Les fusées V2 et l’arme atomique allemande
Cheminements, 108 p., ill., 24 e, ISBN 978-2-84478-637-1.
Les armes de représailles allemandes sont un sujet populaire parmi les éditeurs. Les photographies abondent, sont gratuites, et les auteurs peuvent jouer à se faire peur sans trop de risques : le story-board se termine bien.
Voilà pourquoi, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ne compte plus les titres consacrés aux fusées de modèles divers, aux avions futuristes et autres projets étonnants inventés par les Allemands.
Si la parution de ce bel album de Cheminements, joliment mis en page, n’apporte rien de neuf au sujet, il aurait pu contribuer à informer une nouvelle génération de lecteurs.
Or cet ouvrage risque de rester dans les mémoires à la place d’honneur… du bêtisier de l’édition.
Nous avons déjà eu l’opportunité de l’écrire dans nos pages que l’on ne s’improvise pas historien ou même vulgarisateur ou publiciste. Or il suffit d’ouvrir l’ouvrage pour comprendre que l’éditeur a mis en page un texte brut de décoffrage qui n’a probablement été relu par personne.
Une bibliographie incomplète et erronée
Ainsi, la bibliographie qui figure aux pages de titre est erronée et incomplète. Par exemple, le célébrissime ouvrage du général Eisenhower Croisade en Europe publié par Robert Laffont en 1949 est daté de 1994. Le titre de l’ouvrage sur lequel l’auteur s’est appuyé pour rédiger son chapitre consacré à la « bombe atomique allemande » (voir notre article à ce sujet), et le seul dans la langue de Goethe, est faux. On lit Hitler’s bomb au lieu de Hitlers bombe. En outre, plusieurs ouvrages cités en langue étrangère ont été traduits en français et cela n’est pas signalé, comme le titre consacré aux V2 par Walter Dornberger (en 1954 et en 1966).
Une chronologie mal assurée
Dès l’introduction, on découvre avec stupéfaction que le chef du parti nazi se prénomme Adolphe et que la France et l’Angleterre ont déclaré la guerre le 1er septembre 1939 à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie. En fait, Londres et Paris déclarent la guerre le 3 septembre à l’Allemagne. L’Autriche-Hongrie n’existe plus de facto depuis 1918. Et, pour être plus précis, la Hongrie n’est pas en état de guerre en 1939 avec nos pays.
Les difficultés de l’auteur avec la chronologie ne s’arrêtent pas là. Il nous explique que le Führer interdit en 1932 les expérimentations et les lancements privés. Or, Hitler ne devient de facto le Führer du peuple allemand qu’après le 30 janvier 1933 et de jure le 2 août 1934. Plus loin, il nous informe qu’en 1935, 15000 hommes travaillaient sur le site de Peenemünde. Malheureusement à cette date le site était encore occupé par des touristes et des chasseurs. Il ne sera retenu par le gouvernement qu’en 1937.
L’auteur devient franchement surréaliste quand il avance que les bombardements de Londres par des V1 après le débarquement en 1944 conduisent les Alliés à bombarder Peenemünde le 17 août… 1943 !
Les armes de représailles allemandes sont un sujet populaire parmi les éditeurs. Les photographies abondent, sont gratuites, et les auteurs peuvent jouer à se faire peur sans trop de risques : le story-board se termine bien.
Voilà pourquoi, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ne compte plus les titres consacrés aux fusées de modèles divers, aux avions futuristes et autres projets étonnants inventés par les Allemands.
Si la parution de ce bel album de Cheminements, joliment mis en page, n’apporte rien de neuf au sujet, il aurait pu contribuer à informer une nouvelle génération de lecteurs.
Or cet ouvrage risque de rester dans les mémoires à la place d’honneur… du bêtisier de l’édition.
Nous avons déjà eu l’opportunité de l’écrire dans nos pages que l’on ne s’improvise pas historien ou même vulgarisateur ou publiciste. Or il suffit d’ouvrir l’ouvrage pour comprendre que l’éditeur a mis en page un texte brut de décoffrage qui n’a probablement été relu par personne.
Une bibliographie incomplète et erronée
Ainsi, la bibliographie qui figure aux pages de titre est erronée et incomplète. Par exemple, le célébrissime ouvrage du général Eisenhower Croisade en Europe publié par Robert Laffont en 1949 est daté de 1994. Le titre de l’ouvrage sur lequel l’auteur s’est appuyé pour rédiger son chapitre consacré à la « bombe atomique allemande » (voir notre article à ce sujet), et le seul dans la langue de Goethe, est faux. On lit Hitler’s bomb au lieu de Hitlers bombe. En outre, plusieurs ouvrages cités en langue étrangère ont été traduits en français et cela n’est pas signalé, comme le titre consacré aux V2 par Walter Dornberger (en 1954 et en 1966).
Une chronologie mal assurée
Dès l’introduction, on découvre avec stupéfaction que le chef du parti nazi se prénomme Adolphe et que la France et l’Angleterre ont déclaré la guerre le 1er septembre 1939 à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie. En fait, Londres et Paris déclarent la guerre le 3 septembre à l’Allemagne. L’Autriche-Hongrie n’existe plus de facto depuis 1918. Et, pour être plus précis, la Hongrie n’est pas en état de guerre en 1939 avec nos pays.
Les difficultés de l’auteur avec la chronologie ne s’arrêtent pas là. Il nous explique que le Führer interdit en 1932 les expérimentations et les lancements privés. Or, Hitler ne devient de facto le Führer du peuple allemand qu’après le 30 janvier 1933 et de jure le 2 août 1934. Plus loin, il nous informe qu’en 1935, 15000 hommes travaillaient sur le site de Peenemünde. Malheureusement à cette date le site était encore occupé par des touristes et des chasseurs. Il ne sera retenu par le gouvernement qu’en 1937.
L’auteur devient franchement surréaliste quand il avance que les bombardements de Londres par des V1 après le débarquement en 1944 conduisent les Alliés à bombarder Peenemünde le 17 août… 1943 !
Un beau carambolage chronologique.
Des erreurs qu’il aurait été facile de corriger
Faire de Hans Kammler un responsable du camp d’Auschwitz-Birkenau quand ce sinistre personnage était un le responsable des constructions de la SS.
Rendre les V-1 responsables de 10000 morst et 25000 blessés à Londres. Les chiffres les plus probables sont 5475 morts et de 16000 blessés.
Une écriture imprécise
Parfois, une rédaction maladroite induit el lecteur en erreur. Ainsi, à le lire on peut comprendre que Hitler était le contemporain du pionnier de l’aviation Otto Lilienthal. Or les principaux essais de ce génial précurseur ont eu lieu entre 1891 et 1896 quand le futur Führer était âgé de deux à sept ans. Un peu jeune pour s’intéresser à l’aviation.
L’auteur raconte que quelques jours après le débarquement, le général Eisenhower visite le chantier d’une base de lancement ce V2 en Normandie. Malheureusement il ne nous donne ni la date de la visite ni le lieu. Selon les photos, il s’agit probablement de Sottevast, non quelques jours après le débarquement mais près de deux mois plus tard, le 22 juillet 1944.
Dans un autre passage, l’auteur explique qu’André Helbronner, un des responsables du réseau d’espionnage Marco Polo « a informé Eisenhower et le président Roosevelt en personne afin qu’ils donnent l’ordre d’attaquer Peenemünde ». Ce résistant s’est-il rendu à Washington en pleine guerre pour un entretien à la Maison blanche ? Affirmation bien difficile à croire sans plus d’explications, d’autant plus que l’honneur d’avoir convaincu les Anglais est revendiqué par le réseau de Georges Lamarque.
Un flou atomique
Mais les à-peu-près et le flou artistique deviennent la norme quand l’auteur cherche à nous démontrer que les Allemands ont été à deux doigts de posséder une arme nucléaire.
Ainsi, il écrit :
Les savants, sous la surveillance des nazis, même s’ils ne possédaient pas l’arme atomique capable de déclencher une explosion, savaient produire des radioéléments extrêmement nocifs pour l’humain. En embarquer à bord de leurs missiles était possible.
De quels savants s’agit-il ? Où travaillaient-ils ? Qui les surveillait ? De quels radioéléments disposaient-ils ? Mystère et boule de gomme.
La publication de ces dessins d'amateur sans indication d'origine incite à douter de leur réalité. Pourtant, l'auteur aurait pu préciser qu'il s'agissait du projet XII pour lequel les chantiers Vulkan de Stettin avaient reçu la commande d'un prototype qui devait être livré en avril-mai 1945.
Même manque de renseignements quant à l’origine des dessins illustrant un projet de silo pour lancement immergé d’un missile à destination de l’Amérique. Les présenter sans commentaire critique induit un lecteur à se demander si les Allemands ont réellement mis ce projet à l’étude (ce qu'ils semblent avoir pourtant fait).
N’insistons pas davantage sur la partie atomique de cet album qui repose en grande partie sur un ouvrage très contestable de Rainer Karlsch (voir notre article).
Un leçon à tirer
Il est dommage que cet ouvrage n’ait pas bénéficié de l’apport critique minimal d’un éditeur, lequel n’aurait pas manqué de signaler à l’auteur les points que j’ai relevés au cours d’une lecture en diagonale. Cet échange entre un auteur et son éditeur est parfaitement normal car les manuscrits comportent tous des erreurs qu'une lecture critique permet de repérer.
Nous encourageons les éditions Cheminements, qui affichent leur volonté de publier des livres de qualité destinés à instruire et à divertir, à se professionnaliser pour éviter à l’avenir de semblables fausses notes.
L’auteur de cet ouvrage est un ingénieur en électronique qui se passionne pour l’air et l’espace. Ce livre est, selon toute vraisemblance, le résultat d’un investissements personnel méritoire dans le domaine de l’histoire de l’exploration spatiale. Après réflexion, nous avons décidé de ne pas mentionner son nom car il n’est pas le principal responsable de ce désastre éditorial.
Pour en savoir plus :
V-2 Ballistic Missile
1942-1952
Steven J. Zaloga
Osprey Publishing, 48 p., 50 ill., index, 8,99 £, ISBN 1-84176-541-4. Pour commander cette brochure : info@ospreydirect.co.uk.
Le missile A-4, mieux connu sous le nom de propagande de V-2, fut le premier missile balistique opérationnel. Cette superbe brochure britannique raconte la genèse, le développement, la mise en service et la postérité de cette arme redoutable. L'offensive des V-2 commença en septembre 1944 et plus de trois mille fusées furent tirées vers les positions anglo-américaines. Les illustrations sont nombreuses et de qualité, les photographies rares et parfaitement renseignées. Un travail exemplaire.
et aussi :
Dr Space
The life of Wernher von Braun
Bob Ward
Naval Institute Press, 282 p., ISBN 1-59114-926-6.
Une excellente biographie du pionnier des fusées qui a reçu un bon accueil de la part de ses anciens collègues.
1 commentaire:
EDITIONS CHEMINEMENTS : CE N'EST PAS SÉRIEUX
Attention, de très nombreux auteurs ne reçoivent plus de droits d'auteurs de l'éditeur Cheminements depuis plus de trois ans !! Probablement tous d'ailleurs maintenant que l'éditeur est en redressement judiciaire.
Des auteurs remarquent que leurs livres sont parfois réédités, pourtant, ils ne touchent aucun droit d'auteur !
Alors que des magasin, comme la FNAC, déclarent l'éditeur d'être en rupture de stock, les livres sont en vente, à plein tarif, sur le site de Cheminements !
Alors, que les auteurs ne sont pas rémunérés, la maison d'édition continue, comme si de rien n'était, à dépenser de l'argent en communication : stand au salon du livre par exemple.
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Pour en savoir plus
Mr Georges BUREAU, Juge-commissaire Près du Tribunal de Commerce, 19 rue
Rouchy, 49 000 ANGERS Cedex.
Le Cabinet MARGOTTIN mandataire judiciaire, s' occupe à dresser un bilan financier de Cheminements.
Administrateur Judiciaire : Vincent Rousseau 2 rue de Bel-Air 49000 Angers 02.41.18.09.25
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