mardi 16 octobre 2007
Les meilleurs peuvent se tromper
Jusqu’au bout de l’Algérie française, Bastien Thirry
Jean-Pax Méfret
Pygmalion, 280 p., 21,50 e, ISBN 978-2-7564-0139-3.
Le général De Gaulle ayant donné l’exemple de l’insubordination pour des motifs d’ordre politique, il n’est pas étonnant qu’après lui d’autres officiers aient jugé qu’ils avaient le droit de faire de même. Mais l’histoire n’aime que les vainqueurs et l’absence de places général Salan ou de lycées Bastien-Thiry rappelle de quel côté sont les perdants. Il a fallu un homme à la fidélité d’acier pour se souvenir du sacrifice d’un jeune lieutenant-colonel, Jean Bastien-Thiry, à peine âge de 35 ans, ingénieur en chef de l’Air, inventeur de missiles antichars qui feront date, lequel cherchera à supprimer le président de la République, Charles De Gaulle, considéré comme le responsable des malheurs de l’Algérie française. L’attentat du Petit-Clamart organisé par ses soins échouera et les auteurs sont arrêtés. Avec un talent d’écriture incontestable (les pages consacrées aux dernières heures de Bastien-Thiry sont remarquables), l’auteur cherche à comprendre comment un homme aux profondes convictions catholiques et au bagage intellectuel hors-norme a pu en arriver à vouloir tuer De Gaulle. Chemin faisant, l’auteur accumule les révélations et éclaire des coulisses de l’histoire qui ne sont bien souvent que des cloaques. En annexe, Jean-Pax Méfret cite des textes intéressants dont quelques uns qui rappellent le rôle ambigu de quelques personnalités de l’époque comme Valéry Giscard d’Estaing. Un livre passionnant, parfaitement réalisé, qui montre a contrario que les meilleurs peuvent se tromper et que le méchant de l’histoire, ici le général De Gaulle, pouvait avoir raison sur le fond.
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