marie était beaucoup plus efficace : dès qu'elle entendait parler d'une brimade, elle ordonnait une enquête. Mais actuellement, nous nous sentons un peu seuls et il faudrait que ça change.

Rapport sur les droits de l'homme dans l'armée française, 2005-2008, ADEFDROMIL, 28, rue d'Edimbourg, 75008, Paris. L'intégralité du texte n'est pas disponible sur le Net.

vendredi 20 février 2009

Merchet remet le couvert

La lettre de soutien du général Delaunay au lieutenant de Légion emprisonné à la Santé.

Libération n'aime pas lâcher ses proies. Surtout quand il s'agit d'une victime au profil incompatible avec les valeurs défendues par ce quotidien.

J.-D. Merchet, journaliste de Libération spécialisé dans les questions de défense et porte-voix officieux de l'état-major, a pris un malin plaisir depuis le début de l'affaire de ce jeune officier de Légion, accusé d'avoir causé la mort d'un de ses hommes pensant un exercice, à porter sur la place publique la version de l'institution, accablante pour le lieutenant.

Ce salarié de Libération n'a pas hésité par le passé à torturer des textes pour en faire des attaques en règle contre le jeune officier (qui n'était même pas cité) et à rédiger un reportage chez les « mous du genou » du 2e REP tellement à charge contre le lieutenant qu'il restera probablement dans les annales de la désinformation.

Visiblement, la remise en liberté du lieutenant reste en travers de la gorge à J.-D. Merchet. Il trouve le moyen de publier sur son blog une lettre de soutien du général Jean Delaunay, chef d'état-major de l'armée de terre de 1980 à 1983.

Les commentaires qui accompagnent la lettre sont très révélateurs de l'état d'esprit du journaliste. Espérons qu'ils contribueront à édifier les gentils gogos en uniforme qui fréquentent son blog et qui l'alimentent en informations.

Por una vez, no borbonea

D'un usage limité, mais joli à regarder.


C'est rare, mais il arrive que le roi d'Espagne fasse quelque chose de bien. Monument de conformisme politique et de cupidité, Jean-Charles est protégé des conséquences de son comportement souvent mesquin et par son allégeance au pouvoir socialiste sous toutes ses formes et par l'attachement neu-neu de la droite à l'institution monarchique.

Cette fois il ne se contente pas de demander la tête des éditorialistes libéraux dont il ne supporte pas les discours hostiles à sa personne, il s'est rendu aux Etats-Unis réaffirmer le rôle de l'Espagne dans la création de ce pays.

En visite dans la ville de Pensacola, il a rendu hommage à don Bernardo de Galvez qui, à la tête d'une armada hispano-française, a arraché cette cité des mains des occupants britanniques.


Le roi d'Espagne dans les rues de Pensacola.
El Rey de España subrayó en Pensacola, ante una población entregada a la visita de Juan Carlos y Sofía, la valiosa contribución española a la independencia de Estados Unidos y la de los compatriotas que ahora trabajan por su futuro.

Durante unas horas, la ciudad de Pensacola, en el estado de Florida, revivió su pasado español para recibir en sus calles a los Reyes, que visitaron esta población con motivo de las celebraciones de la fundación de la ciudad por Tristán de Luna hace 450 años.

El himno de España sonó, junto al de Estados Unidos, en cada uno de los actos de la visita, que comenzó en la plaza Fort George, ante el monolito erigido en memoria de Bernardo Gálvez, quien ganó en 1781 a los ingleses la batalla de Pensacola, por la que se recuperó Florida y Mallorca para la Corona española, y contribuyó a la independencia de EEUU.

Le monarque et un hiérarque local devant la plaque qui rappellera aux générations futures leur passage éclair.

Los Reyes se acercaron después a la bahía, donde una placa recuerda la llegada de Tristán de Luna a estas costas con 11 navíos y más de 500 personas, así como la creación de la ciudad de Santa María, que fue destruida poco después por un huracán y dejó paso a la actual Pensacola. La placa se encuentra al final de la calle Palafox, eje principal del centro histórico de la ciudad y que, a partir de ahora, pasará a llamarse Juan Carlos I.

En las confluencias de las calles Jefferson y Zaragoza -muchas vías llevan nombres españoles- se encuentra el Museo de la Ciudad, desde cuyo balcón el Rey recordó a los ciudadanos de Pensacola que la amistad entre los dos países floreció durante la independencia americana, cuando España "volcó su activa ayuda financiera, política y militar en favor de los patriotas estadounidenses".

De acuerdo con las palabras del Rey, que en varias ocasiones suscitaron los aplausos de los habitantes de esta ciudad, "aquí, en Pensacola, empezó una etapa nueva, en la que crecería esta gran nación, amiga y aliada de España; por eso, Pensacola tiene uno de los más ricos patrimonios culturales de América del Norte", afirmación que fue rubricada con una ovación.

Inicio de la presencia española en EEUU
Unos niños agitan las banderas españolas. | Reuters
Después de insistir en que la figura de Gálvez recuerda "que también hoy muchos hombres y mujeres de Estados Unidos y de España dedican sus mejores esfuerzos a reforzar las mutuas relaciones", Juan Carlos I proclamó: "Estamos orgullosos de vuestros antepasados".

En su intervención, el monarca español recalcó que Pensacola supuso el inicio de la historia de la presencia española en este territorio, que se extendió a lo largo del siglo XVI a otros lugares del actual EEUU.

Hoy día, esta herencia es especialmente visible en EEUU por el incremento imparable del idioma español, que eleva ya el número de hispanohablantes a unos 45 millones en un país de 304 millones de habitantes.

jeudi 19 février 2009

Officier de Légion libéré

Un site militaire révèle qu' a été mis en liberté hier le lieutenant de la Légion mis en cause dans la mort accidentelle du soldat de sa section Jozef Svarusko pendant un exercice.

Le juge d'instruction Florence Michon avait décidé le jeudi 4 décembre 2008 de placer en détention provisoire le jeune lieutenant afin d'éviter tout risque de fuite à l'étranger et tout risque d'intimidation des témoins. Ces motifs, des mois après les faits, semblaient plutôt l'habillage d'une concession faite à la hiérarchie militaire.

Après un début en fanfare, quand toute la presse à l'écoute de l'état-major (à quelques exceptions près), le redoutable J.-D. Merchet de Libération en tête, a relayé la version des faits qui accable le jeune officier, la température médiatique est retombée ce qui a ramené l'affaire à de plus justes proportions.

Ayant affaire à un magistrat écoutant leurs arguments et instruisant à charge et à décharge, les avocats de la défense ont été en mesure de demander des expertises et des compléments d'enquête, cherchant à éclairer notamment les circonstances précises de la mort accidentelle du légionnaire. Leur objectif est de démontrer scientifiquement que le lieutenant n'est pas à l'origine du décès de son subordonné.

Le jeune officier n'en est pas quitte pour autant. Il est convoqué à nouveau par la justice le 23 février et l'instruction se poursuit. Toutefois, l'étape de lynchage médiatique et de lâchage corporatif semble achevée.

Le jeune officier, incarcéré à la santé dans le quartier réservé (fonctionnaires de police, militaires, fonctionnaires divers et variés, personnalités, etc…), a eu l'opportunité de faire le tri entre ses amis et les autres, d'étudier son dossier à fond et de se mettre au russe grâce à la présence d'un prisonnier russophone.

Sorti de prison, entouré par la chaleur de ses amis et par l'affection de sa famille, le jeune officier va pouvoir l'esprit plus serein se consacrer à sa défense.

Personnellement, étant donné ce qu'est devenu l'Armée française, je reste convaincu que raccrocher son uniforme pour reprendre une vie normale est ce qui peut lui arriver de mieux.




vendredi 13 février 2009

Obama et l'histoire, ça fait deux

Toujours à l'affût d'une bonne photo ou d'une bonne pose pour les journaux télévisés, Barak Hussein Obama (BHO) n'en rate pas une. 

Ces derniers jours, il a frôlé l'ubicuité pour célébrer le 200e anniversaire de la naissance d'Abraham Lincoln.

Proclamé grand homme pour avoir émancipé les esclaves en 1863, BHO avait tout simplement omis de préciser que cette émancipation ne concernait que les Etats du Sud, les esclaves dans le Nord n'étaient pas concernés.

Le quotidien de gauche espagnol Publico, rappelle fort opportunément sous la plume d'Isabel Piquer que Lincoln était bien un homme de son temps et qu'il ne lui serait jamais venu à l'esprit de partager un dimanche en famille avec M. BHO et Mme BHO.

Raciste, négrophobe, Lincoln ne rêvait que d'une chose : renvoyer les Noirs en Afrique et en débarrasser l'Amérique pour toujours.

Ces vérités irréfutables, tout comme le fait que Martin Luther King était un plagiaire et un érotomane, ne sont jamais évoquées dans la presse américaine.



Estados Unidos ha celebrado con gran pompa el 200 aniversario del nacimiento de Abraham Lincoln (12 de febrero de 1809, Hodgenville, Kentucky). La cosa se hubiera quedado en las conmemoraciones históricas de rigor de no ser por Barack Obama y la recesión.

La decisión de Lincoln de proclamar la emancipación de los esclavos en 1863 (que confirmó dos años más tarde la decimotercera enmienda a la Constitución) allanó el camino para que un político negro pudiera llegar a la Casa Blanca. La dimensión del hombre que presidió el país durante el momento más oscuro de su génesis, la guerra civil entre el Norte y el Sur, sigue sirviendo de referencia en la crisis por la que atraviesa EEUU.

El libertador de los negros se opuso a darles el voto y a las bodas interraciales

Lo recordó Obama durante una celebración en el Capitolio: "Me siento especialmente agradecido a esta figura singular que hizo posible mi propia historia. Su capacidad de prever el futuro, incluso en un momento en el que nuestra nación estaba dividida, es la que quiero compartir".

Obama viajó a Springfield (Illinois) donde Lincoln ejerció de senador para honrar a un político en el que se arropó desde el inicio de su campaña, precisamente en las escaleras del antiguo Capitolio.

Pero recientes publicaciones sobre el 16º presidente (se han escrito unos 14.000 libros en EEUU sobre él) han desvelado un aspecto más complejo del personaje: Lincoln era un hombre de su tiempo y no le gustaban los negros.

Intentó convencer a los afroamericanos de que emigrasen a Panamá o Haití

"Lincoln estaría muy extrañado de ver a Obama en la Casa Blanca", dice el historiador y experto en el tema Henry Louis Gates. "Estaba totalmente en contra de la esclavitud, pero no era un gran fan de los negros. En un discurso de 1858, se pronunció en contra de los matrimonios interraciales, de otorgar el voto a los afroamericanos e incluso de permitirles luchar en el Ejército de la Unión".

De hecho, la proclamación de la emancipación de los esclavos fue ante todo un acto político para preservar la Unión y debilitar al Sur. Antes, Lincoln nunca había sido especialmente abolicionista.

Tampoco creía que negros y blancos pudieran vivir juntos en EEUU. "En agosto de 1862, invitó a cinco afroamericanos a la Casa Blanca para convencerles de que fundaran una nueva nación en Panamá", contaba en las páginas del The New York Times John Stauffer. También "propuso una enmienda constitucional para animar a los negros a emigrar a Liberia o Haití".

Lincoln tomó medidas polémicas durante la guerra, como suspender el hábeas corpus (uno de los dos precedentes históricos antes de las medidas de excepción de Bush), encarcelar a disidentes sudistas y cerrar diarios.

La mitificación de Lincoln (asesinado, el 14 de abril de 1865 por el actor y activista sureño John Wilkes Booth) ocurrió inmediatamente después de su fallecimiento. "Es el cristo estadounidense", dice Gates. "A las 48 horas, se transformó en una figura nacional y todo el mundo se olvidó de que durante su presidencia hubo momentos en que fue muy impopular".

Obama, le doute s'installe

Hors d'Europe durant deux semaines, il ne m'a pas été possible de suivre l'actualité. Toutefois, à mon retour, je suis frappé par les avis négatifs des commentateurs les plus avisés au sujet des mesures économiques du président Barak Hussein Obama (BHO).

Incapable de convaincre un homme compétent de prendre le poste de secrétaire au Commerce, il laisse le Congrès lui dicter sa politique de relance… Bref, ses premières semaines ne se révèlent guère brillantes en dehors de son art consommé pour la mise en scène médiatique.

Dans les colonnes du Financial Times, le journaliste Martin Wolf rappelle au chef de l'Exécutif que le temps est compté et que bientôt il lui sera réclamé des comptes. Un article à méditer.

Has Barack Obama’s presidency 
already failed? 


In normal times, this would be a ludicrous question. But these are not normal times. They are times of great danger. Today, the new US administration can disown responsibility for its inheritance; tomorrow, it will own it. Today, it can offer solutions; tomorrow it will have become the problem. Today, it is in control of events; tomorrow, events will take control of it. Doing too little is now far riskier than doing too much. If he fails to act decisively, the president risks being overwhelmed, like his predecessor. The costs to the US and the world of another failed presidency do not bear contemplating.

What is needed? The answer is: focus and ferocity. If Mr Obama does not fix this crisis, all he hopes from his presidency will be lost. If he does, he can reshape the agenda. Hoping for the best is foolish. He should expect the worst and act accordingly.

Yet hoping for the best is what one sees in the stimulus programme and – so far as I can judge from Tuesday’s sketchy announcement by Tim Geithner, Treasury secretary – also in the new plans for fixing the banking system. I commented on the former last week. I would merely add that it is extraordinary that a popular new president, confronting a once-in-80-years’ economic crisis, has let Congress shape the outcome.

The banking programme seems to be yet another child of the failed interventions of the past one and a half years: optimistic and indecisive. If this “progeny of the troubled asset relief programme” fails, Mr Obama’s credibility will be ruined. Now is the time for action that seems close to certain to resolve the problem; this, however, does not seem to be it.

All along two contrasting views have been held on what ails the financial system. The first is that this is essentially a panic. The second is that this is a problem of insolvency.

Under the first view, the prices of a defined set of “toxic assets” have been driven below their long-run value and in some cases have become impossible to sell. The solution, many suggest, is for governments to make a market, buy assets or insure banks against losses. This was the rationale for the original Tarp and the “super-SIV (special investment vehicle)” proposed by Henry (Hank) Paulson, the previous Treasury secretary, in 2007.

Under the second view, a sizeable proportion of financial institutions are insolvent: their assets are, under plausible assumptions, worth less than their liabilities. The International Monetary Fund argues that potential losses on US-originated credit assets alone are now $2,200bn (€1,700bn, £1,500bn), up from $1,400bn just last October. This is almost identical to the latest estimates from Goldman Sachs. In recent comments to the Financial Times, Nouriel Roubini of RGE Monitor and the Stern School of New York University estimates peak losses on US-generated assets at $3,600bn. Fortunately for the US, half of these losses will fall abroad. But, the rest of the world will strike back: as the world economy implodes, huge losses abroad – on sovereign, housing and corporate debt – will surely fall on US institutions, with dire effects.

Personally, I have little doubt that the second view is correct and, as the world economy deteriorates, will become ever more so. But this is not the heart of the matter. That is whether, in the presence of such uncertainty, it can be right to base policy on hoping for the best. The answer is clear: rational policymakers must assume the worst. If this proved pessimistic, they would end up with an over-capitalised financial system. If the optimistic choice turned out to be wrong, they would have zombie banks and a discredited government. This choice is surely a “no brainer”.

The new plan seems to make sense if and only if the principal problem is illiquidity. Offering guarantees and buying some portion of the toxic assets, while limiting new capital injections to less than the $350bn left in the Tarp, cannot deal with the insolvency problem identified by informed observers. Indeed, any toxic asset purchase or guarantee programme must be an ineffective, inefficient and inequitable way to rescue inadequately capitalised financial institutions: ineffective, because the government must buy vast amounts of doubtful assets at excessive prices or provide over-generous guarantees, to render insolvent banks solvent; inefficient, because big capital injections or conversion of debt into equity are better ways to recapitalise banks; and inequitable, because big subsidies would go to failed institutions and private buyers of bad assets.

Why then is the administration making what appears to be a blunder? It may be that it is hoping for the best. But it also seems it has set itself the wrong question. It has not asked what needs to be done to be sure of a solution. It has asked itself, instead, what is the best it can do given three arbitrary, self-imposed constraints: no nationalisation; no losses for bondholders; and no more money from Congress. Yet why does a new administration, confronting a huge crisis, not try to change the terms of debate? This timidity is depressing. Trying to make up for this mistake by imposing pettifogging conditions on assisted institutions is more likely to compound the error than to reduce it.

Assume that the problem is insolvency and the modest market value of US commercial banks (about $400bn) derives from government support (see charts). Assume, too, that it is impossible to raise large amounts of private capital today. Then there has to be recapitalisation in one of the two ways indicated above. Both have disadvantages: government recapitalisation is a bail-out of creditors and involves temporary state administration; debt-for-equity swaps would damage bond markets, insurance companies and pension funds. But the choice is inescapable.

If Mr Geithner or Lawrence Summers, head of the national economic council, were advising the US as a foreign country, they would point this out, brutally. Dominique Strauss-Kahn, IMF managing director, said the same thing, very gently, in Malaysia last Saturday.

The correct advice remains the one the US gave the Japanese and others during the 1990s: admit reality, restructure banks and, above all, slay zombie institutions at once. It is an important, but secondary, question whether the right answer is to create new “good banks”, leaving old bad banks to perish, as my colleague, Willem Buiter, recommends, or new “bad banks”, leaving cleansed old banks to survive. I also am inclined to the former, because the culture of the old banks seems so toxic.

By asking the wrong question, Mr Obama is taking a huge gamble. He should have resolved to cleanse these Augean banking stables. He needs to rethink, if it is not already too late.