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samedi 21 mars 2009

Et le val d'Aran ?


L'ardente indépendantiste catalane Pilar Rahola se trouve sur un plateau de télévision confrontée à un adversaire contre lequelle elle reste sans voix puisqu'il lui retourne  les arguments classiques qu'elle utilise contre le pouvoir central : le droit des 9219 habitants du val d'Aran de décider de leur avenir sans que Barcelone le fasse à leur place.



dimanche 27 avril 2008

L'Espagne a-t-elle encore un avenir ?

Famille espagnole des Philippines.

L'historien espagnol Pio Moa a publié une courte analyse de l'origine des nationalismes basque et catalan qui mérite un détour par la qualité de sa synthèse. S'appuyant sur les recherches d'autres historiens connus, comme Jon Juaristi, il décortique la légende des nationalismes modernes pour mettre en lumière une réalité bien plus prosaïque.

Dans la majorité des cas, les nationalismes identitaires de l'Europe de l'Ouest, à ne pas confondre avec ceux de l'Europe centrale (comme celui des nations slaves intégrées dans l'empire Austro-hongrois), n'existaient pas, ou plus, au XIXe siècle car le sentiment d'indentité, d'appartenance, s'était dilué avec le passage du temps.

Les habitants de la Bretagne, de la Galice, de la Castille, du Pays Basque ou de la Catalogne se savaient bretons, galiciens, castillans, basques ou catalans mais, pour la plupart, leur sens de l'identité n'avait pas de traduction politique pratique.

C'est souvent un refus du libéralisme en politique, de l'idéologie égalitaire républicaine, et une volonté de défendre valeurs traditionnelles menacées qui vont réveiller le sens de l'altérité.

A l'appui de cette volonté de se préserver d'une évolution perçue comme néfaste, une poignée d'intellectuels va bâtir une alternative au modèle libéral dominant, en s'appuyant sur une reconstruction de l'histoire et une instrumentalisation de la langue.

Dans certains cas, les défis semblaient insurmontables. Il a fallu toute l'astuce d'hommes comme Sabino Arana pour construire à partir de rien l'histoire d'un Pays Basque qui n'a jamais existé comme entité indépendante. En revanche, les Basques avaient une langue et une base ethnique (le fameux sang RH-) qui servaient de puissants arguments pour susciter la xénophobie à l'égard des autres habitants de la péninsule, les Maketos.

Dans le cas des Bretons, l'histoire était plus généreuse à leur égard puisque l'Etat breton a existé et a mené la vie dure à la France avant de succomber en raison de la défaillance de l'allié impérial. Sans la faiblesse de Maximilien, roi des Romains, la Bretagne aurait préservé son indépendance, qui sait, peut-être jusqu'à nos jours.

Voilà pourquoi les historiens bretons n'ont pas eu besoin comme les Basques de falsifier l'histoire (en dehors de prétendre à l'existence de quelques rois surnuméraires quand l'histoire n'en reconnaît que deux).

L'absence de fondement historique ou linguistique n'interdit pas à une volonté autonomiste de se développer envers et contre tout. Lire la littérature des nationalistes basques du début du siècle où ils revendiquent l'Aquitaine jusqu'à la Garonne résulte risible. Ces historiens en mission confondaient à dessein Gascons et Vascons.

Que le sentiment national basque se fonde ainsi sur une illusion fabriquée par quelques carlistes reconvertis à la fin du XIXe siècle n'a pas empêché l'émergence d'un nationalisme d'autant plus rabique qu'il manque de fondements historiques.



L'écrivain Jean Mabire a montré l'importance des éveilleurs des peuples dans le destin des nations. Ici son enterrement le long des côtes du Cotentin.

Ce qui fait la force d'un nationalisme repose sur l'énergie de ceux qui veulent l'éveiller. Pour reprendre le titre d'un ouvrage de l'écrivain normand Jean Mabire, ce sont les éveilleurs de peuples qui créent les nations, non les arguments juridiques ou historiques qui dorment sur les rayonnages des bibliothèques.

La Savoie nous offre l'exemple de la renaissance, modeste pour le moment, d'un sentiment national grâce à l'intense activité d'une toute petite poignée d'hommes et de femmes. Parti de rien, le mouvement savoisien s'engouffre dans le mécontentement pour le canaliser au sein d'une revendication, identitaire et politique. Cerise sur le gâteau, les Savoisiens disposent d'un riche patrimoine historique à l'appui de leur démonstration.

Prenons le cas de la Franche-Comté. Aujourd'hui morne plaine, cette région a disparu de l'horizon de l'histoire européenne depuis qu'elle a perdu ses princes légitimes et son indépendance de fait. Il suffirait d'une seule personne pour transformer cette terre endormie en une vibrante cause nationale.

Olier Mordrel, un des jeunes étudiants qui a fait renaître le sentiment national en Bretagne après la Première Guerre mondiale.

En Bretagne, le sentiment national a été rendu à la vie par quelques étudiants au début des années 1920 et les tribulations consécutives à la Seconde Guerre mondiale n'ont réussi à l'éradiquer. Il suffit que les circonstances soient favorables pour qu'à nouveau il devienne un acteur décisif du destin de cette nation.

L'Espagne vérifie aussi le fait que c'est l'existence de personnalités remarquables qui permet la cristallisation d'un sentiments national. Au Pays Basque c'est Sabino Arana et en Catalogne, Prat de la Riba, qui ont rendu possible la naissance de ces phénomènes politiques inédits dans la péninsule. En revanche, l'absence de personnalité majeure en Galice explique que le nationalisme ne s'y soit développé que récemment.

A différence de la France où l'idéologie de la révolution française sert encore de ciment à la construction de l'Etat, l'Espagne n'offre qu'une institution monarchique largement dévaluée. Cette lacune explique en grande partie l'explosion des nationalismes périphériques.

Il est paradoxal que les mesures discriminatoires mises en place en Catalogne ou au Pays Basque pour décourager l'usage de l'espagnol soient avalisées par les grands partis nationaux. Il est interdit sous peine d'amende à un commerçant de Barcelone d'afficher une information en espagnol à ses clients. Dans les cours de récréation des écoles, les maîtres doivent intervenir pour interdire aux enfants de se parler en espagnol quand ils jouent à la marelle. En dehors des protestations véhémentes des locuteurs de la COPE et de quelques journalistes, personne ne semble s'en offusquer.

Ces mesures s'inscrivent dans une démarche identitaire que l'on peut comprendre. C'est l'absence de réaction des autres habitants de l'Espagne qui étonne. Cette indifférence comment s'explique-t-elle ?

Le modèle espagnol inventé par les libéraux au XIXe siècle et défendu par Franco est mort. Il faudrait qu'on le dise à cette madrilène.

Probablement parce que le modèle national espagnol est mort et que les Espagnols ne le savent pas encore. Attention, quand je parle de modèle national espagnol je fais référence à celui que les libéraux ont cherché à mettre en place sur le modèle français à partir de la sinistre Isabelle II, en détruisant les libertés locales (les Fueros) et les royaumes composant l'Espagne au profit des provinces, aussi désespérément dépourvues d'âme que les départements français.

Sur cette refondation libérale, centralisatrice et jacobine est née une Espagne nouvelle que je pourrais résumer en paraphrasant Lénine en « le libéralisme plus le télégraphe », arasant le passé au profit d'une construction étatique achevant le cycle des ambitieuses réformes des Bourbons.

Un esprit de droite traditionnel ne pouvait que détester cette Espagne synthétique qui sera adoptée avec enthousiasme tant par les militaires que par les partis totalitaires de droite comme de gauche.

Or ce modèle espagnol est aujourd'hui démonétisé, totalement surclassé par les modèles des nationalismes périphériques qui pourraient être perçus comme la revanche posthume des réactionnaires de la seconde moitié du XIXe siècle mais qui ne sont en réalité que des jacobinismes au petit pied, la pâle traduction localiste du nationalisme espagnol comme pouvait l'aimer le généralissime.

Or l'Espagne reste une grande chose. Non seulement une épopée commune extraordinaire, bien racontée par Javier Esparza dans son superbe livre la Gesta española, mais aussi une réalité humaine incontestable, celle d'un univers bicontinental uni par des liens qui vont au-delà de la
simple langue partagée.

Cette nouvelle Espagne reste à inventer car les nationalismes périphériques sont désormais un réalité inexpugnable, comme l'ont été en leur temps les indépendances américaines. Il faut qu'une nouvelle génération d'Espagnols se pense un projet commun à tous ceux qui, dans la péninsule, parlent l'Espagnol. C'est l'attractivité de ce modèle qui peut devenir le contrepoids indispensable aux nationalisme périphériques, de la même manière que l'attractivité économique de Madrid donne une leçon de modestie bien nécessaire aux Catalans et aux Basques.

Un univers bicontinental : cadets espagnols à Cuba en 19898.

Oui, le nationalisme espagnol comme Franco le comprenait, tout comme celui de ses adversaires de gauche, est mort. Mais l'Espagne est toujours vivante. Il suffit qu'à son tour elle trouve un éveilleur de peuples.

vendredi 14 mars 2008

Florilège républicain (espagnol)

Dans son livre El Terror Rojo, le journaliste J. Javier Esparza a publié quelques citations de marxistes espagnols qui résument en quels mots toute une époque.

Matar… matar, seguir matando hasta que el cansancio impida matar más… Después… Después construir el socialismo.

Tuer… Tuer… tuer encore jusqu'à ce que la fatigue nous empêche de tuer davantage. Ensuite… Ensuite construire le socialisme.

Enrique Castro Delgado,
comunista, creador del Quinto Regimiento

Enrique Castro : « Commence le massacre. Sans pitié.
La cinquième colonne doit être détruite. N'aie pas peur de te tromper.
Entre ta conscience et le parti, choisis le parti. »



Todo régimen muere por el suicidio en que remata y expía sus culpas. Húndense las monarquías por los reyes y sus cortesanos, como hacen perecer las repúblicas sus partidarios más fanáticos.

Tout régime s'achève par un suicide afin de payer le prix de ses pêchés. Disparaissent les monarchies par la faute des rois et des courtisans, comme font mourir les républiques leurs partisans les plus fanatiques.

Niceto Alcalá Zamora,
presidente de la II República (1931-1936)


Niceto Alcalá Zamora, président de la république espagnole (1931-1936).


El Gobierno republicano se hundió en septiembre del 36, agotado por los esfuerzos estériles de restablecer la unidad de dirección, descorazonado por la obra homicida —y suicida— que estaban cumpliendo, so capa de destruir al fascismo, los más desaforados enemigos de la República.

Le gouvernement républicain s'est effondré en septembre 1936, épuisé par des efforts stériles pour rétablir l'unité de commandement, découragé par l'œuvre homicide – et suicidaire –, qu'ils accomplissaient, sous prétexte de détruire le fascisme, les ennemis les plus déterminés de la République.

Manuel Azaña,
presidente del Gobierno (1931-1933 y 1936),
presidente de la II República (1936-1939)

Manuel Azaña, président de la république espagnole (1936-1939).


A Catalunya i a Espanya s’havia caigut en aquesta bestialitat.
Les vides humanes han estat imolades de la mateixa manera que, a la selva, son imolades les vides dels animals impotents […]. Afirmo amb plena responsabilitat que tots els sectors antifeixistes, començant per Estat Català i acabant pel POUM, passant per Esquerra Republicana i pel PSUC, han donat un contingent de lladres i assassins igual, almenys, al que han donat la CNT i la FAI.

La Catalogne et l'Espagne s'étaient vautrées dans la bestialité. Les vies humaines étaient immolées de la même manière que dans la jungle sont immolés les animaux sans défense. J'affirme que tous les secteurs de l'antifascisme, de l'Etat catalan au POUM, en passant par Esquerra Republicana et le Parti socialiste de Catalogne ont fourni une bande de voleurs et d'assassins qui n'avait rien à envier à celles de la CNT et de la FAI.

Joan Peiró,
anarquista, vicepresidente
del Comité Central de Milicias Antifascistas
de Cataluña (1936), ministro de Industria (1937).


Joan Peiró photographié avec son épouse.


Pour en savoir plus sur les premières années de ce responsable du Front populaire, lire cette hagiographie.

mercredi 6 février 2008

Toujours du côté du manche

Esther Tusquets, du franquisme au nationalisme catalan en passant par le gauchisme, un itinéraire à l'image de celui d'une bonne partie de la bourgeoisie catalane.


Habíamos ganado la guerra

Esther Tusquets

Bruguera, 288 p., Bruguera, ISBN. 9788402420534.

Esther Tusquets, durant quarante ans la grande dame de l'édition espagnole, vient de publier les souvenirs de ses années de jeunesse. Les lecteurs catalans d'aujourd'hui auront du mal à imaginer que ce scion de la meilleure bourgeoisie raconte sans état d'âme comme sa famille (et toute sa classe sociale) a vécu dans l'angoisse toute la guerre civile et n'avait commencé à revivre qu'après l'entrée des troupes franquistes dans une Barcelone abandonnées par ses défenseurs.
Le titre ne fait pas mystère de ce choix politique familial : « Nous avions gagné la guerre » et l'auteur raconte en détail non seulement son entrée dans la Phalange mais aussi ses conflits avec sa mère.
Esther Tusquets arrête ses souvenirs au tournant de ses vingt ans, soit 1956, afin de ne pas dévoiler des souvenirs plus embarrassants encore, par exemple comment la jeunesse dorée catalane s’est progressivement convertie au marxisme puis au nationalisme dans une démarche largement opportuniste.

Voici la présentation du livre par les agenciers d'Europa press

La escritora y editora barcelonesa Esther Tusquets rememora en el volumen de memorias 'Habíamos ganado la guerra' (Bruguera) su "ingenua" infancia y adolescencia en el seno de la burguesía franquista catalana.

El volumen, que no tiene voluntad de continuidad, repasa la vida de la escritora desde los 3 años, que eran los que tenía cuando las tropas franquistas entraron a Barcelona, hasta los 20, cuando llega a la madurez.

En rueda de prensa en Barcelona, Esther Tusquets (Barcelona, 1936) recordó hoy que "parte importante de la burguesía era franquista", aunque también había otra antifranquista, y aseguró que ha querido recordar su infancia para que se pudiera comparar a los que "cuentan cosas de los que habían perdido" en la guerra.

Tusquets remarcó que cuenta en su libro las cosas "tal como" las vivió, y así explica como sus padres "pasaron mal" la guerra recluidos con su familia en una casa de Pedralbes, la alegría por la victoria franquista, la vida en el Eixample de Barcelona, la relación con su madre y sus tías, sus estudios en el Colegio Alemán, su afiliación a Falange o su relación con el arte.

La editora de Lumen durante 40 años aseguró que no ha escrito estas memorias para "quedar en paz" consigo misma ni por "revanchismo", sino sólo porque quería mostrar la vida de los niños con familias que "habían ganado la guerra".

Uno de los aspectos que planea sobre el libro es la difícil relación de Esther Tusquets con su madre, que plantea "sin pudor". "Las relaciones entre madre e hija son las más difíciles" y "marcan muchísimo", añadió.

Esther Tusquets cree que "no gustaba" a su madre y que ésta le "tenía celos", pero que ahora la entiende "un poco más" y quizás en su momento fue "demasiado cruel" con ella. La escritora justificó la frialdad de su madre hacia ella en que fue una generación de mujeres "frustrada".

La escritora, que recordó su pesadilla hacia las clases de gimnasia --"no sé dar una voltereta"-- o de inglés, también se refirió a su tía Blanca, que "adoraba", y a su tía Sara, que le "producía fiebre" por su deseo de "ser desgraciada permanentemente".

En cuestiones políticas, Tusquets remarcó que era "ingenua y de buena fe" y que cuando se afilió a Falange lo hizo pensando "a pie juntillas que era de izquierdas".

Tusquets no mostró voluntad de continuar estas memorias porque "es difícil contar la verdad de cosas frecuentes" y podría "ofender" a determinadas personas y contar cosas que a sus hijos "no les gustarían". "Existe una censura personal para no ofender a la gente que te rodea", añadió. Sin embargo, lo que sí tiene en mente es una revisión y ampliación de sus 'Confesiones de una editora poca mentirosa'.