Dans le Figaro, Isabelle Brisson fait le point sur l'article publié par l'équipe d'Atapuerca dans le magazine scientifique Nature.
Une mandibule datant de 1,1 à 1,2 million d'années a été exhumée cet été dans la Sima del Elefante (la «grotte de l'éléphant») qui se trouve dans le massif d'Atapuerca près de Burgos, en Espagne. Elle pourrait appartenir à l'espèce Homo antecessor, selon une récente étude menée par Eudald Carbonell et ses collègues (1). Ce qui en fait le plus ancien fossile humain mis au jour en Europe. Jusqu'à présent, les scientifiques ne disposaient comme trace de vie humaine sur le Vieux Continent à cette époque que des outils et de la faune.
Le massif d'Atapuerca est constitué d'un ensemble de grottes, dont seules trois ont livré des hommes fossiles au cours des dernières années. Non loin de la grotte de l'éléphant, une autre excavation nommée Gran Dolina, a révélé 86 fragments osseux, dont certains appartiennent à un enfant d'une dizaine d'années, mais ces ossements remontent seulement à 780 000 ans. Dans le troisième ensemble fouillé qui s'appelle Sima de los Huesos ou la «grotte des os», les restes sont plus récents (300 000 ans). Rappelons par ailleurs que plusieurs spécimens mis au jour en Géorgie et appartenant à Homo erectus ou à Homo georgicus avec son 1,7 million d'années sont parfois considérés comme les plus anciens Européens, mais le gisement se situe aux portes de l'Europe, carrefour entre l'Afrique et l'Asie.
L'origine de l'homme moderne
Dans leur étude publiée dans Nature, les auteurs ont utilisé le paléomagnétisme pour déterminer que ce nouveau fossile découvert cet été était plus vieux que 780 000 ans, ils ont étudié la faune associée qui était également plus primitive et ont pratiqué des datations cosmogéniques, «ces dernières sont des méthodes expérimentales», indique Jean-Jacques Hublin, anthropologue à l'Institut Max-Planck de Leipzig qui considère que ces datations ne sont peut-être pas définitives. Par ailleurs, il estime que les auteurs disposent de peu d'éléments de comparaisons anatomiques. Enfin, pour lui, «l'homme est un animal tropical et en Europe sa présence est longtemps restée confinée au sud des Alpes. L'adaptation au froid est récente dans l'histoire de l'humanité».
Pour les auteurs de l'étude , ces restes humains d' Homo antecessor pourraient être à l'origine de l'homme de Neandertal et de l'homme moderne. «Nous savons qu'il y a eu plusieurs vagues de migrations, les plus anciennes venant d'Afrique , comme l'attestent les restes mis au jour à Dmanissi en Géorgie, il y a 1,7 d'années», commente Dominique Grimaud-Hervé, anthropologue au département de préhistoire du Muséum (MNHN), pour qui la découverte espagnole est très importante parce qu'elle recule de plusieurs centaines de milliers d'années l'arrivée des premiers Européens. Même si les restes d'Atapuerca n'ont pas encore résolu la question de leur origine. Il faudra sans doute attendre que de nouveaux fossiles confirment une nouvelle migration venant d'Afrique ou d'Eurasie.
Rappelons que l' Homo sapiens archaïque (Homo heidelbergensis) n'est présent en Europe qu'à 40 000 ans avec l'homme de est présent en Afrique dès 600 000 ans, il aurait évolué vers l'homme anatomiquement moderne (Homo sapiens) dont le plus ancien représentant serait daté de 160 000 ans. Une autre migration hors d'Afrique se produit et la présence de cet Homo sapiens est observée au Proche-Orient aux alentours de 100 000 ans dans les sites de Qafzeh et de Skhul, permettant le peuplement des autres parties du monde. L'Homo sapiens Cro-Magnon que l'on trouve en France.
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