dimanche 4 janvier 2009

Le plus mauvais livre de 2008 ?


Histoire des services secrets britanniques

Gordon Thomas

Nouveau Monde, 620 p., 24 e, ISBN 978-2-84736-357-9.

La sortie de Quantum of Solace, le dernier James Bond, tombe à pic pour donner un coup de pouce à la vente de cet ouvrage dont la couverture évoque bien l’atmosphère des classiques films d’espions et dont le texte ambitionne être une histoire des services secrets britanniques.

Belle ambition. Mais l’auteur est-il le mieux à même de réussir son pari ? On peut s’interroger si ce polygraphe de soixante-quinze ans est en mesure de se colleter à une histoire aussi riche et complexe que celle des services secrets britanniques dont de nombreuses pages restent fermées à la curiosité des historiens.

Auteur tout terrain, Gordon Thomas publie son premier livre au début des années soixante : un guide pratique pour apprendre aux familles à s’en sortir seules en attendant le médecin. Ensuite, il s’intéresse tout autant la maladie du légionnaire, aux prélèvements d’organes qu’à la diplomatie pontificale, à l’esclavage moderne ou encore il se frotte à l’écriture de fiction. Bref, il a écrit de tout sur tout et visiblement cet éclectisme lui a plutôt bien réussi car il se vante d’avoir vendu quarante-cinq millions d’exemplaires pour une trentaine de titres différents (l’éditeur français en a compté une dizaine de plus), signés très souvent avec un coauteur. Ces chiffres me semblent gonflés à l’hélium ou encore au gaz des tourbières car notre homme réside en Irlande – un choix bien judicieux quand on connaît la fiscalité sur les droits d’auteurs dans la Verte Erin.

La lecture du volume que viennent de publier les éditions Nouveau Monde avant même une parution en anglais rappelle a contrario qu’aucun manuscrit n’est publié par une maison d’édition anglophone sans une importante préparation éditoriale, travail qui dans le cas de l’édition française brille par son absence.

Cela est bien normal. Un ouvrage en anglais est assuré de se vendre au moins à quatre fois plus d’exemplaires qu’une édition en français, sans compter les droits dérivés pour la télévision et le cinéma. Dans ces conditions, il est plus facile pour les éditeurs d’Outre-Manche d’investir davantage dans la discrète alchimie qui transforme une pierre brute (parfois très brute), le manuscrit, en pierre taillée, le livre achevé.

Pour l'édification de nos visiteurs, voici quelques notes prises à la volée, sans l'ambition de constituer une recension achevée.

Les éditeurs anglophones consacrent du temps à la lecture du manuscrit, crayon en main, pour repérer non seulement les lourdeurs de style, mais aussi et surtout les erreurs factuelles et les incohérences dans la construction de l’ouvrage. Il n’y a rien d’anormal. Le nez dans le guidon, l’auteur manque du recul nécessaire pour s’apercevoir des lacunes ou des doublons. L’éditeur doit le faire à sa place. Dans le cas qui nous occupe, le manuscrit semble avoir été envoyé directement de l’ordinateur du traducteur à celui du maquettiste, sans passer par la case maison d’édition. En ce qui concerne le correcteur, il s’est contenté du minimum syndical.

Les exemples sont légion. On va en citer quelques-uns des plus flagrants. À la première page de l’ouvrage, il est question de John McLeod, patron du MI-6 et puis, patatras, il disparaît pour laisser place à Scarlett. S’agit-il de l’héroïne d’Autant en emporte le temps ? Une espionne anglaise ? Et l’auteur a changé de récit sans avertir le lecteur ? Pas du tout. Gordon Thomas a omis de préciser que John McLeod s’appelle en réalité John Scarlett McLeod. Comprenne qui pourra.

Une traduction en dessous de tout

Grave inconvénient pour un ouvrage traduit de l’anglais, une langue bien maîtrisée par d’excellents traducteurs, l’adaptation en français est calamiteuse. L’US Corps of Engineers devient le corps des ingénieurs de l'Armée américaine au lieu, tout simplement, d'écrire le Génie américain. Son fondateur français, Louis Duportail a dû s'en retourner dans sa tombe.

Ailleurs il est question d'une expérience pratiquée par des Israéliens sur un prisonnier arabe (sans que l'auteur s'en émeuve, visiblement quand c'est un Arabe qui sert de cobaye dans une expérience de vivisection, Gordon Thomas ne trouve rien à redire) coupable « d'avoir fusillé un soldat israélien ». S'il y a bien quelque chose d'impossible, c'est à un homme seul de fusiller qui que ce soit. Qui a fait la boulette, l'auteur ou le traducteur ?

Les exemples de traduction à côté de la plaque sont si nombreux que je ne cite que quelques-uns en passant :

Escadron de tireurs prussiens [un escadron réunit des cavaliers]

Croix rouge de saint Georges [en existe-t-il d’autres couleurs ?]

Bureau du cabinet [Cabinet Office]

Branche spéciale [Special Branch]

Armure israélienne, [les blindés israéliens]

Déchaînement de l’espionnage [en réalité espionnite]

Médaille d’honneur [Medal of Honor]

« Depuis les attentats de Londres, les bombardiers de la RAF étaient constamment “parés à décoller » [pour intercepter de possibles avions terroristes]. Depuis quand les bombardiers sont-ils destinés à des missions d’interception ?

La conférence de Yalta marque le point de départ de l’Union soviétique. [Confusion avec le bloc soviétique ? ou bien l’auteur ignore que l’Union soviétique a été fondée en 1922 ?]

Notre traducteur confond les grottes (caves) où se réfugient les combattants islamiques dans les montagnes du Pakistan avec des caves (cellar), top niveau le traducteur !

Nous apprenons aussi que les Britanniques possèdent des « chasseurs alpins » pour opérer là où les « patrouilles nationales » n'opèrent pas,

Les spécialistes en aviation seront ravis d'apprendre l'existence d'une flotte royale de la RAF, il s'agit en réalité du Queen Flight de la RAF, l'escadrille chargée des voyages officiels de la reine.


Un florilège d’erreurs de fond


Le bon sens et un minimum de connaissances techniques semblent avoir été épargnés à l'auteur qui se vante pourtant être un spécialiste du renseignement. Comment peut-il écrire sans frémir en parlant des avions espions américains U-2 : qu'ils « devaient voler à suffisamment haute altitude pour échapper aux radars soviétiques ». Mais quel âne bâté ! Ces appareils volaient vite et très haut pour échapper, non pas aux radars, mais aux missiles de la DCA et aux intercepteurs soviétiques. Les radars ne peuvent pas repérer les avions qui volent à très basse altitude. En revanche, ils sont capables de suivre le moindre boulon en orbite autour de la terre. Alors, un avion de 15 tonnes !

Appareils de radiogoniométrie sophistiqués permettant de localiser un site Web.

Chaque jour on utilise suffisamment de pellicule pour faire le tour de la terre au niveau de l’Equateur.

Une bombe à longue portée capable d’atteindre la côte est de l’Amérique.

Mille an plus tôt en Egypte, Tunisie et autres points de l’Est du bassin méditerranéen, les chiites avaient régné en paix auprès de leurs frères sunnites jusqu’à ce qu’un schisme les divise durant les premiers siècles de l’islam.

Le système qu’utilisaient les cryptologues s’appelait ULTRA, en fait non. C’est le résultat du travail des cryptologues qui était désigné comme ayant pour source ULTRA.


Un auteur fâché avec les notions les plus élémentaires de chronologie


Selon Thomas Gordon, en juin 1940 : des civils étaient fusillés dans les rues d’Amsterdam et de Varsovie et des trains entiers de Juifs roulaient vers l’Est.

Quand Donovan arrive à Londres en juillet 1940 on l’informe que « le SOE avait commencé à faire entrer ses saboteurs en France occupée. » Stupide. Le premier agent du SOE sera envoyé en France, en mai 1941, près d’un an plus tard. Gordon nous dit que Donovan visite la base secrète de Tempsford « depuis laquelle ils s’envolaient pour leurs périlleuses missions ». malheureusement, cette base ne sera opérationnelle qu’à partir d’octobre 1941.

Allen Dulles n’a pas plus de chance avec Gordon Thomas que William Donovan. L’auteur écrit : « En effet, après l’entrée de l’Amérique dans la Grande Guerre, Washington l’avait envoyé en Autriche, où les Bolcheviques étaient en train de préparer leur révolution. L’un d’entre eux était Lénine. »

Comment les Américains pouvaient-ils envoyer un diplomate en poste dans un pays avec lequel ils étaient en guerre ? Absurde. En réalité, Dulles avait été détaché à Vienne en 1916, quittant ce pays pour Berne en avril 1917 après la déclaration de guerre de l’Amérique à la double monarchie. C’est dans cette ville qu’il aurait pu rencontrer Lénine et non en Autriche.

Décidément Gordon Thomas est fâché avec la chronologie et son traducteur n’est pas capable de repérer une erreur de date grande comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. En parlant du premier V1 à toucher Londres, il écrit : « venus exécuter la vengeance promise par Hitler après la destruction de Dresde.» Il n’y a qu’un problème, Dresde a été bombardée le 14 février 1945, soit sept mois plus tard.

Gordon Thomas raconte des histoires et embrouille tant et si bien son récit, notamment en ne donnant pas une seule date, que même un historien perdrait le fil des événements. L'embrouillamini atteint son comble quand il s'évertue à raconter l'intervention des services secrets britanniques en Amérique du nord dans les années 1939 à 1941 en omettant l'essentiel. Cette opération a été menée délibérément par Londres pour forcer les Etats-Unis dans la guerre avec le soutien tacite de la Maison blanche et d'une bonne partie des élites de la côte Est en marge de la loi et contre l'avis de la majorité de la population américaine.


Un problème récurrent du texte est l’absence dramatique de dates. Une année est jetée à la volée puis l’auteur enchaîne les paragraphes sans plus rien indiquer. On ne sait plus à quel mois on est et même si on demeure dans la même année.

Cette absence récurrente de précision est caricaturale. Par exemple, on nous explique que Cromwell avait déclaré une guerre durant laquelle le renseignement avait joué un grand rôle. Mais il oublie de préciser laquelle.

Gordon Thomas nous explique que dans les années 1970 le MI-5 avait accru ses efforts de recrutement dans les universités, notamment à Oxford et Cambridge, et l’auteur précise : « Il en sortait des diplômés qui au retour de la guerre avaient bénéficié des études supérieures gratuites promises par le gouvernement. » Faut-il en déduire que ces étudiants sont restés près de vingt-cinq ans sur les bancs de l’université ?

Erreurs : visite de Stewart Menzies, chef du MI6, à Allen Dulles à Berne. Elle ne figure pas dans la biographie d’Allen Dulles par James Srodes. De même que Thomas reprend la légende de la plaque sur la porte d’entrée de Dulles à Berne en pleine guerre expliquant « qui il était et ce qu’il faisait ».

Parmi ses sources concernant Dulles, il indique William Buckley, chef de station de la CIA au Liban. Il a été assassiné en 1985, bien avant que l’auteur ne publie d’ouvrages sur l’espionnage et il a été recruté par l’agence en 1965, après le départ d’Allen Dulles. Comment Buckley a-t-il bien fait pour rencontrer Dulles dans un cadre lié au renseignement ? Mystère.

Thomas assure que le MI-6 avait ouvert un bureau à New York après l’entretien de Stewart Menzies avec Dulles. Or, ce n’est pas exact. Dès le début de la guerre, les Britanniques ont ouvert un bureau dans la grande ville américaine sous différentes couvertures.

Le directeur du MI-5 était en 1904 « préoccupé par la menace que représentait l’agitation dans l’Allemagne de l’empereur Guillaume II». Quelle agitation ? Quelle menace ?

Thomas avance la présence d’une ambassade britannique à Dublin en 1905. À cette époque, l’Irlande faisait partie du Royaume-Uni. Il n’existait pas d’ambassade britannique à Dublin. Quand on pense que l’auteur habite en Irlande !

Embrouillé avec la valeur relative de l’argent


L’auteur semble avoir des rapports difficiles avec l’appréciation des prix. Ainsi, pour donner le coût d’une statue ornant le siège du MI-5, Gordon Thomas livre un prix en dollars ! Comme si la livre sterling n’avait pas cours dans le contre-espionnage anglais.

Un des éléments qui dévoilent l’ignorance totale de l’histoire de la part de l’auteur est sa méconnaissance de la valeur relative des choses. À de nombreuses reprises, il donne des coûts en livres qu’il fait suivre de la valeur en euros comme si la livre de 1930 ou de 1905 avait la même valeur qu’une livre de 2007. Prenons à titre d’exemple une de ses affirmations. En 1905 (date probable car l’auteur néglige de la mentionner), le Weekly News offre une récompense de 10 livres à tout lecteur en mesure de dénoncer un espion. L’auteur nous précise qu’il s’agit de l’équivalent d’une douzaine d’euros.

Rien de plus faux. Si on tient compte de l’évolution des prix, il s’agit de 769,87 livres de 2007, en tenant compte de la hausse moyenne des revenus nous avons 4100,21 livres et enfin 7,087 livres si on tient compte de l’évolution du produit national brut. En d’autres termes, en livres 2007 on obtient non pas 12 euros, mais une somme qui évolue entre à la date de janvier 2008 entre 1022,77 euros et 9425,71 euros. Belle marge d’erreur à l’image du reste du livre.


Gordon Thomas.

Ignorance crasse ou équilibre mental précaire ?

Le mépris constant qu’affiche l’auteur pour l’histoire révèle une immense ignorance. Il a beau habiter en Irlande, mais il n’hésite pas à écrire qu’après 1840 un grand nombre de nationalistes irlandais ont été pendus sur des gibets placés le long des routes avec des pancartes les dénonçant comme traîtres. Devant de pareilles énormités, on hésite à accuser l’auteur. Ne s’agirait-il pas d’une traduction maladroite. Impossible de le vérifier. Mais le reste de l’ouvrage plaide en faveur de l’inculture crasse de Gordon Thomas.

Un paragraphe plus loin, commençant par « Pendant ce temps, à Londres… » Il est question d’un premier ministre conservateur, lord Bute sans préciser qu’il s’agissait en réalité » d’un chef de gouvernement de 1762 à 1763. Comprenne qui pourra !

On en arrive à s’interroger sur l «’équilibre mental de l’auteur quand celui-ci nous explique sans mollir que Vernon Kell, le directeur général du MI-5 durant la Première Guerre mondiale avait passé des accords d’échanges d’informations avec les services secrets américains et le Deuxième Bureau français. Ces deux derniers services « lui faisaient parvenir des copies des transmissions radio interceptées dans lesquelles des travailleurs américains et français encourageaient leurs homologues britanniques à perturber l’effort de guerre. » Sans commentaires !

Le fait que l'auteur soit fâché avec la chronologie se révèle à de nombreux petits détails. Il est capable, par exemple, de confondre le président Roosevelt (Théodore) avec l'autre président Roosevelt (Franklin) et cela dans une même double page ! (178-179), que dire quand l'auteur confond (et pas qu’une seule fois) l'opération de décryptage la plus connue de la guerre Froide, Venona, avec la ville italienne de Verona (Vérone). On ne peut que s'étonner quand l'auteur rapporte une conversation entre le premier ministre britannique Eden et le ministre des Affaires étrangères français Guy Mollet. Hélas, le ministre s'appelait en réalité Christian Pineau (qui quelques pages plus loin devient premier ministre alors qu'à cette époque, en France il y a un président du Conseil !).

Toujours plus fort dans le domaine de la confusion mentale, l'auteur attribue à la « machine Ultra » le déchiffrement des codes de la Kriegsmarine, alors que dans le vocabulaire des renseignements, Ultra désignait la source des renseignements fournis par les déchiffrements des messages allemands émis par l’intermédiaire de la machine Enigma.

Emporté par son élan d'auteur à deux sous, toujours prêt à se damner pour une phrase toute faite ou un cliché, Gordon Thomas n'hésite pas à écrire au sujet de l'immigration des Juifs en Palestine dans les dernières années du mandat britannique : « Aux Etats-Unis, les organisations juives de secours avaient acheté – souvent à prix exorbitants – pratiquement tous les bateaux en état de naviguer ». Si on prend cette phrase au pied de la lettre, en fonction des navires disponibles à cette époque, vcette affirmation équivaut à des centaines de navires, chiffre totalement invraisemblable.

La méconnaissance abyssale de l'histoire et le refus de se laisser guider par le simple bon sens se révèle ici ou là, en fonction des sources qu'il a parcourues d'un crayon distrait. Par exemple, en parlant des réactions américaines l'affaire de Suez, Gordon Thomas écrit : « Les compagnies pétrolières que les Etats-Unis possédaient en Amérique du Sud cessèrent d'approvisionner les deux pays [la France et le Royaume-Uni] ». On aurait aimé des détails car les approvisionnements en provenance de cette région, principalement le Venezuela, étaient alors, et le sont restés, insignifiants.

Quand Gordon Thomas aborde un des plus graves échecs des renseignements britanniques, leur incapacité de prévoir l'invasion des îles Malouines par les Argentins, il ne lui accorde que quelques lignes. Comme il ne connaît rien à cette page de l'histoire, il ne peut justifier cet échec qu'en l'attribuant aux restrictions budgétaires ayant affecté le service chargé de suivre les affaires hispano-américaines. La vérité est tout autre. Il ne pouvait guère prévoir cette invasion car elle avait été ni prévue, ni planifiée. Elle était un développement improvisé qui surprit en premier lieu les militaires argentins chargés de le mener à bien. Si Gordon Thomas ne le sait pas, quel crédit lui accorder en général dès qu'il s'agit d'histoire ?

On peut aussi s'interroger sur ses connaissances de base sur les propres organismes qu'il est supposé bien connaître à titre d'expert en services de renseignement. Par exemple, lorsqu'il confond le Secret Service chargé de la protection du président des Etats-Unis avec un « service secret de la Maison blanche » imaginaire dont il attribue la direction au patron de la CIA ! Même un enfant des écoles américain, et probablement britannique, à condition qu'il ait vu assez de feuilletons et de films à succès, sait que le Secret Service est placé sous l'autorité du secrétaire au Trésor et qu'il ne s'occupe pas de renseignement mais de la protection du président et de la lutte contre le faux monnayage.

En ce qui concerne la France, le pays n'existe pas dans la version toute particulière de la géographie selon Gordon Thomas, non seulement il ne mentionne pratiquement jamais ses services secrets (par exemple son rôle dans le déchiffrement de la machine Enigma, mais il ignore tout de son rôle dans la lutte contre le terrorisme islamique et par exemple, les avertissements envoyés par Paris avant le 11 septembre. Autre exemple caricatural, lors qu'il mentionne l'intervention de Colin Powell au Conseil de sécurité des Nations unies, avec son fameux flacon rempli de faux anthrax, il ne mentionne même pas la réponse faite par Dominique de Villepin qui a pourtant fait la une de la presse et recueilli l'approbation de la majorité des nations présentes.

Pour l'arithmétique de base, il n'est pas fort non plus. Pour lui, les 202 victimes de l'attentat de Bali en 2002 étaient principalement australiennes et britanniques. En réalité, les chiffres respectifs sont de 88 et de 24.

Halte au feu !

Il est temps d'arrêter le massacre pour un livre ni fait ni à faire et surtout pas à publier en l'état. Les véritables spécialistes du renseignement pourront relever les lacunes (comme l’oubli du renseignement naval durant la Première Guerre mondiale, la fameuse Room 40). En ce qui me concerne, c'est probablement l'ouvrage le plus mauvais de ceux que j'ai reçus en 2008.

L'éditeur français à l'origine de cet ouvrage avait pourtant eu une bonne idée au départ, mais il a eu tort d’accorder sa confiance à un auteur qui ne la méritait pas. En outre, je soupçonne le manuscrit d'avoir été adapté par un traducteur qui n'a pas avoué son incompétence pour les domaines techniques liés au sujet du renseignement et, surtout, le texte français n'a pas été relu par une personne ayant au moins un vernis de culture générale.

Les erreurs monumentales que contient cet ouvrage, l'absence totale de dates ou de renseignements précis et fiables, me conduisent conseiller un classement vertical sans appel.


L'avis de l'éditeur

Pour que les visiteurs aient un autre son de cloche, voici comment l'éditeur présente l'ouvrage :


Voici l'histoire du renseignement au Service de Sa Majesté, des triomphes de la Seconde Guerre mondiale, des trahisons de la guerre froide, des rapports complexes avec la CIA et le Mossad, encombrants alliés. Gordon Thomas y raconte les combats en cours contre l’islamisme et Al-Qaïda.
Il n'existait pas jusqu’ici en français d’histoire globale des services secrets britanniques, les célèbres MI5 (sécurité intérieure) et MI6 (sécurité extérieure), parmi les plus vieux services secrets du monde. L’imaginaire collectif autour de ces deux agences est incarné par le héro de Ian Fleming, James Bond, agent 007 (Prochain opus au cinéma, Quantum of Solace, ce 31 octobre.) Gordon Thomas nous montre que la réalité du renseignement « au service de Sa Majesté » peut parfois dépasser la fiction.
Voici l’histoire des triomphes de la Seconde Guerre mondiale, des trahisons de la guerre froide, des rapports complexes avec la CIA et le Mossad, encombrants alliés. L’auteur raconte les combats en cours contre l’islamisme et Al-Qaïda. Ses nouvelles révélations sur les armes biologiques combattues par le MI6 font froid dans le dos : « bombe génétique » anti-noirs imaginée par les scientifiques d’Afrique du sud durant l’Apartheid, mort mystérieuse du Dr Kelly qui en savait trop sur certains trafics, arrivée du Polonium à Londres…

Pour la première fois après 50 ans d’investigation, Gordon Thomas accepte d’ouvrir ses archives sur les guerres secrètes du renseignement britannique.
Ses sources au sein des deux agences britanniques acceptent d’évoquer des affaires intérieures.
Ses contacts dans d’autres services étrangers témoignent de rapports parfois tendus dans des dossiers qui, pour certains ne sont toujours pas refermés.
Gordon Thomas a enquêté sur certaines affaires récentes et explosives :
- Le rôle du MI6 dans les attaques sur les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie.
- Comment les Anglais ont organisé la défection d’un haut responsable iranien.
- Les divers scandales, bien étouffés, qui ont tout récemment affecté les services britanniques.
- Le rôle des Britanniques dans les projets d’attaque américaine contre l’Iran.
- Les opérations du MI6 dans la lutte contre le terrorisme, l’enquête sur les attentats de Londres dont, l’épilogue judiciaire de ces derniers jours embarrasse Gordon Brown.


Voici l'opinion du site spécialisé Spyworld

Voici l’histoire du renseignement au Service de Sa Majesté, des triomphes de la Seconde Guerre mondiale, des trahisons de la guerre froide, des rapports complexes avec la CIA et le Mossad, encombrants alliés. Gordon Thomas y raconte les combats en cours contre l’islamisme et Al-Qaïda.

Il n’existait pas jusqu’ici en français d’histoire globale des services secrets britanniques, les célèbres MI5 (sécurité intérieure) et MI6 (sécurité extérieure), parmi les plus vieux services secrets du monde. L’imaginaire collectif autour de ces deux agences est incarné par le héro de Ian Fleming, James Bond, agent 007 (Prochain opus au cinéma, Quantum of Solace, ce 31 octobre.) Gordon Thomas nous montre que la réalité du renseignement « au service de Sa Majesté » peut parfois dépasser la fiction. Voici l’histoire des triomphes de la Seconde Guerre mondiale, des trahisons de la guerre froide, des rapports complexes avec la CIA et le Mossad, encombrants alliés. L’auteur raconte les combats en cours contre l’islamisme et Al-Qaïda. Ses nouvelles révélations sur les armes biologiques combattues par le MI6 font froid dans le dos : « bombe génétique » anti-noirs imaginée par les scientifiques d’Afrique du sud durant l’Apartheid, mort mystérieuse du Dr Kelly qui en savait trop sur certains trafics, arrivée du Polonium à Londres…

Voici l'opinion du site spécialisé Le renseignement

Voici l'histoire du renseignement au Service de Sa Majesté, des triomphes de la Seconde Guerre mondiale, des trahisons de la guerre froide, des rapports complexes avec la CIA et le Mossad, encombrants alliés. Gordon Thomas y raconte les combats en cours contre l’islamisme et Al-Qaïda.

Il n'existait pas jusqu’ici en français d’histoire globale des services secrets britanniques, les célèbres MI5 (sécurité intérieure) et MI6 (sécurité extérieure), parmi les plus vieux services secrets du monde. L’imaginaire collectif autour de ces deux agences est incarné par le héro de Ian Fleming, James Bond, agent 007 (Prochain opus au cinéma, Quantum of Solace, ce 31 octobre.) Gordon Thomas nous montre que la réalité du renseignement « au service de Sa Majesté » peut parfois dépasser la fiction.
Voici l’histoire des triomphes de la Seconde Guerre mondiale, des trahisons de la guerre froide, des rapports complexes avec la CIA et le Mossad, encombrants alliés. L’auteur raconte les combats en cours contre l’islamisme et Al-Qaïda. Ses nouvelles révélations sur les armes biologiques combattues par le MI6 font froid dans le dos : « bombe génétique » anti-noirs imaginée par les scientifiques d’Afrique du sud durant l’Apartheid, mort mystérieuse du Dr Kelly qui en savait trop sur certains trafics, arrivée du Polonium à Londres…

Voici ce qu'en pense Nicolas Bernard sur le site Histoforum :

Alors que James Bond revient sur le grand écran et que ses rivaux du contre-espionnage de la série M.I.-5 (Spooks, en version originale), s’illustrent sur le petit, il n’est jamais inintéressant de se pencher sur la réalité des services de renseignements britanniques. A cet égard, le livre de Gordon Thomas, journaliste très renseigné et spécialiste des affaires liées au monde de l’espionnage, intéressera certainement les amateurs de bons thrillers, de même que les connaisseurs de cet univers interlope.

Le titre de l’ouvrage rend imparfaitement compte de la nature de ce dernier. Sa trame, pas toujours ordonnée, se constitue surtout d’une suite d’anecdotes très renseignées sur les épisodes les plus significatifs, des plus « glorieux » aux plus navrants, de l’évolution des services de renseignements britanniques, en particulier sur les vingt dernières années.

C’est le « siècle élizabétain » qui institutionnalise l’appareil de collecte d’informations et de sécurité de l’Etat, puisque l’Angleterre, au XVIe siècle, doit affronter aussi bien la dissidence intérieure de Mary Stuart que la menace extérieure constituée par l’Espagne de Philippe II. Les espions de Sa Majesté prendront de l’assurance, acquerront leur réputation de quasi-infaillibilité (pas totalement justifiée), la Deuxième Guerre Mondiale étant leur « finest hour » pour citer Churchill : liquidation des réseaux d’agents nazis, décryptage des codes de l’armée allemande et de la Marine japonaise, « couverture » du Débarquement... En attendant les affres de la Guerre Froide, la révélation de l’existence de « taupes » soviétiques (dont le tristement célèbre Kim Philby), les difficultés posées par l’I.R.A., les échecs face à l’Egypte de Nasser au cours de la crise de Suez. Jusqu’à ces vingt dernières années, qui ont vu s’effondrer « l’ennemi principal » qu’était l’U.R.S.S., et surgir de nouvelles puissances (la Chine) et de nouveaux défis (Al Qaida), sur fond de persistance de crises déjà bien vieilles (le Moyen-Orient, en particulier l’Iran).

Entre filatures, meurtres, mensonges officiels, trahisons, défections (telle celle de cet officier du K.G.B., Oleg Gordievski, ou celle de ce haut responsable iranien, Ali-Reza Asgari), le livre établit une fois de plus que la réalité dépassera toujours la fiction. Non pas que les agents britanniques, du moins leurs chefs, soient des James Bond en puissance : le sexe peut être bien présent, mais l’incompétence, l’erreur de jugement, le carriérisme, le parti pris politique, ne sont jamais bien loin. L’auteur revient ainsi sur l’affaire David Kelly, ce spécialiste de la guerre bactériologique retrouvé « suicidé » en juillet 2003, en pleine controverse sur la présence (ou, plus exactement, l’absence) d’armes de destruction massive en Irak, outre d’apporter des précisions sur les préoccupations des espions américains et britanniques quant aux... cent millions de tonnes d’hélium-3 enterrées sous la surface lunaire, source d’énergie pouvant approvisionner la Terre pendant un millénaire ! Au moins, après le désastre du 11 septembre, ne pourra-t-on pas accuser la communauté du renseignement britannique de ne pas faire œuvre de prévoyance.


On est en droit de se demander, après lecture de ces avis autorisés, qui de nous a lu l'ouvrage de Gordon Thomas ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ces autorités compétentes n'ont lu en tout et pour tout que la quatrième de couverture du pensum de Gordon Thomas.

Anonyme a dit…

Les journalistes de la presse papier n'ont pas mordu à l'hameçon. Ceux des médias électroniques semblent moins expérimentés.