Comme je l'ai annoncé à mes visiteurs, je me suis rendu en Argentine durant deux semaines pour des recherches concernant différents sujets dont l'or monétaire à la fin du XVIIIe siècle.
Mes premiers pas m'ont conduit aux Archives nationales, tout près du port, en plein cœur historique de la ville de Buenos Aires. Un visiteur européen ne peut manquer d’avoir le cœur serré en constatant la pauvreté des moyens dans laquelle se débattent les conservateurs. Les nouvelles installations des Archives des Indes à Séville rendent cette comparaison encore plus cruelle.
La salle de consultation n’a pas beaucoup changé depuis les années 1920 et la seule note de modernisme, une asthmatique système d’air conditionné, fait tant de bruit qu’il rendrait une conversation inaudible si les chercheurs avaient le droit de se parler.
Un peu déprimé par l’ambiance des archives et déçu par le peu de résultat de mes recherches, je suis parti visiter la petite ville de Carolina, fondée à la fin du XVIIIe siècle pour exploiter des gisements aurifères.
J’ai roulé près de douze heures d’est en ouest, en traversant en tout et pour tout une seule ville, Junin, qui ressemble à une gigantesque exposition de machines agricoles. Durant ce périple, j’ai mieux compris à la fois la richesse et l’immensité de ce pays. De chaque côté de la route, s’étendent à perte de vue des champs cultivés. Soja, tournesol, maïs, occupent tout l’espace disponible. Même le bas côté des routes est mis en culture.
Témoins roulants des nouvelles réalités géopolitiques, je croise une longue théorie de camions couverts d’inscriptions en portugais qui transportent des conteneurs débarqués à Valparaiso et à destination des grandes métropoles du Brésil.
Le soir, en arrivant dans les sierras de la province de San Luis, but de mon voyage, je change de monde. Les riches terres agricoles des plaines ont été remplacés par des terres bien moins généreuses, principalement destinées à l’élevage.
En m’arrêtant dans un boliche du bord de route boire un verre de bière bien froide, j’ai la surprise de tomber sur un jeune Français arrivé dans ce village au hasard de l’auto-stop. Nous faisons connaissance et il m’explique qu’il fait le tour de l’Argentine pour mieux connaître le pays et ses habitants. Écoutant notre conversation en français, un des habitants du cru s’adresse à nous dans notre langue pour nous souhaiter la bienvenue dans ce coin retiré de la sierra. Étonnés de découvrir un francophone, nous sympathisons autour d’une nouvelle tournée. Don Alberto, notre nouvel ami, possède une propriété tout en haut de la montagne où il élève du bétail. Il semble très attaché aux traditions des Créoles et sa défense du gaucho confronté aux défis de la mondialisation le rend très proche de nos préoccupations d’Européens. Don Alberto nous propose l’hospitalité dans son hacienda. Mais, apprenant qu’il faut quatre heures de cheval pour s’y rendre, je décline à regret son offre. En revanche, le jeune français accepte avec empressement, tout heureux de découvrir une nouvelle facette de la vie Argentine.
En les quittant, je leur laisse des cartes de visite et je fais promettre à mon compatriote qu’il m’enverra des photos de son séjour parmi les gauchos de la sierra.
Quelques jours plus tard, je dois me rendre à l’évidence. Il reste peu de choses à la Caroline qui mérite le détour. Après quelques promenades dans la montagne, je reprends la route de Buenos Aires en me disant que mon meilleur souvenir de la sierra furent ces quelques instants partagés autour d’une bouteille de bière bien fraîche assis entre un jeune français idéaliste et un vieux gaucho traditionaliste.
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