vendredi 14 septembre 2007

L'histoire de la route















La Grande Guerre a largement développé l'usage de l'automobile

et des transports routiers. Ici une caricature de Punch.

Les routes de France au XXe siècle

Georges Reverdy
Ponts et chaussées, 280 p., ill., biblio., index, isbn 978-2-85978-429-4.
Les ouvrages de cet éditeur ont ceci de fascinant qu’ils offrent une histoire aux objets de notre quotidien. Quoi de plus banal qu’une route ? Mais qui connaît l’histoire des routes de France, leur évolution, leur transformation progressive en ce que nous connaissons aujourd’hui ?
Pas grand monde. L’immense mérite de l’auteur est de ramener à la vie des années cruciales dans le développement du pays, quand la route s’est redécouvert une utilité. Le contraste avec la situation actuelle ne peut pas être plus frappant. A la veille du XXe siècle, le trafic routier non seulement stagne, il régresse au niveau de 1888 avec une moyenne de 232 colliers bruts par jour (dommage que l’auteur n’explique pas ce chiffre). La route sort de sa léthargie tout d’abord grâce à l’action concertée des cyclistes regroupés au sein du Touring club lequel va bientôt accueillir les automobilistes. Ce sont ces touristes du dimanche qui vont relancer la route, se battant avec les hygiénistes pour trouver des solutions au problème infernal de la poussière soulevée par les véhicules sur les routes macadamisées. Overture de routes financées en partie par le Touring club, préparation de pistes cyclables, la route semble réservée aux loirs. En 1913, pour la première fois, un président de la République consacre une partie de ses vacances à visiter en auto, quelques belles régions de France.
La Grande Guerre va changer la donne en découvrant le potentiel du transport automobile. Après l’anecdotique épisode des taxis de la Marne, les camions vont prendre la relève des voitures hippomobiles et transporter les hommes comme les munitions et offrir à la France une victoire sur une mer de pétrole. Au lendemain de la Grande Guerre, parmi les changements, au même titre que les robes courtes des femmes et montres poignent de hommes, la nation a redécouvert la route. Le parent pauvre des transport reprend progressivement la première place. Non seulement les véhicules à moteur sont de plus en plus nombreux, mais ils sont désormais en mesure de transporter des changes considérables, grignotant année après année du trafic au rail.
La carte routière se perfectionne tout comme le code de la route, la signalisation et la numérotation des routes. Le goudron se répand de plus en plus et les ingénieurs comment à rêver d’un réseau d’autoroutes.
Techniquement impeccable, cet ouvrage comble une lacune de l’histoire de notre temps, celle des infrastructures routières tout en multipliant les savoureuses anecdotes. Un livre à lire durant les embouteillages.

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