Affichage des articles dont le libellé est Djibouti. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Djibouti. Afficher tous les articles

vendredi 7 mai 2010

Retour à Djibouti

Des légionnaires héroïques. Le lieutenant de Montfalcon du 6e Régiment étranger d’infanterie en décembre 1940 à Homs en Syrie. 

Un de mes lecteurs réguliers m'a informé d'un rebondissement dans une affaire qui nous avait bien occupés l'an passé : la mort accidentelle en 2008 d'un légionnaire lors d'un exercice à Djibouti qui a abouti à la mise en examen du jeune lieutenant commandant la section du de cujus.

Des sources proches de l'instruction ont communiqué à la presse les résultats du rapport d'experts qui conclut à la mort du légionnaire par « coup de chaleur » en excluant toute responsabilité directe du lieutenant commandant la section.

Ces décès au cours d'exercices sont inévitables si l'on cherche à reproduire les conditions du combat. On peut seulement les réduire autant que possible en veillant à la forme physique et mentale des participants. Cela explique qu'en temps de paix, les morts de cette nature son rares.

À l’époque, l'affaire avait attiré mon attention en raison de l'attitude de la hiérarchie à l'égard du lieutenant qui commandait la section. L'institution militaire avait fait l'impossible et même un peu plus pour transformer le jeune officier en bouc émissaire.

A la notable exception de Valeurs Actuelles, les porte-voix du ministère dans les médias ont relayé à fond la bonne parole de l'Etat-Major. Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialisé dans la chose militaire, a même commis un article de deux pages dans les colonnes de Libération démolissant le jeune homme dans un exercice d'attaque ad hominem particulièrement répugnant.

Voici ce que j'écrivais :

Pour l'Armée, la situation devient difficile à gérer. A l'appui de la version officielle, le journaliste de Libération Jean Dominique Merchet a publié le vendredi 9 janvier un long article dans lequel ont comprend qu'il a eu accès non seulement à des informations venues en droite ligne du dossier d'instruction, mais qu'on lui a ouvert en grand les portes du 2e REP où des mous du genou triés sur le volet ont avalisé la fable d'un lieutenant marginal, mal intégré, pleurant dans son coin, instable et capable de tout. Ce flingage à vue, dans lequel le point de vue de l'incriminé est expédié en deux lignes est très inhabituel et semble un exercice imposé.

De quoi je me mèle, peut-on m'objecter. Ce blog n'est-il pas en priorité consacré à des questions historiques et culturelles ?

Je ne suis pas militaire et mon expérience de la guerre se limite à un court séjour en zone d'opérations en Afrique et un autre sur un front du Moyen Orient. Pas de quoi me vanter mais assez pour savoir ce que l'on ressent sous le feu.

J'ai plutôt réagi en pensant à mes ancêtres. A ce gabier qui balançait des grenades sur l'ennemi à la bataille d'Ouessant, à ce canonnier qui a étrillé l'Anglais à la Chesapeake, à ce fusilier à pompon rouge qui a enrayé l'assaut des bataillons d'étudiants allemands dans les marais des Flandres, à celui qui s'est arc-bouté sur le Grand Couronné de Nancy pour bloquer l'avance ennemie, à ce poilu qui a tenu le coup à Verdun ou sur la Marne ou, plus récemment, à cet aviateur qui s'est battu contre la Luftwaffe en 1940 ou encore à ce marsouin qui a connu un sort tragique le long de la RC4.

C'est en ayant à l'esprit tous ces hommes dont le sang coule dans mes veines que j'ai pris la plume pour défendre l'idée que je me fais de l'armée et du rôle des officiers.

Très bref rappel des faits. Le 5 mai 2008, la 2e section de la 1re compagnie du 2e Régiment étranger de parachutistes (REP), en tournante à Djibouti, détachée auprès de la 13e DBLE, prend part à l'exercice Bour Ougoul 2008 sur le terrain désertique de l'ancien territoire des Afar et des Issas, ce petit bout d'enfer où l'Armée française fait ses classes.

Au cours de l'exercice, le légionnaire Jozef Svarusko refuse de poursuivre la progression en prétextant une douleur au genou. Il ne s'est pas fait mal en marchant et son genou semble fonctionner parfaitement. Verdict des gradés qui en ont vu d'autres : c'est un simulateur. Les sous-officiers forcent le légionnaire à reprendre la mission car il est impossible d'abandonner un homme seul au milieu du désert ni de renoncer à l'objectif fixé par le commandement. Deux cents mètres plus loin, il s'arrête une fois de plus. Il est remis en route d'autorité mais il parcourt une courte distance avant de s'arrêter à nouveau. Ce petit jeu se poursuit un certain temps et le jeune officier commandant la section intervient. Il aurait frappé à son tour le légionnaire une fois et vidé sa gourde d'eau. Visiblement, le coup de gueule du chef a de l'effet car le légionnaire poursuit avec peine l'exercice avant de s'écrouler et finalement décéder en dépit de l'arrivée des secours appelés par le chef de section.

Vous pouvez retrouver sur ce blog des posts assez détaillés qui reprennent l'affaire telle que peut la connaître un observateur qui ne dispose pas d'autres sources que ce qu'il peut trouver dans la presse et sur le net. Les liens sont en fin de post.

Il suffit de savoir que le jeune lieutenant a été emprisonné quelque temps à la Santé et qu'il a été chassé ignominieusement de l'Armée par décret présidentiel.

L'institution pensait avoir réglé l'affaire en passant la patate chaude à la justice. Grave erreur.

L'ex-officier n'a pas voulu se laisser sacrifier sans se défendre. Grâce à une étude pointue du dossier et à l'intelligence de ses avocats, les failles nombreuses sont apparues et tout récemment, Dominique Merchet (qui semble avoir procédé sur ce dossier à un périlleux exercice de rétropédalage) a rendu compte des conclusions du rapport d'experts qui concluent que la mort du légionnaire était due à un coup de chaleur.

Mort d'un légionnaire à Djibouti en 2008 : les experts concluent à un coup de chaleur

Le légionnaire Jozef Svarusko, dit "Talas", mort au cours d'un exercice à Djibouti, le 5 mai 2008, est décédé dun "coup de chaleur". C'est ce que confirme un rapport d'expertise, en date du 9 décembre 2009, rédigé par quatre médecins pour le compte de la juge d'instruction du Tribunal aux armées de Paris, et dont ce blog a eu connaissance.

Les "traumatismes superficiels" constatés lors de l'autopsie de la victime, âgée de 25 ans, ne sont "en aucun cas susceptibles d'avoir entrainé la mort ou même d'avoir participé au processus de décès" concluent les experts. Les coups ne sont donc pas responsables de la mort du légionnaire.

On sait que quatre gradés, dont le lieutenant Médérick Bertaud, sont mis en examen dans cette affaire pour "actes de torture et de barbarie ayant entrainé la mort sans intention de la donner". Un sergent et un caporal-chef sont en fuite, sans doute rentrés en Amérique latine, dont ils étaient originaires.

Comme nous le racontions à l'époque, avec de nombreux détails, le comportement du lieutenant, jeune chef de section au 2ème REP, est au coeur de l'enquête judicaire. Cet officier reconnait avoir vidé la gourde et les deux bouteilles d'eau du légionnaire, qui peinait à suivre la colonne progressant dans une zone très aride, par forte chaleur. L'officier reconnait également avoir donné un coup de poing au jeune slovaque; suffisamment fort pour que la victime vacille, sans toutefois tomber. Le rapport des experts parle d'une "ecchymose sur la région frontale gauche". L'officier a également insulté le légionnaire qui refusait de poursuivre en ces termes : "Relève-toi, sale merde !" Un comportement qui fait dire au chef d'état-major de l'armée de terre que le lieutenant Bertaud "n'a pas sa place chez nous".

Mais il est clair aujourd'hui que ce ne sont pas les coups qui ont provoqué la mort du légionnaire. Le fait d'être privé d'eau pendant plus d'une heure a-t-il provoqué le coup de chaleur ? Le rapport des experts n'en dit rien. En revanche, "le diagnostic porté avec certitude" indique que "l'arrêt cardio-circulatoire est sruvenu de façon brutale. (...) Ce coup de chaleur est secondaire (consécutif, ndlr) à un exercice intense chez un malade en surpoids et mal entrainé".

Cette conclusion est grave. Talas est présenté comme un "malade en surpoids et mal entrainé". Il est clair qu'il n'avait rien à faire dans une compagnie de combat d'un régiment parachutiste. Qui plus est au cours d'un exercice dans le désert. Tous ses camarades trouvaient que "Talas ne suivait pas". Il y a eu manifestement un problème de sélection puis d'orientation de ce jeune slovaque. Le comportement de son officier est inexcusable, mais la faute est sans doute plus collective - c'est en partie celle de l'institution. Car le légionnaire Talas n'aurait jamais dû être là où il était ce jour-là.

Dominique Merchet oublie quelque chose d'important : le rapport de la Gendarmerie établit que le légionnaire a pu boire toutes les demi-heures.

Le lieutenant, qui a suivi en cela ses sous-officiers, a cherché par tous les moyens à motiver un homme malade et trop gros pour être affecté à une unité de combat.

L'officier n'est pas un gentil organisateur en mesure de tout arrêter si un vacancier à bobo au genou. Le lieutenant avait une mission à remplir en utilisant les moyens mis à sa disposition par le commandement : matériels en état de fonctionner, hommes en état de marche et armes bien pourvues en munitions.

Les moyens que le lieutenant a choisis pour faire bouger son traînard, il n'en disposait pas de beaucoup d'autres, ne me semblent pas en contradiction avec le niveau d'exigence d'une unité d'élite. Je l'ai vu faire en Afrique (un tout autre contexte et une toute autre armée, je le concède).

Des soldats qui n'étaient pas des mous du genou.

Il est probable que l'idée que je me fais d'une unité d'élite (et selon toute vraisemblance ce jeune lieutenant aussi) n'est plus valable aujourd'hui. Il est possible aussi que la société toute entière ait subi un amollissement général.

Je me souviens que scout randonneur de 18 ans, voici une trentaine d'années, au cours d'un raid particulièrement rude dans les Vosges, j'ai connu quelques moments de faiblesse qui ont ralenti la progression de mon groupe. Notre chef de patrouille, un rude gaillard, m'a secoué, tant verbalement que physiquement, et cela m'a motivé suffisamment pour que je me resaisisse et reprenne la progression.

Ce que le jeune officier a fait durant l'exercice relève d'un mauvais théâtre qui a certainement pu heurter l'amour-propre du légionnaire mais guère plus.

Les causes de la mort du fantassin sont à rechercher ailleurs.

Nous l'avions écrit ici même. En toute logique, s'il tient compte des conclusions du rapport d'experts, le magistrat instructeur devra se poser des questions sur la chaîne de commandement responsable de l'affectation du légionnaire inapte au combat dans une unité… de combat !

Voici ce que j'écrivais voici un an :
D'après des rumeurs qui circulent parmi les militaires d'active, la hiérarchie a voulu sacrifier la peau de ce lieutenant pour que ne soit pas mise en cause la responsabilité du capitaine et celle du responsable sur place, à Djibouti.

Bref, la patate chaude a été relancée par les défenseurs du lieutenant dans le camp de l'Armée. Une question taraude tous ceux qui s'intéressent à cette affaire : que se passe-t-il au sein de la 13e DBLA pour qu'ils aient voulu étouffer leurs dysfonctionnements en sacrifiant un bouc émissaire ?

Le vent commence à tourner et il ne souffle plus dans la direction augurée par les huiles de l'état-major. J'en veux pour preuve l'évolution du journaliste de Libération Dominique Merchet qui, sans se couper de ses sources privilégiées, cherche à préserver sa crédibilité. Son dernier post est éclairant.

Polémique sur la mort d'un légionnaire à Djibouti : au delà des passions (actualisé)

La mort du légionnaire Talas lors d'un exercice à Djibouti, le 5 mars 2008, et l'enquête judiciaire qui s'en suit, suscitent de nombreuses réactions souvent passionnées. Que peut-on en penser ?

1) Un homme est mort et c'est l'essentiel. Un jeune slovaque s'était engagé dans la Légion étrangère et, à ce titre, servait la France. Il est mort bêtement au cours d'un exercice. Ne l'oublions pas. Certains le passent un peu vite par pertes et profits, préferant, par corporatisme, s'indigner du sort d'un jeune officier frais émoulu de Saint-Cyr.

2) Un jeune officier (…) voit sa carrière brisée (il a été radié de l'armée de terre) et a connu la prison dans l'attente de son procès. C'est déjà beaucoup. Son comportement a-t-il entrainé la mort du légionnaire ? Nous n'en savons rien et c'est même pour cela qu'il y aura un procès, avec une instruction, des experts et des avocats de part et d'autres ! Laissons la justice trancher. En attendant, une chose est sûre : son comportement n'a pas été honorable. Un officier - c'est en tout cas l'idée qu'on s'en fait - ne doit pas insulter, frapper et priver d'eau l'un de ses hommes.

3) Ce drame est né de la rencontre de deux hommes, qui n'avaient peut-être pas leur place dans cette section du 2ème REP. Tous les témoignages le confirment : Talas n'était pas au niveau, il ne suivait pas. Quand au lieutenant, son comportement n'était pas celui que l'armée de terre attend de ses jeunes chefs de section. Le problème est donc le suivant : que faisaient-ils là tous les deux ? Ce n'est pas remettre en cause l'armée de terre que de s'interroger. Ont-ils été bien sélectionnés, bien formés, bien orientés ? Si l'on répond par l'affirmative, comment expliquer les faits ? Faut-il rejeter l'entière responsabilité sur le lieutenant Bertaud ? Ce serait une autre forme de corporatisme, aussi détestable que la première que d'affirme r: l'institution est par nature innocente et il n'y a que des brebis galeuses.

4) Un journaliste n'est pas un juge. Je donne des éléments sur une affaire dont nous ne nous pouvons espérer avoir tous les éléments que lors du procès. Lorsque nous donnons des informations, nous le faisons avec un seul souci : leur véracité et leur exactitude. Quant à l'effet qu'elles produisent, si on ne peut l'ignorer, il ne devrait jamais dicter la décision de les communiquer ou non.

PS : je propose un cessez-le-feu dans le débat (sic) sur les vertus des Saint-Cyriens. Un peu de calme et de tenue fera du bien à tout le monde. Pour être clair, et jusqu'à nouvel ordre : les commentaires agressifs sur ce sujet ne seront plus mis en ligne.


L'an dernier, un des lecteursde Dominque Merchet, répondant au pseudonyme d'Alouette, en réagissant à l'article douteux que Merchet avait consacré à la personnalité de l'officier mis en cause, écrivait le lundi 12 janvier 2009 un commentaire révélateur sur le délicat exercice d'équilibriste auquel est soumis le journaliste.:

Lire entre les lignes
Excellent article. À première vue, il épouse la thèse de l’armée (« le châtiment d’un lieutenant tortionnaire »). À y regarder de plus près, il multiplie entre les lignes les avertissements au lecteur :
1) Il signale dès sa deuxième phrase que l’armée est désireuse de communiquer sur l’affaire (pas d’omerta militaire, bien au contraire).
2) Il ne dissimule pas que ses informations proviennent de la hiérarchie militaire, dont chacun se doute bien qu’elle n’est pas devenue tout à coup un modèle de transparence et de sincérité.
3) Il rappelle, par l’adverbe « vraisemblablement » (se non e vero e ben trovato ?), que la relation entre la privation d’eau, l’éventuel coup de chaleur et l’hémorragie interne dont est mort le légionnaire S. n’est à ce jour qu’une hypothèse – une hypothèse sur laquelle repose tout le reste de l’affaire.
4) Il laisse comprendre en évoquant des détails futiles (dégradation de véhicule, chaussures pas réglementaires) que l’armée a quelque peine à dresser un portrait du lieutenant B. en tortionnaire.
5) Il confirme le lâchage du lieutenant B. par l’armée en citant in fine une phrase quasi-courtelinesque du chef d’état-major (on lâche pas… mais on lâche quand même), qui pourrait figurer dans un florilège de littérature antimilitariste. Il la ponctue même d’un « fermez le ban » qu’on peut prendre pour ironique.
6) Il évoque nettement une pression exercée par l’armée sur la justice en faveur d’une mise en examen du lieutenant B. et de trois autres légionnaires.
7) Il avance même un début d’explication à l’attitude de l’armée : elle aurait voulu faire un exemple pour prévenir de futures bavures en Afghanistan.
M. Merchet, qui est un journaliste de talent, n’a sûrement pas semé tous ces signes de piste par hasard. Soucieux de ne pas s’aliéner ses sources militaires, il a rendu compte de leur version de l’affaire. Mais honnête envers ses lecteurs, il leur a aussi donné assez de clés pour la décrypter.
Le magistrat en charge de l'instructeur est bien au fait de la chose militaire.
Dans quelques mois, le magistrat instructeur va rendre une décision concernant le jeune inculpé. Je m'incline à penser que son affaire sera requalifiée pour prendre en compte les conclusions du rapport d'experts qui l'exonère de toute responsabilité directe dans la mort du légionnaire.

En attendant, en raison de l'incurie du commandement, deux vies ont été brisées. La première, celle du légionnaire inapte qui n'aurait jamais dû être affecté à la section en vue d'un exercice très dur. La seconde, celle d'un jeune homme, idéaliste, qui avait destiné sa vie au service des armes de la France.

Mais, qui sait, ce jeune homme possède peut-être les ressources nécessaires pour renaître à une nouvelle vie. Espérons qu'il ait fait le bon choix, celui de tourner la page.






Pour en savoir plus :

1 • La légion sur la sellette

2 •L'ex-chef de corps des mous du genou mis en cause

5 • Libération flingue à vue

samedi 20 décembre 2008

Légion : le débat se poursuit


Quand les légionnaires n'étaient pas des mous du genou. Le lieutenant de Montfalcon du 6e Régiment étranger d’infanterie en décembre 1940 à Homs en Syrie. 

L'embastillement d'un lieutenant en raison de la mort d'un soldat de sa section au cours d'un exercice à Djibouti suscite de nombreuses réactions dans la classe militaire.

On peut lire un excellent post sur le blog Eclairages.

Mort d'un légionnaire

Une sale histoire :
Un lieutenant du 2° REP a été mis en examen pour “actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et incarcéré à la prison de la santé . En mai dernier, un des légionnaires de sa section a trouvé la mort au cours d'une marche à Djibouti. Pour Dominique Merchet, le pacha du blog secret-défense, les faits sont accablants ( violences et privation d'eau) . Voir l'article de VA qui semble plus mesuré.

En réalité, qu'en est-il exactement ?
1/ Quelle est la cause du dècès ? Il apparait trés nettement que celui-ci n'est pas la conséquence des coups reçus ni celles d'une déshydratation mais bien du à un coup de chaleur d'exercice appelé aussi hyperthermie d'effort. Cette maladie souvent mortelle est imprévisible, peut survenir à tout âge même chez des gens entrainés physiquement et dans des conditions climatiques tempérées. Les signes sont souvent trompeurs surtout au début et peuvent se résumer uniquement à une agressivité.

2/ Quel responsable sous-officier ou officier n'a -t-il jamais botté les fesses d'un légionnaire à la traîne au cours d'une marche commando ? On sait bien que les efforts physiques et la "castagne" sont "culturels" dans ce corps d'élite où le mot d'ordre pourrait se résumer à l'idiome "entrainement difficile = guerre facile".
Ainsi, dans la revue de la Légion, le képi blanc, on peut lire particulièrement ceci : "le retour à la rusticité prévaut, tant dans la préparation physique, la capacité d'encaisse individuelle ou la stabilité émotionnelle. Le combattant, plus que jamais, doit être solide physiquement, car le degré d'investissement personnel est élevé dans l'action".

Les vierges effarouchées
Ce qui est désespérant dans cette histoire , c'est de voir le choeur des vierges effarouchées constitué des medias habituels mais également des généraux faux-culs se mettre à se lamenter et à déplorer cet "acte de barbarie".
Bien sûr, on pourra toujours dire que ce lieutenant de 26 ans a manqué de jugement et qu'un autre à sa place aurait agi différemment... c'est possible mais ce n'est pas certain.
Ce n' est qu' un accident, un malheureux accident du travail comme il en existe des dizaines chaque année dans l'armée.
Alors, disons " chiche" ! Quand un légionnaire jugera qu'il est fatigué au point de s'arrêter il faudra respecter son choix. Il pourra dire " pouce , on ne joue plus". Qu'on se le dise et que l'on cesse de faire porter le chapeau aux gradés subalternes ! De plus, il faut former les chefs d'unité au dépistage précoce des pathologies potentiellement mortelles, en particulier au diagnostic de coup de chaleur. Est- ce le cas actuellement ? Sinon, la responsabilité cet accident incombe à la hiérarchie.
Alors, résultat des courses : pas de vague et pas de bol pour ce malheureux légionnaire, pas de bol pour les caporaux qui sont éjectés de l'armée comme des malpropres, pas de bol pour le lieutenant.

samedi 13 décembre 2008

La légion sur la sellette




Attention, le troisième légionnaire à partir de la droite est mou du genou. L'attaque doit-elle s'interrompre pour permettre son évacuation sanitaire ?


En lisant la presse et en visitant les forums à vocation militaire, mon attention a été attirée par une pénible affaire qui touche la Légion étrangère.

Voici environ huit mois à Djibouti, au cours d'un exercice qui se déroule dans les habituelles conditions climatiques de ce coin perdu d'Afrique, un légionnaire d'origine slovaque meurt pour une raison mal éclaircie. Il s'est plaint d'une douleur au genou. Examiné, il n'avait rien. Ses camarades le croient simulateur et le forcent à poursuivre la mission. Malheureusement, il décède peu de temps après en dépit de l'intervention des secours appelés par le chef de section.

Stress physique ? Fatigue ? Déshydratation ? Coup de chaleur ? Nul ne le sait mais la hiérarchie s'empresse de dénoncer au Parquet le lieutenant en charge de la section. Selon ses « chefs », ce jeune officier serait le responsable direct de la mort du légionnaire et ses supérieurs mentionnent les termes de « barbarie» et de « torture» dans leur rapport. Le jeune lieutenant est mis à l'écart à Calvi durant des mois sans que nul ne se soucie d'entendre sa version, les trois sous-officiers qui auraient porté des coups au de cujus sont chassés de la Légion.


Publicité mensongère ?

Affaire close ?

Pas du tout. Sous la pression des autorités militaires, le jeudi 4 décembre un juge d'instruction place le lieutenant en détention provisoire à la Santé où il croupit depuis lors.

D'après des rumeurs qui circulent parmi les militaires d'active, la hiérarchie a voulu sacrifier la peau de ce lieutenant pour que ne soit pas mise en cause la responsabilité du capitaine et celle du responsable sur place, à Djibouti.

Quant au chef de Corps du 2e REP, le colonel Bricet Houdet, il ne s'est pas distingué par son appui moral au jeune lieutenant. Au sujet du colonel, il assez plaisant de se souvenir des paroles du général Duquesne le 7 juin dernier, lors de la traditionnelle cérémonie de passation de commandement : 

« a su faire vivre, chez chacun de ses légionnaires parachutistes, cette synthèse particulièrement aboutie de l'esprit de la Légion étrangère et de celui des parachutistes ». 

Le général a ajouté toujours au sujet du chef de corps partant : 

« a su conjuguer avec bonheur, tradition et modernité pour le plus grand bénéfice de son régiment »
De toute évidence, le lâchage d'un jeune officier fait désormais partie de la modernité de la légion étrangère. Enfin, le général conclut :

« le colonel Houdet laisse au colonel Bellot des Minières, son successeur, un outil de combat exceptionnel au cœur de notre spécificité : l'engagement d'urgence par la troisième dimension ».

C'est tout à fait cela. Désormais la Légion étrangère obéit au politiquement correct et on va recruter les officiers qui vont mener ses hommes au combat parmi les chefs de patrouille des Scouts de France. Nous sommes bien dans la troisième dimension, mais pas dans celle à laquelle faisait allusion le général Duquesne.

Le 2e REP à Kolwezi, quand les légionnaires n'étaient pas mous du genou.

Mais il est grave de constater que des fuites ont été organisées de l'intérieur de l'Institution et des journalistes ont été en mesure de lire le rapport de commandement et d'écrire des papiers à charge contre le lieutenant lampiste.

Pour contrer cette offensive de désinformation, Pierre-Olivier Lambert, avocat de l'officier incriminé a répondu aux questions de Jean Guisnel, journaliste au Point. Voici sa version :

Ancien officier de Légion, Pierre-Olivier Lambert défend le jeune officier mis en examen.

L'avocat du lieutenant de Légion poursuivi pour «actes de torture et de barbarie» s'explique

Le 4 mai 2008, le lieutenant Médéric B. commande à Djibouti un exercice de sa section du 2e régiment étranger de parachutistes. Dans des circonstances dont le détail reste à préciser, ce lieutenant et trois de ses subordonnés s'en prennent à un légionnaire slovaque, Jozef Svarusko, le frappent et l'empêchent de boire. L'homme meurt quelques minutes plus tard d'un "coup de chaleur", selon l'enquête de commandement. L'avocat Pierre-Olivier Lambert, qui assure la défense de l'officier avec son confrère Alexandre Varaut, a accepté de répondre au point.fr.

Lepoint.fr : Votre client, le lieutenant Médéric B., a été récemment mis en examen pour "actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort" d'un légionnaire slovaque, en mai dernier, à Djibouti. Pouvez-vous nous donner votre sentiment sur cette affaire ?

Pierre-Olivier Lambert : Ce jeune officier de 26 ans est un militaire brillant, saint-cyrien à la tête bien faite, très bien noté par ses chefs, suffisamment bien classé à la sortie de Saint-Cyr pour avoir pu choisir le 2e régiment étranger de parachutistes (REP), l'une des meilleures unités au monde, le régiment d'élite dont rêvent tous les officiers. Peu après son arrivée à Calvi, il est parti pour Djibouti avec sa compagnie. Chef de section, il n'a cependant pas eu réellement l'occasion de commander son unité durant ses deux premiers mois sur place, qui ont été essentiellement consacrés, à son niveau, à des tâches administratives.

Lepoint.fr : Quelle est sa version des événements du 4 mai 2008 ?

P.-O. L. : Dans le cadre d'un exercice, et alors qu'il n'a aucune expérience de la conduite concrète d'une unité composée de professionnels aussi solides, qui ne sont pas des tendres, il reçoit l'ordre de ses chefs de conduire une marche d'entraînement de plusieurs jours dans le désert, par une température frôlant les 50 degrés. De manière incompréhensible à mes yeux, son capitaine décide de l'envoyer sur le terrain sans son adjoint, un sous-officier expérimenté retenu par d'autres tâches. Le jeune officier ne connaît pas bien ces soldats, qui ont tous des parcours et des vécus singuliers. Celui qui les connaît, qui sait les diriger et leur parler, c'est son adjoint. Quand le lieutenant part pour cette marche qui s'annonce très pénible, c'est le tout premier exercice qu'il dirige.

Lepoint.fr : Sans doute. Mais ces éléments ne permettent pas d'expliquer pourquoi et comment le légionnaire Jozef Svarusko est mort !

P.-O. L. : Ce servant d'une arme collective de la section, dont je sais le nom de légionnaire, est aujourd'hui décédé, et je ne permettrai pas de porter un jugement sur sa conduite. Toutefois, je ne veux pas dissimuler le fait qu'il n'était pas considéré comme le meilleur élément du groupe. Je ne peux pas non plus épiloguer sur le fait que ces événements se déroulent trois jours après la fête de Camerone, dont tous les légionnaires sortent généralement assez fatigués. L'après-midi, ce soldat se plaint d'une douleur au genou. Je suis désolé, mais ce n'est pas une douleur au genou qui arrête un légionnaire. La marche doit se dérouler, sans ambiguïté, dans des conditions de combat réel. Ceci dit, quand cet homme se plaint, on vérifie son genou. Son genou n'a rien, et il ne se plaint de rien d'autre. On le prend alors pour un simulateur...

Lepoint.fr : Mais c'est peu après qu'il reçoit des coups de pied, des coups de crosse de Famas. Et pas une seule fois ! Votre client est même accusé d'en avoir porté lui-même. Est-il acceptable qu'un officier cogne un soldat affaibli ?

P.-O. L. : Certainement pas. Mais dans le cas de mon client, j'évoquerais plutôt des bourrades que des coups. Il n'a certes pas empêché trois de ses subordonnés de frapper le légionnaire. J'insiste d'ailleurs sur le fait que le lieutenant Médéric B. ne conteste pas avoir commis une lourde faute. Il est conscient que ce décès est intolérable et qu'il doit rendre des comptes et être puni. Mais il n'a jamais torturé un homme. Il a commis des erreurs de jugement, et a mal conduit sa mission. Mais on ne peut être condamné que pour des actes qu'on a commis, et je demanderai avec mon confrère Alexandre Varaut qui est désormais associé à sa défense, que les faits soient requalifiés.

Lepoint.fr : Mais il y a aussi ces gestes d'une inutile cruauté. Quand par exemple il refuse que Jozef Svarusko boive l'eau que lui tendent des camarades compatissants, en lui lançant : "Santé !" et "Si t'avances plus, t'as plus d'eau !"

P.-O. L. : Il s'agit d'un geste et de mots totalement stupides et déplacés, évidemment. Mais l'instruction démontrera qu'il n'y a eu aucune volonté de la part du lieutenant de priver durablement le légionnaire d'eau. Ensuite, ce dernier s'est relevé et a repris la marche. Tout le monde y a vu la preuve qu'il s'agissait d'un simulateur qui n'avait pas sa place au REP.

Lepoint.fr : N'est-ce pas là une affirmation excessive ? Jozef Svarusko est quand même mort suite à des coups qu'il a reçus. Tels sont très clairement les résultats de l'enquête de commandement...

P.-O. L. : Cette vision des choses est contestée. Aujourd'hui, nous ne savons pas de quoi est mort le légionnaire. Il n'est pas mort des coups qu'il a reçus, il n'est pas mort de déshydratation non plus. L'instruction doit sur ce point être spécialement poursuivie. Il faut, sur ce point précis comme sur bien d'autres, inviter tous les commentateurs à la circonspection et à la mesure. La réalité est infiniment plus complexe que le laissent penser les versions que j'ai lues ici ou là. C'est pourquoi nous demanderons dès lundi sa mise en liberté devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris. Il n'y a aucune justification à ce que le lieutenant Médéric B. soit mis en détention provisoire, sept mois après les faits, alors même qu'il a toujours coopéré de manière transparente avec la justice et l'institution militaire.

Lepoint.fr : La Légion est très offensive sur cette affaire, et estime que votre client n'a pas de place sur ses rangs. Vous comprenez cette position ?

P.-O. L. : La hiérarchie du lieutenant Médéric B. l'a lâché, et je le déplore. Pour autant, elle m'apparaît soucieuse de la manière dont les choses évoluent. Mon client, tout comme moi-même qui suis un ancien officier de Légion et très fier de l'être, demeure particulièrement attaché aux valeurs de la Légion étrangère qui rassemble des hommes de qualité exceptionnelle
On ne comprend pas tout à la lecture de cet entretien, mais au moins la version du jeune lieutenant est prise en compte. Il semble difficile à croire qu'il soit parti dans la verte (si on peut dire dans le cas de Djibouti) sans connaître ses hommes. Si tel est le cas, la responsabilité de l'encadrement est énorme. L'envoyer au casse-pipe ainsi relève du bizutage ou de la brimade.

Sans être militaire, j'ai une petite expérience personnelle qui me conduit à comprendre les circonstances. Voici quelques années, je me trouvais dans le Sud-Ouest-Africain, le long de la frontière de l'Angola, dans une région semi-désertique, au sol de sable blanc et recouvert d'arbustes épineux. J'accompagnais une unité des Koevoet, l'unité de lutte antiguérilla de la police du Sud-Ouest-Africain, partie à la chasse de quelques fugitifs de la SWAPO.

D'habitude ces unités agissaient à partir de véhicules blindés tout terrain. Mais cette fois, nous sommes partis en patrouille à pied. Je n'avais pas de sac à dos et je n'étais pas armé, à la différence de tous les autres. En dépit d'une parfaite condition physique et d'un entraînement régulier, j'ai souffert très vite de la chaleur, de la soif et de la fatigue. Que dire alors des soldats que je suivais ! Les sous-officiers devaient régulièrement houspiller les traînards pour maintenir la cohésion du groupe. J'ai vu quelques coups de pied et quelques coups de ceinturon. Mais au final, les hommes avançaient regroupés en respectant les distances réglementaires. 



Le koevoet en action. Ils avaient parfois mal au genou, mais ils avançaient quand même.


L'officier qui commandait l'unité ne s'est jamais préoccupé de ces questions. il avait bien autre chose à faire : remplir sa mission.

Dans ces conditions, si je devais repartir en reportage sur des théâtres d'opérations, je préférerais accompagner des unités de l'US Army car au moins, pour le moment, leurs officiers ont comme priorité de faire la guerre et non de jouer les nounous.