Un des aspects les plus intéressants de cette chaîne est son angle de vision binational. Sur les autres chaînes, les sujets sont étudiés à partir d'un point de vue national. Par exemple, un sujet sur la Grande Guerre nous ressassera les images mille fois vues de Verdun ou du président Poincaré riant dans un cimetière (je sais que cette photo est un abus).
En revanche, Arte nous invite à voir les mêmes événements historiques à travers un autre angle. La Grande Guerre sera aussi Tanneberg, la bataille du Jutland ou la retraite de l'automne 1918.
En outre, cette chaîne nous permet de voir des documentaires ou des films historiques qui ne seraient diffusés en temps normal que sur des chaînes spécialisées; par exemple, des téléfilms sur des épisodes de la vie de Frédéric II ou encore le film à grand spectacle tourné pendant les derniers moments de la Seconde Guerre mondiale : Kölberg.
Hier, la chaîne a diffusé un long documentaire en deux parties consacré à une des grandes aventures européennes de la Belle Epoque, le Bagdadbahn, ou le chemin de fer de Bagdad, quand des ingénieurs financés par des capitaux allemands ont tenté de relier par le chemin de fer les extrémités de l'empire ottoman, de Constantinople à Bagdad et Médine.
Voici ce qu'en dit la chaîne :
L'épopée technique et politique de la construction d'une voie ferrée reliant la mer Noire à Bagdad, au début du XXe siècle.1. 1903 - Une entreprise titanesqueAu début, le chantier avance très vite, mais des problèmes financiers et des troubles politiques dans la région viennent interrompre les travaux durant six ans. Ils ne reprennent qu'en 1910, suscitant l'inquiétude des Britanniques : le chemin de fer pourrait transporter des troupes vers le Sinaï et menacer le canal de Suez.Au début du siècle dernier, le sultan turc Abdoul Hamid II confie aux Allemands la construction d'un réseau ferré qui doit relier la mer Noire à Bagdad et au golfe Persique. Une autre ligne, allant de Damas à Médine, doit favoriser le déplacement des pèlerins vers La Mecque. Mais le chantier est d'abord suscité par les intérêts hégémoniques de l'Empire ottoman. Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, le contrôle des chemins de fer du Proche-Orient devient un enjeu primordial pour les grandes puissances engagées dans le conflit. En 1903, c'est une aventure politique et technique sans précédent qui commence, sur un tracé de 2 600 kilomètres. Elle est racontée ici grâce à des documents d'archives, des scènes reconstituées et le récit de certains des témoins de l'entreprise.
Les réalisateurs ont mélangé avec beaucoup de talent des documents d'archives et des scènes reconstituées sans dialogues. Bien conçu, bien monté, le documentaire est passionnant et j'invite tous mes visiteurs à en voir la rediffusion le mardi 21 avril à 9 h 55.
En revanche, le texte du commentaire en langue française fourmille d'erreurs et aurait mérité une relecture par un historien. Quelques perles : l'Allemagne exportait des matières premières en Turquie, les Anglais n'ont pas réussi à s'emparer de Kut el Amara en 1916 ou la prise de Bassorah par les Anglais interdisait l'arrivée du ravitaillement pour la construction du chemin de fer. On peut aussi relever que le documentaire fait totalement l'impasse sur les Dardanelles ou sur le rôle des Français dans la région pour ne s'intéresser qu'aux Allemands et aux Anglais. Rappelons à ces messieurs de Berlin que le monde ne se limite pas à Lawrence d'Arabie. Les missions militaires françaises en Arabie ont joué un rôle méconnu mais crucial.
Pour combler les lacunes et les erreurs les plus criantes du documentaires, nous publions un article d'Aventures de l'histoire consacré à la victoire turque de Kut el-Amara.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire