L’évasion face à l’absence d’avenir
Allongement des peines et durcissement de la vie en prison poussent les détenus à des tentatives désespérées.
Un «acte de guerre». C’est ainsi que le directeur de l’administration pénitentiaire, Claude d’Harcourt qualifie l’évasion de Christophe Khider et d’Omar Top El Hadj de la centrale de Moulins-Yzeure (Allier). Lors d’une conférence de presse organisée hier, il a donné le ton de la riposte : «mettre en œuvre de meilleurs mécanismes de surveillance et de contrôle pour que cela ne se reproduise pas». Mais les évasions de prison sont déjà rarissimes (5 en 2008, 12 en 2007, 11 en 2006, 12 en 2005), et les évadés presque toujours repris. Est-il alors nécessaire de durcir encore les conditions de détention ? Est-ce la seule piste de réflexion face à l’allongement de la durée des peines, qui encourage ces tentatives désespérées ? Pour Christophe Khider, la sortie de prison était prévue en 2045. Peut-on faire semblant d’ignorer que pour ces hommes condamnés à la perpétuité de fait, l’évasion est la seule chance de sortie réelle ?
Voilà un bon moment que, face à ces questions, la réponse de l’administration pénitentiaire se résume à une spirale sécuritaire. Année après année, les efforts consacrés au renforcement des contrôles sont toujours plus importants, au détriment de ceux pour la réinsertion. Deux nouveaux établissements ultrasécuritaires ouvriront leurs portes en 2012, à Alençon (Orne) et Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). «Les fouilles se durcissent et deviennent de plus en plus humiliantes pour les détenus et leurs familles, les portes des cellules en maison centrale ne sont plus ouvertes pendant la journée, les déplacements se réduisent… En filigrane se construit une prison qui enferme toujours plus, et prépare toujours moins à la sortie», relève Patrick Marest, porte-parole de l’Observatoire international des prisons. Symbole de cette logique : le braqueur Antonio Ferrara, placé à «l’isolement total» depuis 2003 dans des conditions inhumaines (fenêtre de sa cellule obstruée, cour de promenade couverte sans lumière du jour, fouille complète quotidienne, aucun contact avec d’autres détenus). Et «l’appel de Clairvaux», par lequel, en janvier 2006, dix prisonniers de cette centrale condamnés à de très longues peines, demandaient pour eux-mêmes le rétablissement de la peine de mort, plutôt que «l’hypocrisie de la mort lente».
«Soupape». Mais l’objectif évasion zéro est-il réalisable, voire souhaitable ? Un bref retour en arrière montre que l’obsession sécuritaire n’a pas toujours été de mise. En 1971, Paul Amor, ex-directeur de l’administration pénitentiaire devenu membre du Conseil supérieur de l’administration pénitentiaire tenait un discours beaucoup plus moderne. «Pourquoi dramatiser une évasion ?J’ai toujours considéré une évasion comme une soupape de sûreté. Vouloir prendre des mesures trop rigoureuses pour les prévenir serait un non-sens, d’autant que neuf fois sur dix l’évadé est repris.»
Las, la «soupape» ne semble plus d’actualité et le combat contre les évasions, au lieu de les rendre impossibles, les rend de plus en plus violentes. «Pour sortir, il n’y a plus qu’un seul moyen : la prise d’otage», note le docteur Philippe Carrière, psychiatre des prisons pendant de nombreuses années. «Le sécuritaire est devenu l’obsession qui régit tout, avec des architectures invivables, des emplois du temps insupportables. A cela s’ajoute l’allongement des peines. Aucun être humain ne peut se projeter à plus de dix ans. Quand on dit à quelqu’un: tu sors en 2045, cela revient à dire : "tu n’as pas d’avenir. Donc plus rien à perdre".»
Suicides. Face à cette «absence d’avenir», exacerbée par la loi sur la rétention de sûreté (qui permet de maintenir enfermés sans limites des condamnés «dangereux» après leur peine), «certains réagissent par l’évasion, d’autres par le suicide», dit le docteur Carrière. Entre 2007 et 2008, le nombre de suicides a augmenté de 20 %. Seule l’administration pénitentiaire ne semble pas voir le lien. «Ne faut-il pas se reposer la question des longues peines ?» demandait hier un journaliste à Claude d’Harcourt. «Absolument pas, répondait ce dernier. Le problème, c’est celui d’un petit nombre de détenus, comme Christophe Khider, qui ne reconnaissent pas la gravité de leurs actes, n’acceptent pas leurs peines, nient leur responsabilité, et sont en plus encouragés par leur famille. Ce n’est pas un problème de longues peines, c’est un problème de déni de responsabilité.»
Il y a du vrai dans les propos de Claude d'Harcourt. Il est possible qu'une nouvelle génération de déliquants ne perçoivent pas la gravité de leurs actes à la suite d'un long processus d'irresponsabilisation commencé avec la justice pour mineurs, aggravé par une pression sociale favorable au crime. Toutefois, le directeur de l'Administration pénitentiaire se garde bien d'aborder le point crucial, celui des périodes de sûreté.
2 commentaires:
Pour certaines personnes, la vie est le plus beau présent qui nous a été fait et elles veulent la préserver à tout prix, même entre quatre murs, sans soleil, sans joie... Qu'est ce qu'une vie sans soleil, sans pluie, sans les odeurs d'un plat appétissant ? La réponse est simple : ce n'est pas une vie, c'est un cauchemar qui durera jusqu'à la délivrance. Que ne ferait-on pas pour un boeuf bourguignon cuisiné avec amour ? Au moins une tentatives d'évasion spectaculaire.
Bonjour, aventuresdelhistoire.blogspot.com!
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