jeudi 22 avril 2010

Belgitude toujours



La Flandre au quotidien, il vaut mieux parler anglais que français.


Quand la presse internationale s'intéresse aux bisbilles entre Flamands et francophones, elle ne cherche pas réellement à comprendre les origines de cette « rage flamande » qui rend si difficile tout compromis entre les deux communautés qui se partagent le plat pays.

Pourtant, si on ne creuse pas le tuffeau dans lequel s'enroche la question nationale flamande depuis la funeste invention de la Belgique, on ne peut pas comprendre le pourquoi et le comment des choses.

Un bref rappel, car nous avons souvent abordé cette question dans nos colonnes.

Après la création de la Belgique, les élites bruxelloises francophones qui sont aux affaires font le pari d'imposer le français de Paris aux populations tant patoisantes du sud du pays que les néerlandophones du nord.

Ce pari manque de peu de réussir. La francisation de la Flandre est très avancée quand le mouvement national flamand réussit à renverser la vapeur et à imposer l'idée que la langue et la culture flamandes ne doivent pas périr sur l'autel d'un Etat artificiel.

Les élites flamandes se saisissent de l'opportunité de la Première Guerre mondiale pour avancer leurs pions auprès des autorités allemandes au nom d'une « germanité » revendiquée par les Flamands.

Commémoration de l'exécution de Borms.

La répression terrible qui s'en suit, notamment l'exécution d'August Borms, la figure emblématique du nationalisme flamand (un point de vue francophone, ici) en raison de sa « collaboration » avec les Allemands marque un tournant dans la relation entre ces deux peuples. Les Francophones ont usé et abusé de cette « collaboration » pour tenter de tuer dans l'œuf le nationalisme flamand. Un ficelle un peu grosse quand on connaît les négociations entre le roi Albert et les Allemands pour tourner casaque et poignarder dans le dos ses alliés français et anglais. Un vrai scandale dont les Francophones encore aujourd'hui ne disent mot.


Manifestation à Anvers en faveur du Conseil des Flandres.

La Seconde Guerre mondiale amplifie le scénario de la Première. Les Flamands sont nombreux à croire dans une providentielle intervention allemande à leur profit quand les autorités du Reich penchent plutôt pour une absorption pure et simple de la Flandre quand ils n'envisagent pas la déportation en masse des Flamands sur les nouvelles terres conquises à l'Est pour peupler la Flandre d'Allemands du Reich.

Après l'entrée des troupes anglo-américaines, les Francophones et les Flamands de gauche règlent leurs comptes avec les nationalistes flamands. La terrible répression et surtout, la dureté des peines invalidantes, le refus de l'amnistie, ont inscrit dans le marbre de la conscience collective flamande un désir de vengeance qui reste inassouvi à ce jour.

La grande réussite du mouvement flamand actuel est d'avoir communiqué à l'ensemble de la société flamande cette détestation de la Belgique qui avant n'était l'apanage que des nationalistes. Sans l'aide des Francophones et de leur politique d'épuration éthnique après la Seconde Guerre mondiale, il n'y serait jamais parvenu.

La condamnation à mort de la Belgique a été écrite avec le sang des fusillés des deux guerres mondiales et avec les larmes de rage des familles des victimes d'une répression qui dure encore (pas de loi d'amnistie en Belgique alors qu'en France la première a été votée dès 1947). Lire ce post pour plus de détails. A titre de comparaison, il y eut 94 Français pour 100 000 qui furent emprisonnés pour faits de collaboration pour 596 Belges.

Voici l'article publié ce matin par Vanessa Mock dans les colonnes de l'Independent.



Deux jeunes Flamands. Ils ont pris la relève d'August Borms.

Belgium at war as Flemish hit out at 'invasion of French speakers'

A fierce row over suburban flight by French speakers into officially Flemish-speaking towns near Brussels is threatening to topple the Belgian Government.

A leading Flemish party has threatened to pull the plug on the coalition Government if no deal is reached by today – a move which could trigger fresh elections.

The dispute is ostensibly about the complex reorganisation of 54 communes which encircle Brussels but it has degenerated into a bitter turf war between the two language groups. Some local politicians have even been accused of promoting de facto apartheid after French-speakers were barred from buying property in Flemish towns.

"I will fight this until the bitter end," vowed Alexia Philippart de Foy, who had her offer on a house in Rhodes-Saint-Genèse turned down by Flemish authorities. "It cannot be the case that someone who is 100 per cent Belgian is barred from buying a house in her own country."

Ms Philippart de Foy, a businesswoman in her thirties, is one of the victims of this quintessentially Belgian dispute. The contested area, known as Brussel-Halle-Vilvoorde, has been a seeping wound ever since Belgium was clumsily carved up along language lines in 1963. It has already helped to topple the government four times in the past three years as politicians have locked horns over reforms to carve up the area into distinct Flemish and French voting and administrative districts.

Although the nitty gritty of these reforms is incomprehensible to most Belgians, it has stoked simmering tensions between the two communities. The picturesque, sleepy village of Gooik, just 20 kilometres south of the officially bilingual, but mostly French-speaking capital, is a classic example. Flemish residents there speak of an "invasion" of French-speakers which must be stopped.

"We want to preserve the Flemish character of this beautiful town," says Gooik's Mayor, Michel Doomst. "We don't want it to be overwhelmed by people who speak other languages."

The jovial Mr Doomst counts on the support of many of Gooik's 11,000 residents, many of who resent the influx of French-speakers. One elderly man walking his dog explained: "The Flemish here feel squeezed out because more and more people are coming down from Brussels to live here, because houses are cheaper and it's leafier. But they don't always want to adapt by learning Flemish."

Standing outside the Vrede or "peace" café, others spoke in harsher tones. "Why can't they just leave us alone? The French-speakers are so imperialistic, imposing their language everywhere," one woman fumed. "This here is a Flemish area that should be kept Flemish." One 19-year-old trainee teacher adds: "Most people of my generation don't really care but it doesn't go down at all well with my grandparents if they walk into their local bakery and find their new baker only speaks French."

Mayor Michel Doomst has now taken matters into his own hands and has imposed his own informal mechanism to deter French speakers from moving in. "We have a system of offer incentives in order to give precedence to people who have a clear link with this commune. And yes, that means Flemish people." Even residents who put their houses on the market are "encouraged" to sell to Flemish people, he says, though he refuses to spell out what this encouragement might entail.

Down the road in Flemish Rhodes-Saint-Genèse, the deterrents are more formal. Authorities have imposed a decree called Wonen in eigen streek (Live in your own area) which sets out clear conditions for would-be property buyers.

French-speaking politicians also have their own administrative ammunition to hand in this tug-of-war, and there seems to be little hope of the issue being resolved. Yesterday parties from both sides met for marathon talks at a secret location to discuss a deal put forward by Jean-Luc Dehaene, a former prime minister who has been appointed to find a way out of the impasse.

Belgium's 11 million people have somehow learned to live with the strong undercurrent of political tension that nearly split the country apart three years ago. One French-speaking man said: "It's very sad that the politicians have let it get this far."

3 commentaires:

Anonyme a dit…

La Belgique mérite de mourir et le plus vite sera le mieux.
Quand ce sera fait, j'irai cracher sur sa tombe.
Je suis frappé par un point de votre analyse. Ce n'est pas la férocité de la répression qui a suivi la guerre qui est fut une faute. Les guerres excusent bien des excès, comme en France.
La grande faute de l'Etat belge et des Francophones et de ne jamais avoir voulu tourner la page.
Des décennies de répression, des familles marginalisées, des hommes privés de leur emploi, de leur retraite, condamnés à vivoter de petits boulots, on semé les germes du renouveau nationaliste.

Anonyme a dit…

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