Bernhard Rogge était un marin à l’âme d’acier. N’écoutant que son amour de l’Allemagne, il mit de côté ses propres tragédies personnelles pour se consacrer exclusivement à son devoir patriotique et militaire. Non seulement il a remporté d’extraordinaires succès à bord de son corsaire Atlantis, mais à la tête du groupe naval Rogge, il sauva la vie à des centaines de milliers de civils et de soldats fuyant l’avance de l’Armée rouge dans la Baltique.
Daniel Vaxelaire a eu raison de citer le nom du corsaire Atlantis dans son livre Pirates et corsaires (voir la recension de ce jour). Le commandant de ce navire mérite également que l'on se souvienne de lui.
Bien que son nom soit inconnu du grand public et de nombreux historiens, Bernhard Rogge a joué un rôle clef au cours de la Seconde Guerre mondiale. Joseph P. Slavick a le mérite de le révéler dans son livre The Cruise of the German Raider Atlantis.
Pourquoi le Kapitän zur See Rogge est-il passé à travers les mailles du filet de la renommée ? Alliés et Allemands avaient d’excellentes raisons de l’oublier.
Rogge victime de l’antisémitisme
Durant la guerre, les Allemands n’ont pas exploité le caractère extraordinaire de son action pour deux raisons principales.
La première s’explique par la nature secrète du rôle de Rogge à un moment où le Japon n’était pas encore entré en guerre avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
La seconde, hélas, trouve sa source dans la folie raciale hitlérienne. Aux yeux de la loi allemande, Bernhard Rogge n’était pas un « pur Allemand ». Cet homme, qui peut être considéré comme le prototype de l’officier de la Kriegsmarine, était « quart de juif » ! Il ne pouvait donc pas être question de le mettre en valeur.
Comme l’a révélé Bryan Mark Rigg, dans son livre Hitler’s Jewish Soldiers (« la Tragédie des soldats juifs de Hitler », Bernard de Fallois, 2003), Bernhard Rogge vécut un véritable cauchemar en raison de son identité juive. Selon la loi, Rogge aurait dû quitter la marine en raison de son ascendance juive, qualité aggravée aux yeux de ses persécuteurs par le fait qu’il avait épousé une Juive.
Poussé à bout par les mesquineries et le harcèlement de fonctionnaires nazis comme le Kreisleiter de Eutin, l’officier demanda à l’amiral Raeder d’intercéder en sa faveur auprès de Hitler. Grâce aux démarches de son supérieur, Hitler déclara Rogge deutschblüting ce qui arrêta définitivement les persécutions dont il était victime. Malheureusement, cette décision arrivait trop tard pour sa jeune femme et pour sa belle-mère qui s’étaient suicidées de désespoir.
Avec son certificat d’aryanité en poche, Rogge reprit le cours de sa carrière au sein de la Kriegsmarine, signant une des plus belles pages de la guerre de course grâce à l’Atlantis, mais aussi en mer Baltique en 1944 et en 1945.
Les Anglais cachent leur échec
De leur côté, les Britanniques avaient d’excellentes raisons de faire le silence sur les exploits de Rogge et des services secrets allemands en général.
Le 10 septembre 1940, Rogge capturait le cargo anglais Automedon qui transportait du courrier vers Singapour, la grande base britannique d’Orient. L’équipage de prise découvrit dans le coffre fort le compte-rendu de la réunion du cabinet de guerre du 8 août auquel était joint un rapport de 80 pages de l’état-major impérial sur la défense de Singapour et de l’Extrême-Orient en cas d’attaque japonaise.
Parfait anglophone, Rogge comprit l’extrême importance de cette prise. Les plus hautes autorités anglaises reconnaissaient noir sur blanc que Londres n’était pas en mesure d’intervenir si le Japon attaquait l’Indo-Chine française, le Siam ou les Indes néerlandaises. Quant aux possessions britanniques, notamment la base navale de Singapour, elles étaient indéfendables car le Commonwealth ne disposait pas d’assez de troupes.
Sans perdre un instant, Rogge transféra ces documents sur un navire capturé qui fit route vers le Japon où ils furent remis à l’attaché naval allemand, l’amiral Paul Wenneker, le 5 décembre 1940. Deux jours plus tard, l’essentiel du rapport était communiqué à Berlin. Le 12 décembre, sur instructions de Hitler, le capitaine Yokoi, attaché naval japonais à Berlin, était à son tour informé. Le télégramme de Yokoi à Tokyo fut intercepté par les Américains qui ne furent capables de le déchiffrer que le 19 août 1945 !
Le 12 décembre, l’amiral Wenneker remit une copie complète du rapport à l’état-major de la marine impériale qui eut bien du mal à en accepter la véracité.
A partir de janvier 1941, le document capturé par Rogge commença à modifier les plans de guerre japonais. L’invasion de l’Indo-Chine fut décidée et, surtout, les Japonais concentrèrent leurs moyens maritimes en prévision de leur attaque contre les Etats-Unis, sans avoir à se soucier d’une éventuelle intervention de la Royal Navy.
En récompense pour son rôle, le capitaine Rogge fut un des trois Allemands à recevoir de l’empereur du Japon un sabre d’honneur.
Ayant appris avec certitude la capture des documents dès décembre 1940, Londres non seulement ne transmettra pas cette importante information aux malheureux défenseurs de Singapour, mais fera sur cette affaire un silence total. Les Australiens et les Néozélandais seront aussi tenus dans l’ignorance la plus totale.
Les Britanniques pousseront le zèle jusqu’à rendre en 1958 aux Allemands le journal de bord de l’Atlantis en l’expurgeant des passages relatifs aux documents secrets !
C’est la découverte en 1980 dans les archives américaines de l’interception du message du capitaine Yokoi qui révélera l’étendue du désastre aux historiens.
En 1983, l’historien James Rusbridger demanda des explications au gouvernement britannique. Sept mois plus tard, il lui fut répondu que le rapport avait été transmis par l’espion Maclean aux Soviétiques qui l’avaient probablement communiqué aux Japonais.
Quarante ans après les faits, les Britanniques n’acceptaient toujours pas d’avouer les conséquences du coup que leur avait porté le corsaire Atlantis.
3 commentaires:
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