dimanche 27 janvier 2008

Le vrai visage de la Révolution

Une catastrophe bien française.


Le livre noir de la Révolution française

Sous la direction de Renaud Escande

Cerf, 882 p., ill., notes, 44 e, ISBN 978-2-204-08160-3.

Cette maison d'édition n'est pas très connue pour son sens de la transgression Bien au contraire : toujours dans le vent et souvent à la remorque de ce qui est bien vu dans la presse comme il faut. Entre les Mémoires de Hans Kung et le pensum du journal parisien de Mgr Roncalli, sans oublier les Clarifications sur l'homosexualité dans la Bible, on trouve heureusement quelques pépites dont Sauvés dans l'espérance, Spe salvi, de Benoît XVI et aussi ce fort volume consacré à la Révolution française.
Remis de l'étonnement de voir le nom des éditions du Cerf sur la couverture d'un livre à contre courant des thèmes à la mode, je me suis plongé dans la lecture de ce recueil de contributions, aux auteurs prestigieux, chacune apportant un éclairage bien informé et argumenté d'un des aspects de cette grande catastrophe de notre histoire.
On peut regretter que le directeur de l'ouvrage, frère prêcheur de son état, puisse sembler être un partisan du moindre effort. Aucune préface, aucune introduction ne vient nous raconter la genèse de ce livre pas ordinaire. Aucune conclusion ne met en lumière les apports originaux des contributeurs ou ne tente une synthèse des différentes analyses. L'éditeur aussi n'est pas à l'abri de toute critique. Ceux qui voudraient se servir de l'ouvrage comme outil de travail en seront pour leurs frais : pas d'index, pas de bibliographie, etc.
Le filon de la mauvaise humeur épuisé, il reste dans le livre de belles et riches veines de pur métal à exploiter. Relevons tout d'abord la qualité des auteurs. Non seulement on trouve des spécialistes, injustement écartés de l'université française par le conformisme idéologiques des toqués qui la gouvernent, comme Reynald Sécher, mais aussi des mandarins solidement entranchés dans l'institution comme Emmanuel Le Roy Ladurie, Stéphane Courtois ou Jean Tulard. Guidé par un instinct très sur du potentiel des ventes, l'éditeur a su également réunir des auteurs bien en cour auprès des libraires : Jean Des Cars, Ghislain de Diesbach, Jean-Christian Petitfils ou Jean Sévillia. On relève aussi des noms d'historiens comme Jean De Viguerie dont les analyses sur le patriotisme révolutionnaire et sur l'adhésion du royalisme moderne de l'Action française à ce patriotisme ont hérissé le poil de quelques secteurs de l'opinion de droite. (*) C'est très bien d'avoir pensé à lui pour cet ouvrage.
Dans une première partie « les Faits », le lecteur trouve notamment un remarquable travail de Pierre Chaunu sur la sécularisation des biens de l'Eglise, un de Reynald Sécher sur la guerre de Vendée, un article de T. Josserand sur la fin de la Marine royale ou encore une analyse de Stéphane Courtois sur la Révolution française et la Révolution d'octobre.
Une deuxième partie, « le Génie » rassemble des contributions consacrées à principalement à des analystes de cette tragédie française : Rivarol, Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Donoso Cortez ou encore Hannah Arendt. En revanche, on relève quelques absences inexplicables comme celle de Burke.



Burke, un grand oublié

Enfin, un troisième partie offre une anthologie de textes et de documents liés à la Révolution, bien choisis et toujours à la fois pertinents et émouvants.
Le grand mérite de ce livre est de mettre à la portée du grand public un regard critique sur la Révolution française. Comme le signalent les auteurs, il ne s'agit pas de « noircir » le mythe fondateur de la France contemporaine, mais de rappeler les faits tels qu'ils ont eu lieu. Des faits bien éloignés de la vulgate qui encombre l'esprit des Français.
Reflet d'une exigence de vérité, ce livre est une œuvre d'utilité publique et devrait faire partie de la liste des cadeaux de grands-parents bien inspirés désireux d'éclairer des petits-enfants abusés par une historiographie officielle toute acquise à la cause des sans-culotte.


(*) Jean De Viguerie n'a exprimé qu'un sentiment bien normal d'étonnement devant le ralliement de Maurras au drapeau tricolore, un choix qui devrait révulser tout vrai monarchiste. En lisant cet historien on ne peut qu'approuver ces points de vue iconoclastes, par exemple quand il répond à la question d'un journaliste sur l'Alsace et la Lorraine : « On peut se demander s’il fallait faire tuer un million trois cent cinquante trois mille hommes pour les récupérer ». De Viguerie ajoute que « les Alsaciens-Lorrains n’ont pas tellement souffert sous l’administration allemande, les catholiques notamment. Ils ont jadis fait partie du Saint-Empire et pouvaient demeurer au sein du nouvel Empire allemand...» Je ne vois rien à redire à ce qu'exprime Jean De Viguerie. La France serait bien mieux lotie aujourd'hui, certes sans ces deux provinces, mais aussi sans les monuments aux morts.

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