Le néo-druidisme est une des curiosités de la Bretagne. Il en existe même dans d'autres régions d'Europe et même en Amérique du nord. S'agit d'un vain folklore ? Probablement certains mouvements appartiennent au vaste monde de l'ésotérisme de bazar. Néanmoins, il en existe quelques groupements, bien enracinés dans une tradition historique remontant au XVIIIe siècle, tant dans les îles Britanniques qu'en Bretagne continentale qui méritent le détour.
Voici la présentation du néo-druidisme par Alain Le Goff, grand druide de la Kredenn Geltiek Hollvedel.
Dans un entretien accordé à un site breton, Alain Le Goff précisait :
Le Druidisme, en tout cas, n’est pas une religion, au moins au sens habituel de ce terme. Car une religion est - par définition - reliée à une révélation, qu’un messie, un prophète, un gourou, va apporter à ses fidèles sous la forme de dogmes et de commandements tout élaborés, et immuables : ce qui n’est pas le cas du Druidisme.
Druidisme signifie " Solide Sapience", en celtique ancien dru-uidia ; il est donc recherche sapientiale, manière d’approcher et d’aimer la Vérité et la Beauté, de comprendre l’univers. Basé sur l’observation des réalités de celui-ci, son éthique est strictement dépendante du respect de ce que nous appelons la Loi de Bon Ordre de l’Univers, c’est-à-dire de l’ensemble des lois et des équilibres naturels. A ce niveau, il doit être souligné que la notion de bien et de mal n’existe pas pour le druidisant. En effet, pour lui, tout ce qui existe est à la fois bon et mauvais : comme le feu qui réchauffe mais brûle, comme l’eau qui abreuve mais noie. Comme l’homme, capable du meilleur et du pire.
Loi du Bon Ordre de l’Univers venons nous d’énoncer. Cette Loi est évidemment constituée de toutes les règles physiques et chimiques qui ordonnent le Cosmos, nos astres et planètes, nos mondes, mais aussi les corps des êtres vivants : végétaux, animaux et humains. Car il y a, à l’intérieur des corps, un ordre biologique qui peut, à tout moment, céder la place, de façon plus ou moins grave importante, au désordre.
Aussi, concernant plus précisément l’humain, un mode de vie raisonnable devra-t-il favoriser cet ordre biologique, et ce pour prévenir au mieux une maladie qui n’est que la manifestation du désordre. Quant à la médecine, elle aura pour vocation de rétablir l’organisme dans les meilleures conditions de bon équilibre.
Notre certitude, le druidisme, est le reflet de la "Loi du Bon Ordre de l'Univers", ce que les hindous appellent le Dharma. Nous essayons, ainsi, de décrypter les lois de l'univers pour en faire notre religion, au sens très large du terme, c'est-à-dire notre mode de pensée, de vie, de comportement. Ceci afin d'être en équilibre et en harmonie, en résonance avec le monde, donc d'abord avec la nature.
C'est là notre écologie; c'est une forme de l'écologie, qui n'est - bien entendu - pas l'écologie politique; mais qui veut être en conformité avec les lois de fonctionnement de l'Univers, avec - je le répète - la Loi du Bon Ordre de l'Univers. Le mot "ordre" doit être pris dans son sens d'"organisation", nous sommes des élèves en toutes les " sciences naturelles ", au plus profond, et nous en déduisons des comportements et si possible un type d'organisation sociétal pour un avenir "qui ne chantera certainement pas", ceci en tenant en outre grand compte de notre passé ancestral.
Nous ne sommes pas catastrophistes, nous ne sommes pas millénaristes; mais nous pensons cependant que le comportement actuel de l'humanité dans son ensemble est négatif, qu'elle va vers une cruelle catastrophe, vers un gouffre. Et ce gouffre, tout le monde y tombera, nous y compris; c'est pourquoi il est de notre devoir d'étudier ce que pourraient être des " roues de secours", si nous survivons à cet immense cataclysme naturel qui va nous écraser.
Ces " roues de secours " ce sont les mentalités, les comportements et les recettes de vie que nos ancêtres se sont forgés, il y a 2000 ou 3000 ans, afin de faire face à l'environnement extrêmement difficile dans lequel ils vivaient, et qui équivalait sans doute à celui que l'on va subir à nouveau dans quelques dizaines, quelques cinquantaines d'années ou quelques siècles. Nous voulons rester prêts, nous entraîner - moralement, mentalement, physiquement -, et c'est tout.
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