Le film Narvik, première opération de débarquement présente l’expédition du Corps expéditionnaire français en Scandinavie (CEFS) en Norvège d’avril à mai 1940, et plus précisément : l’embarquement à Brest des 5e et 27e Demi-brigades de chasseurs alpins et de la 13e Demi-brigade de marche de la Légion étrangère, la traversée en mer, l’arrivée dans le Lofotenfjord, le débarquement des moyens militaires, la bataille pour le contrôle de la route du fer suédois et enfin, la prise de Narvik.D’après le journal de marche de la Brigade de haute-montagne, commandée par le général Béthouart, ces images ont été tournées par l’élément cinématographique de la Section topographique de la 1re Division légère de chasseurs et remises à la Section cinématographique du Service géographique de l’armée, qui deviendra le Service cinématographique des armées.Les opérations postérieures au 27 mai 1940 (l’attaque de Narvik et le rembarquement des troupes françaises le 7 juin 1940), bien que filmées, n’ont pu être récupérées car elles ont été embarquées à Harstad sur le cargo « Enseigne de vaisseau Préchac » qui est resté en Angleterre et dont le chargement n’a pas été transbordé. Le film, contrairement à ce que son titre laisse supposer, n’évoque donc que très peu la bataille de Narvik elle-même.
Pour en savoir plus :
La Guerre navale en Norvège
Jean Lassaque
Editions du Gerfaut, 330 p., ill., cartes, notes, annexes, ISBN 2 914622-29-5.
Passionné par la mer qu’il a longuement photographiée, l’auteur a consacré une partie de son talent à écrire des ouvrages de vulgarisation sur des navires de l’armée de mer française. Avec ce nouveau volume, il s’intéresse à guerre navale en Norvège, un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale.
Episode méconnu à double titre. En premier, car il était difficile de se vanter d’une guerre où les deux côtés allaient agresser la Norvège en même temps et où la Royal Navy n’a pas été à la hauteur de sa réputation. Sans oublier la participation d’une France pas encore vaincue et qui n’a plus bonne presse, surtout sa marine. Cet ensemble de raisons rend cet ouvrage d’autant plus intéressant et utile. L’auteur ne manque pas de rappeler que les marins Français et Britanniques se sont battus côte à côte, un mois avant que la Royale Navy n’attaque la flotte française au mouillage à Mers El-Kebir.
L’auteur décrit avec compétence la situation ambiguë de la Norvège dans cette Europe qui vient d’entrer en guerre : entre le marteau et l’enclume. Des incidents font monter la pression. Le récit de la prise d’assaut par les Britanniques du pétrolier Altmark, réfugié dans un fjord norvégien mais chargé de prisonniers britanniques, montre bien qu’il s’agit de l’incident qui a déclenché le compte à rebours.
Curieusement, l’auteur ne dit rien des marins allemands désarmés tués gratuitement par les Britanniques, or ces meurtres ont eu une importance psychologique considérable auprès des autorités allemandes.
Avec une réelle minutie, l’ouvrage déroule les étapes qui ont conduit à la fois les Alliés et les Allemands à préparer une invasion de la Norvège. A partir de ce moment, les événements s’enchaînent et les forces navales s’affrontent dans une multitude de combats que l’auteur reconstitue avec minutie. Enfin, presque. A la page 44, il décrit avec une foule de détails le combat désespéré du HMS Glowworm contre un croiseur allemand. A bout se ressources, le commandant britannique décide d’aborder son adversaire ce qui aboutit à la perte du destroyer et à la mort de ce courageux capitaine de frégate anglais qui recevra la Victoria Cross à titre posthume. En revanche, l’auteur n’a pas jugé utile de donner le nom du croiseur allemand. Lacune de sa documentation ? Pas du tout. Un lecteur perspicace trouvera quelques pages plus loin, le récit du combat du croiseur Admiral Hipper contre un destroyer britannique qui s’encastre contre sa coque. Le rapprochement est vite fait. Mais pourquoi obliger le lecteur à de pareils travaux de détective ? Ce parti-pris de l’auteur de vouloir recréer pour le lecteur le fog of war (« brouillard de guerre ») est agaçant.
A un autre endroit, quand il décrit le torpillage du cuirassé Lützow par un sous-marin allié, on ignore s’il s’agit d’un bâtiment français, britannique ou moldave.
Ces réserves ne doivent pourtant pas décourager le lecteur qui sera bien servi par une abondante cartographie de qualité et des annexes bien faites. L’auteur aurait pu achever son livre en mentionnant la dernière victime de cette campagne de Norvège, l’amiral Raeder qui sera condamné à Nuremberg pour crime contre la paix pour avoir attaqué la Norvège. Quand il voulut se défendre en avançant que les Alliés avaient fait la même chose, l’amirauté britannique refusa de communiquer à son défenseur les documents qui auraient pu conduire à son acquittement. Vae victis.
3 commentaires:
Voir p. 205 : c'est HMS Spearfish. Peut-être n'êtes vous pas allé jusque là...
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