mardi 25 septembre 2007

Scandale en Espagne


LOS QUE LE LLAMÁBAMOS ADOLFO
Luis Herrero

La Esfera de los Libros, 368 p., 22,00 € ISBN 9788497346641 Avenida de Alfonso XIII 1, bajos. 28002 Madrid Tél. : 912 960 200. Fax : 912 960 206. Courriel: laesfera@esferalibros.com.

Aujourd’hui, un homme fête son soixante-quinzième anniversaire. C’est un date importante car nombreux sont ceux qui payent leur tribut à la Grande Faucheuse avant de parvenir à cet âge avancé. Malheureusement, notre protagoniste il n’en saura rien. Détruit par la maladie d’Alzheimer, son esprit est mort.

Adolfo Suárez González, ancien président du gouvernement espagnol, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est pourtant à nouveau à la une des journaux. La presse ibérique ne tient pas tant à rendre hommage à son rôle passé qu’à se faire l’écho de la sortie d’une biographie qui suscite scandale et émoi.


La personne du roi a été protégée par un large consensus politique et médiatique. Ses frasques sentimentales et son affairisme effréné sont restés occultés du grand public durant très longtemps. mais cette période d'impunité est terminée.

Largement oublié aujourd’hui, Adolfo Suárez a été un homme clef de l’histoire récente de l’Espagne. A la tête du gouvernement espagnol en avril 1976, peu de temps après la mort du général Franco, il assurera la transition du pays vers un régime démocratique.
Vainqueur des premières élections libres depuis 1934, faisant preuve d’une vraie force de conviction et de beaucoup d’entregent, Suarez sera capable de bâtir un consensus entre les différentes forces politiques en Espagne pour remplacer en douceur le régime franquiste par une forme nouvelle d’organisation étatique mise en musique par la constitution approuvée par référendum le 6 décembre 1978.



Adolfo Suarez va connaître la solitude la plus totale au cours de ses derniers mois à la tête du gouvernement.


Le 3 mars 1979, Suarez remporte une seconde fois les élections. Mais affaibli par des relations tendues avec le roi Juan Carlos, attaqué sans relâche par le Parti socialiste, il démissionne le 29 janvier 1981 et abandonne définitivement la vie politique dix ans plus tard. Fait duc en 1981 et chevalier de la Toison d’or en 2007, il souffre depuis 2003 de la maladie d’ d’Alzheimer.

Une biographie qui appelle les choses par leur nom

Le journaliste Luis Herrero, ami d’enfance d’Adolfo Suarez, vient de publier Los que le llamábamos Adolfo, une biographie qui non seulement cherche à raconter l’homme, depuis ses origines jusqu’à sa chute, mais aussi à révéler les raisons qui ont conduit à sa démission, une pratique déloyale de la politique par les socialistes et l’opposition tenace du roi Juan Carlos.


Luis Herrero un homme politique de droite qui met à mal le consensus mou autour de la personne du roi.


C’est ce dernier point qui soulève des passions en Espagne. A titre d’exemple, les personnalités proches de Suarez qui devaient assister à la conférence de présentation du livre hier soir à Madrid ont renoncé à le faire à la uite de pressions de la Maison du roi.

Il faut dire que Luis Herrero n’y va pas de main morte. Il évoque les scandales financiers dans lesquels serait mêlé le souverain et qui auraient conduit Adoilfo Suarez à exiger du monarque son abdication.

Par exemple, il cite la lettre de 1977 du roi au Shah de Perse dans laquelle il lui demande des subsides faramineux pour lutter contre la prise du pouvoir imminente par le Parti socialisme (alors toujours marxiste).

Il va sans dire que ces fonds auraient enrichi le bas de laine d’une branche des Bourbons peu gratifiés par la fortune et n’auraient pas fait grand mal au Parti socialiste.

Malheureusement, il est fort probable que ce livre ne soit jamais publié en France. Il nous aurait pourtant aidé à mieux comprendre ce qui passe aujourd’hui chez nos voisins.


Le quotidien El Mundo publie un diaporama sur Adolfo Suarez.

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