Le député n'insiste pas sur un des causes du renforcement des nationalismes périphériques, la faillite du nationalisme espagnol tel que les libéraux l'ont inventé au XIXe siècle et tel que l'a défendu le général Franco.
Quelques secteurs de la droite espagnole ont compris que l'on ne peut combattre les nationalismes identitaires en leur opposant une idée morte. De là des recherches dans tous les sens, comme celle de José María Lassalle qui se réclame « autrichien », ce qui dans le contexte espagnol veut dire défenseur d'un modèle d'Etat inspiré des usages antérieurs à l'arrivée de la calamiteuse dynastie des Bourbons en Espagne.
L'entretien accordé par Lasalle à La Vanguardia, ici.
Une critique libérale de cette idée, ici.
Les hispanophones peuvent cliquer sur le lien pour lire les commentaires de cette tribune qui sont éclairant sur l'état d'esprit des Espagnols.
Finis HispaniaeVoici ce que j'écrivais à ce sujet voici un an, extrait :
El sociólogo Víctor Pérez Díaz alertaba a los españoles de “que el proceso en curso es uno de entropía o desorden, que se va desplegando a un ritmo gradual, todavía lento”.
Esta gradualidad permitía que los españoles nos fuéramos acostumbrando al creciente desorden “en un estado de semiconsciencia”, añadía.
Paso a paso se han ido tomando decisiones que han provocado el debilitamiento del Estado, una crisis de la conciencia nacional, la descomposición de las instituciones (Tribunal Constitucional, Poder Judicial), el resurgimiento de la división entre las dos Españas, inquietantes fenómenos de corrupción, una creciente deslegitimación de la clase política, mientras una economía drogada, conducida por un torpe timonel, alimentaba el sueño de recibir “más derechos sociales” con ausencia de deberes y responsabilidades. Hasta que se agotó toda la pólvora del rey.
El último episodio de este proceso de suicidio colectivo tuvo lugar hace días en el Senado, órgano, con el Congreso, de la soberanía nacional.
En uno de los más bochornosos espectáculos de nuestra reciente historia parlamentaria, una mayoría de senadores acordó la más funesta de las decisiones para un pueblo: abrir la puerta a que la lengua común de los españoles, con la que desde hace siglos los españoles nos hemos entendido entre nosotros y con la que hemos forjado una fecunda comunidad lingüística, deje de ser la lengua de la Cámara que representa a todos los españoles.
El desafuero que entraña tan descomunal dislate supone ya cruzar el Rubicón en el plan de la “deconstrucción” de España. Es sencillamente inexplicable.
Cualquier observador de nuestra realidad nacional y conocedor de nuestra realidad histórica exclamaría: “¡Los españoles se han vuelto locos!”, o mejor, “¡los españoles han vuelto a volverse locos!” Y, de alguna manera, es lo que ya nos está pasando.
Basta leer con una mínima atención lo que en estos días se lee en la prensa internacional sobre España para deducir que nos hemos convertido en la “enferma” de Europa entre las grandes naciones. Porque nuestro problema es que no sólo afrontamos una grave crisis económica, la que negó obstinadamente nuestro timonel, dilapidando todas nuestras fortalezas, sino que atravesamos una crisis moral e institucional aún más grave, que ya es hora de que aflore como primer problema nacional.
No es ninguna casualidad que el desafuero cometido en el Senado se haya producido en las presentes circunstancias. La decisión adoptada por el Senado sólo es imaginable en un clima de descomposición nacional.
Hace unos años habría sido sencillamente impensable, aunque hubiera habido voces que sustentaran tal pretensión. En una realidad nacional sana y vigorosa la simple idea de que los senadores o diputados de España tuvieran que ponerse cascos para entenderse entre sí, pudiendo hablar todos la misma lengua, como todos sus compatriotas, hubiera provocado, en el mejor de los casos, hilaridad. Pero no nos engañemos.
El clima que ha propiciado esta letal decisión para nuestro porvenir colectivo ha sido la perversa agenda de Zapatero y la transformación que ha impulsado en su partido.
La prueba de ello fue el delirante discurso (llamémoslo así) de la número tres del partido socialista, la pupila de Zapatero, senadora Leire Pajín. Porque el hecho más grave, el causante del triste episodio del 28 de abril en el Senado ha sido que el Partido Socialista, expresión de una gran corriente nacional, haya traicionado sus principios y, en las actuales circunstancias y bajo la guía de Zapatero, haya renunciado a ser un partido nacional.
Si la decisión incoada en el Senado se consumara finalmente, se habría producido la más importante victoria de las pretensiones disgregadoras de nuestra nación.
Simbólicamente se habría cancelado la realidad de España como comunidad lingüística. El paso dado tendría una fuerza expansiva irresistible. Contaminaría a todas las instituciones del Estado. El castellano dejaría sencillamente de ser “la lengua oficial del Estado”. En el imaginario colectivo el sueño de una “España plurinacional” y, por lo tanto, disgregable, se abriría paso con ímpetu arrollador. Resulta tan artificioso, tan contra natura, un Parlamento español convertido en un foro de Babel que la única explicación a tal mutación es que está al servicio de un claro diseño político.
El estado de “semiconsciencia” en que ahora vivimos los españoles forma parte de nuestras circunstancias y de nuestra enfermedad. Permite que nos vayamos tragando resignadamente las decisiones que semana a semana se producen ante nuestras narices, esperando la siguiente, con la irritación, a lo sumo en algunos, que genera una sensación de impotencia.
Así se están destruyendo todos los consensos. La gran habilidad de Zapatero hasta ahora ha sido, con su política del “paso a paso”, propiciar esta desmoralización en la sociedad española. Pero la pólvora del rey se ha agotado ya y, quizás también, la pócima suministradora del estado de “semiconsciencia”.
*Eugenio Nasarre es diputado del Partido Popular.
Pour en revenir à l'Espagne, les forces « progressistes » ont au XIXe siècle, après la mort de Ferdinand VII, imposé le modèle révolutionnaire en forçant la centralisation politique et l'homogénéisation linguistique. C'est cette « Espagne une et indivisible » dont Franco sera le défenseur après 1936.
L'Espagne traditionnelle ne s'est pas laissé détruire sans combattre et de féroces guerres civiles ont déchiré la péninsule. Les vaincus, les forces « réactionnaires », ont joué un rôle clef dans le développement du renouveau des nationalismes identitaires, c'est le cas notamment au Pays Basque.
Après un lent grignotage, les mouvements indépendantistes ont gagné de vastes secteurs de l'opinion tant au pays Basque qu'en Catalogne. Au même moment, les nationalistes faisant des percées en Bretagne, en Flandre et en Alsace. L'avènement de la République en 1931 a marqué leur apogée dans l'Espagne de la première moitié du XXe sicèle.
La victoire de Franco an 1939 marque un point d'arrêt pour les nationalistes périphériques et un retour en force du modèle inspiré de la révolution française et défendu par les progressistes du siècle précédent. Redoutable paradoxe de l'histoire.
Un concours de circonstances va rendre la vie à ces mouvements périphériques. La mort de Franco débouche sur un vide politique typique des dictatures finissantes. Le modèle constitutionnel mis en place en 1978 tente la quadrature du cercle, la coexistence des deux modèles historiques, l'Espagne dans son acception moderniste (au sens du XIXe siècle) et un système pluriel hérité de l'Espagne traditionnelle.
Cela aurait parfaitement pu fonctionner, mais deux facteurs sous-estimés par les rédacteurs de cette Magna Carta ont rendu cette constitution inviable.
En premier lieu, les nationalistes qui ont pris le pouvoir ne sont pas intéressés par un modèle de fonctionnement de l'Etat hérité de l'Espagne traditionnelle où il n'y a aucune incompatibilité entre une région périphérique largement autonome et le sentiment d'appartenance à un ensemble commun. Ils ont cherché à imposer dans chacune de leurs autonomies un modèle étroitement nationaliste, reflet en plus petit du nationalisme espagnol inventé par les progressistes du XIXe siècle.
En second lieu, la logique de l'accaparement des pouvoir au sein de chaque autonomie (tout d'abord dans les régions historiques comme la Catalogne, puis dans les autres), a conduit les politiciens locaux a ériger leurs régions en véritables fiefs (surnommés les taifas en référence aux royaumes islamiques ayant occupé l'Espagne).
C'est ainsi que tout est mis en œuvre pour différencier chaque région et à raffermir le pouvoir des élites politiciennes locales. Dans ce but, la langue devient un outil crucial car il permet à peu de frais de bâtir une conscience d'appartenance locale là où elle était faible ou en déclin.
La conséquence est qu'en Catalogne il est devenu impossible de scolariser son enfant en espagnol et que les nouvelles générations issues de l'éducation publique catalane maîtrisent de moins en moins bien la langue commune.
Ce phénomène avait commencé au pays Basque et en Galice au profit des langues locales respectives, mais le récent changement de majorité dans ces régions commence à modifier la donne.
Les gouvernements régionaux ne sont guère à blâmer dans cette question. Les mesures qu'ils prennent pour favoriser les langues vernaculaires et à l'encontre de l'espagnol reçoivent le consentement des électeurs par simple fait de l'arithmétique électorale.
Cette force des périphéries se nourrit de la faiblesse du modèle espagnol. Sans paladin pour le défendre, dans une Espagne où la rapport des forces intellectuel entre la droite et la gauche est comparable à ce qu'il était en France voici trente ans, le modèle d'une Espagne foyer commun de tous les Espagnols où une langue commune sert d'outil de rapprochement n'a pas de défenseur crédible.
Tant que l'Espagne ne réinventera pas un modèle culturel attractif, il est vain de s'attendre à un affaiblissement des modèles périphériques.
Lire aussi ce post plus ancien, L'Espagne a-t-elle encore un avenir ? .
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