samedi 11 avril 2009

Le Pays Basque s'interroge sur son avenir



La gauche nationaliste proteste contre les contrôles routiers de la police autonome basque.


Ce matin, la presse a rendu publique l'arrestation à la gare Montparnasse de Ekaitz Sirvent Auzmendi, un activiste de l'ETA à sa descente du TGV en provenance de Bordeaux. Ce terroriste, dont on soupçonne un rôle important dans la structure logistique de la bande, transportait des disques durs et des clefs USB qui, une fois décryptés, vont probablement livrer d'importantes informations aux spécialistes du renseignement.


Ekaitz Sirvent Auzmendi.

Cette arrestation s'ajoute à d'autres opérées cette année 2009 : le 8 janvier, José Javier Irastorza González, 'Barojo'; le 13 janvier, Alejo Moreno et Lorea Zezeaga Mendizabal; le 25 février, Alexander Akarregi Casas; portant le total à cinq cadres d l'organisation derrière les barreaux.

Il est difficile à une organisation en perte de vitesse de remplacer aussi rapidement des cadres formés sans combler les vides dans ses rangs par des jeunes gens issus de la violence de rue et sans réelle expérience de la vie clandestine.

Le pix à payer est un nombre croissant d'arrestations qui vont contribuer à grossir le contingent d'etarres en prison qui dépasse les cinq cents.

La nouvelle donne politique au Pays Basque rend la situation encore plus compliquée pour l'ETA. Sa branche politique a essuyé un camouflet dans les urnes. Les électeurs n'ont pas suivi ses consignes d'abstention et la gauche hostile à la violence a considérablement accru ses voix.

Enfin, cette abstention de la gauche liée à l'ETA a permis aux deux partis constitutionnalistes d'obtenir la majorité au parlement régional et au Parti socialiste de prendre bientôt la direction du Pays Basque.

Les conséquences de cette évolution se font déjà sentir. La police autonome cesse de fermer les yeux sur les activités de l'ETA et commence a se comporter avec professionnalisme, multipliant les opérations antiterroristes comme le dénonce l'aile politique de l'ETA.

Le remplacement des cadres issus de l'autonomisme à la tête de la police et des médias publics aura un impact considérable dans la vie quotidienne. L'aide financière régionale aux associations de soutien aux prisonniers de l'ETA va s'arrêter, les manifestation en faveur des terroristes dans les mairies vont cesser, les monuments à leur mémoire seront enlevés. Des gestes d'une grande porté symbolique.

D'un autre côté, et c'est le calcul de l'ETA, cet ensemble de mesures «d'espagnolisation» devraient radicaliser davantage une frange réduite de la jeunesse basque et la pousser à répondre favorablement aux appels de l'ETA. Ces « Marie-Louise» du terrorisme risquent de de faire long feu et de se retrouver en prison peu de temps après leur entrée dans la clandestinité. mais le prix humain à payer importe peu. L'important est de durer.

La révolte gronde parmi les vieilles troupes de l'ETA

Dans le mouvement politique abertzale, l'échec électoral et l'incapacité de l'ETA à porter des coups, incitent les vieux briscards reconvertis dans la politique politicienne à se regrouper autour du cheval de retour Arnaldo Otegui pour former un rassemblement des forces de gauche indépendantistes quitte à en payer le prix : dénoncer la violence de l'ETA, seul moyen légal d'accéder aux élections.

Dans les prisons, des vétérans commencent à trouver le temps long. Faute de succès et devant l'arrivée ininterrompue de jeunes activistes, ils dénoncent l'incapacité de la direction actuelle et commencent ouvertement à envisager la fin de la violence.

Le ministre de l'Intérieur, le sinistre Rubalcaba (au sujet duquel la sagesse populaire a inventé un dicton : Si te vuelves, Rubalcaba te la clava (« si tu te retournes, Rubalcaba te poignarde») favorise cette évolution en rapprochant du Pays Basque les prisonniers favorables au processus du paix et éloigne ceux qui demeurent fidèles aux ordres de la bande.

Le retour de la police basque dans la lutte antiterroriste, la coopération franco-espagnole plus efficace que jamais, le changement politique au gouvernement local sont à la fois de très mauvaises nouvelles pour l'ETA mais aussi une planche de salut. A condition que l'organisation puisse survivre et marquer quelques coups.

Espérons qu'elle n'en soit pas capable.

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