samedi 15 novembre 2008

Le Guernica de la gauche

Voici un bombardement qui n'intéresse personne.


Le toujours intéressant blog d'El Manifiesto vient de mettre en ligne l'étonnante affaire du bombardement de la ville andalouse de Cabra le 7 novembre 1938, voici soixante-dix ans.

En réalité, dans le contexte des guerres européennes du XXe siècle, il s'agit d'une petite affaire. Trois bombardiers Katiuska SB-2 de fabrication soviétique (ici, quelques photos de matériel livré aux républicains) lâchent une tonne et demie de bombes sur une paisible bourgade campagnarde à l'heure du marché. La malchance fait que ces projectiles tombent sur la foule et provoquent 101 morts et plus de 200 blessés.

L'objet de ce post d'El Manifiesto est de mettre en parallèle l'impact dans l'histoire du bombardement de Guernica et l'oubli total de celui de la ville andalouse alors que le bilan des morts est proche (126 morts contre 101), même si le tonnage déversé sur la cité basque fut considérablement plus élevé (30 tonnes contre 1,5 tonne).

Une des principales différences dans ces deux opérations fut leur exploitation médiatique. Nulle pour Cabra, elle fut en revanche considérable pour la ville basque.

Le cas de Guernica, renforcé par son symbolisme historique pour les Basques, a été transformé en outil de propagande par le gouvernement de Madrid contre ses adversaires. Dans le monde entier, l'Internationale communiste a pris le relais et s'est emparé de l'affaire pour son exploitation dans la guerre médiatique contre l'Allemagne hitlérienne. Un exemple de la réactivité communiste est révélé par le cas du tableau éponyme de Picasso qui fut redésigné du nom de la ville basque pour mieux coller aux besoins de l'agitprop.

L'appareil de propagande a diffusé des chiffres de pertes qui ne correspondent en rien à la réalité (1654 morts et 889 blessés). Pourtant ces chiffres font de la résistance. Dans sommes dans un monde paradoxal où il est tout aussi mal vu de réduire le nombre des victimes de Guernica que de ne pas le faire dans le cas de Dresde.

De nombreuses études espagnoles ont dégonflé la baudruche de la propagande mais il n'en demeure pas moins que Geurnica est pour toujours associé au bombardement dont elle fut la victime en 1937 alors que Cabra n'existe que comme note en bas de page des ouvrages spécialisés.

Pour en savoir plus sur Guernica, il existe un site local fort intéressant : Gernikazarra.











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