samedi 15 mars 2008

Défendre Boeing à tout prix

Tout est bon pour défendre Boeing, y compris le mensonge.


Le polémiste conservateur américain Patrick Buchanan, un des meilleurs défenseurs du républicanisme traditionnel aux Etats-Unis, a publié sur son blog un article sur la situation économique de son pays dans lequel il consacre quelques paragraphes au choix par l'US Air Force de l'avion ravitailleur proposé par Northtrop, développé à partir d'une cellule d'Airbus A-330. Les arguments qu'utilise le polémiste son mensongers et reflètent les contradictions et le désarroi d'une puissante nation confrontée aux dures réalités du déclin (relatif) de sa position de dominance industrielle. Pour lire l'article en entier, cliquer ici.
Nous avons reproduit les paragraphes ci-après en les faisant suivre d'un commentaire.

“The commonest error in politics,” said Lord Salisbury,
“is sticking to the carcass of dead policies.”


Lord Salisbury’s rule comes to mind on reading of John McCain’s delight at the $40 billion contract awarded the French-led parent of Airbus — to build the next generation of U.S. Air Force tankers.

Le truc habituel des xénophobes étatsuniens est d'accoler le terme de France ou de français à tout ce qu'ils n'aiment pas. Il ignore le fait qu'il s'agit désormais d'une compagnie dont le siège est aux Pays-Bas et dont la France n'est qu'une composante, au même titre que l'Allemagne, le Royaume-Uni ou l'Espagne.
Buchanan cache le fait que le contrat n'a pas été remporté par EADS, mais par Northrop, une entreprise 100% américaine qui est chargée de transformer une cellule d'A330 en avion militaire. Lire ici un entretien avec Ron Sugar, le patron de Northrop.

The contract could run to $100 billion and is a body blow to Boeing in its duel to the death with Airbus. Two-thirds of all air-to-air refueling tankers are used by the United States. The contract gives a 30-year lease on life to the expiring Airbus A330 and means early death for Boeing’s 767, the U.S. model for the tanker.

Contrairement à ce qu'affirme Buchanan, l'A330 mis en service en 1992 est loin d'être en fin de vie, bien au contraire. La famille des A330-340 et 350 a recueilli 1654 commandes dont 874 ont été livrées. C'est au contraire le B767 qui a épuisé son potentiel. Lancé en 1978 (premier vol en 1981), cet avion américain s'est vendu à 1011 exemplaires dont les derniers sont en cours de livraison. Ce qui a mis un terme à la production du B767 c'est le manque d'intérêt pour cet avion de la part des compagnies aériennes. Quant au contrat, le montant réel adjugé est de 30 milliards de dollars et non pas de 100 milliards.
Congratulating himself for having exposed corruption in the Boeing bid, McCain purred, “I have always insisted that the Air Force buy major weapons through fair and open competition.”

If McCain thinks Airbus has prospered through “fair and open competition,” he is beyond recall. In its first 25 years, Airbus sold 770 planes but did not make a dime in profit. It was started as a socialist cartel, subsidized by the governments of Spain, France, Britain and Germany, to invade and capture a market owned by Americans who built the planes that won World War II.

Les Européens ont investi pour rattraper le retard pris par le continent à la suite de la Seconde Guerre mondiale. C'est à cette occasion que le gouvernement américain a largement subventionné son industrie aéronautique. Ensuite, au cours de la guerre froide, des sommes colossales ont été dépensées pour renforcer l'US Air Force et Boeing a été un des principaux bénéficiaires. Le premier long-courrier américain, le B707 est directement issu du programme de ravitailleurs en vol KC135.

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