vendredi 17 avril 2009

ETA, le front des prisons se fissure


Le combat contre une organisation terroriste ne se résuma pas aux mesures policières prises contre elle, mais elles constituent l'arme principale contre elle.

Les erreurs commises par le gouvernement Zapatero (celui-là même que le président Sarkozy estime ne pas être très intelligent) sont typiques de ceux qui croient aux vertus de la politique gnan-gnan, quand il suffit de prononcer de bonnes paroles et être gentil pour résoudre les problèmes.

Il est loin le temps où le premier ministre espagnol considérait que les victimes des attentats étaient le fait d'accidents de parcours regrettables. Zapatero a fini par se rendre à l'évidence: on ne peut pas intégrer une organisation terroriste dans un calcul de politique politicienne, du type de ceux qui se décident dans les urnes.

En d'autres termes, une négociation directe avec l'ETA ne peut contribuer à des succès électoraux au pays Basque ou dans le reste de l'Espagne.

En revanche, une politique de fermeté, non seulement peut lui valoir des dividendes au Pays Basque mais aussi dans l'ensemble de l'Etat en réduisant la distance sur la question du terrorisme avec la majorité de l'opinion publique. Il prive aussi d'arguments ses plus féroces critiques de la COPE, Jimenez Losantos, et du quotidien El Mundo, PJ Ramirez.


Le féroce critique des politiques socialistes, Féderico Jimenez Losantos, vu par le caricaturiste du quotidien socialiste Publico.

Ne fermant plus les yeux sur les activités de l'ETA et sur celles de son entourage politique, le gouvernement a écarté la gauche indépendantiste violente de l'échiquier électoral, privant le Parti nationaliste basque au pouvoir (PNV) de toute chance d'obtenir la majorité nécessaire pour se maintenir au pouvoir. Aujourd'hui, les partis « espagnolistes » sont au pouvoir au parlement de Vitoria.

Les arrestations continuelles des responsables de l'ETA cachés en France, le mesures de fermeté prises en Espagne contre les participants à la guérilla de basse intensité, vivier des futurs terroristes (la kale boroka), le lent grignotage de leur position sociale dans le Pays basque a fini par porter ses premiers fruits là où la bande terroriste est la plus faible, le front des prisonniers.

A ce jour, il y a 608 prisonniers de l'ETA à des titres divers en prison (dont 153 en France). Sur ce total, moins de 3% se trouvent reclus au Pays Basque, les autres sont dispersés entre la région parisienne et Algesiras. Voir une carte ici.

Une récente enquête interne conduite par l'ETA auprès des prisonniers et que le quotidien El Mundo révèle ce matin apporte des informations intéressantes sur l'évolution de ce front.

Alors que le moral des terroristes prisonniers était au plus haut durant la phase de négociation entre le gouvernement de Madrid et l'ETA, il est aujourd'hui au plus bas en raisons du reversement de la situation politique. L'échec électoral et ses conséquences (interdiction de tout soutien aux familles de prisonniers de l'ETA), le durcissement de l'action de la police et de la Garde civile désespèrent les détenus.

Face au manque de capacité de résistance de la gauche violente face à l'appareil de l'Etat, les prisonniers suggèrent l'adoption d'un profil plus bas, notamment en payant les cautions demandées par la justice ou même en niant toute activité politique devant les juges.

Ils s'interrogent même sur leur capacité à résister aux arrestations plus longtemps :

Viendo la cantidad de gente que cae, no podemos seguir trabajando públicamente y dejando a los militantes en manos del enemigo. ¿Cuánto tiempo podemos seguir a ese ritmo?

¿En manos de quién quedará la preparación de las generaciones futuras y el proyecto político?

Le document contenait également des critiques très dures à l'égard de la politique générale de la bande et de la stratégie de l'organisation, mais elles n'ont pas été incluses dans le document.





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