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lundi 28 juin 2010

L'avenir de la défense française

Je ne suis pas un grand fan du journaliste de Libération Jean Dominique Merchet. Sa présentation de l'affaire du jeune officier chassé de l'Armée à la suite de la mort accidentelle d'un homme de sa section pendant des manœuvres à Djibouti m'a écœuré.

Les plus curieux trouveront les raisons de mon déplaisir sur les posts de ce blog qui lui son consacrés.

En revanche, je dois à l'honnêteté d'écrire que ses analyses sur les questions militaires révèlent une grande compétence et il m'arrive d'être en accord avec lui.

Ce qu'il a écrit sur l'avenir immédiat de la défense en France est frappé au sceau du bon sens.


Mon opinion : replions-nous, mais en bon ordre !


A la guerre, le repli n'est certes pas la manoeuvre le plus glorieuse ni la plus enthousiasmante. Mais elle est parfois indispensable, tous les grands capitaines le savent. Comme ils savent que, de toutes les manoeuvres, elle est la plus difficile à conduire. Car, en la matière, toute erreur se paye par la déroute.

Au plan militaire, la France est aujourd'hui contrainte au repli. L'état des finances publiques dicte sa loi. Quelles que soient les incantations et sauf (mauvaise) surprise stratégique de taille, notre pays ne consacrera pas à sa défense plus de 1,5 à 2% de son produit intérieur brut (PIB) et ce, à terme prévisible. C'est peu, comparé au 4% des années 70, mais c'est ainsi. Quel dirigeant politique, quel parti susceptible de gouverner la France propose d'augmenter significativement les dépenses militaires ? Aucun. Il faut donc faire avec.

La France se trouve dans la même situation que le Royaume-Uni des années 50 et 60. Les Britanniques se sont alors repliés, abandonnant leur politique indépendante au niveau mondial ("à l'est de Suez"), en se mettant à la remorque des Etats-Unis au plan nucléaire, avec les accords de Nassau. Les circonstances sont différentes, mais cette option est aujourd'hui possible pour la France.

Notre retour dans l'Otan pousse d'ailleurs pleinement dans ce sens. Nous deviendrons l'un des meilleurs éléments de l'Alliance, avec une armée capable d'intervenir efficacement aux côtés des Américains. Les militaires, en tant que professionnels respectés, pourraient y trouver satisfaction. Les industriels de l'armement paieraient sans doute un prix très lourd à ce choix, avec la perte définitive de maitrise d'oeuvre de programmes complexes. Nous serions aspirer dans la course à l'interopérabilité avec les Américains, course qui nous épuisera rapidement. Quand aux citoyens français, ils devraient renoncer à ce que leur pays joue un rôle indépendant sur la scène mondiale.

Il existe une autre voie. Tout aussi douloureuse, sans doute, mais qui peut préserver l'avenir. C'est celle du repli en bon ordre, dont le seul objectif doit être de conserver des capacités de remontée en puissance.

La défense d'un pays marche sur deux jambes : les forces armées et l'industrie d'armement. Il est impératif de maintenir l'équilibre entre les deux. Avoir une bonne armée, bien entraînée, ne sert pas à grand chose si l'on est incapable de l'équiper de manière autonome. Si ce n'est, peut-être, à jouer les supplétifs.

La priorité devrait donc être de conserver les capacités techniques, humaines, et industrielles - quitte à réduire les forces. Ce discours ne plaira pas à tout le monde, je le sais. Il est pourtant essentiel que la France préserve ses savoirs-faire dans les domaines stratégiques. Qu'elle les conserve mais a minima, puisque nous n'avons pas le choix.

Prenons l'exemple du Rafale. Si l'on veut conserver au XXIème siècle la capacité de construire des avions de combat sur le sol européen, il faut 1) maintenir l'activité des bureaux d'études ; 2) produire juste assez d'avions pour que les ingénieurs et les ouvriers des chaines de fabrication gardent leur savoir-faire ; 3) gagner des contrats à l'export. Décrocher un contrat pour le Rafale au Brésil et aux Emirats arabes unis est, pour la France, une affaire considérablement plus importante qu'une amélioration de la situation en Afghanistan. Ce qui est vrai pour les avions de combat l'est dans d'autres domaines. Il faut les lister soigneusement en partant, non pas de l'idéal, mais de la situation réelle de l'industrie française - qui est ne l'oublions pas l'une des toutes premières du monde.

Et les forces ? Là encore, la priorité absolue devrait être de conserver les savoirs-faire. Avec des minimums quantitatifs, mais le souci de maintenir la qualité. On s'orienterait vers ce que d'aucuns appellent une "armée d'échantillons". Prenons l'armée de terre : A-t-on besoin de trois bataillons de chasseurs alpins ? D'une entière brigade parachutiste avec quatre régiments d'infanterie para ? De quatre régiments de chars lourds ? Ce qui est vital - car nul ne sait quelle forme prendront les menaces de demain, c'est, par exemple, de maintenir un haut savoir faire dans le combat de montagne, de maîtriser les techniques d'assaut par air et conserver des capacités blindées.

Le génie se consacre beaucoup aux engins explosifs improvisés, ce que personne n'avait anticipé il y a dix ans. Qui peut affirmer que les capacités de franchissement (ponts, etc) ne deviendront pas demain essentielles ? Donc, conserver, sous forme d'échantillons, toutes ces techniques si durement, si chèrement, acquises. La remontée en puissance est aussi une question d'hommes, de ressources humaines, de capacités à les recruter et à les former - la réserve a sans doute là un rôle à jouer.

Pour les forces comme dans l'industrie, il existe des effets de cliquet. On peut facilement abandonner quelque chose, mais, ensuite, le retour est quasiment impossible. Regardez les Britanniques et le porte-avions : ils ont presque tout inventé, le pont oblique, la catapulte, le miroir d'appontage. Et aujourd'hui, ils ne savent plus faire. Souhaite-t-on les imiter?

Ce repli, si douloureux soit-il, est-il possible ? Sans doute et pour une raison simple : le niveau de la menace. Celle-ci est historiquement faible. Jamais notre territoire n'a été, comme il l'est aujourd'hui, autant à l'abri d'une invasion armée. Les stratèges décrivent même notre pays comme étant devenu une île, sans menace terrestre à ses frontières. C'est un luxe que nos anciens auraient aimé connaître. Profitons-en, mais intelligemment. Rien ne dit que cela durera.

La seule menace réelle contre le territoire et ses habitants - et donc la raison d'être de la défense - provient du terrorisme. C'est l'affaire des services de renseignement, de la police, de la justice, parfois des forces spéciales. Là, il ne saurait être question de repli.

Pas plus que dans le nucléaire, parce que la dissuasion est l'assurance ultime que jamais plus une catastrophe comme celle de mai-juin 1940 ne se reproduira. Tant d'argent a été dépensé pour doter la France d'une capacité de dissuasion nucléaire crédible, aujourd'hui réduite à son plus bas niveau possible en vertu du principe de "stricte suffisance", qu'il serait franchement insensé d'y renoncer. Car si on le faisait, il faut savoir que ce serait un aller-simple : on ne pourrait plus jamais acquérir une dissuasion nucléaire. Et il faut craindre que, faute de dissuasion, les guerres classiques redeviennent vite d'actualité.

Que faire alors ? Reduire l'interventionnisme à tout crin hors de nos frontières. Replier les opex et profiter de ce désengagement militaire - qui sera douloureux dîplomatiquement - pour mettre en avant des solutions politiques originales en faisant entendre autrement la voix de la France. Que fait-on encore au sud du Liban, au Kosovo, au Tchad ? Et, évidemment, en Afghanistan ? A quelle guerre serait destiné le contingent de 30.000 hommes que l'armée de terre doit tenir prêt, comme le lui demande le Livre blanc ? Est-il indispensable que pouvoir fournir l''équivalent de deux ou trois divisions à une improbable coalition, forcément dirigée par les Etats-Unis ? Une défense pour protéger, à long terme, la France et les Français ou pour jouer aujourd'hui un rôle dans "la famille occidentale" ? Les réponses, on le comprend, sont éminément politiques.

samedi 21 février 2009

L'état-major se défend comme il peut

Légionnaire français en Afghanistan, photographié par l'USMC.

J.-D. Merchet se prête à nouveau à son rôle de porte-voix préféré de l'état-major. Il publie sur son blog un entretien avec Louis Pichot de Champfleury, commandant de la Légion étrangère, lequel tente de limiter les dégâts après les révélations de Michel Bavoil, patron de l'ADEFDROMIL.

«La Légion étrangère n'est pas une zone de non-droit» nous dit son commandant

L'association de défense des droits des militaires (Adefdromil), présidée par le capitaine en retraite Michel Bavoil, vient de publier un "Rapport sur les droits de l'homme dans l'armée française", dans lequel elle s'en prend très violemment à la Légion étrangère. Parlant de "quasi-servitude" des Légionnaires, le capitaine Bavoil expliquait ainsi au Figaro.fr que "la Légion fonctionne sur un système de pression. Les gars sont retenus par la force et la menace, il faut le savoir : sinon, 85% d'entre eux se sauveraient".

Secret-Défense a demandé au général Louis Pichot de Champfleury, commandant de la Légion étrangère (COMLE) de répondre à ces accusations graves. Voici l'entretien exclusif avec le "Père Légion".

Vous êtes accusé par l'Adefdromil de violer les droits de l'homme au sein de votre institution. Pour beaucoup, la Légion est un univers opaque. Qu'en est-il ?

Lorsque je lis les propos du capitaine Bavoil, j'ai l'impression que le droit commun ne s'applique pas chez nous, que les légionnaires sont soumis au bon vouloir de leur chef. Rassurez-vous: je ne suis pas un général qui fait ce qu'il veut. Nous ne sommes pas une zone de non-droit. D'abord parce que la Légion est partie intégrante de l'armée de terre et que nous sommes régis par les mêmes textes, à savoir le statut général des militaires qui date de 2005. Il y a en effet un statut particulier pour les hommes qui servent chez nous "à titre étranger". Leur statut a fait l'objet d'un décret pris en Conseil d'Etat en septembre 2008. Or, le Conseil d'Etat n'a pas la réputation de traiter avec légereté les règles de la République...

Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes? Le rapport cite pourtant des cas particuliers douloureux...

Le rapport contient beaucoup d''affirmations approximatives, voire erronées. Ainsi lorsqu'il affirme que devant un conseil d'enquête, le légionnaire n'a pas le choix de son défenseur. C'est simplement faux. Mais, attention, je ne dis pas que dans une collectivité de 7600 hommes, nous n'avons pas de temps en temps une part de responsabilité dans des erreurs administratives ou de gestion.

L'Adefdromil s'en prend particulièrement à "l'identité déclarée" sous laquelle s'engage tous les légionnaires et qui les placerait dans une situation de "quasi-servitude" par rapport à la hiérarchie. De quoi s'agit-il ?

Depuis que la Légion étrangère existe (1831), on s'y engage sous une identité déclarée, c'est-à-dire une autre identité que la sienne. Si nous avons maintenu ce principe, ce n'est pas par respect des traditions mais pour de bonnes raisons, que le Conseil d'Etat a reconnu. D'abord le principe d'égalité entre les engagés. Nous ne voulons pas de discrimination entre les "francophones" [citoyens français - ndlr] et les autres. En effet, pour des raisons de sécurité, nous vérifions l'idendité réelle des gens qui s'engagent chez nous. Il nous faut en moyenne un an pour nous assurer de la véracité des déclarations faites lors de l'engagement. Nous vérifions par exemple que l'engagé n'est pas recherché par la police de son pays pour un crime commis à la veille de la signature de son contrat. Cela prend du temps, car cela se passe souvent dans des pays lointains. Pour nous, l'identité déclarée est une phase d'entrée. Au bout de trois ans, 80% des légionnaires ont repris leur vraie identité. Dans l'ensemble de la Légion, nous n'avons qu'une cinquantaine de légionnaires avec plus de cinq ans d'ancienneté qui servent sous "identité déclarée". Retrouver son identité est un processus long car nous demandons des papiers fiables, certifiés, pas des photocopies. Il faut des traducteurs habilités, etc... Pour nous, la simplicité, c'est que les engagés servent sous leur identité réelle.

Avez-vous des difficultés de recrutement ?

En 2008, nous avons recruté 1000 légionnaires et nous avons eu 8000 candidats. Donc, huit candidats par poste. Les meilleurs agents recruteurs sont les anciens légionnaires rentrés dans leur pays d'origine.

Quelle est l'origine des légionnaires ?

Un tiers d'Europe occidentale, dont la France, un tiers d'Europe de l'Est et un tiers du reste du monde - qui se décompose entre 10% d'Amérique latine, 10% d'Asie et 10% de l'ensemble Maghreb, Afrique, Moyen-Orient. Nos effectifs sont de 7600 dont 7200 servent "à titre étranger", parmi lesquels on compte 40 officiers et 1700 sous-officiers.

La Légion est connue pour la fréquence des désertions. Qu'en est-il ?

Les chiffres sont stables. En moyenne, j'ai 250 déserteurs sur l'année, soit une quinzaine en permanence, sur un effectif de 7600 légionnaires. Mais c'est un phénomène compliqué : des jeunes partent parce qu'ils ont un coup de cafard, qu'ils doivent rentrer chez eux pour soigner leur mère, etc. Et parfois, ils reviennent ensuite.

La Légion a récemment été secouée par l'affaire de Djibouti, avec la mort d'un légionnaire et la mise en examen de son lieutenant. Beaucoup dans l'institution militaire accuse la hiérarchie - donc vous - d'avoir lâché cet officier. Que leur répondez-vous ?

Je souhaite rester neutre dans cette affaire afin de ne pas influer la justice qui doit faire son travail en toute indépendance. Ce que je peux dire, c'est que le conseil d'enquête - c'est-à-dire les pairs du lieutenant Bertaud - a proposé sa mise à pied et sa radiation des cadres, non pas parce qu'il a été jugé coupable, mais parce qu'il a gravement transgressé les réglements militaires.

vendredi 20 février 2009

Merchet remet le couvert

La lettre de soutien du général Delaunay au lieutenant de Légion emprisonné à la Santé.

Libération n'aime pas lâcher ses proies. Surtout quand il s'agit d'une victime au profil incompatible avec les valeurs défendues par ce quotidien.

J.-D. Merchet, journaliste de Libération spécialisé dans les questions de défense et porte-voix officieux de l'état-major, a pris un malin plaisir depuis le début de l'affaire de ce jeune officier de Légion, accusé d'avoir causé la mort d'un de ses hommes pensant un exercice, à porter sur la place publique la version de l'institution, accablante pour le lieutenant.

Ce salarié de Libération n'a pas hésité par le passé à torturer des textes pour en faire des attaques en règle contre le jeune officier (qui n'était même pas cité) et à rédiger un reportage chez les « mous du genou » du 2e REP tellement à charge contre le lieutenant qu'il restera probablement dans les annales de la désinformation.

Visiblement, la remise en liberté du lieutenant reste en travers de la gorge à J.-D. Merchet. Il trouve le moyen de publier sur son blog une lettre de soutien du général Jean Delaunay, chef d'état-major de l'armée de terre de 1980 à 1983.

Les commentaires qui accompagnent la lettre sont très révélateurs de l'état d'esprit du journaliste. Espérons qu'ils contribueront à édifier les gentils gogos en uniforme qui fréquentent son blog et qui l'alimentent en informations.

jeudi 19 février 2009

Officier de Légion libéré

Un site militaire révèle qu' a été mis en liberté hier le lieutenant de la Légion mis en cause dans la mort accidentelle du soldat de sa section Jozef Svarusko pendant un exercice.

Le juge d'instruction Florence Michon avait décidé le jeudi 4 décembre 2008 de placer en détention provisoire le jeune lieutenant afin d'éviter tout risque de fuite à l'étranger et tout risque d'intimidation des témoins. Ces motifs, des mois après les faits, semblaient plutôt l'habillage d'une concession faite à la hiérarchie militaire.

Après un début en fanfare, quand toute la presse à l'écoute de l'état-major (à quelques exceptions près), le redoutable J.-D. Merchet de Libération en tête, a relayé la version des faits qui accable le jeune officier, la température médiatique est retombée ce qui a ramené l'affaire à de plus justes proportions.

Ayant affaire à un magistrat écoutant leurs arguments et instruisant à charge et à décharge, les avocats de la défense ont été en mesure de demander des expertises et des compléments d'enquête, cherchant à éclairer notamment les circonstances précises de la mort accidentelle du légionnaire. Leur objectif est de démontrer scientifiquement que le lieutenant n'est pas à l'origine du décès de son subordonné.

Le jeune officier n'en est pas quitte pour autant. Il est convoqué à nouveau par la justice le 23 février et l'instruction se poursuit. Toutefois, l'étape de lynchage médiatique et de lâchage corporatif semble achevée.

Le jeune officier, incarcéré à la santé dans le quartier réservé (fonctionnaires de police, militaires, fonctionnaires divers et variés, personnalités, etc…), a eu l'opportunité de faire le tri entre ses amis et les autres, d'étudier son dossier à fond et de se mettre au russe grâce à la présence d'un prisonnier russophone.

Sorti de prison, entouré par la chaleur de ses amis et par l'affection de sa famille, le jeune officier va pouvoir l'esprit plus serein se consacrer à sa défense.

Personnellement, étant donné ce qu'est devenu l'Armée française, je reste convaincu que raccrocher son uniforme pour reprendre une vie normale est ce qui peut lui arriver de mieux.