— Tu parles français, tu devrais supporter l'équipe de France.
— Il ne faut pas se fier aux apparences, j'ai répondu. Parler le français ne fait pas de vous un compatriote. Puis, j'aime mieux les joueurs du Plata à ceux de la banlieue.
Tout le monde a oublié que l'Uruguay a longtemps été une place forte de la France. dans son livre, Just-Jean-Etienne Roy, rappelle les raisons de la présence des Français dans la bande orientale (autre nom de l'Uruguay).
Heureusement pour ces marins la ville de Montevie compte de nombreux négociants européens dont beaucoup de Français qui les aident à trouver des contrats de cabotage local. L’attrait des Français pour pour la capitale de la Bande Orientale, l’autre nom de l’Uruguay, est un sujet d’étonnement pour les voyageurs venus d’Europe. Pourquoi s’établir ici alors que les affaires pourraient leurs être plus prospères aux Etats-Unis ou au Brésil ? Dans un récit de voyage publié en 1865, l’auteur met dans la bouche d’un voyageur français l’explication suivante :
« Aux États-Unis, mon cher Armand, la race anglo-saxonne, par son activité, son aptitude pour le commerce, ne laisse guère aux étrangers qui viennent s’y établir, surtout dans les villes du littoral, la facilité de grands succès dans les opérations commerciales. J’ajouterai aussi que cette race a peu de sympathie pour la nôtre ; aussi combien j’ai vu de Français qui étaient allés chercher fortune à New York, à Boston ou à Baltimore, n’y rencontrer que des déceptions et de la misère ! Le Brésil offre, il est vrai, plus de ressources aux émigrants de notre nation ; mais son climat brûlant ne leur est pas toujours favorable ; au contraire, le climat de Montevideo et de toute la Bande Orientale, est extrêmement sain. Aussi, dès que ce pays eut acquis un peu de tranquillité, dès qu’une constitution extrêmement favorable à l’émigration étrangère eut été sanctionnée, les avantages incontestables de la position maritime et commerciale de Montevideo à l’entrée de la Plata, la fertilité prodigieuse d’un vaste territoire, où l’abondance des cours d’eau prévient les sécheresses si fréquentes et si désastreuses pour les bestiaux du territoire argentin, et où le croît des troupeaux les double régulièrement dans l’espace de trois ans, imprimèrent un grand mouvement de prospérité à Montevideo et à la Bande Orientale. Notre commerce surtout y prit un développement considérable, incessamment favorisé par l’arrivée successive de nombreux émigrants français. Cette émigration, composée en grande partie, dans l’origine, d’ouvriers du pays basque, qu’attiraient la salubrité du climat, des mœurs hospitalières pour les étrangers, et l’élévation du prix de la main-d’œuvre, fit de rapides progrès. En même temps le commerce français y trouvait des débouchés on ne peut plus favorables, les produits de la France y étant très recherchés, et ceux du pays convenant parfaitement à la consommation française. Aussi le pavillon français absorbait-il à lui seul, avant la dernière guerre, près des neuf dixièmes de la navigation de ces parages, et un nombre assez considérable de nos négociants y ont fait d’excellentes affaires… »
Roy, Just-Jean-Etienne ; Girard, Just, Mes voyages avec le docteur Philips dans les républiques de La Plata : Buenos-Ayres, Montevideo, La Banda-Oriental, etc, Alfred Mame éditeur, Tours 1861, page 107.
1 commentaire:
Je parle français, je peux supporter la Suisse, la Belgique (encore que...), le Sénégal, etc.
Je parle espagnol, je peux supporter l'Espagne, l'Argentine, la Colombie, etc.
Je baragouine l'anglais, je peux supporter l'Angleterre, l'Irlande, les États-Unis, etc.
J'ai étudié le latin et le grec ancien, dois-je pour autant supporter les gladiateurs et les athlètes olympiens ? Un peu de bon sens !
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