lundi 25 février 2008

Waterloo


Waterloo
Alessandro Barbero

Champs Histoire, n°771.


Médiéviste distingué, il était dans l’ordre des choses que l’auteur s’intéresse à la bataille de Waterloo qui ramena la paix en Europe après un interminable intermède révolutionnaire et la dictature de Bonaparte. Trop habitué à lire les manuscrits médiévaux, Alessandro Barbero a préféré délaisser les archives pour se contenter d’une extensive bibliographie consacrée à cette bataille. Signalons à titre de curiosité que l’auteur considère comme une « source » la version publiée des souvenirs des acteurs de la bataille. Quand on sait la distance qu’il y a entre les renseignements bruts que l’on trouve dans les archives et les versions enjolivées, publiées des années après les faits, ont reste songeur. C’est aussi pertinent que d’écrire une histoire de la Seconde Guerre mondiale en s’appuyant sur les ouvrages de De Gaulle ou de Churchill. Si ce fort volume n’est pas un livre d’histoire, de quoi s’agit-il ? D’un essai de bonne facture écrit par un historien sur un épisode déterminant de l’histoire européenne. L’analyse générale est bonne et l’ouvrage se lit bien. Mais en concentrant sur la bataille, il perd de vue l’exploit de Bonaparte de reconstituer en quelques semaines une armée en mesure d’affronter l’Europe entière. De même, en s’appuyant excessivement sur les sources écrites anglaises, il rend des événements un reflet déformé, comparable à celui d’une histoire de la marine française écrite par un Anglais. Peut-être s’agit-il de l’écho de l’atavisme italien d’adopter systématiquement le point de vue du vainqueur ? Reconnaissons toutefois que l’auteur sait de temps en temps prendre son indépendance et replacer le bilan de la bataille dans un contexte plus large. C’est ainsi que l’on apprend que les pertes de ces armées si nombreuses en présence ne furent moins catastrophique qu’on le croit habituellement. En fait, la principale victime de Waterloo ce fut la volonté de combattre de l’Armée impériale. Napoléon fut certes vaincu, mais la France, n’a-t-elle pas gagné la paix et l’arrêt du sacrifice inutile de ses fils ?

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