
Je dois l'avouer, je maintiens une relation compliquée avec le Mexique.
Il m'est pénible de comparer l'état actuel de ce pays avec ce qu'il fut autrefois.
A vrai dire, il m'a toujours semblé que la Nouvelle Espagne ne s'est jamais remise de la mort du vice-roi Bernardo de Gálvez y Madrid en 1786. A cette époque, ce qui va devenir le Mexique est un des rares ensembles bi-continentaux. A partie de la ville de Mexico, le vice-roi est aux commandes d'une vaste région qui englobe à l'est les Antilles, à l'ouest les Philippines, au nord les limites de l'Alaska et au sud l'isthme américain.
La victoire des séparatistes en 1821 va conduire progressivement le pays sur la voie de la décadence et son territoire va se réduire comme une peau de chagrin.
Tout d'abord, les Philippines et les Antilles restent fidèles à l'Espagne. Puis l'incompétence des nouvelles générations aux commandes conduit à la perte de l'Oregon et du Texas, récupéré manu militari par des immigrants anglophones, avant le désastre de 1848 quand l'expansionnisme du voisin du nord conduit à la perte de l'Arizona, du Nouveau Mexique et de la Californie.
Les ambitions malheureuses de Napoléon III, allié à une petite élite locale, aboutissent à la triste expédition de l'Armée française au Mexique qui ne connaît que d'éphémères succès avant de se terminer en défaite puis par la mort de l'honorable Maximilien.
A la fin du XIXe siècle, le Mexique n'est plus qu'un terrain vague, largement dominé par les intérêts financiers des Etats-Unis et par une bourgeoisie éclairée qui tourne vite à la machine répressive anti-catholique, dont les épisodes les plus emblématiques sont le révolte des Cristeros et l'extraordinaire martyre du père Pro.
La prise du pouvoir par les gauchistes affairistes et laicards du PRI (parti révolutionnaire institutionnel !) va transformer ce pays en un régime de gauche (de façade) tout en obéissant aux inérêts des Etats-Unis.
La fin du PRI a rendu un espace de liberté politique à ce pays. Il lui reste encore à restaurer la liberté civique de ne pas recevoir une balle d'un criminel protégé par une police corrompue.
Mais hier au soir sur un terrain de jeu en Afrique australe, de jeunes remplaçants, abonnés au banc de touche, ont battu une bande d'employés surpayés de grands clubs européens.
Une équipe enhardie de créoles catholiques, protégés par la vierge de Guadalupe, a mis la pâtée à une méchante troupe de cipayes engoncés.
Une fratrie homogène de garçons bien dans leur peau a écrasé un ramassis de clans ethno-religieux qui se détestent.
Le plus agréable de cette défaite est qu'elle va interdire aux bien-pensants de ressortir leur couplet sur la France de demain aux couleurs de l'équipe de France.