Le 20 novembre dernier est décédé en Afrique du Sud, à l’âge de 88 ans, Ian Smith un personnage hors du commun qui a personnifié une des plus longues résistances aux « vents du changement » qui ont soufflé sur l’Afrique à partir de la fin des années 1950. Fils d’un colon écossais établi dans le centre de la Rhodésie en 1897, Ian Smith revient auréolé de gloire de la Seconde Guerre mondiale. Doué pour la politique, s’intéressant aux affaires publiques, il devient en 1948 le plus jeune élu au parlement rhodésien sous les couleurs du parti libéral. Après 1953, il s’engage progressivement dans la résistance à l’évolution politique prévue par Londres. Il finit par prendre la tête du Rhodesian Front party lequel s’oppose fermement à toute perspective d’instauration d’un régime où les Noirs auraient le droit de vote et donc le pouvoir.
En 1964, Ian Smith devient le premier ministre de la Rhodésie britannique et refuse tout compromis avec le Royaume-Uni quant à l’avenir politique de la colonie. Il officialise la rupture en 1965 en proclamant l’indépendance de son pays.
Cette initiative condamne la Rhodésie à un isolement politique et économique, seulement rompu par l’Afrique du Sud et le Portugal qui va paradoxalement encourager le développement industriel du pays.
Les opposants politiques du nouveau régime, principalement les nationalistes noirs, trouvent refuge dans les jeunes nations africaines voisines de la Rhodésie d’où ils organisent, à partir de 1972, des opérations de guérilla.
Tu ne fais plus partie des unités anti-terroristes, tu devrais laisser tomber tes instincts de pisteur.
Le départ du Portugal d’Afrique en 1975 est un encouragement puissant aux mouvements africains qui reçoivent à partir de cette date une aide considérable de l’Union soviétique. Les opérations subversives se multiplient et se transforment en véritable guerre de basse intensité, menaçant les liaisons routières et aériennes, attaquant les fermes et les missions.
Le gouvernement rhodésien fait face avec le soutien de la population européenne et l’abstention d’une majorité des Noirs. L’effort militaire du régime est très important et l’armée rhodésienne devient une véritable machine de guerre miniature, organisant en son sein des unités d’élite remarquables comme les Selous Scouts ou la Rhodesian Light Infantry. Avec des moyens humains et matériels limités, mais utilisés à bon escient, les Rhodésiens parviennent à restreindre les effets de la guérilla et à infliger des pertes considérables à leurs adversaires.
Mais à partir de 1979, l’évolution politique prévisible en Afrique du sud condamne inévitablement le régime. Ian Smith se résigne à l’inévitable et accepte contraint et forcé la transition politique.
Sur ma course aux chutes de Victoria, aux commandes de ma vieille Grant,
j'ai parfois vu des éléphants sur la voie.
j'ai parfois vu des éléphants sur la voie.
En 1980 son principal opposant Robert Mugabe prend le pouvoir. La Rhodésie cède la place au Zimbabwe, un pays riche et prospère au regard des critères africains.
Vingt-cinq ans plus tard, le contraste est cruel entre une Rhodésie en pleine croissance économique, mais où les noirs étaient les victimes d’une réelle discrimination, et le Zimbabwe, pays en faillite où les Européens et les Matabele ont été l’objet d’une politique de nettoyage ethnique aux conséquences tragiques.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que se développe une nostalgie pour la Rhodésie d’autrefois. Non seulement auprès des Européens expatriés (voir les caricatures qui illustrent cet article) mais aussi des habitants du Zimbabwe qui comparent leur sort aujourd’hui avec celui de leurs parents sous le règne dur mais prospère de Ian Smith.
Le sort de la Rhodésie et celui du Zimbabwe ne sont pas étrangers à la situation actuelle de l'Afrique du Sud. Mais ces avertissement seront-ils suffisants pour éviter à l'ANC de commettre les mêmes erreurs que Robert Mugabe ? L'avenir le dira mais on a le droit de ne pas être optimiste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire