mardi 20 novembre 2007

Une mémoire condamnée à l'oubli ?

La mémoire de la Seconde Guerre mondiale connaît une évolution préoccupante en Europe continentale en général et dans les pays vaincus en particulier. Je comprends la France parmi ces derniers car sa participation à la victoire ressort d'une réalité virtuelle davantage due à la générosité des Anglo-Américains qu'à notre poids politique et militaire.
On remarque un disparition progressive des ouvrages d'histoire militaire au profit d'ouvrages qui privilégient une approche sociale, politique et moralisatrice. Après la guerre, les éditeurs ont publié non seulement les souvenirs des généraux alliés, mais aussi ceux des armées ennemies. Le lecteur français trouvait aussi bien sur les tables des librairies les mémoires de l'américain Eisenhower que celles de l'allemand Adolf Galland.
Au cours des années 1960 et 1970, les historiens populaires ont publié avec grand succès des ouvrages consacrés aux corps d'élite. En France des ouvrages sur les Marines, les Samouraï ou encore les différentes divisions Waffen-SS se sont vendus à des dizaines de milliers d'exemplaires.
Au tournant du siècle, les acteurs et les témoins des événements disparaissent progressivement, laissant la place à des personnes qui se donnent pour ambition de revivre par procuration les combats de la seconde Guerre mondiale. C'est sans danger quand ces personnes se rassemblent au sein d'associations reconnues pour reconstituer des scènes de la guerre, en uniforme et avec des armes démilitarisées. D'une certaine manière, ils contribuent au maintien d'un héritage historique, ils sont particulièrement utiles dans des régions comme la Normandie où ils participent à l'animation touristique.
C'est beaucoup plus grave quand ces personnes veulent incarner à deux générations de distance un combat idéologique anachronique. A défaut d'avoir combattu le nazisme les armes à la main, elles s'acharnent contre tout ce qui à leurs yeux représente une résurgence de la bête immonde.
On en arrive à des situations grotesques qui étonnent les historiens étrangers. C'est ainsi que les maquettes d'avions de la Luftwaffe sont vendues sans les croix gammées qui ornaient les dérives ou encore, les avions de l'escadrille Lafayette de la Première Guerre mondiale sont représentés sans la croix gammée qui décorait les fuselages à côté de la tête d'indien. Voici peu, la revue officielle d'EADS a même retouché les photos d'avions allemands en vol pour effacer la trop visible croix gammée.
Plus grave encore, les éditeurs renoncent à publier des ouvrages « trop militaristes » ou de rééditer des titres de leurs fonds qui sont épuisés car ils craignent d'être les cibles de la « bienpensance ». A titre d'exemple, il est plus facile de se procurer aux Etats-Unis dans une boutique d'aéroport le Soldat oublié de Guy Sajer dans une édition américaine que de l'acheter en France.

Un livre difficile à trouver en France aujourd'hui. Une victime du politiquement correct ?

Raison de plus pour souligner le mérite des éditions Heimdal qui non seulement publient des ouvrages d'une grande qualité historique et superbement mis en page sur des grandes unités militaires de la seconde Guerre mondiale, mais qui proposent aux passionnés d'histoire une revue sans équivalent sur le marché français : 39/45.

En vente dans les maisons de la presse pour la somme modique de 6 euros.

Chaque mois, cette revue remarquable offre à ses fidèles lecteurs un éventail très divers d'articles consacrés à des aspects ponctuels de la Seconde Guerre mondiale sur les fronts européens.

Les guerres donnent parfois l'opportunité à certains hommes de connaître un destin exceptionnel.

Dans le numéro en vente actuellement, on trouve aussi bien la biographie d'un pilote français de la RAF, avec de nombreux documents originaux à la clef, qu'une étude très complète des tenues de camouflage de l'US Army.

En revanche, la grande originalité de cette revue est qu'elle ne répugne pas à traiter de sujets allemands comme cet article très renseigné sur les feuilles de chêne de la croix de Chevalier de la croix de Fer.

Un article pour spécialistes.

Seule ombre au tableau, un article parfaitement plan-plan « la Division Leclerc, de la libération de Paris au 19 mai 1945 » qui se paye le luxe de ne mentionner aucune des zones d'ombre de cette unité, pas un mot sur les bavures du Bourget ou les exécutions sommaires de prisonniers de la division Waffen-SS Charlemagne.

Le rôle du général Leclerc dans l'exécution extra-judiciaire de prisonniers reste controversé.

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