mercredi 21 novembre 2007

Richelieu mis à jour


Richelieu en route vers la mort.

Richelieu

Françoise Hildesheimer

Flammarion, 586 p., ill., notes, annexes, chrono., sources, biblio., cartes, 26 €, ISBN 2-08-210290-4.


Chartiste de formation, l’auteur est un des conservateurs des Archives nationales où elle déploie une activité considérable. Elle est réputée parmi les historiens pour la qualité et la chaleur de l’accueil qu’elle réserve aux chercheurs. En quelques minutes elle remet les égarés sur la voie, dissipe les malentendus et corrige les erreurs. Mais elle ne se contente pas d’aplanir les difficultés des autres, elle plonge la tête la première dans l’océan documentaire qu’elle côtoie chaque jour pour taquiner Clio à son tour. Spécialisée dans l’Ancien Régime, et plus particulièrement le xviie siècle, l’auteur ne pouvait manquer de rencontrer au hasard des travées et au détour d’un carton, la figure formidable du cardinal ministre de Richelieu. Après avoir butiné le personnage en s’intéressant à son testament politique et à ses écrits théologiques, Françoise Hildesheimer décide de franchir le Rubicon et de s’atteler à l’écriture d’une biographie de l’éminence rouge de Louis XIII. Avec un talent certain, qu’elle a eu l’occasion d’affûter auparavant dans des travaux remarqués, Françoise Hildesheimer réussit à renouveler le genre en dévoilant mieux que ses prédécesseurs la dimension spirituelle d’un homme mieux connu pour son sens de l’Etat que par sa volonté de perfection chrétienne. Il faut néanmoins beaucoup d’efforts à l’auteur pour nous en convaincre. Comment comprendre un prince de l’Eglise qui privilégie ses rapports avec les puissances protestantes pour mieux contrer l’Espagne catholique et dont la volonté politique de retrouver l’unité religieuse du royaume semble vacillante ? Françoise Hildesheimer brosse avec talent les grands épisodes de la vie du cardinal, comme le siège de La Rochelle ou l’affaire Cinq-Mars. Dans ces deux cas, se fait jour le seul regret que nous ayons à exprimer au sujet de ce travail remarquable, le manque d’exploitation des sources étrangères. Ainsi, la flotte espagnole serait arrivée volontairement en retard au siège de La Rochelle écrit-elle. Cette affirmation mérite des explications car le profane manque des clefs nécessaires à la compréhension de cette attitude. De même, on ne sait rien des raisons qui poussent Madrid à traiter avec Cinq Mars. Tout comme on n’apprend pas grand-chose des adversaires de Richelieu comme le comte-duc d’Olivarès ou des horreurs commises par les troupes françaises en Franche-Comté. A juste titre l’auteur pourrait rétorquer qu’il est impossible de condenser la vie de Richelieu en moins de 600 pages sans faire des choix douloureux. En dépit de ces fugaces regrets, l’auteur a réussi un portrait de Richelieu qui lui rend justice sans pour autant le flatter.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il est très intéressant de lire un autre livre en guise de complément de cet ouvrage que commente le blog: il s'agit de "Richelieu et l'Église" du Père Pierre Blet S.I., ancien professeur à l'Université Grégorienne de Rome et spécialiste en Nonciatures Apostoliques. Il a écrit aussi sur Ancien Régime et Pie XII.

Licomaco
Barcelone (Espagne)