Dans quelques jours, des élections législatives vont avoir lieu en Espagne. La presse internationale se penche sur la vie politique de la péninsule et publie des analyses qui, le plus souvent, ne donnent qu'une vision partiale et partielle du débat qui coupe l'Espagne en deux. Les journalistes soutiennent le plus souvent le gouvernement Zapatero et critiquent, pas toujours avec nuance, la droite espagnole et l'Eglise catholique.
Le quotidien Ouest-France, probablement l'un des plus politiquement corrects de France, a publié le 3 mars 2008 deux articles de Michel Faure, son correspondant multi-cartes, qui révèle bien les préjugés des journalistes de gauche au moment de rendre compte de ce qui se passe en Espagne.
Sans conteste, Michel Faure aime l'Espagne, ou l'idée qu'il s'en fait, et il habite à Mojacar, un petit village andalou. Photographe talentueux et auteur à ses heures, il vient de publier chez Perrin un ouvrage consacré à l'Espagne de Zapatero dont voici la présentation par l'éditeur :
L'Espagne a la modernité véloce. Pauvre et isolée avant-hier, elle a affiché hier une croissance insolente et fonce aujourd'hui avec la même précipitation vers un avenir incertain. Ce vieux pays monarchiste est peuplé de républicains qui vénèrent leur roi; sa démocratie juvénile en remontre à ses voisins fourbus, qu'il s'agisse de l'évolution des moeurs ou du jeu des contre-pouvoirs. Ajoutons-y une renaissance culturelle et on obtient une vue imprenable sur une idée du bonheur ibérique.
Le tableau est séduisant, mais il est aussi un trompe-l'oeil. L'Espagne n'a jamais soldé les comptes de son histoire franquiste et s'interroge sur sa nature même et sur son avenir. Est-elle une nation, ou une nation de nations? Faut-il parler d'Espagne, ou bien des Espagnes ? Basques et Catalans surtout, mais pas seulement, s'interrogent sur leur identité et certains songent à l'indépendance. Depuis le retour de la démocratie, la droite et la gauche mènent l'une contre l'autre une bataille permanente et acrimonieuse. Le consensus, manifestement, est un concept étranger à l'Espagne. Pendant ce temps, le terrorisme d'ETA reste une menace constante tandis que la spéculation immobilière et la corruption qu'elle induit détruisent les paysages et quelques réputations.
C'est donc à un voyage à la fois amoureux et critique, parfois désolé, dans l'Espagne des trente dernières années que l'auteur nous convie.
Michel Faure est journaliste. Depuis une vingtaine d'années, il observe avec attention l'Espagne et a écrit un grand nombre de reportages sur ce pays, notamment pour Libération, L'Express, Le Monde 2 et Ouest-France.
Pour Michel Faure, l'Espagne n'a pas « soldé les comptes de son histoire franquiste ». De toute évidence, le solde des comptes du Front populaire n'est pas à l'ordre du jour.
Comme le supplice du pal, Michel Faure commence bien son papier et rappelle en peu de mots le contexte de l'arrivée au pouvoir de Zapatero, trois jours après les attentats de mars 2004. Les choses se gâtent quand il tente de vanter les mérites d'une Espagne « plurielle ». Rappeler sans plus de précisions qu'il est le petit-fils d'un « soldat républicain tué par les franquistes durant la guerre civile » ne permet pas à ses lecteurs bretons de savoir que ce « soldat » était en réalité un officier et que ce « républicain » s'est surtout distingué au cours de sa carrière militaire par sa participation à la violente répression sous les ordres de Franco des ouvriers asturiens embringués en 1934 dans un coup d'Etat organisé par le Parti socialiste. Quand aux circonstances de sa mort, elles sont curieuses. Il a été arrêté en zone nationaliste où il s'était rendu dans les jours qui ont suivi le soulèvement militaire au lieu de répondre à la mobilisation républicaine.
Pacifiste, avance Michel Faure pour caractériser à Zapatero. C'est probable. Mais le journaliste aurait pu rappeler que les premiers contacts des socialistes avec l'ETA ont été pris avant l'arrivée au pouvoir, quand gouvernait le Parti populaire et quand le Parti socialiste disait appuyer la politique du gouvernement contre le terrorisme.
Castillan, partisan d'une Espagne « plurielle ». Pourquoi pas, mais ne rien dire de ses pactes avec les nationalistes les plus radicaux et son silence face à la situation des hispanophones en Catalogne frise la désinformation.
Le compte-rendu des relations difficiles entre l'Eglise catholique et le gouvernement socialiste espagnol est trop court pour une analyse nuancée des faits. Toutefois, le journaliste privilégie le point de vue officiel. Quand il accuse l'Eglise d'aviver le conflit en béatifiant 500 martyrs de la foi, il fait bon marché du fait que cette cérémonie était en préparation depuis des années. Le calendrier de l'Eglise n'est pas celui de la vie politique.
Le message du journaliste est clair comme de l'eau de roche. C'est très bien que le gouvernement par sa loi de Mémoire historique rappelle le souvenir des victimes du franquisme. Mais c'est très mal que l'Eglise en fasse de même avec ses martyrs. De toute évidence, certains morts pèsent plus que d'autres.
Alors, malignité ou ignorance ? Ni l'un ni l'autre. Parlons plutôt de conformisme et désinformation soft. Tout à fait dans la ligne habituelle d'OuestFrance.
3 commentaires:
Et quelle est donc la situation des catalanophones et des bascophones dans les communautés hispanophones ?
A titre d'anecdote, la présidente de la Communauté de Madrid, Esperanza Aguirre a annoncé son intention d'ouvrir un établissement scolaire catalan à Madrid. Cette initiative a été saluée par le gouvernement de Barcelone.
Ceci dit,il n'existe pas, à ma connaissance, de groupes importants de locuteurs de langues d'Espagne minoritaires en dehors des régions où elles sont parlées.
Enfin, lors des deux débats télévisés entre le candidat socialiste et celui du Parti populaire, Zapatero n'a pas répondu aux questions concernant la situation des hispanophones en Catalogne.
Le 7 mars dernier, Ouest-France a fait très fort :
Fusillade hier soir a Jérusalem: 9 morts
Un homme est entré jeudi soir à Jérusalem-ouest dans un institut d’études talmudiques et a ouvert le feu. Huit étudiants ont été tués et neuf blessés. L’auteur de l’attentat, un Palestinien de Jérusalem-est, a été tué dans l’établissement. Dans le même temps l’armée israélienne a tué au moins cinq Palestiniens dans la journée d’hier, qui s’ajoutent à la centaine de morts de ces derniers jours à Gaza où les organisations humanitaires lancent un cri d’alarme sur la situation de survie de la population palestinienne en raison du blocus militaire israélien. Le Président Mahmoud Abbas condamne “toutes attaques qui visent des civils, palestiniens ou israéliens”. Le Hamas salue “une attaque héroïque en réponse aux crimes d’Israël”
Cette mise en parallèle en dit beaucoup sur la moralité des journalistes de ce quotidien.
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