Il suffit de parcourir la presse francophone pour se rendre compte qu'au sujet des polémiques entourant les circonstances précises de la naissance du président élu Barack Hussein Obama (BHO), elle est n'est pas plus locace que son homologue d'outre-Atlantique.
Pourtant, l'affaire est plus sérieuse qu'il n'y paraît.
Rappelons les faits. Pour être élu à la présidence des Etats-Unis il faut être un « natural born citizen », une notion floue qui dans l'esprit des fondateurs mettait l'exécutif du pays à l'abri d'immigrants dont la loyauté pouvait être douteuse. Ainsi, Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de l'Etat de Californie ne peut être élu à la présidence car il est un citoyen naturalisé, né en Autriche.
Les législateurs n'avaient pas envisagé le cas des Américains nés à l'étranger en raison de la présence de leurs parents (citoyens américains) hors du térritoire américain. Toutefois, l'usage considère que ces Américains nés hors des frontières de l'Union, par exemple ceux qui naissent dans les familles de militaires américains stationnés hors de la Métropole, comme des « natural born citizens ».
C'est le cas, par exemple, du sénateur McCain qui est né au Panama dans une famille de marins en garnison dans ce territoire.
L'affaire se complique quand un des deux parents est un étranger. La loi est très restrictive et l'obtention de la nationalité américains par les enfants n'est pas automatique. Ainsi, si BOH était né au Kenya, il ne pourrait pas bénéficier de la nationalité étatsunienne car sa mère ne remplissait pas les conditions requises pour que son fils hérite de sa nationalité.
Pourtant, dans le cas de BOH, tout est résolu par le fait qu'il est né aux Etats-Unis, à Honolulu. Du moins telle est la version officielle. Dans un premier temps des partisans de Hillary Clinton ont mis en doute la nationalité américaine de son adversaire puis ils ont été rejoints par une petite armée de bloggeurs et de juristes républicains. Pendant ce temps, la grande presse, y compris les journalistes républicains les pus agressifs, s'est contentée de reproduire l'extrait de certificat de naissance mis en ligne par le candidat démocrate lui-même.
Au début, les adversaires les plus rabbiques de BOH ont mis en doute la véracité de cet extrait mais ils ont été contredits par des journalistes d'investigation qui l'ont eu entre les mains et ont pu en vérifier la validité.
Affaire close ?
Pas le moins du monde. L'extrait se contente de constater une naissance viable mais ne livre pas les renseignements qui pourraient mettre un terme définitif à la polémique. Par exemple, le lieu précis de la naissance de BOH, dans quel hôpital ou dans quelle clinique ou même encore au domicile de ses grands-parents. Le fait que le candidat puis le président élu ne l'ait pas fait reste inexplicable.
Pourtant, l'affaire risque de prendre un tournant judiciaire dans quelques jours.
Le 3 novembre 2008, Leo C. Donofrio, un avocat du New Jersey à la retraite, a demandé aux autorités de son Etat d'interdire aux sénateurs Obama et McCain, tout comme à Roger Calero, candidat du Socialist Worker’s Party, de participer aux élections présidentielles pour l'état du New Jersey arguant du fait qu'ils ne seraient pas des « natural born citizens ». Sa requête a été rejetée par l'Etat et le 6 novembre suivant, le juge à la Cour suprême David Souter mettait au panier une demande similaire. Sans se décourager, le requérant a renouvelé sa demande auprès d'un autre juge et Clarence Thomas a décidé que l'affaire serait présentée aux neuf juges de la Court quand ils se réuniront le 5 décembre prochain en conférence pour décider le sort des affaires qui leur sont soumises. Si quatre magistrats au moins acceptent l'affaire, elle sera inscrite au programme et commenceront les auditions orales pour connaître les arguments des parties.
Une enquête rapide révèle qu'il existe pour le moment dix-sept procédures judiciaires ouvertes qui ont pour seul objet l'invalidation de l'élection sur la base des zones d'ombres entourant la naissance du président élu. Connaissant le juridisme américain, on peut s'attendre à de nouveaux développements, à moins que le président élu ne rende public son extrait de naissance complet.
samedi 29 novembre 2008
Défaite annoncée pour Barack Obama ?
Le président élu Barack Obama ne brille pas par son audace à l'heure de choisir l'équipe avec laquelle il va gouverner les Etats-Unis à partir du 20 janvier prochain. Il a monté ses équipes avec une participation massive de chevaux de retour de l'équipe du président Clinton, dynamitant en quelques jours tous les espoirs de renouveau déposés en lui par ses électeurs, notamment les jeunes blancs idéalistes (et un peu neu-neu) qui ont massivement fait campagne pour lui. Sur certains campus universitaires, le simple fait de ne pas porter un insigne Obama faisait d'un étudiant l'équivalent contemporain d'un criminel contre l'humanité.
Pouvait-il faire autrement ? Non, car il difficile de réunir environ sept mille personnes en mesure de prendre en main le gouvernement fédéral sans faire appel au vivier des démocrates connus. D'autre part, ne pas nommer quelques poids lourds à des postes clef comme le secrétairie d'Etat comportait un risque politique que Obama n'a pas voulu prendre.
Quoi qu'il en soit, par des choix obéissant à la logique des appareils démocrates et des lobbies, Barack a contredit la légende qu'il a bâtie en deux ans de campagne. Il rsique d'en payer le prix prochainement.
C'est très bientôt, le mardi 2 décembre que le président élu va faire face au premier défi électoral qui risque de se transformer en défaite.
L'Etat de Géorgie organise ce jour une élection sénatoriale où s'affrontent le démocrate Jim Martin et le républicain Saxby Chambliss, un homme qui personnifie tous les défauts du Parti républicain : un soutien sans faille au big business et, dans son cas, à l'agri-business. Peu sympathique, assez impopulaire et sans aucune brillance personnelle dans son activité parlementaire, rien ne plaide en sa faveur sinon qu'il porte les couleurs des républicains. C'est probablement cet ensemble contradictoire de facteurs qui explique ce nouveau vote. Selon la loi de l'Etat, pour remporter l'élection il faut engranger 50% des votants plus une voix Chambliss a obtenu 49,75 contre 46,83 pour son adversaire. La présence d'un candidat libertarien compliquant la situation.
Les poids lourds du Parti démocrate sont venus soutenir leur champion tandisque les républicains ont fait de même, McCain en tête. Pourtant, la visite la plus attendue est celle de Sarah Palin. La candidate à la vice-présidente, celle qui fut la victime de la campagne de presse la plus concertée et la plus haïneuse de la part des grands médias, arrive dimanche soir pour un grand gala de soutien à Saxby Chambliss et va entreprendre une tournée de l'Etat jusqu'aux dernioères heures de la campagne électorale.
Alors que les commentateurs politiques patentés et les journalistes à la mode n'ont pas de mots assez durs contre elle, Sarah Palin bat des records de popularité auprès des républicains de base et, si cette tournée passe bien dans les médias locaux, il est possible que le gouverneur de l'Alaska parvienne à mobiliser les indécis et les abstentionnistes de son propre parti, transformant le succès annoncé de Saxby Chambliss en triomphe.
La victoire de ce vilan politicien de droite, serviteur fidèle des intérêts financiers de ses gros donateurs, sera une mauvaise nouvelle pour l'équipe Obama car elle va permettre au Parti républicain de conserver le nombre minimal de sièges au sénat lui assurant la possibilité de perturber le processus législatif démocrate, le « filibustering ».
Toutes proportions gardées, si cette défaite se produit, ce qui pour le moment est probable selon les derniers sondages, elle aura un impact sur l'opinion considérable, un peu comme la réélection d'Alain Peyrefitte en janvier 1982, en pleine vague rose mitterrandienne. Que l'homme le plus vilipendé de la droite française puisse être réélu fut un signe puissant que la France n'étais pas encore une république socialiste.
Pouvait-il faire autrement ? Non, car il difficile de réunir environ sept mille personnes en mesure de prendre en main le gouvernement fédéral sans faire appel au vivier des démocrates connus. D'autre part, ne pas nommer quelques poids lourds à des postes clef comme le secrétairie d'Etat comportait un risque politique que Obama n'a pas voulu prendre.
Quoi qu'il en soit, par des choix obéissant à la logique des appareils démocrates et des lobbies, Barack a contredit la légende qu'il a bâtie en deux ans de campagne. Il rsique d'en payer le prix prochainement.
C'est très bientôt, le mardi 2 décembre que le président élu va faire face au premier défi électoral qui risque de se transformer en défaite.
L'Etat de Géorgie organise ce jour une élection sénatoriale où s'affrontent le démocrate Jim Martin et le républicain Saxby Chambliss, un homme qui personnifie tous les défauts du Parti républicain : un soutien sans faille au big business et, dans son cas, à l'agri-business. Peu sympathique, assez impopulaire et sans aucune brillance personnelle dans son activité parlementaire, rien ne plaide en sa faveur sinon qu'il porte les couleurs des républicains. C'est probablement cet ensemble contradictoire de facteurs qui explique ce nouveau vote. Selon la loi de l'Etat, pour remporter l'élection il faut engranger 50% des votants plus une voix Chambliss a obtenu 49,75 contre 46,83 pour son adversaire. La présence d'un candidat libertarien compliquant la situation.
Les poids lourds du Parti démocrate sont venus soutenir leur champion tandisque les républicains ont fait de même, McCain en tête. Pourtant, la visite la plus attendue est celle de Sarah Palin. La candidate à la vice-présidente, celle qui fut la victime de la campagne de presse la plus concertée et la plus haïneuse de la part des grands médias, arrive dimanche soir pour un grand gala de soutien à Saxby Chambliss et va entreprendre une tournée de l'Etat jusqu'aux dernioères heures de la campagne électorale.
Alors que les commentateurs politiques patentés et les journalistes à la mode n'ont pas de mots assez durs contre elle, Sarah Palin bat des records de popularité auprès des républicains de base et, si cette tournée passe bien dans les médias locaux, il est possible que le gouverneur de l'Alaska parvienne à mobiliser les indécis et les abstentionnistes de son propre parti, transformant le succès annoncé de Saxby Chambliss en triomphe.
La victoire de ce vilan politicien de droite, serviteur fidèle des intérêts financiers de ses gros donateurs, sera une mauvaise nouvelle pour l'équipe Obama car elle va permettre au Parti républicain de conserver le nombre minimal de sièges au sénat lui assurant la possibilité de perturber le processus législatif démocrate, le « filibustering ».
Toutes proportions gardées, si cette défaite se produit, ce qui pour le moment est probable selon les derniers sondages, elle aura un impact sur l'opinion considérable, un peu comme la réélection d'Alain Peyrefitte en janvier 1982, en pleine vague rose mitterrandienne. Que l'homme le plus vilipendé de la droite française puisse être réélu fut un signe puissant que la France n'étais pas encore une république socialiste.
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Saxby Chambliss
mercredi 26 novembre 2008
L'Independent et la langue de bois
Le quotidien de gauche britannique The Independent a publie un nouvel article ou le journaliste Basildon Peta pleure des larmes de crocodile sur le sort des Africains qui meurent du cholera une maladie transmise par les eaux usées.
Au sujet du ministre de la santé, le journaliste ose écrire :
Au sujet du ministre de la santé, le journaliste ose écrire :
He said the health ministry, which once presided over a medical system that was the envy of Africa, had been banned from issuing accurate statistics about the deaths, and that certificates for the fraction of deaths that had been registered were being closely guarded by the home affairs
ministry.
En revanche, le journaliste se garde bien de dire a ses lecteurs qui a organisé ce système de santé qui faisait l'envie de l'Afrique.
Le lecteur a-t-il une petite idée ?
lundi 24 novembre 2008
Du nouveau sur la Vendée

Gracchus Babeuf
Cerf, Histoire à vif, 236 p., chronologie, sources, biblio., 24 euros, ISBN 978-2-204-08732-2. Présenté en annoté par Reynald Secher et Jean-Noël Brégeon, introdcution de Stéphane Courtois et avant-propos de Reynald Sécher.
Reynald Secher et Jean-Joël Brégeon (qu'on a connu dans le passé plus timoré) frappent un grand coup avec leur nouvel opus publié par les éditions du Cerf qui décidément ont mangé du lion. On ne les reconnaît plus ! Se seraient-ils enfin mis à l'école de Benoît XVI ?
Le prétexte de cette réédition, car il en faut toujours un, est le soixantième anniversaire de la convention de l'ONU « pour la prévention et la répression du crime de génocide ». C'est un Juif polonais, Rafaël Lemkin, qui avait imaginé le terme. Toutefois, comme le soulignent les auteurs, déjà en 1794 le révolutionnaire français Gracchus Babeuf s'interrogeait sur la nature de la répression exercée sur les Vendéens. Il avait quant à lui imaginé le terme de « populicide ».
En outre, une proposition de loi impulsée par les députés Lionel Lucas et Hervé de Charette vise à la reconnaissance du génocide dont la Vendée a été la victime.

Enfin, les auteurs rappellent cette vérité effrayante : plus de deux cents ans après les terribles événements de la Vendée, les lois d'anéantissement et d'extermination n'ont jamais été abrogées. Qu'attendent nos députés pour le faire ?
Pour ce qui concerne le corps de l'ouvrage, il s'agit d'une nouvelle édition du texte publié par Gracchus Babeuf à l'occasion du procès de Jean-Baptiste Carrier, l'auteur des noyades de Nantes. Gracchus Babeuf, considéré comme le père du communisme, est l'une des grandes figures de la sinistre révolution française.
Dans cet ouvrage, l'auteur s'interrogeait sur la nature de la répression perpétrée par la Convention en Vendée. Il dressé un réquisitoire très bien documenté et d'une totale modernité, contre la politique dictatoriale menée par les Conventionnels avec Robespierre en France entre 1793 et 1794.
Cette politique, rappelons-le, devait conduire à l'anéantissement et à l'extermination des Vendéens, Bleus et Blancs confondus, et de préférence des femmes et des enfants.
Les auteurs sortent des sentiers battus en définissant un quatrième crime le génocide, le « mémoricide » pour décrire les tentatives des thuriféraires de la Révolution d'en occulter les forfaits.
Signalons que son reproduits pour la première fois le texte de la loi d'extermination; la lettre de Turreau, général en chef des armées de l'Ouest, qui explique comment il va procéder pour éliminer tous les habitants de la Vendée, la lettre de Jean-Baptiste Carrier relative aux noyades de Nantes et de nombreuses illustrations peu connues.
Bref, un livre indispensable qu'il faut lire et offrir.
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Où est né Barack Hussein Obama ?
Les grands médias américains ont tout dévoilé sur Sarah Palin, la candidate à la vice-présidence pour le Parti républicain et ont longuement glosé sur la naissance à l'étranger du candidat McCain ou bien encore sur ses biens immobiliers.
En revanche, les grands journaux ont été nettement plus discrets sur les casseroles que traîne le président élu Barack H. Obama. Cette absence de curiosité a été signalée par plusieurs commentaristes, illustrant de manière caricaturale les penchants politiques de la classe médiatique américaine.
Il est étrange qu'en Europe personne ne rende compte de la persistance de la polémique sur le lieu de naissance exact du nouveau président.
les journalistes ont pris pour argent comptant les affirmations du candidat démocrate et le document que celui-ci a mis en ligne :

Un bloggeur démocrate a même mis en ligne la petite annonce informant de sa naissance dans la presse locale.

Pourtant les rumeurs continuent bon train car le nouveau président élu n'a toujours pas fourni une preuve irréfutable de sa naissance aux Etats-Unis comme pourrait l'être la version longue de son extrait de naissance. En voici un exemple :

On retrouve dans cet extrait de naissance la date, l'heure et le lieu de naissance ce que ne dévoile pas l'extrait fourni par l'Etat de Hawaï.
Rien ne prouve que les rumeurs persistantes soient fondées. En revanche, il est incompréhensible que le nouvel élu ne les fasse pas taire et qu'il n'arrête les différentes procédures judiciaires ouvertes à ce sujet en fournissant des renseignements plus complets.
De même, des bloggeurs dissertent à loisir sur des points secondaires, comme le fait que le nouvel élu n'a pas donné de précisions sur son baptême qui aurait eu lieu en 1988 au temple de la Trinité à Chicago.
Alors que l'Amérique et son futur président font face à des défis considérables, ces escarmouches relatives à sa naissance, à sa citoyenneté et à son entrée dans la foi chrétienne peuvent sembler marginales et même un peu loufoques. Toutefois, dans le contexte américain il faut s'attendre à tout et une poignée d'avocats têtus et de bloggeurs obstinés peuvent transformer une présidence en cauchemar.
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Obama contre les cathos
La presse francophone (et pas seulement elle!) baigne dans le plus parfait irénisme lorsqu'il est question du président élu Barack Hussein Obama. Ce faisant ils ignorent les profonds clivages de la société américaine et le fait que la victoire du candidat démocrate a été acquise au prix d'une radicalisation sur des points très conflictuels, notamment la question de l'avortement.
Ce n'est pas un reproche que l'on peut faire à l'excellent hebdomadaire catholique l'Homme nouveau qui publie en bonne place une chronique de sa correspondante aux Etats-Unis Armelle Signargout consacrée à la montée en puissance d'une opposition catholique au futur président.
En janvier prochain, le nouveau président sera face à un choix difficile. Doit-il respecter la promesse de campagne faite à la frange la plus radicale de la gauche américaine, celle de signer le Freedom of Choice Act qui élimine bon nombre de restrictions imposée aux interruptions de grossesse par les différents Etats de l'Union ? Ou bien doit-il la ranger au magasin des promesses qu'il serait fou de tenir ?
Le risque est grand pour le futur chef de l'exécutif de se créer un problème politique gratuitement. Il offre sur un plateau un motif de mécontentement non seulement aux catholiques, mais aussi à tous la droite évangélique. De quoi unifier tous les front anti-Obama en un seul mouvement.
samedi 22 novembre 2008
Tout seul
Superbe film diffusé par le site américain Community of veterans pour encourager les Américains à mieux accueillir les soldats à leur retour d'Afghanistan ou d'Irak.
A Madrid, la gauche veut brûler les livres
l
Les vrais totalitaires n'apprécient pas les opinions contraires. La militante communistes espagnole Cristina Almeida vient de nous le rappeler en appelant à brûler les livres des historiens de la guerre civile espagnole.

Au cours d'une réunion publique, le 20 novembre dernier à Madrid, en appui au juge Garzon dont les tentatives d'autopromotion viennent de s'achever en désastre juridique, une poignée de militants de gauche, réunissant notamment des artistes subventionnés (affectueusement surnommés « los titiriteros ») et quelques seconds couteaux des partis politiques, ont manifesté leur soutien au magistrat en délicatesse avec sa hiérarchie.
Le juge Garzon, empêtré dans de délicats dossiers judiciaires dont il a le plus grand mal à s'en sortir, et accusé à mots couverts de corruption, avait besoin d'un prétexte pour que les médias aient un os à ronger et ne s'intéressent pas à ses revenus aux origines douteuses. Il n'a rien trouvé de mieux que de vouloir rouvrir les fosses communes où seraient enterrés des « disparus » de la guerre civile, exécutés par les forces du général Franco. Dans cette résolution, il partait du principe que tant que le corps des disparus n'a pas été retrouvé, ils sont réputés encore disparus et les soixante ans écoulés ne changent rien à l'affaire. Mais ce qui a retenu l'attention dans cette résolution, était la demande surréaliste du magistrat de faire vérifier la mort du général Franco.
Or, non seulement Garzon n'est pas compétent pour le faire, mais les faits sont prescrits (tout comme les crimes commis par la gauche) par une loi d'amnistie de 1977. C'est grâce à cette mesure qu'ont pu rentrer en Espagne des centaines d'exilés condamnés par des tribunaux espagnols pour les crimes qu'ils avaient commis durant la guerre. Au premier rang de ces « émigrés », le seul criminel contre l'humanité encore en vie en Europe, Santiago Carrillo, un hommes responsable des massacres de Paracuellos del Jarama. Il vit paisiblement en Espagne et donne des leçons de morale et d'éthique sur les ondes de la Cadena SER.
Vertement tancé par le procureur général Javier Zaragoza dans un écrit qui réduit à néant ses ambitions médiatiques, Garzon bat finalement en retraire dans une résolution dans laquelle il reconnaît finalement son incompétence.
Frustrés, les militants les plus fanatiques de la gauche espagnole ont manifesté leur soutien à ce magistrat incompétent et gaffeur. L'un des participants, l'avocate communiste et ancien député Christina Almeida n'a pas été en mesure de cacher ses sentiments et dans un éclat de rage a déclaré qu'elle souhaitait brûler les livres de tous les historiens qui ne partagent pas sa vision manichéenne de l'histoire. Parmi les auteurs visés, le très populaire César Vidal et le polémique Pio Moa dont les succès en librairie mettent la gauche dans un état de fureur permanent.
Comble de paradoxe, ces belles âmes de la gauche bien comme il faut se sont réunies au circulo de Bellas Artes dans les caves duquel a fonctionné durant la guerre civile un des centres de torture les plus redoutables de Madrid. Mis en place par les socialistes, les communistes et les anarquistes, cette prison clandestine a détenu les personnes soupçonnées de sympathies de droite ou tout simplement des catholiques connus. Elle a aussi servi dans le cadre d'opérations de banditisme pour se débarrasser des propriétaires des maisons et appartements que les « chequistes » avaient vidé de leur contenu.
ne cachait pas ses opinions de droite.
Pour en finir avec Cristina Almeida, son père Manuel fut un adversaire résolu du front populaire. Journaliste dans le quotidien catholique Hoy publié à Badajoz, il fut arrêté par les républicains au début de la guerre civile et enfermé dans une checa de la ville, d'où son frère Antonio l'a libéré les armes à la main, avec les troupes du général Yagüe, peu de temps avant son probable assassinat.
Manuel Almeida pour la durée de la guerre.
Plus tard, le digne père de cette militante communiste s'engagea comme volontaire dans un tercio et, après la guerre, il devient une des principales personnalités du régime dans la province.
Le passé de la militante communiste Cristina Almeida est celui d'une bonne partie de la gauche espagnole. Ils ont à effacer la tache de ne pas avoir des origines pures et prolétariennes. En grande majorité, ils sont les rejetons privilégiés de la dictature, bénéficiant de bourses et de prébendes quand les véritables oppositeurs au franquisme connaissaient la prison et l'exil. Ces premiers défenseurs de la liberté sont aujourd'hui devenus des adversaires de la gauche comme Fédérico Jiménez Losantos o Pio Moa. Un livre récent rappelle leur itinéraire.

Por qué dejé de ser de izquierdas
Javier Somalo y Mario Noya. Prólogo de Javier Rubio. Epílogo de César Vidal.
Ciudadela. Madrid, 2008. 238 pp. 18,50 €
Le vrai visage de la violence
Les bourgeois friqués lecteurs de Libération aiment la révolution en douceur, celle que l'on fait et refait interminablement assis à la table des cafés à la mode. Ils ignorent tout de la réalité de la violence révolutionnaire et du prix qu'il faut payer quand on la subit ou quand on la fait.
Pour leur ouvrir les yeux, quelques photos extraites de l'attaque le 23 janvier 1989, de la caserne de la Tablada près de Buenos Aires en Argentine, par des guérilleros d'extrême gauche lors de la présidence du social-démocrate Raul Alfonsin.
La grande majorité de ces photographies n'ont jamais été vues en Europe. Pas assez glamour.

Un autre guérillero mort lors de l'explosion d'un véhicule atteint par les coups d'un canon de 20 mm mis en œuvre par l'armée. Le corps du malheureux a été dévêtu par la force du souffle.
Pas de cadeaux. Des prisonniers, comme ci-dessus José A. Díaz, sur une photo prise par un journaliste du quotidien Clarín au moment où il se rend à un soldat, n'ont jamais été revus en vie. Ils ont probablement été sommairement exécutés.
Au cours du nettoyage de la caserne, un commando capture un guérillero.
Un site d'extrême-gauche donne la version des guérilleros. A lire avec les précautions d'usage. Toutefois le témoignage sur ce qu'ont vécu ces hommes condamnés à la perpétuité dans les prisons montre qu'en ce qui se réfère à la répression, la démocratie n'est pas plus tendre que la dictature.
Pour leur ouvrir les yeux, quelques photos extraites de l'attaque le 23 janvier 1989, de la caserne de la Tablada près de Buenos Aires en Argentine, par des guérilleros d'extrême gauche lors de la présidence du social-démocrate Raul Alfonsin.
La grande majorité de ces photographies n'ont jamais été vues en Europe. Pas assez glamour.

Guérillero abattu par la police. Sa tête a été écrasée par un des chars de l'armée. L'horreur ordinaire de la guerre.
Jeune policier de Buenos Aires qui subit son baptême du feu sous le tir des guérilleros du MTP (Movimiento Todos por la Patria).


La télévision retransmettait les événements en direct à tout le pays.


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jeudi 20 novembre 2008
Napoléon aux Invalides

L’Aigle et la Plume
Un ensemble unique de lettres de Napoléon Ier exposé au Musée de l’Armée Hôtel des Invalides, Eglise du Dôme, 3 décembre 2008- 1er mars 2009 La plus importante collection privée de lettres et manuscrits de l’Empereur Napoléon Ier, est présentée aux Invalides.

Aujourd’hui grâce, à la société Aristophil, présidée par Gérard Lhéritier, une collection unique de documents d’époque, réunis pendant une trentaine d’années aux Etats-Unis, retraverse l’Atlantique pour revenir en France. Elle sera exposée aux Invalides, en partenariat avec la Fondation Napoléon, puis au Musée des Lettres et Manuscrits. Cet ensemble est la plus importante et la plus riche collection en mains privées jamais constituée autour de Napoléon Ier, rassemblant plus de 500 précieux documents. Toute la vie de l’Empereur est ici retracée, depuis les débuts du jeune lieutenant amoureux jusqu’aux dernières volontés du captif de Sainte-Hélène.

Napoléon et les femmes Une lettre du jeune Buonaparte âgé de seize ans, amoureux timide d’une jeune fille de Valence. Dix ans plus tard, c’est un Bonaparte fou éperdu de Joséphine à travers une des plus belles lettres d’amour : « Je n’ai pas passé un jour sans t’aimer ; je n’ai pas passé une nuit sans te serrer dans mes bras ».

Le chef militaire
C’est encore l’extraordinaire proclamation aux soldats, quatre jours avant Waterloo : « Soldats ! nous avons des marches forcées à faire, des batailles à livrer, des périls à courir […] Pour tout Français qui a du coeur, le moment est arrivé de vaincre ou de périr ! ».

La politique et l’homme d’Etat La lettre du Premier Consul, chef d’un « gouvernement solide » tenant tête au Roi d’Angleterre qui refuse ses offres de paix : « Georges, tu veux la guerre ! Nous la ferons ! » Les douze pages de cette étonnante réponse au Roi d’Angleterre se termine ainsi : « La Nation, pacifiée au-dedans, déjà s’élance au dehors dans l’attitude de la puissance et de la gloire…malheur aux vaincus ». Autre document d’exception, un manuscrit inédit de treize pages, composé des notes de lecture de Napoléon sur la « Recherche sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations » d’Adam Smith.
Cette exposition est à voir au musée de l’Armée - Hôtel national des Invalides ww.invalides.org. Tlj sf 1er lundi du mois et jours fériés (25 déc et 1er janv) de 10h à 17h. Tarif lein : 8€ (8,5€ à partir de janv 2009) / Tarif réduit : 6€ (6,5€ à partir de janv 2009)
Franco est mort
Oui, la nouvelle est étonnante. Personne ne s'en doutait. Il a fallu l'intervention du juge mégalomane Baltazar Garzon pour découvrir que l'ancien chef de l'Etat espagnol était mort et bien mort. Quant aux rois catholiques et à Philippe II on n'est pas encore certains de leur décès car le magistrat ne s'est toujours pas prononcé.
On comprend mieux la décision d'Antena 3 de programmer une docu-fiction sur la mort du généralissime ce soir. Sous le titre 20N: Los últimos días de Franco, une brochette d'acteurs portent à l'acrn les personnages clef de cette époque. Manuel Alexandre (Bienvenido, Mister Marshal, El verdugo et Los ladrones van a la oficina) joue le rôle de Francisco Franco. Vicky Peña (Manolito gafotas), Carmen Polo, l'épouse du général, Fernando Cayo (El orfanato). incarne prince héritier Juan Carlos.
Un extrait du téléfilm, quand les médecins prennnent la décision d'opérer Franco dans son palais d'El Pardo.
La dernière apparition publique de Franco en octobre 1975 devant 200 000 personnes rassemblées sur la place d'Orient à Madrid pour protester contre les récations européennes à la suite de l'exécution de membres de l'ETA.
mercredi 19 novembre 2008
Maos à la ramasse
Il a été de bon ton de se gausser des gauchistes recyclés dans le marketing et la presse, passant du col Mao au Rotary. Il faut croire que cette solution d'embourgeoisement à toute allure convenait mieux à ces fils de la bourgeoisie transformés pour un temps en révolutionnaires.
Contrairement à leurs frères ennemis de l'extrême-droite, les petits soldats de la guerre des classes, séduits par la dictature du prolétariat et rêvant de plonger la France dans des années de plomb à l'italienne, n'ont pas survécu à l'effondrement de leurs rêves. Sans doute ravagé par la mauvaise conscience, Libération, le journal officiel des bobos a publié le portrait de Christophe Schimmel, un de ces militants désenchantés, passé sans transition de la grande bourgeoisie à la guerre subversive. Un texte intéressant même si très indulgent.
L'exemple de ce jeune paumé n'est pas sans rappeler ses frères de l'extrême-gauche argentine qui se sont donnés corps et âme à la guérilla contre le gouvernement péroniste au début des années 1970. Je me souviens que la lecture des noms de la soixantaine de morts communistes tués lors de l'attaque de la caserne de Monte Chingolo révélait une absence quasi totale d'ouvriers et une présence massive de fils de la bourgeoisie citadine, facilement identifiable à leurs noms patronymiques.
Tombés pour les maos
Quarante ans après Mai 68, que sont devenus les «soldats perdus» de la Gauche prolétarienne (GP) ? Quelle a été la trajectoire de ceux qui ne se sont pas remis de la dissolution en 1973 de cette organisation maoïste née dans le sillage des événements de Mai, et qui fut à l’origine du journal que vous avez entre les mains ? Le parcours de Christophe Schimmel en donne une idée.
Partons d’une image : celle qui montre Jean-Antoine Tramoni, agent de sécurité chez Renault, tirer de sang-froid sur l’ouvrier maoïste Pierre Overney. C’était le 25 février 1972, à 14 h 30, à l’usine de Boulogne-Billancourt. Christophe Schimmel, 18 ans à l’époque, était devant les grilles de l’avenue Émile-Zola avec d’autres militants de la Gauche prolétarienne. Photographe, il a capté toute la scène avec son Seagull, mauvaise copie chinoise de Rolleiflex.
Ses images, reprises par la télé et tous les journaux, vont avoir un impact énorme : elles démentent la thèse officielle de la légitime défense. La mort de «Pierrot» Overney est un assassinat. Le mouvement maoïste tient son premier martyr. Avec trois conséquences. Un : pour éviter d’autres morts et une spirale de la violence (plus quelques autres différends), les dirigeants de la GP décideront l’année suivante la dissolution de l’organisation. Deux : l’Agence de presse libération (APL), qui diffuse les photos, verra sa notoriété bondir instantanément. La petite agence militante pourra donner naissance, une grosse année plus tard, au quotidien Libération. Trois : la vie du photographe militant basculera. Aujourd’hui replié dans le Lot, sans emploi, dépressif, cet homme de 54 ans vit dans l’amertume : «Ces photos, on a fini par me les reprocher. Elles rappellent ce qui s’est passé, et que beaucoup ont préféré oublier.»
De déconvenues en overdoses
Schimmel fait partie de ceux qui n’ont pas supporté que l’on siffle la fin du rêve. Combien furent-ils ? Peut-être 200 ou 300, sur un total d’un millier, mais personne n’a de chiffres précis : cette histoire-là reste à écrire. Certains ont dérivé vers le mouvement autonome, d’autres vers une marginalité faite de braquages et/ou de drogue.
D’autres encore ont mis fin à leurs jours. Schimmel a fait plusieurs tentatives de suicide dans les années 1970. Il affirme que quinze des trente-cinq jeunes qu’il a recrutés pour la GP (il était alors un des éléments actifs du «mouvement de la jeunesse») sont décédés dans des circonstances tragiques dans les années suivant la fin du mouvement maoïste : suicides, overdoses, et même attaque en solo du commissariat d’Argenteuil à coups de cocktails Molotov pour l’un d’eux. C’est parmi les plus jeunes et les ouvriers que les dégâts auraient été les plus manifestes. Sans être nécessairement représentatif, le parcours de Schimmel donne une idée de cette errance. Christophe entre à la GP en 1969 à l’âge de 15 ans. Sa mère, Cécile Hallé, est une grande bourgeoise délurée qui a transformé son immense appartement de la rue de Rennes en salon foutraque où se croisent Sartre, Clavel, Fromanger, et les futurs dirigeants de la GP. A la demande de l’organisation, Christophe abandonne le lycée (classe de seconde à Montaigne) pour se consacrer à la révolution. Il n’a aucune culture politique mais une forte envie d’action.
Première déconvenue : à l’été 1970, il n’est pas désigné parmi les dirigeants du «mouvement de la jeunesse» - aux côtés d’Antoine de Gaudemar (ancien directeur de la rédaction de Libération) et Frédéric Joignot (aujourd’hui reporter au Monde et créateur de la revue Ravages) - car les lycéens veulent… des lycéens à leur tête. En outre, des témoins de l’époque se souviennent de Schimmel comme d’un «chien fou», «vif argent», «fragile», avec lequel le dialogue était difficile.
Il met alors son talent de photographe - hérité de sa mère, qui fait des photos pour l’école des Beaux-Arts - au service de l’APL, tout en participant aux réunions de l’organisation, où le fondateur Benny Lévy définit les «stratégies de lutte». Impression des tracts la nuit, baston aux portes de Renault le jour, distribution du bulletin ronéoté de l’agence. «Je ne sortais pas, je ne buvais pas, je ne fréquentais aucune fille : j’étais destiné à la révolution.»
En mai 1972, le voici à Thionville (Moselle) avec l’équipe de l’APL pour soutenir la grève des caissières des Nouvelles Galeries. Dans une camionnette Ford jaune, les professionnels viennent mettre leurs compétences au service des travailleurs pour faire un journal de lutte. «Les idées justes viennent du peuple», a dit Mao. Ainsi est réalisé le numéro 2 de Pirate, préfiguration de Libé sur huit pages agrafées, au format demi-A4. «C’était la première vraie lutte dans une grande surface,se souvient Schimmel. L’ambiance était plus VLR [Vive la révolution, mouvement gauchiste nettement moins orthodoxe que la GP, ndlr] que marxiste-léniniste. Ça baisait dans tous les coins, une partouze permanente.» C’est ainsi que Christophe rencontre Lydie. A Thionville, il y a aussi Antoine de Gaudemar, Jean-René Huleu, Christian Poitevin, qui n’en ont pas tous gardé le souvenir d’une atmosphère aussi débridée.
Quelque temps plus tard, Schimmel est invité à un séminaire de la GP près d’Avignon.«C’était un traquenard. Je me suis retrouvé obligé de faire mon autocritique, face à des gens comme Benny Lévy ou Joseph Tournel[ancien mineur, dont on apprendra plus tard qu’il était un indic], parce j’avais une liaison. J’ai servi d’exemple, de jeune intellectuel à châtier. On devait mourir pour la révolution, pas nouer des liens avec les vendeuses.»
Quelques semaines plus tard, le retour à Paris est difficile. On fait comprendre à Schimmel qu’on ne veut pas de lui dans l’aventure Libération. Pas assez pro. Le service photo lui demande de faire ses preuves, «alors que j’avais créé la photo à l’APL et que j’avais fait les clichés d’Overney !»
Par ailleurs, la mère de Christophe, Cécile Hallé, se fâche très fort avec la GP et Libé : elle vient de vendre son immense appartement pour payer des locaux au journal, or celui-ci n’en veut pas et Cécile se retrouve le bec dans l’eau. En soutien, Maurice Clavel, un des fondateurs de l’APL, envoie une lettre de démission : «Cette compagne de la première heure nous a sacrifié son job, ses jours, ses nuits, sa santé et, je le crains bien, sa maison.» Discrètement, le philosophe offrira à Cécile les droits d’auteur de deux de ses livres pour la tirer de ce mauvais pas.
Christophe rompt et arrête la photo. «Je me suis retrouvé sans travail, avec un enfant, sans ressources, totalement abandonné.» Errance, fréquentation des milieux autonomes, petits casses. «J’étais resté maoïste, alors que les autres avaient tiré un trait là-dessus. Et j’étais si jeune : la GP avait été ma seule famille depuis l’âge de 15 ans.»
Tourner la page
En 1975, Gilles Luneau, un ancien de la GP, récupère Schimmel, qu’il fait travailler avec lui dans un magasin de photos en Bretagne. «Je lui avais demandé un peu de matériel, il est arrivé un jour avec une voiture pleine à ras bord, se souvient Luneau, aujourd’hui journaliste et écrivain. Il était toujours plein d’enthousiasme, le cœur sur la main.»
Puis c’est Christian Poitevin qui lui trouve des petits boulots à Marseille. Schimmel reste en contact avec les milieux autonomes. La suite de son itinéraire est chaotique : divers jobs dans l’audiovisuel à Paris, un long parcours avec le PS où il devient numéro 2 du service d’ordre, installation dans le Lot, création d’un garage associatif. Et toujours l’esprit de lutte : il a fait récemment deux grèves de la faim pour protester contre la menace de fermeture de lignes et gares SNCF, il s’est présenté aux dernières législatives soutenu par un collectif antilibéral.
L’an dernier, des déboires familiaux l’ont mené à la dépression. Il vivote aujourd’hui sans maison ni salaire, avec toujours «une profonde douleur au fond de moi».«J’avais réussi à la contenir pendant des années, mais le 40e anniversaire de Mai 1968 a ravivé tout cela.» Enfin, il y a un sentiment de culpabilité : «Tous ces types que nous avons entraînés là-dedans, et qui sont morts. Nous sommes responsables.»
Schimmel n’est pas le seul à avoir vu tomber ses camarades autour de lui. L’écrivain Sorj Chalandon, ancien de la GP et qui fut de l’aventure Libé dès 1973, a perdu quatre proches : «Yves et Jean-Yves se sont pendus, Jean-Denis s’est tiré un coup de fusil à pompe dans la tête, Jean-Marc a été abattu lors d’une altercation dans un bistrot de Stains.» Mais, contrairement à Christophe, Sorj ne fait pas le procès des dirigeants de la GP. «Nous avons connu cette époque et cette ambiance incroyables, entre maquis et scouts de France. Et puis nous avons été rejetés et ramenés à notre solitude, c’est ainsi.» Chalandon avait intégré le «mouvement de la jeunesse» en 1971, à l’âge de 19 ans. «Certains s’en sont mieux tirés que d’autres. On m’a dit : "Toi, tu as de la chance, tu peux écrire." Il est vrai que si Libé n’avait pas existé, pour certains c’était peut-être la prison ou le suicide.»
Le mouvement mao a-t-il permis à quelques têtes brûlées, en les canalisant dans des luttes, de vivre quelques années de plus ou, au contraire, a-t-il abrégé ces vies ? Sorj Chalandon se garde de trancher, notant toutefois : «Je ne connais pas de chefs maos qui se soient suicidés.»
Gilles Luneau se souvient : «On croyait qu’on allait changer le monde, on était drogué à la pureté. Après, certains sont devenus voyous, camés ou religieux. Mais je ne garde aucune amertume. Au contraire, je me nourris toujours de cette époque-là. Il ne faut pas y repenser avec aigreur.» Schimmel n’aurait pas su tourner la page.
Ceux, lycéens ou ouvriers, qui se sont construits avec la Gauche prolétarienne ont dû ensuite se reconstruire. «Tout le monde s’est retrouvé largué dans la nature, les plus vieux s’en sont mieux sortis que les plus jeunes, se souvient Antoine de Gaudemar, qui lui-même a vécu deux ans en communauté à Villemomble après l’éclatement de la GP. Christophe était très jeune et vulnérable, je me sentais un peu en position de grand frère. Peut-être n’était-il pas assez armé pour faire face à ça.»
Christophe Schimmel a lui-même voté pour la dissolution de la Gauche prolétarienne : «Je l’ai fait la mort dans l’âme. Mais on était dans un état de délabrement total, on faisait faire des conneries aux jeunes. Et puis nous n’avions pas les moyens de passer à la lutte armée.» Mais Schimmel reproche aux dirigeants de la GP d’avoir laissé tomber tous ceux qu’ils avaient entraînés dans l’aventure, puis d’avoir réécrit l’histoire en ne retenant que ses bons côtés. Critique parallèle à celle qu’a faite Morgan Sportès, au printemps dernier, dans son ouvrage Ils ont tué Pierre Overney (Grasset), que Schimmel trouve «pas fausses» mais «sous-estimant la sincérité de l’engagement militant»et «cédant trop à la théorie du complot».
Il aurait fallu savoir tourner la page.«Hélas pour moi, il y avait ces photos de 1972, j’étais une mémoire de ce qui s’était passé», constate Christophe Schimmel, qui assure n’avoir jamais touché un centime pour ces clichés.
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lundi 17 novembre 2008
Carrillo bientôt inculpé ?
Le journaliste César Vidal a publié une vigoureuse chronique dans les colonnes du quotidien La Razon où il réaffirme la culpabilité de Carrillo dans les tueries de Paracuellos del Jarama en 1936. Le texte rappelle aussi le fanatisme de l'alors jeune communiste qui n'hésita pas à dire qu'il aurait bien volontiers tué son propre père (le socialiste Wenceslao Carrillo), coupable d'hostilité à l'égard des intérêts soviétiques.
César Vidal ne regrette pas la loi d'amnistie de 1977 qui a permis que des hommes aux mains rouges de sang comme Santiago Carrillo puissent revenir en Espagne. Il est bon de tourner la page. Mais, souligne-t-il, si le juge Garzon poursuit sa bizare entreprise de vouloir poursuivre les crimes impunis imputables aux franquistes, tous morts depuis, il est inévitable qu'un jour la justice se tourne un jour ou l'autre vers le seul criminel contre l'humanité encore en vie en Europe : Santiago Carrillo.
Sin duda, uno de los documentos más terribles que he leído a lo largo de mi vida es una carta que Wenceslao Carrillo escribió a su hijo Santiago en 1939. Wenceslao era un socialista histórico que, como tantos otros, a finales del conflicto se había percatado de que la victoria del Frente popular sería el triunfo de Stalin y deseaba acabar con el derramamiento de sangre cuanto antes. Fue por ello por lo que se sumó al golpe de estado del coronel Casado que derribó a Negrín, el socialista que había enviado el oro español a la URSS y había pactado con los agentes de Stalin convertir a España en una dictadura títere de Moscú. La reacción de Santiago Carrillo ante el comportamiento de su padre fue verdaderamente desalmada hasta el punto de afirmar que si hubiera estado en su mano habría dado muerte al que le había dado el ser. La respuesta de Wenceslao fue una misiva conmovedora en la que se resistía a aceptar la catadura moral de su hijo e insistía en que era bueno, pero Stalin lo había enredado. Quizá. Pero otros -que no tenemos lazos de sangre con Carrillo- no estamos sujetos a obligación alguna de observar con esa ciega benevolencia determinados comportamientos. Porque las pruebas de su papel directo en las matanzas de Madrid son innegables. Permítaseme citar dos. La primera corresponde a Gueorgui Dimitrov, factotum de la Internacional Comunista, que el 30 de julio de 1937, informaba de la manera en que proseguía el proyecto de toma del poder del PCE en el Gobierno del Frente Popula indicando: «Cuando los fascistas se estaban acercando a Madrid, Carrillo, que era entonces gobernador, dio la orden de fusilar a los funcionarios fascistas detenidos». La segunda es de otro compañero de Carrillo, otro agente de Stalin llamado Stoyán Mínev Stepanov, delegado en España de la Komitern de 1937 a 1939 que redactaba en abril de 1939 un informe sobre las causas de la derrota en España y, al hablar de la resistencia que había plantado algunos socialistas al avance del PCE decía: «Provocan la persecución contra muchos comunistas incluido Carrillo por la represión arbitraria de los fascistas en otoño de 1936». No otra cosa indicaría Galíndez al hablar de cómo millares de fusilamientos se debieron no a incontrolados sino a la consejería de orden público -la de Carrillo- o el propio Carlos Semprum Maura que me contó cómo, décadas después, Carrillo contaba en corrillos que él había sido el responsable de las matanzas de Paracuellos, justificándolas como un avatar de la guerra. Gracias a la ley de amnistía de 1977, pero, sobre todo, al deseo de reconciliación de todos los españoles, Carrillo no se sentó ante un tribunal para responder de crímenes contra la Humanidad. Sin embargo, si Garzón continua con su esperpento, es posible que un día en primera plana encontremos la noticia de cómo Carrillo -el que fue nombrado doctor honoris causa por Gabilondo y cenó con ZP- es convocado ante un tribunal internacional para responder por los cinco mil fusilados de Paracuellos. De ser así -y bien sabe Dios que no lo deseo- sospecho que del proceso no podrá librarlo ni el comparecer en los programas más escandalosos de la telebasura, porque si hay algo de lo que no me cabe duda es de que Carrillo es culpable.
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dimanche 16 novembre 2008
Une espionne de la « paix »


Cynthia Roberts, espionne communistes en retraite,
photographiée à Prague la semaine dernière.
photographiée à Prague la semaine dernière.
Le quotidien Daily Mail a sorti ce matin un nouveau scandale de l'espionnage communiste au Royaume-Uni durant la Guerre froide.
D'après des documents extraits des archives de sécurité tchèques, Cynthia Roberts, sous le nom de code de «Marteau», a rédigé des rapports sur d'importantes figures du conservatisme britannique et animé un mouvement pacifiste aux ordres de Moscou.
Labour was rocked by a Cold War spy scandal last night over allegations that a Party activist linked to two members of Tony Blair's Cabinet spied for the Czech Government when the country was controlled by the Soviet Union.
Left-wing activist Cynthia Roberts, who stood as a Labour Parliamentary candidate, worked for the Communists under the codename Agent Hammer, according to documents obtained by The Mail on Sunday.
The files, held by the Czech security service, state that she wrote secret dossiers for the communist regime on Tory politicians including Margaret Thatcher and ex-Cabinet Minister David Mellor after moving to Prague in 1985. She also gave the Czechs details of a British arms factory.
Mrs Roberts moved to the Czech capital from London, where she used a House of Commons office to run the controversial Labour Action for Peace (LAP) group, which opposed nuclear weapons, and had links to Soviet Moscow.
Labour MPs involved in the group, which still exists today, included two politicians who went on to serve in Mr Blair's Cabinet, Foreign Secretary Robin Cook and Transport Minister Gavin Strang.
Other prominent Labour MPs linked to LAP include Tony Benn, Dennis Skinner and Jeremy Corbyn.
The disclosures are a reminder of how close some elements of the Labour Party were to the Soviet Union before the fall of communism 20 years ago.
Russia's KGB and its allies in other Eastern bloc nations such as Czechoslovakia targeted Labour politicians and other Establishment figures known to have Left-wing sympathies in an attempt to unearth information that could be used against the West.
The Cold War led to a series of major spy scandals in Britain, most famously the spy ring of Guy Burgess, Anthony Blunt and Kim Philby.
Astonishingly, Mrs Roberts's activities, including her move to Prague, appear to have escaped the attentions of British security services.
As honorary secretary of LAP, much of Mrs Roberts' work was conducted from the Commons office of Scottish Labour MP Willie McKelvey, who is thought to have provided her with a Parliamentary pass.
In 1983, when Mrs Thatcher had enraged the Russians by allowing the US to base nuclear missiles in Britain, Mrs Roberts accompanied Mr Cook and Mr Strang on a five-day trip to Moscow.
The files held by the Czech secret service state her role was 'to contribute towards the downfall of capitalism'. They say she boasted of working for the East Germans and was sent on 'missions' by her Czech handlers.
In one report, Mrs Thatcher was referred to by the codename ‘Sako’, which means ‘jacket’ in Czech.
Roberts' file on David Mellor, written in 1988 when he was a Foreign Office Minister, said she did not know if Mr Mellor 'has any weakness for women.'
Asked yesterday if she considered herself a traitor, Roberts, who still lives in Prague, said: 'I have nothing to say. I was not a spy.'
L'agent Marteau, un espion bien particulier
With her headscarf tied tightly against the November chill, she looks like any other pensioner going about her daily business in Prague. But this 72-year-old, who once worked in the heart of Westminster alongside such leading Labour Party figures as Robin Cook, is at the centre of extraordinary claims that she spied for Eastern Bloc regimes under the codename Agent Hammer.L'espionne communiste à la retraite Cynthia Roberts
sort de son HLM déposer ses ordures.
According to documents held by the Czech security service, Cynthia Roberts, who stood as a Labour candidate in the 1979 General Election, provided intelligence dossiers on Margaret Thatcher and David Mellor after she, her husband and two teenage children moved from London to Prague in 1985.
Despite being highly unusual, the family’s relocation to the Czech capital appears not to have attracted the attention of the British security services.
In the five years before she emigrated, Roberts was honorary secretary of Labour Action for Peace (LAP), which was then a highly influential anti-nuclear group. Much of her work was carried out from the House of Commons office of Labour MP William McKelvey, who represented Kilmarnock from 1979 until 1997.
The Left-wing pressure group was founded in 1940 and is still active today, describing itself as ‘an organisation of Labour Party members and supporters working for peace, socialism and disarmament, and seeking to make these issues the forefront of Labour Party policy’.
During its heyday in the early Eighties, LAP staged a series of high-profile meetings at party conferences and inside the House of Commons.
Among the prominent Labour figures who were active within the group were Cook, who served as Foreign Secretary during Tony Blair’s administration, and Gavin Strang, who was Transport Minister from 1997 to 1998.
According to a newsletter published by the LAP, Roberts accompanied Cook and Strang on a five-day trip to Moscow in December 1983.
Other leading Labour figures associated with the LAP during Roberts’ tenure include Tony Benn, who wrote an article about Nato for the group in 1985, and former executive committee member Dennis Skinner.
The claims that Roberts worked as a spy will further fuel concerns that leading Labour politicians were sympathetic to communist regimes during the Cold War.
The documents held by the Czech security service Statni Tajna Bezpecnost (STB) and seen by this newspaper reveal that Roberts apparently boasted of working for the East Germans while based at Westminster, and later was sent on ‘missions’ by her Czech handlers.
About 100 pages of the files still exist, although references within them suggest that a further 600 pages are missing – almost certainly destroyed as communist bosses attempted to cover up details of their activities when the country was swept by democratic change.
But the pages that remain paint a damning picture of her role, which, in the words of her STB handlers, was ‘to contribute towards the downfall of capitalism’.
They consist of two reports written in English, apparently by Roberts, and a series of handwritten accounts in Czech prepared by security chiefs detailing their meetings with her and the tasks they set her. The surviving files detail a total of 19 meetings between Roberts and her STB contacts.
Last week, The Mail on Sunday tracked down Roberts to a communist-era block of flats on the outskirts of Prague. The name plate on her letterbox in the entrance hall reads ‘Robertsovi’ and bears the message ‘Please do not post advertising fliers in this mailbox’.Le communisme ne paye pas. Le clapier à lapins où vit l'espionne. A ces conditions, il vaut mieux travailler pour la CIA.
Mrs Roberts carried out the rubbish from her fourth-floor apartment in the drab prefabricated block, which overlooks the rest of the huge graffiti-scrawled estate on one side and a busy ring road on the other.
Asked why she had spied for the STB against Britain and whether she regarded herself as a traitor, she said: ‘I do not want to talk to you. I do not talk to the Press.’ She refused to discuss whether she had worked for the Soviet intelligence services either in Britain or after she moved to Prague.
When told we had a copy of her file, which stated that she was an STB agent, she said: ‘I have nothing to say. I was not a spy.’
Asked whether she should be prosecuted for her treachery, she said: ‘I have no quarrel with Britain. I am sorry but I am not going to talk to you.’
According to STB files, the Roberts family arrived in Prague on October 19, 1985. Mrs Roberts was accompanied by her photographer husband Denis, daughter Mary, then 19, and 15-year-old Christopher.
Their departure from Britain was mentioned in the 1985 LAP annual report, which says: ‘Cynthia Roberts, who has been honorary secretary of LAP for five years, went with her husband to live in Czechoslovakia.’
She was given a job as an editor with the state-run news agency on a monthly salary of 5,000 Czech koruny (about ?150 at today’s exchange rates) – at least double the average wage. But the files make clear that her main role was to work for the STB.
Initially given the codename ‘Kilburn’, Roberts appears to have so impressed her handlers in the first few months after arriving in Prague that her status was upgraded to ‘agent’ and she was given her new codename, Hammer.Cynthia Roberts se fait désormais appeler Robertsovi. Sur sa boîte aux lettres elle précise qu'elle refuse la publicité. Le paradis ex-rouge contaminé par le capitalisme.
A file entry dated April 2, 1986, says Roberts was to be ‘used on the problems of British intelligence services’.
It says she would also be used to ‘gain information on the internal politics of Great Britain [and answer] questions of the peace movement in capitalist countries and in Britain specifically’.
The entry goes on: ‘KILBURN can be evaluated as a person valuable for operational use from the side of intelligence work. To gain her co-operation we can use her satisfaction with her stay in Czechoslovakia ... and her good relations with the whole communist ideology. [Roberts] will continue to be used for British problems.’
One of her first jobs was to complete a report and character assessment on Margaret Thatcher who, the file reveals, had been given the codename ‘Sako’ – which means ‘jacket’ in Czech – by the STB.
This document is missing from the file, but it appears that Roberts completed the report.
A file dated April 15, 1987, returns to the subject of her work on Prime Minister Thatcher. ‘Top Secret.
16.15 KILBURN contacted in Slezka Street, Prague, and taken in a 'company' car to another location, a private flat, named as 'Balt'.
'We then talked to Kilburn about the state of her work on Sako [Thatcher], and she said that she had already finished the report and only had to type it up and make some corrections.
'We told KILBURN we greatly valued her help and said we would like to continue our co-operation and expand it. KILBURN was visibly delighted with our valuing her work.
'We told her we were interested in raising our co-operation to a higher level and that we would ask her for information and character analysis of people she knew from her previous political activities in Great Britain.’
The file adds: ‘We said that we had to have guarantees that she would remain silent on these matters and on our meetings. KILBURN said these issues were clear.’Cynthia Roberts photographiée avec son époux Denis. Ce cliché a été publié dans le livre qu'ils ont consacré au pacifisme : How To Secure Peace In Europe, publié en 1985, en pleine crise des euro-missiles.
The document adds: ‘At the end after we explained our reasons [for protecting her identity] she chose the codename HAMMER.’
At the meeting, Roberts was told she would meet her handlers at least once a month. She was given a number to contact in case of ‘urgency’ and the password to be used: ‘I have many regards from Vaclav for you.’
She was also asked to produce a detailed report on the then head of the Campaign for Nuclear Disarmament, Meg Beresford.
The STB officer reports that Roberts ‘willingly agreed to co-operate’ and also agreed to ‘recruit help’ – suggesting she actively tried to persuade others to spy for the Soviet Bloc.
But it is Roberts’ typewritten report on Beresford that gives the only clue to her activities in the UK while working at the House of Commons.
In the undated document, Roberts says she suspects that Beresford is a CIA plant and claims Beresford is involved in ‘subversion’ in East Germany, encouraging groups of dissidents to set up ties with churches in the country.
She suggests Beresford also attempted to organise women’s rights groups and was preparing them for mass protests, including calling on soldiers to become conscientious objectors.
The papers add: ‘The most interesting feature of all was that after I reported these facts to the [East German] embassy in London, some time later I was told by the diplomat with whom I used to work that the information had been extremely useful and was found to be accurate.’
This reference is the only indication that she may have been engaged in espionage before she moved to the Eastern Bloc. It suggests that she had regular contacts with an East German diplomat and raises questions about whether she was spying for the feared Stasi. Papers written in Czech by an STB agent and dated October 16, 1986, a year after she moved to Prague, suggest that she had passed on information from her father, a former prison officer, about an unnamed military installation in the West Country.
It states: ‘Meeting took place in a public place ... The source gave information relating to a newly built military arms factory in South-West England near Taunton.’Les preuves de la trahison. Les archives de la STB, les services ssecrets tchèques, contiennent des rapports rédigés par Cynthia Roberts sur David Mellor, à l'époque ministre des Affaires étrangères britannique.
The files say the information came from her father, who told Roberts he had ‘noticed the new building and the sign "MoD Property" ... He found out from his Labour MP that the MoD bought the land for a plant to manufacture components for warheads and navigation equipment’.
The files claim that Roberts was then used to target various Western officials to try to obtain useful information from them or to identify ways they might be recruited by the KGB.
Among those she targeted were a senior Nato official she met at a Czech trade fair, a businessman from a computer firm based in Windsor and a female British diplomat from the Prague embassy.
Roberts was also used to help build up a picture of British politicians who were visiting the former Czechoslovakia. A file note dated May 19, 1988, says: ‘The source was asked to report on David Mellor, a Minister of State in the Foreign Ministry in relation to his expected visit to Czechoslovakia.’
Roberts' report is written in English. Neighbours in the cramped block close to Prague’s ring-road claim that she and her husband Denis, now 85, have struggled to master the language since their arrival.
Their son Christopher, 38, is said to have returned to Britain, while their daughter Mary, who studied to be a doctor after their move to Prague, is believed to have died last year.
The Mellor report says: ‘He will try, without mentioning a word, to find out any possible way he can of damaging our political and business interests in the Middle East, particularly with Libya and Syria...
‘Dangers also apply to our relationship with Ethiopia. Within two weeks of being first elected to Westminster in 1979, MELLOR was out in Iran advising the Shah how to deal with insurgency both in terms of strategy and weapons.
'Within the last two years he has “given” the Colombian government six British helicopters to deal with their drug problem. He worked extensively with the CIA and the FBI on this issue, among who he has many contacts, as he undoubtedly would have also among the British Special Services.’
The document goes on to describe Mellor as a ‘highly sophisticated cunning politician’ and a ‘slick operator – a smooth-tongued oily character, who is undoubtedly sustained by his image of himself and his own inflated sense of self-importance. His danger is that he is cunning and calculating.
‘He probably drinks brandy at the end of dinner – most Tory MPs do, it’s considered the “done thing” at Westminster. Many a slip of the tongue has been made after several brandies.’
Mellor was later forced to resign from the Government after his high-profile affair with Antonia de Sancha was revealed in 1992. In her report, written four years earlier, Roberts wrote that she was not aware ‘whether he has any weakness for women or not’.
She added: ‘The only place Mellor will speak the truth is when he is in the “safe” room of the British Embassy. The rest of the time ... he will be speaking to an audience [the bugs]
‘I would regard this man, without any hesitation whatsoever, as a most deadly enemy of the Czechoslovak people and their Government.’
Last night David Mellor said he remembered his trip to Czechoslovakia very well as it had hinged on him being allowed to meet the dissident playwright Vaclav Havel, who later became the Czech president.
Of the report on him, he said:
‘I think it shows up the futility of the whole old Eastern European system and the pointless intelligence gathering they engaged in.
‘But the far more important question is how this woman was able to mix with senior figures in the Labour Party, to secure a House of Commons pass and to come close to becoming an MP when she was within an ace of defecting to the Eastern Bloc. It says an awful lot about the Labour Party.’
Gavin Strang said:
‘I remember Cynthia because she was around for a few years at that time with Labour Action for Peace. The one thing I remember is that she struck me as ultra-sympathetic towards the Soviet Union – excessively so at that time.
‘Obviously at that time there was concern about the build-up of medium and short-range nuclear weapons by both the US and Russia. But her excessive sympathy for the Soviet Union was very noticeable and certainly something I remember.
‘But her behaviour was not something I was worried about enough to report or make anyone aware of. Everybody is entitled to their own views and opinions.’
Tony Benn, who is listed as a member of the LAP in the group’s annual report for 1985-1986, said:
‘I do not recall meeting Cynthia Roberts and there is no reference to her in my diary, which I have checked. I became chairman of Labour Action for Peace in the Nineties.’
Dennis Skinner, who is named in LAP documents of the same year as a member of the LAP’s executive committee, said:
‘Don’t know the woman, never heard of her, don’t know what you’re on about. You’d best try Tony Benn.’
Current LAP president Jeremy Corbyn MP said: ‘I don’t know Cynthia Roberts at all. Of course I’m surprised. I didn’t know her and this was long before I was involved in the organisation. I’m not going to be able to comment on people like Cynthia Roberts. The issue of the Cold War is one that has long passed.’
A spokesman for the Czech Embassy in London said: ‘We are not aware of the details of this particular case. The Czech Embassy is not in a position to comment.’
A Czech government source added: ‘This sort of espionage relates to the previous communist regime. It is a thing of the past and not something our country would engage in now.’
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samedi 15 novembre 2008
La Guerre d'Espagne en images
Voici quelques images de guerre civile espagnole diffusées dans l'Amérique de Roosevelt. Le commentaire est très partisan et les scènes montées dans le désordre. On identifie des images de l'attaque contre l'Alcazar de Tolède en l'été 1936 et la prise d'Irun par le général Mola en septembre 1936. Mais on peut toujours se boucher les oreilles et tenter d'identifier les lieux. Quelques scènes étonnantes ne sont pas expliquées par le commentaire, comme cet homme en frac et haut de forme qui semble errer sur un pont. Qui sera capable de repérer les images provenant de la Première Guerre mondiale (ou plutôt de films de fiction) qui ont été incluses pour muscler l'action ?
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Charlie Wilson’s War
The extraordinary story of how the Wildest Man in Congress and a Rogue CIA Agent Changed the History of our Times
George Crile
Grove Press, 544 p., ill., index, 15 e, ISBN 978-0-8021-4341-9.
Qui a bouté les Soviétiques hors d’Afghanistan ? À cette question, le président du Pakistan Zia ul-Haq répondait sans hésiter une seconde :
— C’est Charlie qui l’a fait !Charlie Wilson, le plus mauvais garçon de tous les élus du Texas ? Connu pour son penchant immodéré pour la bonne bibine et pour les filles un peu faciles ? Comment ce grand pêcheur devant l’Eternel a-t-il pu soutenir le combat des moudjahiddines afghans, plus connus pour leur fanatisme religieux que pour leur goût de la bamboula ?
George Crile, grand reporter à la télévision américaine, a répondu à cette question en reconstituant les différents épisodes de cette guerre secrète avec tant de talent qu’il a séduit le cinéaste Mike Nichols dont le film la Guerre selon Charlie Wilson est sorti en janvier dernier sur nos écrans avec Tom Hanks, Julia Roberts et le whiskey Jack Daniels dans les rôles principaux.
Qui se souvient des années 1970 ?
L’Amérique de la fin des années 1970 nous semble bien lointaine. Sonnée par la défaite humiliante du Viêt-nam en 1975, elle s’est donnée à un président vertueux et pacifiste, Jimmy Carter qui sait bien mieux cultiver les arachides et louer le seigneur que conduire une guerre secrète. Mécontent de la mauvaise réputation de la CIA, le prêcheur de la Maison blanche confie à son ami l’amiral Stansfield Turner la tâche de la débarrasser des barbouzes de tout poil qui n’hésitent pas à ouvrir le courrier d’autrui et à écouter aux portes.
Pourtant, l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques le 24 décembre 1979 va changer l’agneau de Dieu en bras armé du Seigneur. Non seulement Carter décide de boycotter les Jeux olympiques de Moscou mais il autorise la CIA à conduire des opérations clandestines contre l’Union soviétique.
La décision du président tombe à pic pour les Afghans. Au cours de ces premiers mois de la lutte armée, les combattants n’ont et tout et pour tout que des pétoires anglaises datant de la Grande Guerre et quelques poignées de cartouches par fusil. C’est bien peu pour affronter les chars et surtout les redoutables hélicoptères de combat MI 24 Hind.
Dan Rather, le journaliste vedette de la télévision américaine est un des rares à s’aventurer en Afghanistan sous la botte soviétique. Il dénonce sans trêve l’incapacité de l’Occident à aider les Afghans confrontés à la première armée du monde.
Le député Charlie Wilson est touché par les reportages sur les moudjahiddines. Élu du Texas, il a été élevé dans le souvenir de la geste d’El Alamo où une poignée de colons anglophones, retranchés dans un monastère, a résisté jusqu’au dernier aux vagues d’assaut mexicaines. C’est la lecture d’une dépêche de l’Associated Press, complétant le reportage de Dan Rather par un récit détaillé du martyre du peuple afghan sous la botte communiste, qui va pousser cet obscur représentant du Texas à agir.
Or, par chance, le député se trouve à un endroit idéal pour agir sur les événements. Grâce à un subtil jeu d’influence orchestré par le lobby israélien du Congrès, Charlie Wilson a été élu membre de la commission parlementaire qui décide de l’affectation des fonds de la CIA. Le député décroche son téléphone pour appeler Jim Van Wagenen, le fonctionnaire qui gère au jour le jour ces fonds secrets.
— Jim, combien donne-t-on aux Afghans ?Après quelques instants de réflexion, Charlie Wilson raccroche en disant :
— Cinq millions.
— Doublez la somme.Sans s’en douter, Charlie Wilson vient d’infléchir l’histoire. Pour la première fois, un député prend de son propre chef l’initiative d’accorder des fonds à la CIA pour une opération clandestine.
Trois critères : une bouche, deux seins et un cul
Comment un homme aussi peu connu que Charlie Wilson a pu être choisi pour occuper un poste aussi important ? C’est d’autant plus inexplicable que le député jouit d’une réputation sulfureuse au Congrès. Par exemple, ses assistantes parlementaires ont été recrutées exclusivement sur trois critères : une jolie bouche, une belle paire de sein et un cul bien galbé. À ceux qui s’en étonnent, Wilson répond :
— On peut apprendre à une gonzesse à taper à la machine, mais on ne risque pas de lui faire pousser des nichons quand elle est plate comme une planche à pain.Pour que personne ne doute de ses priorités dans l’existence, Charlie Wilson a puisé des idées de décoration pour son appartement dans les pages de Playboy et, avec un bon goût très sûr, il a placé un immense jacuzzi au centre de sa chambre à coucher, sobrement décoré d’une paire de menottes en argent. Une mise en scène lui évitant de bien longs discours avec ses invitées d’une nuit. Pourtant, c’est le même homme qui, au milieu d’une nuit d’insomnie, se lève pour relire des pages des mémoires de guerre de Winston Churchill ou un austère manuel d’histoire militaire.
Né à Trinity, un petit village du Texas comme il y en a tant, Charlie Wilson a tout juste huit ans quand les Japonais attaquent Pearl Harbour. Il se souvient encore de la voix de Roosevelt et de Churchill aux informations de la radio. Mais l’image qui le hante encore est celle de ces soldats de l’Afrikakorps en route pour le camp de prisonnier qui défilent crâneurs sous les yeux ébahis des petits Texans.
Après la guerre, pour un gars de la campagne, le meilleur moyen de se tirer de son trou perdu est d’entrer dans l’armée. À l’instigation de son père, Charlie Wilson entre en 1952 à l’Académie navale d’Annapolis d’où il sort, relégué au fin fond du classement, mais avec la distinction d’être le cadet ayant cumulé le plus de blâmes dans l’histoire de l’école.
Jeune officier à bord d’un destroyer américain fendant les flots des sept mers au plus fort de la Guerre froide, Charlie Wilson est convaincu d’être un de ces guerriers qui défendent les libertés de l’Amérique. Contre toute attente, il se révèle un excellent officier. Responsable de la conduite de tir à bord de son bâtiment, son navire se classe parmi les tout premiers de la flotte pour la précision de son tir. Ces entraînements incessants expliquent sans aucun doute pourquoi le destroyer rentre à son port d’attache aux Etats-Unis les soutes à munitions vides. Le fait que le jeune officier en profite pour y cacher de l’alcool de contrebande acheté bon marché au cours des escales à Gibraltar n’y est probablement pour rien. Comme l’écrit son commandant :
— Charlie Wilson un excellent officier en mer et… un désastre au port !Quand il n’est pas de quart, Charlie Wilson passe de longues heures à lire et à relire ses auteurs favoris. Les Mémoires de guerre de Winston Churchill, des biographies de Roosevelt et, plus étonnant, les écrits de George Kennan, le diplomate américain ayant conçu la politique de « containement » du communisme mise en œuvre par les États-Unis durant la Guerre froide.
En dehors des entraînements au tir, le jeune officier consacre beaucoup de son temps à la chasse aux sous-marins soviétiques. Dans ce jeu du chat et de la souris, les Américains cherchent à forcer l’adversaire à faire surface, l’occasion de prendre quelques photos et d’accrocher le sous-marin au tableau de chasse fictif de l’équipage.
Finalement, ses incartades ne découragent la Marine qui le nomme au sein d’une équipe ultrasecrète chargée au Pentagone de surveiller l’armement nucléaire des Soviétiques. Cette confrontation quotidienne avec la menace communiste a de profondes répercussions sur son caractère et explique en grande partie son engagement ultérieur aux côtés des moudjahiddines.
L’entrée en politique de Charlie Wilson
Pourtant, c’est un autre événement qui bouleverse le cours de sa vie. John Kennedy, un ancien officier de Marine, se bat pour décrocher la présidence des États-Unis. La personnalité du candidat, son passé militaire, son idéalisme, attirent Charlie Wilson lequel, après ses heures de service, se transforme en supporter démocrate. Le virus de la politique se révèle plus fort que son amour de la Marine et, en contravention de tous les règlements militaires, il prend un mois de permission pour faire campagne dans sa ville natale pour décrocher un siège au parlement de l’État du Texas. Il réussit à emporter la circonscription tant convoitée sans même que ses supérieurs au Pentagone s’en aperçoivent. En 1961, à 27 ans, il démissionne de l’US Navy et prête serment à Austin, le même mois que son inspirateur entrait à la Maison blanche.
Au cours des douze années suivantes, Charlie Wilson bataille dur pour sa circonscription, décrochant même le surnom de « Timber » Charlie tant il a à cœur de défendre les intérêts de l’industrie forestière, premier employeur de sa ville et aussi… principal soutien financier de sa campagne.
Le style de vie de Charlie Wilson et certaines de ses convictions, notamment son soutien au droit à l’avortement, ne découragent pas ses électeurs, chrétiens fondamentalistes pour la plupart. La seule explication à ce mystère est qu’on meurt d’ennui dans cette circonscription. Les choses ne commencent à bouger que lorsque le député vient faire sa tournée des popotes. Pour comprendre la persistance de son succès électoral, il suffit de voir l’empressement des mamies à se faire photographier en sa compagnie lorsqu’il visite une maison de retraite.
L’Israël connexion
Comme tous les députés, Charlie Wilson est invité tous frais payés en Israël par le puissant lobby pro-israélien. L’objectif avoué est de séduire les parlementaires afin qu’ils défendent les intérêts israéliens au Congrès. Pour y parvenir, les Israéliens font feu de tout bois. Au cours d’un de ces voyages, le parlementaire est présenté à une jeune capitaine de l’armée qui ne tarde pas à tomber sous le charme de l’élu. Un officier supérieur israélien, mécontent de voir cette jolie fille en tenue camouflée prête à succomber aux avances du Texan, lui ordonne de rester à la caserne. Le maire du New York, Ed Koch, a avoué à l’auteur du livre George Crile qu’il est intervenu auprès de l’Armée pour que cette jeune femme revienne aux côtés du député :
— Vous êtes fous ? Un parlementaire du Texas, un homme du pétrole, qui est pro-israélien et vous voulez lui aigrir le séjour ? Cette fille est majeure et vaccinée. Laissez-la mener sa vie comme elle l’entend.Il va sans dire que la jeune capitaine s’est retrouvée bien vite dans les bras accueillants de Charlie Wilson.
Le soleil d’Israël, les belles femmes qui lui ont été présentées, les récits romantiques des combats contre les Arabes, son imprégnation protestante, le transforment dès son retour en un « vrai commando israélien au Congrès des États-Unis ». Sans qu’il ait à les solliciter, l’AIPAC (principal lobby pro-israélien américain) incite des donateurs juifs à verser des sommes importantes à son trésor de guerre électoral. Grâce à cette manne, il est en mesure de vaincre facilement ses concurrents. Cet échange de bons procédés entre la communauté juive américaine et le parlementaire ne s’arrête pas là. Enchantés de pouvoir compter sur le soutien sincère d’un député du Texas, Etat réputé pour sa proximité avec les intérêts pétroliers, les dirigeants de l’AIPAC font appel au parlementaire pour prendre la parole dans de nombreuses réunions de soutien à Israël.
Le lien d’amitié et de complicité entre les Juifs américains, l’État hébreu et Charlie Wilson s’intensifie au fil des ans. Quand le député est impliqué dans un scandale, ce sont les 100 000 dollars réunis de toute urgence par Ed Koch auprès de riches coreligionnaires new-yorkais qui permettent à Charlie Wilson de s’en tirer. Plus tard, ce sont les Juifs du Congrès qui veillent à ce que le Texan entre au très influent « Appropriations Committee » où il est en mesure de garantir qu’Israël reçoit bien l’aide annuelle de 3 milliards de dollars que le Congrès vote chaque année. Sans leur soutien, un député novice n’aurait jamais pu être nommé à cette commission qui n’accueille que des élus expérimentés. Lyndon Johnson a vainement tenté l’aventure vingt ans plus tôt. Il est vrai qu’il ne bénéficiait pas de l’aide du tout puissant AIPAC.
Pour un Européen, le rôle de ce comité peut sembler secondaire. Grave erreur ! La constitution américaine place les cordons de la bourse entre les mains du Congrès. Le président peut proposer un budget, mais l’affectation des fonds est décidée en dernier ressort par l’« Appropriations Committee ». Autrement dit, si le Capitole veut imposer à la Maison blanche la fin de la guerre en Irak, il lui suffirait de refuser l’affectation des fonds pour ce conflit. Du jour au lendemain, l’US Army serait dans l’impossibilité de tirer un seul coup de fusil faute de crédits pour le payer.
De même, un élu influent et malin, peut décider de l’affectation de sommes importantes pour satisfaire des lubies personnelles s’il réussit à gagner à sa cause le président du comité. Sinon, il suffit de soutenir les projets des autres pour bénéficier du retour d’ascenseur le moment venu.
Un agent peu reluisant
Gust Avrakotos ne ressemble en rien aux agents de la CIA comme le cinéma les met en scène. Court sur pattes et trapu, Gust est né dans une petite ville industrielle de Pennsylvanie où les habitants se regroupent selon leurs origines ethniques et il n’a jamais oublié ses racines :
— Il y avait le quartier des Polacks, celui des Irlandais, celui des Grecs et, enfin, celui des Nègres.Avec ce langage peu policé qui le caractérise, Gust ajoute :
— Chaque quartier avait sa bande de voyous. On n’arrêtait pas de se foutre sur la gueule. Mais si les Nègres faisaient une descente, alors on se serrait tous les coudes.Travaillant dans la limonaderie de ses parents Gust apprend à gérer ses clients en fonction de leurs origines :
— J’ai vite compris qu’il faut raconter des plaisanteries de Slovaques à des Tchèques et des blagues tchèques à des Slovaques. Quant aux histoires de cul, elles plaisent à tout le monde. Un autre point commun : mes clients haïssaient les Russes et le communisme car ils avaient été chassés d’Europe par l’Armée rouge. Dans mon bled, seuls les Nègres n’avaient rien à branler des cocos.Sa facilité à prendre les langues étrangères, sa curiosité intellectuelle, le font sortir du lot et ce petit prolétaire se retrouve à l’université d’où il émerge brillamment avec un diplôme de mathématiques en poche. Le premier chasseur de talents à l’approcher est celui d’IBM. Mais son style vie triste et compassé ne lui plaît pas. Voilà pourquoi il accepte la suggestion d’un de ses professeurs de parler à un recruteur de la CIA lequel est séduit davantage par ses qualités de bagarreur et par son don des langues que par son diplôme.
Quand en 1962 Gust débarque à Langley, il est le mouton noir de l’équipe des bleus. Les autres recrues arrivent des universités cotées de la côte Est, la célèbre « Ivy League ». Tous ces jeunes gens bien comme il faut regardent de haut le péquenot au nom imprononçable et au langage de charretier. Mais ce premier contact est trompeur. En fait, l’agence a sélectionné ses candidats avec soin. Tous sont largement diplômés et parlent plusieurs langues. Cerise sur le gâteau, ils sont tous « foutûment intelligents ».
Après un dur entraînement, Gust est envoyé en Grèce rejoindre les 141 autres agents qui, en coulisses, régentent la vie politique. Le tournant de son existence a lieu en 1967 quand un coup d’Etat porte au pouvoir un quarteron de colonels. Gust étant le seul agent à les connaître personnellement, il est chargé par l’ambassade de transmettre un message de Washington les exhortant les putschistes à exiler Andreas Papandréou, le premier ministre déchu :
— Le président veut que vous laissiez partir Papandréou. C’est la position du gouvernement américain. Mais, à titre personnel, je vous conseille de buter ce fils de pute, sinon il reviendra tôt ou tard vous poignarder dans le dos.Avec un tel langage, il n’est guère étonnant que Gust Avrakotos se soit transformé durant sept années en l’intermédiaire obligé entre les États-Unis et le gouvernement grec.
L’arrivée de Carter à la présidence va profondément changer l’atmosphère à la CIA. Le nouveau président est décidé à faire le ménage. Pour éviter qu’il ne passe à la trappe, Gust Avrakotos est mis au vert à Boston durant trois ans avant de revenir à Washington suivre des cours de finnois et prendre un poste à Helsinki, une des places les plus convoitées en ces temps de Guerre froide. Las, le nouveau chef des Opérations extérieures décide que Gust est trop « brut de décoffrage » pour un tel poste.
La rencontre entre les deux hommes est explosive et Gust repart en claquant la porte et en disant à son chef d’aller se faire foutre. La carrière du petit gars de Pennsylvanie semble toucher à sa fin.
Cherchez la femme
Cherchant à expliquer comment la CIA a fini par dépenser près d’un milliard de dollars par an pour aider les Afghans à tuer des communistes, Gust Avrakotos offre une bien curieuse explication.
— Tout ça a commencé avec une nana, une de celles qui finançaient les campagnes électorales de Charlie Wilson. C’est elle qui l’a intéressé au bordel afghan.Joanne Herring est le prototype de l’égérie texane telle que la rêvent les scénaristes de films. Affirmant à qui veut l’entendre qu’elle descend de la sœur de George Washington et que son arrière-grand-oncle est mort au siège d’El Alamo, elle s’est toujours crue investie d’une mission : défendre l’Amérique. Mettant ses idées en pratique, à peine sortie de l’adolescence elle devient membre des Minutewomen, des femmes qui s’engagent à descendre dans la rue les armes à la main en moins d’une minute ; à 18 ans, elle est reçue dans un groupe semi-clandestin de patriotes d’extrême-droite convaincu que les États-Unis sont à la veille d’un coup d’État communiste. Pour Joanne Herring, qui monte à cheval et tire au fusil comme un homme, la perspective de se transformer en soldat de l’ombre lui semble parfaitement dans l’ordre des choses.
Son mariage avec Bob Herring, le patron de la plus grande compagnie de gaz naturel du pays, lui ouvre les portes du monde entier. Accompagnant son époux, elle rencontre les rois, les émirs et les cheiks qui font la pluie et le beau temps sur le marché du pétrole. Elle se révèle si brillante dans son rôle d’ambassadrice de charme que le State Department fait appel à ses talents chaque fois qu’une délégation étrangère se rend au Texas. Les réceptions qu’elle organise dans sa superbe maison de 22 pièces à River Oaks deviennent célèbres par leur extravagance. Elle ajoute à son carnet d’adresses des personnalités aussi différentes que le roi de Suède, le shah d’Iran, Adnan Khashoggi ou Anouar El-sadate.
Pour occuper ses loisirs entre deux réceptions diplomatiques, Joanne poursuit une carrière d’animatrice de télévision qui la conduit en 1976 à Paris tourner un documentaire sur la vie du marquis de La Fayette. Un des hommes qu’elle rencontre à cette occasion est le comte de Marenches, le patron du renseignement français. L’homme de l’ombre ne se contente pas de lui raconter des souvenirs de famille : il lui ouvre les yeux sur les nouvelles dimensions du danger communiste et sur les risques pesant sur un monde libre refusant de faire face à la réalité de la menace soviétique. Sans le savoir, De Marenches enclenche le processus qui va conduire la plus dure défaite des Soviétiques. Il présente Joanne à Sahabzada Yaqub Khan, ambassadeur du Pakistan aux États-Unis, lequel comprend vite l’intérêt du couple et propose à Joanne de devenir consul honoraire du Pakistan à Houston. Contre toute attente, la jeune femme prend sa nouvelle mission très à cœur. Au lieu de contenter de venir en aide aux Pakistanais en détresse au Texas, ou de hisser le drapeau le jour de la fête nationale, elle devient de facto une sorte d’ambassadeur bis du Pakistan aux États-Unis. Grâce à son entregent, elle ouvre des portes longtemps restées fermées aux diplomates pakistanais et multiplie les rencontres avec des personnalités influentes. De Marenches lui ayant confié que le président du Pakistan Zia ul-Haq est l’un des sept hommes qui font face à la menace rouge, elle n’a de cesse que de le rencontrer.
Finalement, Joanne aux solides convictions protestantes et Zia, le fondamentalisme musulman, non seulement deviennent amis, mais leur lien se renforce au fil du temps et Joanne se transforme en son principal, sinon unique, conseiller américain. En dépit de la mauvaise humeur de ses diplomates, le président nomme Joanne « ambassadeur itinérant » du Pakistan. Certains soupçonnent le chef de l’État d’en pincer pour elle car il lui arrive d’interrompre un conseil des ministres pour répondre à l’appel téléphonique de la belle texane.
L’indispensable Charlie
Les lobbyistes de Washington ne tardent pas à comprendre que l’obscur député du Texas est une des personnalités qui comptent dans le domaine des affaires étrangères. Non seulement pour l’intérêt qu’il porte à des causes comme Israël ou l’Afghanistan, mais aussi parce qu’il peut bénéficier de l’appui inconditionnel de nombreux autres députés qui lui doivent tous des faveurs ou, tout simplement, sont sous son charme. À titre d’exemple de son incomparable talent pour se faire des amis, il est le seul goy admis à la fraternelle des députés juifs et le seul blanc dans celle des députés noirs. Un exploit sans précédent.
Il est aussi très étonnant que ce jeune député aux frasques innombrables ait été choisi par Tip O’Neill, le président de la Chambre des représentants, pour figurer au sein du comité d’éthique où siègent les élus chargés de juger les écarts de conduite de leurs pairs. Interrogé par un journaliste s’étonnant de cette « erreur apparente de casting », Charlie Wilson lui répond :
— Je suis le seul au sein du comité à aimer le whiskey et les jolies pépées. Nous aussi avons besoin d’être représentés.En réalité, le président l’avait nommé car il a besoin d’un élu en mesure de défendre John Murtha, uns de ses amis récemment compromis dans un vilain scandale. En échange de ce service, il a nommé Charlie Wilson au conseil d’administration du Centre Kennedy pour les beaux-arts. C’est un appât auquel un élu célibataire, toujours sans le sou, ne peut pas résister. Il serait en mesure de rencontrer plein de stars d’Hollywood, d’inviter quelques jolies femmes à des soirées de gala sans débourser un centime, les installant pour assister à des spectacles dans une loge jouxtant celle du président. De quoi faire tomber dans ses bras les pécores provinciales qu’il essaye de séduire.
Dès son arrivée au comité d’éthique, Charlie se dépense sans compter pour défendre le protégé du président du Congrès. Non seulement il marque des points devant la presse mais il déstabilise l’accusation en n’offrant pas au procureur le moindre moyen de pression. Comment influencer un député qui se vante partout de courir les filles et de se saouler la gueule ? Au bout de quelques mois de guéguerre entre le comité d’éthique et les procureurs, avec pour arbitres les journalistes qui comptent les points, le député incriminé est blanchi à la grande joie du président du Congrès.
Cette intervention aura des conséquences importantes car John Murtha deviendra plus tard président de la sous-commission de défense du Congrès. Quand la CIA se plaint de l’activisme de Charlie Wilson sur le théâtre d’opérations afghan, Murtha fera la sourde oreille, expliquant à des barbouzes stupéfaits que pour tout ce qui touche l’Afghanistan :
— C’est Charlie qui a le dernier mot.
Charlie s’en va-t-en guerre
Fermement encouragé par Joan, Charlie se rend en octobre 1982 au Pakistan pour rencontrer le président Zia. Par un curieux pressentiment, Charlie Wilson a été le seul député américain à exiger à la tribune du Congrès en 1973 la libération des prisonniers pakistanais détenus en Inde. Lorsque les captifs recouvrent la liberté, une délégation d’épouses vient à Washington remercier officiellement le député pour son aide.
La rencontre avec le président a été bien préparée par la belle texane. Il ne faut pas que le style peu orthodoxe de Charlie Wilson repousse le fondamentaliste musulman qu’est le président Zia.
Les deux hommes, pourtant si différents, se comprennent au premier regard. Après avoir longuement étudié la situation stratégique en Afghanistan ils concluent que l’objectif prioritaire doit être de mettre fin à la suprématie des Soviétiques dans le domaine des hélicoptères de combat.
— Comment puis-je avoir confiance, s’interroge le président, les Américains m’ont déjà fait tant et tant de promesses qu’ils n‘ont pas tenues ?Doubler l’aide, d’accord. Mais pour quoi faire ? Charlie Wilson est dans le noir le plus complet sur le rôle de la CIA en Afghanistan. Après sa rencontre avec le président Zia, un entretien avec Howard Hart le patron de l’antenne locale de l’agence ne le renseigne pas davantage. L’homme de l’ombre n’apprécie guère ce Texan impulsif qui veut tout bouleverser et qui n’a qu’une idée en tête : faire en sorte que les Afghans puissent abattre les hélicos soviétiques. Il ne sait pas encore que Charlie a l’oreille de Zia et que, par Joanne interposée, il a même l’accès à ses deux oreilles.
— Dans la mesure où vous ne faites pas sauter une bombe atomique ou pendez un autre Bhutto, je peux doubler ou tripler l’aide américaine sans trop faire de vagues, répond le député.
Charlie Wilson revient du Moyen Orient avec une idée bien arrêtée : soit la CIA soit ne comprend rien aux nécessités militaires des Afghans, soit elle traîne des pieds. Pour en avoir le cœur net, il convoque à son bureau le responsable régional de l’Agence, Charles Cogan. Mais le barbouzard en chef n’a qu’une idée en tête : lâcher le moins de renseignements possible. Il tente de laisser l’élu dans le noir. Manque de chance pour lui, Charlie Wilson se rend parfaitement compte du tour qu’on tente de lui jouer. De toute évidence, la CIA ne partage pas la flamme sacrée de Charlie Wilson pour les Afghans. Pour l’Agence, il ne s’agit que d’un front plus pour se colleter avec les Soviétiques. Pour le député la conclusion est simple : il va falloir qu’il se débrouille tout seul.
La rebuffade de la CIA ne décourage pas Charlie Wilson. Il s’attelle en solo à une tâche en apparence impossible, réconcilier Israéliens et Egyptiens sur le dos des Soviétiques. En mars 1983, il débarque au Caire avec dans ses bagages quelques marchands d’armes israéliens et une ses plus ardentes supportrices texanes, Carol Shannon, une passionnée de danse du ventre. Il a dans la tête, non seulement de séduire les Égyptiens grâce aux généreux subsides qu’il vient de faire adopter par le Congrès, mais de mettre un peu de sel dans leur existence.
Grâce aux hanches ondulantes de la Texane, à ses subsides et à son entregent, Charlie obtient que les Égyptiens lui ouvrent leurs réserves de matériel de guerre soviétique, une mine inépuisable d’armes pour les Afghans. Dans la foulée, il convainc les Israéliens de se mettre à étudier une arme en mesure d’abattre ces satanés hélicos communistes.
Un agent disparaît… et renaît
Après son algarade avec le patron des opérations, Gust Avrakotos sent le fagot et, à tout moment, risque d’être jeté dehors comme un malpropre. Pour éviter ce sort, il accomplit un exploit unique en son genre : disparaître au sein même de Langley durant sept mois. Il réussit cet exploit grâce au réseau d’amis qu’il a su créer au sein des petites mains de l’Agence, notamment parmi les Noirs. Tous les jours il reçoit une foule de renseignements : « n’allez pas au septième étage aujourd’hui. Votre patron risque de s’y trouver » ou bien « Ne fréquentez pas la cafétéria demain ». Une secrétaire anonyme réussit à l’inscrire sur la liste des usagers du parking des VIP car il est desservi par un ascenseur où il ne risque pas de mauvaises rencontres. Mais Gust ne peut rester indéfiniment sans rien faire. Un comptable risquerait de constater qu’il n’est affecté sur aucun budget et arrêterait de lui verser son salaire. Un jour la chance lui sourit à nouveau. Un ancien collègue, découvrant qu’il est sans affectation, lui propose de se joindre à lui :
— Pourquoi ne viendrais-tu pas avec nous ? On tue des Russes.
Gust est comme un poisson dans l’eau au sein de la cellule Afghane de Langley où sa situation finit par être régularisée. Son éducation de gosse des rues se révèle très utile. Contrairement aux fils à papa qui peuplent les hautes sphères de l’Agence, il adore marchander. Grâce à ce talent, inné chez tout Grec, il réussit à accroître considérablement l’efficacité des dollars attribués à la lutte contre l’Armée rouge. Le coût d’achat d’une cartouche passe en quelques mois de 18 cents à 7 cents.
Dans sa recherche d’armements soviétiques, Gust reçoit un jour une information étrange. Un général polonais est prêt à vendre des missiles SA-7. Certes, le Polack veut être payé en dollars mais, plus important encore, il souhaite que l’Agence commande une belle dalle pour la tombe de son grand père, mort dans la misère au Canada. Dans un premier temps, les analystes de la CIA se demandent quel piège cache cette requête inattendue. Gust Avrakotos, fils d’un immigrant, comprend que le général est parfaitement sincère et s’occupe lui-même de commander la pierre, de la faire installer et de prendre les photos prouvant au général que son vœu a été exaucé.
Gust s’est vite retrouvé confronté à un ennemi d’autant plus redoutable qu’il hante les couloirs de Langley : les avocats de l’Agence. Dans la crainte d’être un jour accusés d’avoir enfreint les lois restreignant les activités de la CIA, les bureaucrates de l’Agence ont institué un examen préventif des moindres directives et initiatives prises sur le terrain. Par exemple, il est interdit d’envoyer des fusils de tireur d’élite, car cette arme pouvait servir à des « assassinats », strictement prohibés. Quand il est question de diffuser des fausses nouvelles dans la presse européenne, un avocat tente de s’y opposer au motif que ces informations pourraient être reprises par la presse américaine et ainsi tomber sous le coup de la loi qui interdit à la CIA d’intervenir sur le sol des États-Unis.
Gust en a vu d’autres et sort de sa manche Larry Penn, « un Juif de New York, un avocat avec des couilles », qui a une sorte de génie pour déjouer les pièges les plus tordus des juristes et pour contourner les règlements à son avantage. C’est ainsi que les fusils pour tireurs d’élite deviennent « systèmes de vision nocturne à grande distance avec mire télescopique » et le tour est joué.
Allah o akbar
Charlie Wilson ne reste pas les pieds dans le même sabot. Au fur et à mesure qu’il réussit à transvaser des fonds vers l’achat d’armes pour les Afghans, il devient plus difficile de le faire sans complicités. Il met au point avec Joanne une opération pour se mettre dans la poche Doc Long, le président de la Commission des finances, l’homme qui tient les cordons de la bourse de l’aide extérieure des États-Unis, un beau paquet de milliards. Il réussit à le convaincre de se rendre à Peshawar visiter les réfugiés et rencontrer le président Zia dans son palais.
Parmi les Afghans entassés dans les camps, l’honorable représentant est confronté à des visions d’horreur et de douleur qui le bouleversent. Invité à prendre la parole devant une assemblée de vieux Afghans aux longues barbes blanches, le président de la commission se prend au jeu et finit par pousser des grandes acclamations avec ses hôtes :
— Allah o Akbar !Chauffé à blanc, il sera conquis par le charme du président pakistanais. De retour aux États-Unis, la cause afghane comptait un soldat de plus. Mettant ses promesses en application, Doc Long convoque un des directeurs de la CIA à son bureau. Le barbouzard, sachant à quel point le président du comité est colérique, est prêt à passer par ses quatre volontés. Mais il tombe des nues quand le député lui tend une pile de brochures publicitaires des grands marchands d’armes en lui disant :
— Achetez-moi ces missiles et envoyez-les en Afghanistan !L’argent n’est pas tout. Il faut négocier le soutien d’autres élus afin de ne pas faire de vagues. Pour ce faire, tous les moyens sont bons, financer des projets farfelus, passer l’éponge sur des peccadilles, trouver un boulot pour la maîtresse, l’épouse ou encore le petit-ami, bref, l’appui aux Afghans, direct ou indirect, finit par coûter une fortune.
Plus important, Doc Long laisse la bride sur le cou à Charlie Wilson :
— Faites ce que vous voulez pour dégoter ces armes pour que les Moudjahiddines abattent ces foutus hélicos !
Parfois, un grain de sable bloque la mécanique. Ainsi, un beau jour Doc Long fait irruption dans le bureau de Charlie Wilson une coupure de journal à la main. Au grand mécontentement du président, il est expliqué qu’une jeune orpheline pakistanaise, aveugle, a été jetée en prison pour fornication car elle a été violée sans la présence des quatre témoins mâles en mesure de prouver son infortune.
Le président de la commission des Finances ne cache pas sa colère :
— Je veux que Zia sache qui tient les cordons de la bourse. Pas un cent n’ira au Pakistan tant que cette malheureuse n’est pas tirée d’affaire.Après une nuit d’intenses tractations diplomatiques, l’ambassadeur du Pakistan se présente les traits tirés dans le bureau de Doc Long pour l’informer que le président a gracié la jeune fille et qu’elle allait être prise en charge pour le restant de ses jours. Ouf ! Doc Long l’avait emporté et le robinet des dollars pour le Pakistan est à nouveau grand ouvert.

Gust et Charlie font connaissance
Les responsables de la CIA, fatigués d’être pris pour des couilles molles par Charlie Wilson et sa bande de potes, décident d’envoyer au Congrès Charles Cogan, un des directeurs, accompagné par quelques hommes du terrain. Gust Avrakotos est du nombre :
— On voulait prouver à Wilson qu’on n’est pas des fiottes, mais des mecs durs.Sans ouvrir la bouche, Gust assiste en connaisseur à la passe d’armes entre son chef et Wilson.
— J’ai apprécié les gonzesses de son secrétariat, la décoration du bureau et le fait que c’est le seul parlementaire que j’aie jamais rencontré à dire « putain » au cours des premières trente-cinq secondes de conversation.Charles Cogan est mis à mal par le flot de questions de Charlie Wilson :
— Qu’avez-vous trouvé pour abattre ces foutus Hind ? Qu’en est-il des projets d’armes que concoctent les Israéliens ?Fatigué de s’en prendre à Cogan, Wilson dirige ses questions à Gust dont l’apparence de paysan du Pélopponèse, fringué à la va comme je te pousse et aux lunettes teintées de Prisunic ne lui disait rien que vaille. Charlie expliquera plus tard son attitude :
— J’ai cru que Gust était un gros nullard que Cogan avait amené avec lui pour qu’il en prenne plein la gueule à sa place.Contre toute attente, Gust Avrakotos parvient à calmer la colère de Wilson en s’engageant à étudier toutes les propositions de systèmes d’armes faites par le député. Ce n’est pas une mince tâche que de trouver une arme capable d’abattre les hélicoptères Hind. Contrairement aux affirmations de la CIA, les mitrailleuses lourdes Dhsk ne pouvent qu’égratigner les lourdes forteresses volantes soviétiques. Il faut trouver plus puissant. Une des pistes prometteuses est le canon Oerlikon de 20 mm, mais chaque obus coûte l’équivalent d’une Rolex, trop cher, même pour la CIA.
Charlie est réélu
Alors que Gust se démène dans sa recherche d’armes miracle, Charlie fait face en 1984 à une dure bataille électorale. Ses frasques à répétition ont fini par mettre son siège en danger. Heureusement pour lui, son rôle au cœur de l’aventure afghane et son ferme soutien à Israël le placent aux sources des principales sources de financement de la vie américaine : le lobby des armements et le lobby juif. Sur les 600 000 dollars recueillis, à peine 20 000 proviennent de la circonscription, un tout petit 3,5 %. Voilà pourquoi cet obscur parlementaire d’un coin perdu du Texas se retrouve à la deuxième place pour le trésor de guerre électoral. Cette puissance financière lui permet d’écraser ses compétiteurs et de revenir triomphant (et reconnaissant) au Congrès.
Une fois Charlie Wilson réélu et Gust Avrakotos en charge du programme afghan de la CIA l’agent approche le parlementaire pour lui demander 40 millions de dollars supplémentaires. Charlie lui répond :
— Je te donne 50 millions.Ce jour-là, Gust est forcé de reconnaître qu’il a trouvé à qui parler.
Pour circonvenir les pontes de l’Agence trop prudents à leur goût et les forcer à accepter cette montée en puissance de l’aide aux Afghans, les deux hommes mettent au point un astucieux programme d’action. Le député appelle le patron de la CIA Casey pour lui dire qu’il a décidé de donner 50 millions pour le programme afghan :
— L’agence peut-elle employer ces cinquante millions ? À toutes fins, utiles, j’ai consulté Gust Avrakotos qui m’a dit qu’il les utilisera à bon escient.Cet appel ne laisse pas d’alternative à Casey que de donner son feu vert à Avrakotos.
Une fois les huiles de la CIA contraintes à jouer le jeu de nos deux va-t-en-guerre, Charlie fait la tournée des parlementaires du comité pour obtenir leur soutien. Aux durs, il leur dit :
— Il est grand temps de baiser les Russes !Aux mous, il leur assure :
— En votant pour mon budget, vous aller prouver que vous n’êtes pas des poules mouillées en dépit de votre opposition au budget de la CIA au Nicaragua.Les députés ignorent que pour chaque dollar qu’ils versent à la CIA pour venir en aide aux Afghans, le gouvernement saoudien ajoute un autre dollar. Grâce à ce subtil arrangement, Gust Avrakotos se retrouve finalement avec 100 millions de dollars à dépenser. Cette fortune, conjuguée à un réel talent de marchands de tapis oriental, lui permettait de réaliser des miracles :Dans les couloirs du Congrès, Charlie se dépense sans compter avec l'aide de Joanne pour convaincre les représentants réticents.
— Un AK-47 coûte au marché noir 299 dollars. Une fois que j’ai convaincu les Égyptiens de mettre en route une fabrication en série, le prix est tombé à 139 dollars. Quand les Chinois s’y sont mis à leur tour, le prix est descendu à 100 dollars. Avec les mines, c’est pareil. Nous sommes passés de 500 dollars-pièce à 75 !
Mohammed le conquérant
Les grandes oreilles de la NSA apportent aux soldats de l’ombre un fort utile réconfort psychologique. Un de ces vieux émigrés russes qui se relaient jour et nuit pour écouter les transmissions soviétiques en Afghanistan est tombé sur les échanges entre des officiers soviétiques incapables de venir à bout d’un simple Afghan qui, armé d’une mitrailleuse lourde, judicieusement située en haut d’une montagne, a été capable d’abattre deux hélicoptères et de tuer une vingtaine de soldats d’élite, les redoutables Spetsnaz. Un peu plus de 6 000 dollars de matériels investis par la CIA ont coûté aux communistes vingt millions de dollars de matériel, sans compter la vie de quelques-uns de leurs plus précieux soldats. Intitulée « Mohammed le conquérant », cette bande sonore, judicieusement remastérisée pour en accroître l’impact psychologique, est offerte par Avrakotos à son patron Casey qui la passe en boucle dans sa limousine.
Gust gère l’ensemble de son programme afghan d’un milliard de dollars avec seulement une douzaine de personnes, les « douze salopards », nombre modeste qui contraste fortement avec la centaine employée au programme de soutien aux contras du Nicaragua doté d’un budget d’une dizaine de millions de dollars.
Non seulement Gust Avrakotos a une équipe réduite, mais il a recruté ceux dont personne d’autre ne voulait. Outre, Larry Penn, son « Juif de New York » destiné à contrer les juristes de l’Agence, Gust a fait appel à Dwayne, un analyste handicapé au physique ingrat :
— Il traînait un reste de polio de son enfance. Il pouvait à peine marcher et il prenait dix minutes pour pisser. Mais il connaissait l’Union soviétique sur les bouts des doigts. Je pouvais lui dire en arrivant au bureau : « Aujourd’hui tu m’écris trois mémos. Le premier pour le Pentagone, le deuxième pour répondre à cette connerie publiée par la presse et le troisième pour enfoncer le nez des analystes de l’Agence dans leur propre merde. »Les autres agents sont aussi des champions dans leur domaine. Le gars des finances peut ouvrir un compte numéroté en suisse en douze heures, quand la CIA tarde normalement deux semaines ; le logisticien est capable de rassembler sept avions cargos en 48 heures n’importe où dans le monde ; le propagandiste est un génie dans la rédaction de tracts incitant les Russes à se rendre.
Mais recruter le bon spécialiste n’est pas toujours chose facile. Gust ne parvient pas à trouver des spécialistes militaires qui ne soient pas des colonels recyclés dans l’espionnage qui ne savent qu’une seule chose : appliquer le règlement à la lettre. Après en avoir renvoyé un bon nombre, il finit par interroger son service de renseignements maison : les secrétaires de direction. Elles lui indiquent toutes le même homme : Mike Vickers. Certes, il ne paye pas de mine et il est tout en bas de l’échelle hiérarchique. En revanche, c’est un ancien Béret vert et ses collègues le détestent car il couche avec la plus jolie fille de la division. Ces deux arguments suffisent à Gust pour le recruter, même s’il doit pour cela forcer une fois de plus sa direction qui a dû mal à admettre qu’un chef de service en prenne à son aise avec l’ordre hiérarchique.
Une fois à l’ouvrage, Vickers se révèle un véritable dieu de la guerre. Il entreprend de détailler à son nouveau patron la formule magique pour transformer les moudjahiddines en soldats : des armes adaptées, un entraînement efficace et, surtout, une logistique performante. Ses explications sont claires comme de l’eau de roche :
— Prenons un fusil d’assaut AK-47. Il peut facilement tirer deux cents cartouches en une seule escarmouche. Pour dix combats en un mois, il consomme deux mille cartouches. Or, dans une année, un moudjahidin se bat trois à quatre mois. Soit, un combattant a besoin d’au moins sept mille cartouches. En d’autres termes, un fusil acheté 165 dollars consomme environ mille dollars par an de munitions.Sur sa lancée, Vickers poursuit :
Pour Gust, ces explications lumineuses ont des conséquences budgétaires importantes. S’il fallait que chacune des 400 000 armes distribuées par la CIA aux Afghans soit efficace, il faudrait débourser, rien que pour les cartouches, près de 400 millions de dollars par an !
— Pour permettre aux Afghans de se battre toute l’année, il n’est pas nécessaire de leur livrer toujours plus d’armes et de munitions. Il vaut mieux envoyer de la nourriture pour leurs familles et des médicaments pour les soigner et des vêtements pour passer l’hiver. Enfin, il ne s’agit pas de leur livrer que des fusils d’assaut, il faut leur envoyer des armes différentes et complémentaires. Par exemple, des fusées sol-sol type orgues de Staline car leur impact psychologique est bien plus grand que leur efficacité militaire.
Les mules et le repos du guerrier
Pour accélérer le transport des armes et des munitions vers les théâtres d’opérations, la CIA achète dans le monde entier des mules qui se rassemblent par milliers à Peshawar. Très vite, la rumeur enfle Langley qu’elles servent aussi au repos du guerrier. Intrigué, Gust demande à ses hommes sur le terrain d’enquêter. Les rapports confirment que les Afghans baisent les mules avec entrain quand ils ne peuvent pas mettre la main sur quelque prisonnier russe encore en état de les assouvir.
L’ordre de Malte à la rescousse
Vaughn Forest, un obscur bureaucrate de Washington, ancien flic de Floride et soldat des Forces spéciales au Viêt-nam, consacrait ses vacances à venir en aide à des réfugiés en Amérique centrale. Ce travail désintéressé attira l’attention d’ordre de Malte qui l’invita à rejoindre ses rangs. Une fois chevalier, il changea d’horizon et mit à profit ses vacances pour s’aventurer en Afghanistan, pourtant territoire interdit aux fonctionnaires américains. Fort de son expérience militaire, il observa avec soin la guerre que menaient les moudjahiddines et rédigea de sa propre initiative un plan pour améliorer leurs performances.
Sur le chemin du retour, il s’arrête à Rome pour visiter le siège de son ordre et il a une longue conversation avec un haut responsable d’où il ressort avec le numéro de téléphone d’un autre chevalier qui, a Washington, pourrait être intéressé par son histoire.
C’est sans hésitation que Vaughn Forest prend contact avec ce frère qui n’est autre que William Casey. Le grand patron de la CIA le reçoit, l’écoute avec attention et le met entre les mains de Gust Avrakotos. De fil en aiguille, le jeune chevalier de Malte arrive dans le bureau de Charlie Wilson où il raconte au député qu’il a déniché un groupe de fêlés au sein de la Tactical Land Warfare Division qui grouillent d’idées toutes aussi bizarres les unes que les autres pour tuer des Russes.
— De quoi ont besoin vos petits génies de la mort subite pour se mettre au boulot ? demande Charlie Wilson.Or Charlie veut gérer ce programme d’armes secrètes en direct, sans que des bureaucrates viennent fourer leur nez dans ses affaires. Grâce à son appui sans faille aux programmes militaires de Reagan, il obtient le soutien de Caspar Weinberger, le secrétaire d’État à la Défense. Ensuite, c’est un jeu d’enfant de dissimuler les dix millions de dollars dans une ligne budgétaire que le plus perspicace des audits serait incapable de dénicher.
— D’un bout de budget, répond Vaughn Forest.
Pour la première fois, les Géo Trouvetou du Pentagone ont la bride sur le cou pour développer tout ce qui leur passe par la tête. Par exemple, à une époque où l’usage du GPS est réservé à un très petit nombre d’applications, les Afghans sont en mesure de faire appel à des satellites américains pour tirer au mortier sur des cibles localisées à quelques centimètres près. Pas mal pour des hommes qui ignorent tout de l’usage de l’électricité et du tout à l’égout. C’est une énorme surprise pour les Soviétiques quand ils découvrent que les moudjahiddines sont capables de raser un avant-poste des Spetsnaz avec une volée bien ajustée d’obus de mortier.
Désormais, ils ne sont plus à l’abri nulle part.
Une autre des productions des givrés du Pentagone est particulièrement astucieuse. Pour frapper des cibles particulièrement protégées, ils imaginèrent une bombe transportée par un drone guidé par une patite caméra de télévision. Bien à l’abri, le moudjahidin pilote son avion à l’aide d’un écran de télévision et de simples manettes. Avec quelques minutes d’entraînement, il est capable de faire entrer le drone par la meurtrière d’un blockhaus ou par la fenêtre du bureau d’un responsable du KGB.
Progressivement, les efforts de la CIA se font sentir sur le terrain. A l’automne 1985, Vickers arrive triomphant avec des photos satellites en main
— ça marche !
Le résultat d'une embuscade afghane.
Il montre du doigt à Gust Avrakotos les carcasses fumantes de 75 blindés soviétiques détruits lors d’une embuscade monstre sur 70 km entre Kabul et Gardez. Or les Américains ne sont pour rien dans cette opération.
— C’est le résultat des armes et de l’entraînement que nous avons fourni aux Afghans. Ils savent désormais se battre tout seuls. Quelle branlée ils ont foutue aux Russes !Sur le champ de bataille de Washington, Charlie Wilson ne restait pas inactif. Fin décembre 1985, Gust recevait un appel du député :
— Gust, ça t’intéresse 300 millions de plus ?En réalité, Charlie a déniché dans le budget du Pentagone une ligne de 300 millions réservée pour un programme que les militaires ont abandonné. Or si cet argent n’est pas dépensé au plus tard le 31 septembre 1985, dernier jour de l’année fiscale, il retourne au Trésor public.
— Pour sûr, j’ai de quoi les employer.
— Si on se démerde bien avant le 31 septembre, ils sont à nous.
Dans un premier temps, les comptables du Pentagone ne veulent pas lâcher leurs millions. Mais quand le député les menace de réduire de plusieurs milliards le budget de l’année suivante, ils deviennent subitement plus coopératifs. L’argent change de compte et Gust s’empresse de signer des bons de commande pour dépenser cette manne jusqu’au dernier sou. Quand sonnent les premiers coups annonçant la nouvelle année budgétaire il ne reste plus un cent des trois cents millions dénichés par Charlie.
Ce n’est facile qu’en apparence. Pendant que les fêlés du Pentagone bricolent leurs engins de mort, que Gust se démène pour acheter des armes dans le monde entier et pour les acheminer à la frontière afghane, quand les Afghans se faisaient trouer la peau, Charlie Wilson est en première ligne au Congrès pour faire en sorte que ses collègues acceptent ce qui n’est à leurs yeux que « la petite guerre de Charlie ». Le Texan passe des heures à s’entretenir avec l’un et avec l’autre, leur racontant comment le Congrès des États-Unis à lui tout seul fout une raclée aux Soviétiques. Il mime les batailles entre les moudjahiddines et les Spetsnaz, imite la voix d’officiers communistes terrorisés, donne des Allah o Akbar dans les couloirs du parlement… Tout est bon pour que ses collègues acceptent de le soutenir. Et ça marche !
Tout le monde s’en mêle
La brutale augmentation du budget de la guerre secrète conduit la CIA à en rendre compte au président dans le cas où les Soviétiques réagiraient de manière brutale. Ce rapport a pour conséquence de mettre toute la Maison blanche au courant et, à l’étonnement de la CIA, les pontes du gouvernement Reagan se découvrent d’ardents soutiens des moudjahiddines. Ce sont ces nouveaux venus qui obtiennent ce que Joanne, Gust et Charlie n’ont jamais réussi à obtenir : que des missiles Stinger soient envoyés en Afghanistan. Il a suffi qu’un conseiller explique au président qu’avec un budget de près d’un milliard de dollars, il est difficile de faire croire aux Soviétiques que les États-Unis n’y sont pour rien. Alors, une arme américaine sur le théâtre d’opérations afghan ne changerait probablement rien au tableau.
Le 26 septembre 1986 à 15 heures, un combattant afghan accompagné par un homme des services secrets pakistanais s’approche du terrain d’aviation de Jalalabad, base des redoutables hélicoptères de combat Hind qui terrorisent les Afghans depuis le début de la guerre. Les moudjahiddines n’ont qu’une chose à faire : attendre qu’une voilure tournante décolle, pointer le missile vers elle, verrouiller le système de visée à infrarouges et actionner le dispositif de mise à feu.
Or ce n’est pas un hélico qui décolle, mais trois. Quand le premier missile abat une des machines, les autres se tournent vers ces deux hommes seuls qui les narguent. Avec leurs fusées, leurs mitrailleuses et leurs missiles, les Russes sont certains de les balayer en moins d’une minute. Mais c’est plus de temps qu’il n’en faut pour tirer deux missiles qui abattent à leur tour les deux machines survivantes. Ce n’est pas une victoire, mais un triomphe pour les Afghans.
La mise en œuvre massive des Stinger en Afghanistan et l’agressivité croissante des moudjahiddines rendent la guerre de plus en plus coûteuse pour les Soviétiques qui n’ont plus d’autre recours que d’évacuer le pays ce qu’ils achèvent de faire en février 1989.
Quand la nouvelle arrive à Langley, le grand stratège de la guerre en Afghanistan, Vickers, n’est plus là pour le savourer. Il a été la victime des guerres bureaucratiques ravageant l’Agence. La victoire en Afghanistan signifie aussi à court terme le départ pour Gust. D’autres que lui vont venir recueillir les lauriers de la victoire. Seul Charlie restera en place le temps de se faire photographier à cheval en Afghanistan avec des moudjahiddines en armes.
A la fin de l’année 2007, Charlie a le plaisir d’assister à la première du film qui le met à l’honneur en compagnie de Joanne. En voyant sa vie à l’écran, il revit cette étonnante aventure humaine où un garçon d’un trou perdu du Texas, acoquiné à un une petite frappe de Pennsylvanie, tous deux sous la houlette d’une nymphomane richissime ont changé le cours de l’histoire.

Et aujourd'hui, que se passe-t-il en Afghanistan ?

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