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mercredi 14 avril 2010

Le juge Garzon mobilise ses copains

Manifestation de la gauche affine au gouvernement en faveur du juge instructeur Baltazar Garzon real.


Confronté à une judicature qui lui demande des comptes, le célébrissime juge Garzon est bien en peine de monter une défense fondée sur des arguments de fait et, surtout, de droit.

Comment peut-il contester l'accusation de prévarication portée contre lui dans l'affaire de l'enquête ouverte sur les crimes du franquisme alors qu'il avait refusé auparavant de poursuivre le seul criminel contre l'humanité encore en vie en Espagne, Santiago Carrillo ?

Comment peut-il contester l'accusation de corruption alors qu'il a accepté plus de 300 000 euros du Banco Santander avant de classer une affaire mettant en cause ce même établissement financier ?

Comment pourrait-il contester qu'il a ordonné des écoutes illégales d'avocats ou encore qu'il a retardé sciemment l'enquête sur l'aide apportée par la hiérarchie policière à l'ETA en pleine négociation entre le gouvernement et la bande terroriste ?

Sur un plan plus psychologique, son enrichissement personnel, son autocratisme, lui ont fait des ennemis parmi ses confrères. Après avoir beaucoup tardé, c'est un juge de gauche, Luciano Varela qui a enfin renvoyé devant des juges la vedette des cabinets d'instruction de Madrid.

C'est donc à l'approche d'une Bérézina judiciaire que Garzon a tenté de pallier aux carences de sa défense par une mobilisation massive de son carnet d'adresses. Le Tohu-bohu hystérico-émotionnel organisé en sa faveur peut se révéler désastreux à long terme car il met en lumière le caractère partisan de son action et la faiblesse de ses arguments.

Sans compter qu'il prend les confrères chargés de son affaire à contre-poil. La réaction des magistrats éclaire bien les risques pris par Garzon.

Tout semble indiquer que Garzon, prévoyant une issue fatale pour sa carrière judiciaire, prépare le terrain pour un rebond plus politique une fois dérobé et détoqué par ses pairs.

Voici un résumé des principaux articles en faveur de Garzon. Ici.

L'arrêt du juge Varela. Ici.

mardi 7 juillet 2009

L'ETA au bout du rouleau ?

Un terroriste de l'ETA arrêté en France est transféré à Paris.

Le rythme accéléré des arrestations, la chute répétée des différents commandos conduisent la bante terroriste d'extrême-gauche ETA à situation critique.

Comme le rapporte Anibal Gonzales dans les colonnes du Confidencial, le nombre de combattants de l'ETA ne dépasserait pas la soixantaine, chiffre à comparer aux 600 des années les plus dures, quand la bande multipliait les attentats.

Le nombre actuel d'etarres est ridulement faible. Il est limité non pas par le manque de volontaires, la jeunesse radicale du Pays Basque fournit assez de troupes désireuses de passer à l'action, mais la logistique manque. Les fonds recueillis par les campagnes de terreur auprès des entreprises rentrent moins, les fonds publics détournés des mairies et du gouvernement basque se font rares, les cadres formés sont en prison ou en Amérique du Sud, etc.





Extrema debilidad de ETA: la estructura operativa de la banda no llega a 50 personas

Las continuas caídas de comandos etarras que, con la eficaz colaboración francesa, se vienen produciendo cada vez con intervalos de tiempo más cortos gracias al trabajo del Cuerpo Nacional de Policía y de la Guardia Civil, han puesto a la organización terrorista en una situación límite. De acuerdo con fuentes de la lucha antiterrorista consultadas por este diario, la estructura clandestina operativa de la banda apenas cuenta hoy con 50 personas.

Una situación que contrasta poderosamente con la existente en la época más dura del terrorismo etarra, en plena década de los ochenta, cuando la banda llegó a contar con hasta 600 miembros dentro de esa “estructura operativa clandestina”, expresión clave en toda banda terrorista que se precie, en tanto en cuanto alude al número de militantes con capacidad para llevar a cabo los golpes que determina la dirección.

Las fuentes de la lucha antiterrorista califican el actual ritmo de caídas de comandos etarras de “insoportable” para la banda. ¿Significa esto que ETA está a punto de tirar la toalla? “En absoluto. Su problema no es la falta de cantera, que la tiene y de sobra, a pesar del fantasma de la cárcel que se yergue sobre todo joven que decida dar el paso, como el domingo se encargó de recordar el ministro Rubalcaba. El problema de ETA es de logística, es decir, de cómo seguir operando con una mínima capacidad para proteger a su gente”.

Las últimas detenciones -la más reciente, la de los miembros del aparato militar Asier Borrero, Itziar Plaza e Iurgi Garitagoitia, ocurrida en Pau, Francia- han supuesto un golpe muy duro para la moral de la organización y para el entorno de la izquierda abertzale que le apoya. La idea generalizada en ese entorno es que “ETA está infiltrada hasta el tuétano por los cuerpos y fuerzas de seguridad españoles, situación que convierte en titánica la labor de la nueva dirección etarra”.

Nada se sabe de esa nueva dirección. “Los nombres que han salido a la palestra son puro voluntarismo”, señalan las fuentes. “En realidad nadie sabe nada sobre cómo será la nueva cúpula dirigente, y menos aún sobre la nueva estructura. Lo que está claro es que la labor de la ejecutiva etarra deberá estar centrada en cómo organizar sobre bases de seguridad nuevas los futuros comandos y, sobre todo, cómo hacer frente a los infiltrados”.

El relevo podría venir de Venezuela

“Nadie sabe quién va a coger las riendas de ETA tras la última caída de la cúpula”. En medios de la izquierda abertzale circula con fuerza el rumor de que será una persona que haya estado en Venezuela durante un cierto número de años, lejos de cualquier posible contaminación. A la sombra de un personaje como el presidente Chávez, el país sudamericano es desde hace tiempo uno de los refugios preferidos para los militantes huidos de la banda.

“La situación de ETA puede convertirse en terminal a corto plazo”, aseguran las fuentes. “Para evitarlo tendrían de concurrir muchas cosas: desde luego acertar con la nueva cúpula, y por encima de todo dotarse de una estructura mínimamente operativa y con alguna capacidad para proteger a sus comandos del acoso policial. Todo muy difícil. La derrota definitiva de ETA puede estar próxima. Esta vez, sí”.

samedi 20 juin 2009

Eta tue une nouvelle fois

L'attentat de l'ETA a fait la une de la presse en Espagne. A gauche, Gara, quotidien d'extrême-gauche, porte-voix de l'ETA et de sa mouvance. A droite, El Mundo, quotidien de la droite libérale espagnole.


Le groupe terroriste d'extrême gauche ETA vient de tuer dans un attentat spectaculaire à la voiture piégée à Arrigorriaga, Eduardo Puelles Garcia, un des chefs de la lutte antiterroriste.

L'explosion semble en effet avoir été provoquée par une « bombe ventouse» fixée sous le véhicule. Elle s'est produite vers les 9 heures du matin sur un parking, probablement au moment où le policier démarrait son véhicule. L'explosion a provoqué un incendie qui s'est ensuite propagé à d'autres voitures.

«En ces moments si durs et difficiles, je veux dire à la famille du policier qu'elle a toute notre affection et celle de l'immense majorité de la société basque qui ne supporte plus les assassins et canailles de l'ETA», a déclaré en fin de matinée le chef du gouvernement régional basque Patxi Lopez au parlement, où les députés ont observé une minute de silence.

Cet attentat tranche avec les opérations antérieures, marquées par l'improvisation et révélant la désorganisation de la bande.

Pour la première fois depuis longtemps, une attaque terroriste a pour objectif l'appareil policier chargé de la lutte contre l'ETA.

Elle démontre que les terroristes ont conservé non seulement des capacités opérationnelles, c'est à dire la mise au point de l'engin explosif, sa fabrication et son installation, ainsi qu'une réelle capacité de collecte de l'information.

Le policier a été non seulement identifié, localisé mais suivi durant une période de près d'un an, probablement par un voisin ou par une personne en mesure de se déplacer pour pointer ses mouvements.

Le choix de cette cible est, en se plaçant dans la problématique des terroristes, excellent. Il porte un coup sévère aux forces de l'ordre sans pour autant susciter la même réprobation que l'assassinat ignoble du jeune conseiller municipal Miguel Angel Blanco.

Toutefois, la situation globale a changé.

Pour la première fois, le chef du gouvernement régional basque s'est placé en première ligne pour manifester sa réprobation contre l'ETA. Pour la première fois, les uniformes des trois forces de l'ordre qui interviennent au Pays basque ont été vue ensemble aux côtés du cercueil du policier assassiné.

Cette opération tragiquement réussie n'est pas un signe d'une nouvelle vitalité pour l'ETA mais plutôt un chant du cygne. L'organisation, en dépit de tous ses efforts, est sur la pente descendante car son substrat politique et social se délite.

Les opérations policières tant en France comme en Espagne portent des coups constants à l'ETA et l'organisation terroriste doit sans cesse renouveler son personnel avec des recrues chaque fois plus jeunes et moins expérimentées.

dimanche 19 avril 2009

ETA : une longue agonie



Jurdan Martitegi.

Selon les informations parues dans la presse ce matin, Jurdan Martitegi (Arlas), que la police espagnole considère être le nouveau chef militaire d'ETA depuis l'arrestation d'Aitzol Iriondo (Gurbitz) le 8 décembre 2008 à Gerde (Hautes-Pyrénées), a été interpellé hier, près de Perpignan. L'opération a été menée conjointement par les services antiterroristes français (SDAT) et des fonctionnaires de la police nationale espagnole présents sur le territoire français.


Selon des informations diffusées hier en début de soirée, Jurdan Martitegi a décliné son identité aux policiers venus l'arrêter. Deux autres membres présumés d'ETA ont été arrêtés au même moment, dont l'un, aux dires de la police espagnole, servait de garde du corps au dirigeant présumé. Les forces de l'ordre sont intervenues à l'occasion d'un rendez-vous entre deux membres clandestins et une troisième personne pas encore identifiée et probablement membre d'un des commandos actifs au Pays basque. Le processus utilisé par la police aurait été comparable à celui employé lors de l'interpellation de « Gurbitz » à Gerde, où les policiers précédèrent les membres d'ETA sur le lieu du rendez-vous.


Commando Vizcaya


Âgé d'une trentaine d'années, originaire de Durango (province de Biscaye), « Arlas » était l'un des etarras les plus recherchés du moment. Il vivait dans la clandestinité depuis 2006. La police espagnole l'accuse d'avoir bâti l'infrastructure du commando Vizcaya après la rupture du dernier cessez-le-feu d'ETA. Un commando qui aurait perpétré de nombreux attentats, dont celui survenu le 14 mai 2008 à Legutiano, contre une caserne de la garde civile, où un policier trouva la mort.


Initié au combat violent dans les rangs de la kale borroka (guérilla urbaine), Jurdan Martitegi fut interpellé à deux reprises, il y a une dizaine d'années, par la police basque espagnole pour « désordres publics ».


L'opération d'hier, dans les Pyrénées-Orientales, a trouvé un prolongement en territoire espagnol. On indiquait hier soir que trois autres personnes avaient été interpellées dans la foulée en Alava, en Euskadi.


Ce nouveau coup porté à ETA survient à un moment crucial, quelques jours seulement après la diffusion du communiqué où ETA disait que le prochain gouvernement basque serait son « objectif prioritaire ». L'élection du nouveau président du gouvernement régional basque étant prévue au tout début du mois de mai, l'imminence d'un « gros » attentat était redoutée de toutes parts.


Dans un article publié ce matin par le quotidien socialiste El Pais, Luis R. Aizpeolea développe un analyse intéressante sur les causes de l'agonie de l'ETA.


Il insiste notamment que les facteurs qui expliquent la désintégration de l'ETA avaient été prévus voici cinq ans par certains de ses chefs historiques en prison, comme Francisco Mujika et Ignacio Aracama, dans une lettre envoyée à la direction d'alors de l'ETA. 


Le journaliste explique que jamais la police n'a eu une connaissance aussi intime de l'ETA, certains des policiers chargés de la lutte contre la bande la connaissent probablement mieux que nombre de ses propres pistoleros.


Ensuite, la collaboration entre les polices frrançaise et espagnole atteint des niveaux rarement connus en matière de collaboration entre deux entités étatiques différentes. Elle se traduit en particulier par la présence de nombreux policiers espagnols en territoire français.


Enfin, l'ETA a perdu une grande partie de ses appuis, tant à l'intérieur du Pays Basque parmi les franges de la gauche radicale que dans les pays qui lui servaient jadis de refuge, de l'Irlande au Venezuela.


Quel peut être l'avenir de la bande ? Il dépend étroitement de l'intelligence politique de ses futurs chefs. Une option pourrait être la poursuite de sa stratégie actuelle qui la condamne à une plus grande marginalisation et une attritition permanente de ses effectifs par l'action de la police.


Une autre pourrait se révéler le meilleur moyen d'assurer la survie de ses hommes et de ses réseaux à défaut d'assurer la permanence de son intervention dans la vie politique espagnole. Une offre de paix des braves qui conduirait à la fin de l'activité armée en échange d'une réinsertion et d'une libération progressive des prisonniers.


Le gouvernement socialiste, et son président Zapatero, auraient bien du mal à résister à cette offre et seraient capables d'offrir des conditions exceptionnelles pour pouvoir se targuer d'avoir ramené la paix au Pays Basque.


Mais il est fort à parier que le jusqu'auboutisme des despérados de la clandestinité l'emportera sur le réalisme des chefs emprisonnés et celui de la gauche politique qui se désespère de ne pouvoir se battre à armes égales sur le terrain électoral.


Le quotidien de la gauche basque proche de l'ETA rend compte des arrestations à Perpignan et au pays Basque avec plus de détails que la presse.


Descomposición anunciada y acelerada

El vaticinio que hace ya cinco años hicieron sobre la descomposición de ETA sus dirigentes históricos encarcelados, Francisco Mujika Garmendia, Pakito, e Ignacio Aracama Mendía, Makario, en la carta que enviaron a la dirección de la banda terrorista se está cumpliendo a rajatabla. "La lucha armada que hoy desarrollamos es morir a fuego lento", escribían, en agosto de 2004, para concluir: "Nunca en la historia de la organización, ETA se había encontrado tan mal".

Desde luego, nunca en la historia de ETA había sucedido que en el plazo inferior a un año hayan sido detenidos sus cuatro jefes sucesivos: Javier López Peña, Thierry, en mayo del año pasado; Garikoitz Aspiazu, Txeroki, en noviembre; su sucesor, Aitor Iriondo, Aitzol, en diciembre, y el sucesor del sucesor, Jurdan Martitegi, ayer mismo. Los tres últimos eran jefes del aparato militar de ETA, el único existente, tras la detención en mayo de Thierry, que fue el último jefe político-militar de la banda.

La descomposición de ETA obedece, en primer lugar, al profundo conocimiento que de su interior tienen las Fuerzas de Seguridad del Estado. Es el resultado de muchos años de trabajo y de una experiencia profesional acumulada de unas Fuerzas de Seguridad que se han formado en la democracia, y que muy poco, por no decir nada, tienen que ver con las que heredó el régimen democrático del franquismo. En segundo lugar, a la creciente colaboración de Francia, que permite trabajar in situ a las Fuerzas de Seguridad españolas. Esto les permite acosar con mayor eficacia a personajes muy escurridizos, como, por ejemplo, Jurdan Martitegi, que se había convertido desde la detención de Aitzol en el enemigo público número uno de la policía española.

Otro factor no menos importante de la descomposición de ETA es la pérdida de su apoyo social, incluso en ámbitos de la izquierda abertzale. ETA ya no cuenta con la infraestructura ni las posibilidades de camuflarse que hace veinte años, y aún hace diez años, disponía por los apoyos que le ofrecían en el interior miembros de la izquierda radical y en el exterior, sobre todo en Francia, plataformas de simpatizantes de la banda.

Esos apoyos sociales han remitido en muy buena parte por el abandono que sufre ETA desde los ámbitos políticos internacionales -Cuba, Suráfrica, Irlanda...- y los propios partidos democráticos vascos. Todos pregonan la necesidad de que ETA se quite de en medio. A los propios Gobiernos nacionalistas vascos no se les ha ocurrido, como sucedía hace 25 años, oponerse a que Francia extraditara a etarras. Y ese clima político ha incidido en la izquierda abertzale, cuya mayoría desea, también, que ETA deje las armas porque ha comprobado en su carne, además, que el terrorismo les impide desarrollar su actividad política.

Esta opinión se ha extendido al interior de ETA y a su dirección que asiste, en estos momentos, a un duro debate sobre la utilidad del terrorismo. En este sentido, la detención, ayer, de Martitegi refuerza la posición de etarras históricos, como Josu Urrutikoetxea, Josu Ternera, que a su regreso a la dirección de ETA pretende buscarle un punto final.

vendredi 17 avril 2009

ETA, le front des prisons se fissure


Le combat contre une organisation terroriste ne se résuma pas aux mesures policières prises contre elle, mais elles constituent l'arme principale contre elle.

Les erreurs commises par le gouvernement Zapatero (celui-là même que le président Sarkozy estime ne pas être très intelligent) sont typiques de ceux qui croient aux vertus de la politique gnan-gnan, quand il suffit de prononcer de bonnes paroles et être gentil pour résoudre les problèmes.

Il est loin le temps où le premier ministre espagnol considérait que les victimes des attentats étaient le fait d'accidents de parcours regrettables. Zapatero a fini par se rendre à l'évidence: on ne peut pas intégrer une organisation terroriste dans un calcul de politique politicienne, du type de ceux qui se décident dans les urnes.

En d'autres termes, une négociation directe avec l'ETA ne peut contribuer à des succès électoraux au pays Basque ou dans le reste de l'Espagne.

En revanche, une politique de fermeté, non seulement peut lui valoir des dividendes au Pays Basque mais aussi dans l'ensemble de l'Etat en réduisant la distance sur la question du terrorisme avec la majorité de l'opinion publique. Il prive aussi d'arguments ses plus féroces critiques de la COPE, Jimenez Losantos, et du quotidien El Mundo, PJ Ramirez.


Le féroce critique des politiques socialistes, Féderico Jimenez Losantos, vu par le caricaturiste du quotidien socialiste Publico.

Ne fermant plus les yeux sur les activités de l'ETA et sur celles de son entourage politique, le gouvernement a écarté la gauche indépendantiste violente de l'échiquier électoral, privant le Parti nationaliste basque au pouvoir (PNV) de toute chance d'obtenir la majorité nécessaire pour se maintenir au pouvoir. Aujourd'hui, les partis « espagnolistes » sont au pouvoir au parlement de Vitoria.

Les arrestations continuelles des responsables de l'ETA cachés en France, le mesures de fermeté prises en Espagne contre les participants à la guérilla de basse intensité, vivier des futurs terroristes (la kale boroka), le lent grignotage de leur position sociale dans le Pays basque a fini par porter ses premiers fruits là où la bande terroriste est la plus faible, le front des prisonniers.

A ce jour, il y a 608 prisonniers de l'ETA à des titres divers en prison (dont 153 en France). Sur ce total, moins de 3% se trouvent reclus au Pays Basque, les autres sont dispersés entre la région parisienne et Algesiras. Voir une carte ici.

Une récente enquête interne conduite par l'ETA auprès des prisonniers et que le quotidien El Mundo révèle ce matin apporte des informations intéressantes sur l'évolution de ce front.

Alors que le moral des terroristes prisonniers était au plus haut durant la phase de négociation entre le gouvernement de Madrid et l'ETA, il est aujourd'hui au plus bas en raisons du reversement de la situation politique. L'échec électoral et ses conséquences (interdiction de tout soutien aux familles de prisonniers de l'ETA), le durcissement de l'action de la police et de la Garde civile désespèrent les détenus.

Face au manque de capacité de résistance de la gauche violente face à l'appareil de l'Etat, les prisonniers suggèrent l'adoption d'un profil plus bas, notamment en payant les cautions demandées par la justice ou même en niant toute activité politique devant les juges.

Ils s'interrogent même sur leur capacité à résister aux arrestations plus longtemps :

Viendo la cantidad de gente que cae, no podemos seguir trabajando públicamente y dejando a los militantes en manos del enemigo. ¿Cuánto tiempo podemos seguir a ese ritmo?

¿En manos de quién quedará la preparación de las generaciones futuras y el proyecto político?

Le document contenait également des critiques très dures à l'égard de la politique générale de la bande et de la stratégie de l'organisation, mais elles n'ont pas été incluses dans le document.





samedi 11 avril 2009

Le Pays Basque s'interroge sur son avenir



La gauche nationaliste proteste contre les contrôles routiers de la police autonome basque.


Ce matin, la presse a rendu publique l'arrestation à la gare Montparnasse de Ekaitz Sirvent Auzmendi, un activiste de l'ETA à sa descente du TGV en provenance de Bordeaux. Ce terroriste, dont on soupçonne un rôle important dans la structure logistique de la bande, transportait des disques durs et des clefs USB qui, une fois décryptés, vont probablement livrer d'importantes informations aux spécialistes du renseignement.


Ekaitz Sirvent Auzmendi.

Cette arrestation s'ajoute à d'autres opérées cette année 2009 : le 8 janvier, José Javier Irastorza González, 'Barojo'; le 13 janvier, Alejo Moreno et Lorea Zezeaga Mendizabal; le 25 février, Alexander Akarregi Casas; portant le total à cinq cadres d l'organisation derrière les barreaux.

Il est difficile à une organisation en perte de vitesse de remplacer aussi rapidement des cadres formés sans combler les vides dans ses rangs par des jeunes gens issus de la violence de rue et sans réelle expérience de la vie clandestine.

Le pix à payer est un nombre croissant d'arrestations qui vont contribuer à grossir le contingent d'etarres en prison qui dépasse les cinq cents.

La nouvelle donne politique au Pays Basque rend la situation encore plus compliquée pour l'ETA. Sa branche politique a essuyé un camouflet dans les urnes. Les électeurs n'ont pas suivi ses consignes d'abstention et la gauche hostile à la violence a considérablement accru ses voix.

Enfin, cette abstention de la gauche liée à l'ETA a permis aux deux partis constitutionnalistes d'obtenir la majorité au parlement régional et au Parti socialiste de prendre bientôt la direction du Pays Basque.

Les conséquences de cette évolution se font déjà sentir. La police autonome cesse de fermer les yeux sur les activités de l'ETA et commence a se comporter avec professionnalisme, multipliant les opérations antiterroristes comme le dénonce l'aile politique de l'ETA.

Le remplacement des cadres issus de l'autonomisme à la tête de la police et des médias publics aura un impact considérable dans la vie quotidienne. L'aide financière régionale aux associations de soutien aux prisonniers de l'ETA va s'arrêter, les manifestation en faveur des terroristes dans les mairies vont cesser, les monuments à leur mémoire seront enlevés. Des gestes d'une grande porté symbolique.

D'un autre côté, et c'est le calcul de l'ETA, cet ensemble de mesures «d'espagnolisation» devraient radicaliser davantage une frange réduite de la jeunesse basque et la pousser à répondre favorablement aux appels de l'ETA. Ces « Marie-Louise» du terrorisme risquent de de faire long feu et de se retrouver en prison peu de temps après leur entrée dans la clandestinité. mais le prix humain à payer importe peu. L'important est de durer.

La révolte gronde parmi les vieilles troupes de l'ETA

Dans le mouvement politique abertzale, l'échec électoral et l'incapacité de l'ETA à porter des coups, incitent les vieux briscards reconvertis dans la politique politicienne à se regrouper autour du cheval de retour Arnaldo Otegui pour former un rassemblement des forces de gauche indépendantistes quitte à en payer le prix : dénoncer la violence de l'ETA, seul moyen légal d'accéder aux élections.

Dans les prisons, des vétérans commencent à trouver le temps long. Faute de succès et devant l'arrivée ininterrompue de jeunes activistes, ils dénoncent l'incapacité de la direction actuelle et commencent ouvertement à envisager la fin de la violence.

Le ministre de l'Intérieur, le sinistre Rubalcaba (au sujet duquel la sagesse populaire a inventé un dicton : Si te vuelves, Rubalcaba te la clava (« si tu te retournes, Rubalcaba te poignarde») favorise cette évolution en rapprochant du Pays Basque les prisonniers favorables au processus du paix et éloigne ceux qui demeurent fidèles aux ordres de la bande.

Le retour de la police basque dans la lutte antiterroriste, la coopération franco-espagnole plus efficace que jamais, le changement politique au gouvernement local sont à la fois de très mauvaises nouvelles pour l'ETA mais aussi une planche de salut. A condition que l'organisation puisse survivre et marquer quelques coups.

Espérons qu'elle n'en soit pas capable.

lundi 6 avril 2009

Pays Basque, derrière le changement, l'ETA

En dépit de l'absence d'intérêt de la presse française pour ce qui se passe en Espagne, les événements qui se déroulent au sud des Pyrénées méritent que l'on s'y arrête.

Aux dernières élections régionales au Pays Basque, les partis constitutionnalistes ont obtenu une courte majorité qui leur a permis de prendre la présidence du parlement régional et, bientôt, de prendre la tête de l'exécutif local.

Comment ce succès des forces non-nationalistes a-t-il été rendu possible alors qu'ils ne disposent pas d'une claire majorité dans le pays ?

L'ancien patron des conservateurs, Jaime Mayor Oreja, un des meilleurs ministres de l'Intérieur de ces dernières années, grand connaisseur de l'ETA, a commenté que ce succès est dû… à l'ETA.



Jaime Mayor Oreja voici deux ans dans un entretien avec Federico Jimenez Losantos sur Libertad Digital Television. Le contraste entre la situation d'alors est maintenant est frappant.

Cette analyse publiée dans le quotidien El Mundo (voir une synthèse ici) suggère que l'ETA avait tout intérêt à déloger les nationalistes conservateurs du PNV du pouvoir car la présence d'«espagnolistes» à la tête du Pays Basque serait pour l'organisation terroriste le seul moyen de reprendre un rôle majeur dans la vie politique basque.

 En una entrevista al periódico El Mundo,Jaime Mayor Oreja se muestra convencido de que ETA "quería desalojar al PNV del Gobierno" para conseguir que "el Movimiento de Liberación Nacional Vasco, el conjunto del movimiento nacionalista, entre en crisis", y pronostica "un futuro dificilísimo" al PNV.

"La organización terrorista sabía que un PNV instalado en el poder no le da margen de irrupción, especialmente si ha fracasado la primera parte de la negociación con el Gobierno socialista. Necesitaba la derrota, el desalojo del PNV del Gobierno. Por eso ETA no tiene escaños y no ha dado sus votos al PNV", insiste Mayor Oreja, que mantiene que la banda terrorista mantiene un "silencio sospechoso".

lundi 30 mars 2009

Point d'inflexion au Pays basque ?



Une image du passé à la télévision basque ?

L'événement est passé pratiquement inaperçu en France, mais le parlement régional basque a changé de couleur politique. Les partis constitutionnalistes, soit les socialistes du PSOE et le libéraux du Parti populaire (PP), ont obtenu la majorité des sièges , sans même compter celui d'un député du parti de Rosa Diez (UPiD).

Cette victoire est aussi le résultat d'un changement d'orientations stratégiques opérées par le gouvernement socialiste de Madrid qui a finalement décidé de ne pas permettre aux partis politiques de la mouvance de l'ETA de se présenter aux élections. Cette absence de la gauche avalisant le terrorisme des urnes a eu pour résultat direct une abstention massive des électeurs nationalistes les plus prônes à la violence.

Depuis trente, cette communauté autonome était gouvernée exclusivement par le Parti nationaliste basque (PNV), les héritiers en ligne directe du fondateur du nationalisme basque moderne, le carliste devenu xénophobe, Sabino Arana.

La perspective de perdre le pouvoir a conduit les dirigeants du PNV a tenter l'impossible pour se rabibocher avec les socialistes. Toute une clientèle dépend de leur maintien aux commandes. Non seulement la télévision publique, mais des milliers de postes de responsabilité dans l'administration, notamment la police locale, ont été nommés avec le placet du parti.

Le rappel de la terreur était toléré dans les rues par le PNV. Emblème de l'ETA comme il en existe des milliers dans les villes du Pays basque.


Les nationalistes avancent comme argument pour justifier leur maintien à la tête de l'exécutif régional qu'ils sont le parti ayant obtenu le plus de sièges. c'est vrai, mais au détriment des autres partis (en dehors d'une famille de la gauche radicale qui a formellement dénoncé tout recours à la violence).

En revanche, le Parti socialiste a progressé et le PP a réduit les pertes attendues suite aux graves distensions internes qui l'ont traversé au cours de l'année 2008.

La branche locale du PSOE, le PSE, est parvenu à un accord avec le PP. Les socialistes vont mettre en place un gouvernement monocolor soutenu par le PP au parlement. En échange de quoi, les libéraux vont obtenir la présidence du parlement et, probablement, la présidence du conseil général de la province d'Alava.

L'accord entre les deux partis, qui sont à couteaux tirés à Madrid, se donne pour principal objectif le changement de cours de la vie publique au Pays basque. Par exemple, lisser aux parents le choix de la langue d'éducation de leurs enfants et la fin de la progressive marginalisation de l'espagnol, la fin du monopole nationaliste de la télévision publique, la fin de la complaisance des autorités à l'égard des milieux proches de l'ETA et, surtout, lâcher la bride à la police autonome pour qu'elle donne la chasse aux commandos de l'ETA en collaboration avec les forces de police de l'Etat.

A ce sujet, le quotidien régional El Correo, publie ce matin sous la plume d'Oscar B. de Otalora, une étude détaillée sur l'état de l'ETA après les coups qui lui ont été portés par les forces tant espagnoles que françaises durant ces derniers mois.


ETA reorganiza su estructura para superar la debilidad ocasionada por los golpes policiales

ETA busca cómo garantizarse la supervivencia tras los múltiples problemas de operatividad que le han ocasionado los sucesivos golpes policiales y la detención de la jefatura que encarnaban 'Txeroki' y 'Gurbitz'. A la dificultad de encontrar activistas con experiencia para formar una nueva cúpula -la banda ha pensado incluso en traerse a veteranos etarras residentes en Latinoamérica-, se agregan las complicaciones logísticas y la presión de las Fuerzas de Seguridad del Estado, que han puesto en jaque la red de zulos e incluso la posibilidad de mantener comandos en activo en Euskadi. Tanto es así que la organización terrorista se ha visto abocada a un proceso de recomposición de sus estructuras y a abrir un debate sobre su propio futuro inmediato.

Las fuerzas de seguridad atribuyen la baja actividad de ETA en los últimos meses a los problemas surgidos a la hora de recuperarse del efecto de las detenciones consecutivas de sus principales dirigentes: Garikoitz Aspiazu, 'Txeroki', y Aitzol Iriondo, 'Gurbitz'. Según fuentes consultadas por este periódico, la debilidad ha llegado a tal extremo que la única prioridad que en estos momentos ocupa a la banda es cómo superar esa situación y como reestructurarse para sortear la presión policial.

La detención de 'Txeroki' tuvo lugar el 18 de noviembre en Francia y la de Aitzol Iriondo, el 8 de diciembre. Entre ambos arrestos se produjo el asesinato del empresario Inaxio Uria en Azpeitia. Sin embargo, tras la captura de sus dos jefes, ETA sólo ha llevado a cabo cuatro atentados con explosivos, sin causar víctimas. Esta cadena de acciones se ha producido además en una etapa en que los analistas antiterroristas esperaban una fuerte y violenta ofensiva con motivo de la campaña electoral vasca y la ilegalización de D3M y Askatasuna, las dos listas con que la izquierda abertzale radical pretendía concurrir a los comicios. Sin embargo, únicamente se produjo un ataque contra la sede del PSE de Lazkao, que no provocó heridos.

Tras la caída de uno de sus dirigentes, ETA siempre se da un periodo de tiempo para comprobar qué parte de la actividad controlada por ese responsable está 'quemada'. Ese tiempo sirve para verificar las citas marcadas por los terroristas o el control de los zulos y las casas de seguridad e implica una ralentización de todas las acciones de la organización.

Tras la detención de 'Txeroki', su lugarteniente, Aitzol Iriondo, fue arrestado cuando asistía a una cita en la localidad de Bagneres de Bigorre para ponerse en contacto con un activista que acababa de huir de Vizcaya. Según las fuentes consultadas, que el sustituto de 'Txeroki' cayera precisamente en una cita tuvo que despertar necesariamente todas las alarmas en la banda. Los expertos deducen que una operación de ese tipo significó sumir a la organización terrorista en un letargo en el que la seguridad se ha convertido en su principal obsesión.
Sustituto de 'Txeroki'

Las fuerzas de seguridad no saben con certeza quién ha podido sustituir a Garikoitz Aspiazu y 'Gurbitz' al frente de los comandos. En distintos momentos se ha especulado con la posibilidad de que el nuevo jefe sea Jurdan Martutegi, uno de los miembros del 'comando Vizcaya' huidos en el verano pasado, o el jefe de explosivos, Eneko Gogeaskoetxea. Un tercer nombre que se baraja como responsable de la cúpula militar es Iurgi Mendinueta Mintegi, 'Aitor', que también había ejercido funciones de lugarteniente de 'Txeroki'. Sin embargo, todas esas identidades no pasan de ser meras hipótesis. De lo que sí están convencidos los investigadores policiales es de que el terrorista que haya asumido la jefatura militar se habrá centrado en crear un nuevo esquema de organización, en el que también intente salvar parte de la estructura que heredó de sus predecesores pero con el objetivo preferente de crear una trama lo más impermeable posible a la presión de las fuerzas de seguridad.

Un dato importante en la evaluación del estado actual de la banda procede de las operaciones llevadas a cabo por la Ertzaintza en el País Vasco a comienzos de este mes de marzo. Éstas revelaron que el peso de ETA recaía sobre comandos formados por un 'liberado' -a sueldo de la organización- apoyado por una red de 'legales' -sin fichar-. La huida de los responsables de estas células también habrá puesto en apuros a la propia organización, ante las dificultades existentes para sustituirles y, al mismo tiempo, garantizar la seguridad de los etarras que han cruzado la frontera.
Las fugas de terroristas habrían revelado, por otra parte, que la presencia de la banda en Euskadi era bastante débil, en especial, después de que la Guardia Civil hubiera desmantelado en verano de 2008 el 'núcleo duro' del 'comando Vizcaya' y localizado gran parte de los arsenales de la célula.

La 'oficina politica', tocada

En ese contexto, los expertos sostienen que todos los esfuerzos de ETA se dirigen a superar su debilidad. Cuando se produjo el arresto de 'Txeroki', el ministro de Interior aseguró que en el seno de la organización existía una división entre quienes cuestionaban el uso de la violencia y los que querían «matar mucho para intentar que el Gobierno volviera a negociar». Fuentes consultadas por este periódico consideran que, en la actual coyuntura, los militantes de ETA han aplazado este debate para concentrarse en cómo preservar sus estructuras y soslayar la presión policial.

Los mismos expertos destacan que uno de los datos que mejor reflejan la situación interna actual es que la dirección etarra no ha difundido entre sus bases ningún zutabe, boletín interno, desde octubre de 2007. Esta circunstancia resulta especialmente significativa cuando desde esa fecha se ha celebrado incluso una asamblea virtual entre los propios activistas, que no ha quedado reflejada en órgano alguno de difusión de la banda.

La lectura que las fuerzas de seguridad hacen de este silencio es doble: por una parte, dan por hecho que la 'oficina política' de ETA ha quedado afectada por las operaciones policiales, pero también sospechan que a la cúpula terrorista no le interesa la discusión interna en este momento. Al contrario, para la banda puede ser mucho más perentorio y urgente presentar una imagen de fortaleza, conscientes de que su declive implica también que las voces disidentes dentro de la propia izquierda abertzale se expresen cada vez con mayor contudencia.


La capacité de nuisance de la bande est devenue négligeable. Pourtant, elle continue de peser sur la vie basque par un simple effet d'inertie. Les lettres d'extorsion continuent d'arriver dans les entreprises basques et les patrons préfèrent encore payer que de recourir aux forces de police.

Mais ces fonds servent de plus en plus à financer une structure clandestine qui n'est plus en mesure d'opérer. A part une bombinette dans une maison de campagne ou le lâche assassinat d'un vieil homme, les résultats de l'ETA sont nuls.

En même temps, le sinistre Rubalcaba, le ministre espagnol de l'Intérieur poursuit avec persévérance une politique de grignottage des détenus en rapprochant ceux qui dénoncent la violence du Pays basque et en éloignant les durs.

En dépit des cris d'orfraie de l'opposition, cette politique semble donner des fruits et il faut encourager par tous les moyens une réinsertion des ex-terroristes qui renoncent publiquement à la terreur. Sachant qu'il existe 184 condamnés à plus de trente ans de prison, on devrait trouver parmi eux des personnes ayant changé d'avis sur l'utilité du meurtre et de l'attentat.

La libération d'une Karmen Gisasola ou d'un Joseba Urrusolo Sistiaga d'un serait la meilleure démonstration de la validité de cette politique et ouvrirait les yeux aux autres prisonniers.

Dans le même temps, il est temps que cesse au Pays basque la marginalisation des victimes de l'ETA et la valorisation de leurs bourreaux.

Voilà un objectif simple qui est à la porté du futur gouvernement basque. 


jeudi 4 décembre 2008

ETA tue à nouveau

Leur ami vient de mourir sous les balles des assassins de l'ETA,
mais la partie continue. Ignacio a été remplacé par un autre joueur
(le second à partir de la droite).




Les pistoleros de l'ETA viennent de frapper à nouveau. Ils se distinguent cette fois par leur courage à l'heure de passer à l'action. Ils ne se sont pas attaqués à un général ou à un politicien socialiste entouré de gardes du corps, non ils ont choisi un vieil homme de 71 ans, Ignacio Uria Mendizabal, petit entrepreneur du Pays Basque.

Quel était son crime ? Participer aux travaux du train à grande vitesse qui va relier les grandes villes de la région tant au reste de l'Espagne qu'au réseau français.

Tous les jours, Ignacio se rendait au café Uranga, à peine à 200 m du lieu où il a été assassiné. Il s'y réunissait autour d'une table avec des amis pour jour aux cartes.

Le quotidien EL Mundo publié une photo très révélatrice de l'état d'esprit d'une partie de la population basque. Ignacio a été assassiné, mais comme il a été tué par des balles de l'ETA, c'est un non-événement. Le de cujus a été remplacé par un autre joueur et la partie continue. Comme si rien ne s'était passé.

mardi 4 novembre 2008

Largo Caballero est-il mort ?

Franco est-il mort ? Le juge Garzon en doute.


Le saltimbanque de la justice espagnole, l'inénarrable juge Garzon, a voulu relancer sa popularité auprès de la gauche espagnole et européenne en ouvrant une enquête sur les « crimes du franquisme ». La loi d'amnistie de 1977 ne l'a pas ralenti dans son élan car il considère qu'il s'agit de crimes contre l'humanité, imprescriptibles.

Cette fois, le gouvernement de Zapatero a renoncé devant l'obstacle et contre toute attente, le procureur général a contesté le bien fondé de la démarche du juge et, pour ceux qui savent lire entre les lignes, a même mis cause l'équilibre mental du magistrat. Le juge en est arrivé à demander une confirmation officielle du décès de ancien chef de l'Etat ! Pas étonnant qu'apparaisse dans l'usage de la langue espagnole un nouveau mot : « garzonada » désignant un « comportement exhibitioniste, disporportionné et inconsistant ».

Tous les disparus n'intéressent pas Garzon. C'est son collègue Fernando Andreu qui ouvre une information judiciaire pour connaître les causes de la mort de l'etarre Eduardo Moreno Bergareche «Pertur», disparu en 1976. Tout porte à croire qu'il a été assassiné par ses propres camarades car il avait l'intention d'abandonner la lutte armée.

L'astuce mise en avant par le juge pour enquêter sur les morts attribuées au régime nationaliste est que ces victimes demurent disparues alors que les victimes des républicains sont connues et leurs assassins ont été pour la plupart identifiés, jugés, condamnés et exécutés.


Javier Portella.

L'éditeur espagnol Javier Portella s'indigne de cette démarche partisane et publie sur le site d'El Manifiesto une vigoureuse réplique au magistrat.


Largo Caballero, putchiste socialiste.

La politique des deux poids, deux mesures de Garzon révolte cet éditeur ancien militant communiste et homme qui a consacré les années de sa jeunesse à combattre le franquisme en payant de sa personne.

Il s'interroge : pourquoi ne pas ouvrir une information judiciaire sur deux des affaires les plus emblématiques des crimes de la République ? L'assassinat de José Antonio Primo de Rivera et la massacre de Paracuellos del Jarama ? Pour la première on pourrait inculper Largo Caballero et pour la seconde Santiago Carrillo.

Prenant au mot javier Portella, un cityoyen ordinaire a déposé plainte pour ces deux affaires devant un juge d'Alicante, en reprenant exacement les attendus utilisés par Garzon.

Il va sans dire que cette double plainte ne risque pas de connaître le même sort que l'enquête ouverte par Garzon.


¿Se empeñan en desenterrar el hacha enterrada por todos (eso parecía) en la Transición? ¿Pretende el juez Garzón procesar, entre otros, a Francisco Franco Bahamonde? Pues bien –se ha dicho un particular afincado en Madrid y que permanece en el anonimato–, que no se quede ahí la cosa. Existen, entre miles de otros crímenes, los dos hechos más emblemáticos sucedidos en el bando nacional: el genocidio de Paracuellos de Jarama y el asesinato de José Antonio Primo de Rivera. ¿Por qué no presentar, pues, una querella contra dirigentes republicanos como el dirigente del PSOE Francisco Largo Caballero y el de las Juventudes Comunistas, el todavía vivo Santiago Carrillo?

Dicho y hecho. A Alicante se fue el hombre y en el Juzgado de Guardia presentó querella criminal pidiendo que “se procese por el homicidio de don José Antonio Primo de Rivera, acontecido el 20 de noviembre de 1936 en la cárcel de esta ciudad, a don Francisco Largo Caballero, en aquel entonces presidente del gobierno de la República, y fallecido en París (Francia) el 23 de marzo de 1946”.

Por su parte, la querella contra Santiago Carrillo se basa en las responsabilidades –probadas por la documentación de los propios archivos soviéticos– que el líder comunista –consejero de Orden Público de la Junta de Defensa de Madrid– asumió en la matanza de más de cinco mil personas, entre ellas muchachos de doce y trece años de edad, efectuada en Paracuellos de Jarama en el mismo mes de noviembre de 1936.

El querellante atribuye a tales hechos el carácter de crimen contra la humanidad; el mismo en el que se basa el dichoso juez Garzón para procesar a los dirigentes del bando nacional. Pero como hay dos pesos y dos medidas en la justicia española, son ínfimas las posibilidades de que prospere tal querella.
*
Ojalá no prosperara ni ésta ni la otra. Ojalá se cerraran de una vez por todas todos los procesos, todas las fosas, todas las tumbas. Ojalá tuvieran los nuevos, los desventurados rojos de hoy la decencia de dejar en paz a sus muertos —y a los nuestros (aunque éstos, uno lo comprende…, prefieren ni mentarlos).
Pero no, les resulta imposible. Durante tres años lo tuvieron todo (no ellos personalmente, pero les da igual). A sangre y fuego emprendieron la revolución (valga la redundancia). A mansalva mataron, no sólo a los nuestros, a los suyos también… Pero lo perdieron todo, tuvieron que abandonarlo todo.
Y no logran superar el trauma. Como el ave carroñera que ha olido de cerca el delicioso olor de su presa, como el lobo que ha sorbido ya las primeras gotas de sangre de la suya, no logran hacerse a la idea de haber tenido que abandonar un día —allá penas si hace setenta años— tan apetitoso manjar.

O esto, o están, sin más trámite y literalmente, locos de remate.


vendredi 14 septembre 2007

La stratégie de la terreur


En Espagne, des lycéens protestent contre le terrorisme de l'ETA


Bobby Sands, un héritier de Michael Collins

The Squad and the intelligence operations of Michael Collins
T. Ryle Dwyer
Mercier Press, 272 p., index, biblio., ISBN 1 85635469 5

La terreur joue dans la vie politique un rôle croissant. Tous les jours, les informations venues d'Irak ou d'autres pays musulmans nous rappellent à quel point la terreur est devenue une arme de choix entre les mains des fondamentalistes. Arme privilégiée dans l'affrontement du faible au fort, la terreur a été réinventée notamment par les nationalistes irlandais au début du XXe siècle. Un livre récent nous dévoile l'histoire cachée de cette page méconnue de l'histoire de l'Irlande.

Palme d'Or en 2006, le Vent se lève Ken Loach est une puissante évocation des combats des nationalistes irlandais contre les forces britanniques. Le film n’insiste pas sur le fait que les exactions commises par les auxiliaires anglais étaient le résultat très attendu d’une tactique délibérée de provocation imaginée par le stratège de l’IRA Michael Collins.
Si le cinéaste développe une vision très romantique de l'histoire, parfois fort éloignée de la complexe réalité historique (voir par exemple son film sur la Catalogne dans la guerre civile espagnole), il a l'avantage de confronter ses compatriotes avec une partie de leur passé qu'ils n'aiment pas. En effet, les Irlandais aiment à se souvenir des colonnes volantes de Tom Barry croisant le fer avec les Black and Tans ou encore du sacrifice en 1981 de Bobby Sands et des autres grévistes de la faim dans les geôles protestantes de l'Ulster. En revanche, ils préfèrent oublier d'autres épisodes comme la cruelle guerre civile qui a ensanglanté le pays de juin 1923 à mai 1924, divisant les nationalistes entre les partisans du traité avec le Royaume-Uni et ceux qui ne voulaient pas accepter la partition de l'île et le statut de dominion britannique.
Dans cette mémoire à tiroirs, il est un autre épisode resté dans l'ombre car nul n'en avait écrit l'histoire de l'intérieur, celle du « Squad», le groupe de tueurs organisé par Michael Collins pour faire régner la terreur à Dublin entre 1919 et 1922. Par chance, dans les années 1950, les survivants de cette aventure ont accepté de raconter leurs souvenirs au Service historique de l’armée irlandaise à la condition que leurs témoignages ne soient rendus publics qu’après leur mort. C’est grâce à ces dossiers, afin consultables, que le journaliste T. Ryle Dwyer a pu écrire l’histoire des tueurs de l’IRA de l’intérieur. Une page étonnante de l’histoire irlandaise qui est aussi un manuel de l’utilisation de la terreur en politique.

Un nationalisme aux portes du pouvoir

En 1919 le nationalisme irlandais est dans une mauvaise passe. L’échec de l’insurrection de Pâques 1916 et le retour victorieux de l’armée anglaise des tranchées de la Première Guerre mondiale condamnent la verte Erin à un douloureux statu quo. Pourtant les élection de 1918 ont été un succès pour les nationalistes qui ont obtenu 73 des 105 sièges de l’île et se sont réunis en une assemblée irlandaise, qui désigne un gouvernement, . Cette décision des élus place l'Irlande dans une situation inédite. Les sièges des députés irlandais à la chambre des communes restent vides et les élus se réunissent dans un grand bâtiment à Dublin pour former une assemblée irlandaise, le Dáil Eireann, qui désigne un gouvernement, l'Aireacht qui n'est reconnu par aucun autre pays.

Très occupé par les négociations diplomatiques destinées à régler le sort de l'Allemagne, le gouvernement britannique fait la sourde oreille aux réclamations nationalistes. Les Irlandais ordinaires sont davantage préoccupés par leur vie quotidienne dans le contexte difficile de l'après-guerre que par le sort de leurs députés enfermés dans leur parlement virtuel.

Michael Collins, officiellement le « ministre des Finances » du gouvernement non reconnu de l’Irlande, mais surtout le patron du renseignement de l’IRA, comprend dès janvier 1919 que pour éviter le pourrissement de la situation et un fiasco généralisé, il faut contraindre les Anglais à des actions violentes et oppressives contre la population dans le but de faire basculer l’opinion et rendre l’indépendance irréversible aux yeux du gouvernement anglais.
Comment pousser les occupants à la faute ?
En dehors de l’armée, le pouvoir anglais s’appuie principalement sur deux forces de police. Dans les campagnes, la Royal Irish Constabulary (RIC) est présente jusque dans les plus petits villages. Les policiers, tous irlandais, font remonter de précieuses informations sur la population à une hiérarchie qui adhère majoritairement au projet unioniste.
Dans l’agglomération de Dublin, la loi et l’ordre sont la responsabilité de la Dublin Metropolitan Police (DMP), mise en place sur le modèle londonien, et dont la division G, composée de policiers en civil, fait la chasse aux nationalistes.

Michael Collins commence par organiser un service de renseignement et de contre-espionnage qu’il renforce rapidement par des spécialistes de la contrebande d’armes et de l’évasion. A lui seul, il combine les fonctions du MI6, du MI5 et du MI9. Surnommé « Big Fellow » Collins recrute des hommes aux origines très diverses, du jeune adolescent mal degrossi issu de la paysannerie au dandy aux gants beurre frais et à l’œillet à la boutonnière que les soldats anglais n’osent contrôler.

Il finance ses activités en même temps que celles du gouvernement irlandais grâce à un emprunt public qui est un tel succès que des émissaires bolcheviques viennent à Dublin demander aux Irlandais une partie de cette manne. Ils apportent à titre de gage des bijoux de la famille impériale russe.

Collins installe ses bureaux bien à l'abri derrière la façade respectable d‘institutions financières, d’ébénisteries ou de cabinets d’avocats. Loin des regards, des volontaires épluchent la presse pour relever le nom des officiers anglais et des policiers qui participent à des activités publiques. D’autres lisent ligne à ligne le Who’who pour reconstituer le réseau de relations de leurs cibles potentielles.

Toutefois, comme Markus Wolf, le redoutable patron de la Stasi, le fera cinquante ans plus tard, Michael Collins va s’attacher à recruter de jolies dactylos qui peuplent le Dublin Castle, siège de l’administration anglaise à Dublin. Ces jeunes filles font des copies supplémentaires des rapports qu'elles dactylographient pour les remettre le soir même à leurs contacts. Collins prenait connaissance de rapports importants sur la situation en Irlande avant même le lord-gouverneur ou le cabinet de Londres. Plus important encore, une poignée de policiers au cœur même du dispositif adverse proposent leurs services à l’IRA.

Bien renseigné sur les intentions de la police, ayant parfaitement identifié ses cibles, Michael Collins expose au gouvernement irlandais un plan d’action en deux points, simple mais efficace.
A la campagne, attaquer les petits postes isolés de la RIC pour que le pouvoir anglais évacue de vastes zones du pays où le boycott social rendra la vie impossible aux représentants de l’occupant. Plus personne n’adressera la parole à la femme du juge, à la fille du douanier ou à l’employé du cadastre. Le laitier refusera de les livrer, le boucher de leur vendre le rôti du dimanche, le postier ne glissera plus l’Irish Times dans leur boîte aux lettres, à la messe personne n’acceptera de s’asseoir à leurs côtés. Face à cette situation d’isolement social, sans le secours des forces de l’ordre, les fonctionnaires irlandais seront contraints à la démission et les Anglais au départ vers les grandes villes.

Sachant qu'à Dublin, cette stratégie ne peut fonctionner, Michael Collins sort alors de sa manche le « the Squad », une équipe d’hommes décidés qui prend l’engagement d’accepter toutes les missions, notamment les assassinats de sang froid.
Comme dans un jeu de billard, Michael Collins cherche à atteindre successivement deux buts. Le premier : éliminer les policiers les plus efficaces, notamment ceux d’origine irlandaise, privant ainsi le gouvernement britannique de ses yeux et de ses oreilles dans la métropole. Le second: inciter les Anglais à réagir violemment et à l’aveuglette, à Dublin comme dans les provinces. Multiplier les opportunités pour inciter les Anglais à commettre des atrocités est un facteur clef pour gagner la bataille de l’opinion publique, tant en Irlande qu’à l’étranger.

Toutefois, il existe une différence fondamentale entre un volontaire qui se bat en rase campagne contre des adversaires en uniforme armé jusqu'aux dents. Assassiner de sang froid de trois balles dans le dos un policier qui rentre tranquillement chez lui ne se compare en rien à tuer un ennemi dans un combat à armes égales.

Michael Collins met en place des règles très strictes afin d’éviter les dérives. Aucun membre de l’IRA n’a le droit de désigner ses propres cibles. Toute action est préalablement sanctionnée par un responsable politique. Le tireur n'ouvre le feu qu’à la condition expresse que la cible soit parfaitement identifiée. A une époque où la photographie est rare, cela entraîne des complications logistiques importantes. Le tireur doit être accompagné par un observateur connaissant la cible pour la désigner sans risque d'erreurs.
Ces précautions ont pour but, non seulement d’éviter les règlements de compte personnels, mais aussi de ne pas se mettre à dos l’ensemble de la police. Les fonctionnaires doivent comprendre que ne sont visés que les policiers les plus acharnés contre le Sin Féin et l’IRA. Cette politique assure une relative impunité à Michael Collins qui se déplace à Dublin au vu et au su de tous sans que les gardiens de la paix en uniforme fassent mine de le reconnaître.
Le hasard jouant parfois des tours, le « Big Fellow » rencontre à plusieurs reprises un des plus fins limiers de la police dublinoise, heureusement pour lui spécialisé dans les affaires criminelles. A chaque fois, l'inspecteur se contentera de saluer bien poliment le chef de l'IRA d'un respectueux : « Bien le bonjour M. Collins » et il se gardera de signaler ces rencontres à sa hiérarchie.

A l’inverse des policiers ordinaires, les inspecteurs chargés de faire la chasse aux nationalistes irlandais en général et à Michael Collins en particulier, connaissent bien le fonctionnement de l'IRA et ont décortiqué l'organigramme de l'armée secrète grâce à l'abondante documentation qu'ils ont récupérée. En revanche, ils ignorent tout de l'apparence physique des chefs nationalistes. C’est ainsi que le 12 septembre 1919 lors de la perquisition au siège du Sin Féin, Michael Collins s’en prend verbalement à des inspecteurs d’origine irlandaise en les accusant de collaborer avec l’ennemi, mais ces fonctionnaires ne le reconnaissent pas et laissent partir ce « jeune secrétaire exalté ».

Michael Collins pousse la hardiesse à pénétrer la nuit dans les archives de la police pour avoir mieux comprendre le fonctionnement du renseignement anglais. Il prend un particulier plaisir à lire son propre dossier et il quitte les lieux en emportant la liste des informations transmises à la police durant l’insurrection de Pâques 1916. Il y trouve sans surprise le nom de bien des Dublinois qui se sont depuis lors reconvertis dans le nationalisme le plus pur !

En juillet 1919, Collins est enfin autorisé à tuer le premier policier. Des hommes armés de revolvers de calibre 38 frappent de quatre balles l’inspecteur Patrick Smyth à la porte de chez lui, sous les yeux de son jeune fils. Il survit cinq semaines avant de mourir de ses blessures. Le gouvernement anglais profite de l'émotion suscitée par cet assassinat pour interdire le Sin Féin ce qui paradoxalement, libère Michael Collins de tout contrôle politique.

Au fil des semaines, les assassinats se multiplient. Les tueurs abandonnent le calibre 38 en faveur de l'arme de service de l'US Army le Colt 1911A1 de calibre 45 bien plus puissante. En décembre 1919, un proche conseiller du maréchal French, lord gouverneur de l’Irlande est abattu dans un tramway. Quelques jours plus tard, c’est le convoi du maréchal tombe dans une embuscade mais French réussit à en réchapper indemne.

A la fin de l’année 1919, le bilan est lourd pour les Anglais : 221 tués et 353 blessés pour l'ensemble de l'Irlande. La police se démoralise lentement mais sûrement. Les démissions font fondre les effectifs comme neige au soleil. Pour renforcer les rangs des forces de l’ordre, le gouvernement autorise le recrutement d’auxiliaires en Angleterre parmi les anciens combattants de la Grande Guerre et fait venir des policiers d’Ulster pour remettre de l’ordre à Dublin. Mais le 21 janvier, l’un de ces nouveaux venus, l’inspecteur Redmond, nouveau chef de la section G, est tué. Son décès provoque un retour précipité à Belfast des policiers loyalistes. La section G de la police dublinoise cesse à partir de ce moment d’être opérationnelle. Ce succès encourage Michel à changer de braquet. Les membres du « Squad » arrêtent leurs activités professionnelles pour se consacrer entièrement à la lutte armée.

Avec l’arrivée des Black and Tans sur le sol irlandais, les Anglais inaugurent en 1920 la politique de contre-terreur tant espérée par Michael Collins. Les autorités ont le vain espoir qu’elle décourage les Irlandais de soutenir l’IRA et le Sin Féin. Non seulement des civils sont attaqués sans discrimination, les maisons des sympathisants de la cause nationaliste incendiées, mais des équipes de tueurs liquident des chefs nationalistes en utilisant les mêmes méthodes que le « Squad ».

A Londres, le maréchal Wilson, chef d’état-major impérial, trouve que l’on n’en fait pas assez. Il propose que soient affichées à la porte des églises des listes d’otages parmi lesquels on choisirait cinq noms au hasard pour les fusiller à chaque fois qu’un militaire ou un policier tomberait sous les coups de l’IRA.

De son côté, Winston Churchill, le ministre de l’Intérieur plaide pour l’adoption de méthodes bolcheviques : des juges itinérants capables de condamner à mort des prisonniers qui seraient exécutés dans les huit jours.

Si les plus hautes autorités anglaises émettent de telles opinions, il n’est pas étonnant qu’en Irlande leurs subordonnés aient compris qu’ils avaient carte blanche. Le nouveau chef de la police pour la province de Munster, Gerald Brice Fergusson déclare en juin 1920 à un groupe de policiers en uniforme du RIC qu’ils ont le droit de « tirer à vue sur n’importe quel individu suspect. Vous pourrez, de temps en temps, commettre des erreurs mais aucun policier ne sera poursuivi pour avoir abattu un suspect ». Le prenant au mot, l’IRA le fera passer de vie à trépas le 17 juillet suivant.

Arrivent aussi à Dublin des Anglais spécialisés dans le renseignement qui se mettent au travail dans le plus grand secret, en court-circuitant les fonctionnaires irlandais et privant ainsi Michael Collins de ses sources d’informations. Les Irlandais découvrent néanmoins que ces agents anglais se réunissent après leurs heures de service au café Cairo. Des volontaires sont envoyés fraterniser avec ceux qu’ils appelaient désormais le « Cairo gang » dans le but de les identifier et de repérer leurs domicile.

Le dimanche 21 novembre 1920, Michael Collins mobilise tous ses hommes pour abattre une cinquantaine de membres « logés » du Cairo Gang dans leur sommeil. Pour ce faire, il est contraint de racler les fonds de tiroir et de solliciter des volontaires manquant d’expérience ou tout simplement de maturité. Un jeune pistolero de l’IRA, surpris au détour d’un couloir par un miroir, tire sur son propre reflet ! Il alerte ainsi sa cible qui a le temps de s’enfuir par la fenêtre. Au petit matin, le bilan est lourd pour les Anglais, quatorze tués, des agents secrets terrorisés qui se réfugient avec armes et bagages dans l’enceinte du Dublin Castle. Mais Michael Collins est amer. Sur une cinquantaine de raids, la majorité a échoué et de précieux volontaires sont tombés entre les mains des Anglais.

Les scènes décrites par les survivants à la commission d'histoire militaire sont particulièrement pénibles. Les cibles du Squad sont souvent surprises au lit avec leurs épouses dans des maisonnées pleines d'enfants et l'exécution de l'agent anglais dans ces circonstances est une épreuve psychologique bien douloureuse pour les volontaires.

Au matin du « Bloody Sunday », faute d’identifier les responsables, les Britanniques se vengent des attaques de la nuit en tirant sur la foule assistant à un match de football gaélique, tuant quinze spectateurs, dont deux enfants, et blessant soixante autres personnes.

Les lourdes pertes de novembre 1921 ont conduit les Britanniques à se réorganiser. A Dublin, ils écartent définitivement les Irlandais de la lutte contre l’IRA et se logent exclusivement chez des loyalistes où les protestants et les francs-maçons sont en majorité. Cette sage précaution rend les travaux d'approche par les volontaires de l'IRA extrêmement difficiles. Exploitant les renseignements recueillis et les aveux extorqués, les Anglais commencent à marquer des points. Pour circuler plus librement dans les rues de la grande ville de l'IRA, ils enchaînent des otages irlandais dans leurs véhicules pour décourager les embuscades.

Dans le reste du pays, manquant de renseignements, les auxiliaires se déchaînent, multipliant les exactions et laissant derrière eux des villes et des villages en flammes et une traînée de cadavres.

Ces politiques britanniques, si elles obtenaient de modestes résultats sur le terrain, se payent au prix fort au sein de l’opinion publique tant en Angleterre que dans le reste du monde. Les reportages publiés dans la presse suscitent une grande émotion et le gouvernement du premier ministre Lloyd George se trouve confronté à une opposition grandissante. Pour éviter de donner des arguments à ses adversaires, Michael Collins réussit à faire abandonner tous les projets d’attentat contre des ministres anglais à Londres.

Souhaitant accélérer le cours des événements et forcer la main aux Anglais, les responsables politiques irlandais exigent que l’IRA frappe un grand coup à Dublin. A contre cœur, Michael Collins organise le 25 mai 1921 la prise et l’incendie spectaculaire de la Custom House, un bâtiment emblématique au cœur de Dublin, abritant l’administration des finances pour toute l’île. Si le bilan pour l’IRA est désastreux : 5 tués et 80 prisonniers, cette opération se révèle un extraordinaire succès de propagande. Le monde entier s’intéresse au sort de l’Irlande et le premier ministre Lloyd George prend prétexte de cette attaque pour écarter les partisans de la répression et contacter Éamon de Valera pour finalement se mettre d’accord sur un cessez-le-feu qui prend effet le 11 juillet 1921.

Il était temps, l’IRA est à bout de souffle. Michael Collins avait informé en juin le gouvernement irlandais que l’armée secrète manque d’armes et de munitions. Ses rangs, décimés par les Anglais ne comptent plus que trois mille combattants. Près de 5000 volontaires ont été arrêtés et 500 sont morts.

L’auteur met en relief que les protagonistes de cette guerre souterraine ne sortirent pas indemnes de cette orgie de meurtres. Ils furent nombreux à refuser de se soumettre à la décision du parlement d’accepter les termes du traité de paix anglo-irlandais. Ces jusqu'au boutistes payèrent de leur vie ce choix au cours de la cruelle guerre civile qui ensanglanta l’Irlande du 28 juin 1922 à mai 1923.

En refermant ce livre, le lecteur peut en rester là et passer à autre chose. Il peut aussi réfléchir à l'usage de la terreur en politique. Michael Collins a fait appel à cette technique dans des circonstances exceptionnelles qui en maximisaient les avantages : une population unie contre un occupant aidé par des collaborateurs en petit nombre. Quand Collins ne bénéficiait pas de ces conditions, comme en Ulster, le schéma ne fonctionnait pas.




Le succès de Michael Collins nous aide aussi à comprendre a contrario pourquoi certains groupes qui font appel à la violence politique ne réussissent pas. Prenons le cas de l'ETA dont les théoriciens connaissent fort bien l'histoire de leurs grands frères insulaires. La raison principale de l'échec relatif de cette organisation est son absence de soutien massif de la population. En dehors de quelques zones ponctuelles, l'ETA ne bénéficie au mieux que du soutien d'une minorité des Basques appartenant à une mouvance politique d'extrême-gauche. En face, non seulement le nationalisme modéré est majoritaire, mais les opposants au projet nationaliste mobilisent 40 % des voix.

Autre obstacle : l'absence de cibles à haute valeur ajoutée dans sa zone d'influence. La majorité des fonctionnaires ou des élus dans le Pays Basque sont issus de la population locale et s'inscrivent dans la mouvance du nationalisme modéré. Les conséquences désastreuses des assassinats de personnalités basques comme Miguel Angel Blanco ou le chef du parti socialiste basque Mikel Buesa n'ont pas encouragé l'ETA à persévérer. L'assassinat de personnalités espagnoles en dehors du Pays Basque est plus difficile à organiser et l'impact de ces actions très limité. Le recours à des attentats aux explosifs est un aveu de faiblesse.

Autre point remarquable, aucune des familles des plus de mille victimes de l'ETA ne s'est lancée dans une vendetta, évitant ainsi d'enclencher le cercle vicieux des représailles collectives obligeant tout un chacun à choisir son camp.

Autre échec de l'ETA, son incapacité à déclencher des violences indiscriminées contre des secteurs de la population. En dehors du triste épisode du GAL, ces tueurs maffieux payés par les fonds secrets du gouvernement socialiste de Felipe Gonzales, la lutte contre l'ETA repose strictement sur des techniques policières conventionnelles et sur le travail de juges d'instruction spécialisés.

Les cafouillages de la justice, comme la libération de libération au terme de vingt ans de prison, du sanguinaire De Juana Chaos, responsable de la mort de 25 personnes, prive l'ETA d'arguments pour discréditer la justice espagnole et, au contraire, renforce la mobilisation civique des victimes, puissant argument dans la bataille de l'opinion publique.

Les victimes de l'ETA se regroupent au sein d'associations intervenant dans le débat public et qui investissent plusieurs fois par an les rues des grandes villes espagnoles en mobilisant parfois plus d'un million de manifestants. Ces pressions populaires constituent des armes puissantes contre la lassitude des élites gouvernantes contre la permanence d'un phénomène de violence politique.

Dans l'état actuel des choses, l'ETA n'est pas en mesure d'entreprendre une politique de terreur comme celle mise en pratique par Michael Collins et peut difficilement sortir de son vivier politique au sein de la gauche radicale basque. Sans une évolution de la situation, elle est condamnée à végéter au rang de nuisance tolérable.

La contre-terreur est-elle une option ?

Une question mérite d'être posée. La contre-terreur peut-elle venir à bout de la terreur ? Oui, mais le prix à payer est terrible. L'exemple le plus connu est celui de l'Argentine du général Videla. Au début des années 1970, se développe dans le pays une guérilla marxiste qui conduit des opérations armées nombreuses et sanglantes, prenant pour cible des militaires et des syndicalistes. Le régime péroniste a bien du mal à faire face et en 1976 l'arme prend le pouvoir et entreprend une lutte sans merci contre la guérilla. Non seulement elle poursuit les combattants ennemis sans relâche, mais elle met sur pied une véritable politique de terreur qui vise à assécher le vivier politique dans lequel évoluait la guérilla. Le mécanisme imaginé par les militaires, bien conseillés par d'anciens militaires français, est celui du carnet d'adresses. Quand un suspect est interpellé, ses relations et contacts sont à leur tout arrêtes et interrogés. Cette méthode met hors circuit progressivement les soutiens intellectuels et moraux de la guérilla, privant les combattants de sources de renseignements, de relais, de planques, de courriers, bref de toute le milieu révolutionnaire dont ils ont besoin. Les militaires ne s'embarrassent pas de scrupules moraux ou de considérations juridiques. Les personnes détenues sont le plus souvent éliminées de manière extrajudiciaire.
En revanche, contrairement à l'Irlande, les militaires savent qu'ils comptent sur le soutien implicite d'une majorité de la population. Les arrestations, les disparitions ne concernent qu'une frange réduite de la bourgeoisie avec laquelle la majorité des Argentins ne s'identifie pas. Il suffit de lire le nom et le profil socio-économique des guérilleros tués lors de l'attaque de la base de Montechingolo en 1975 pour comprendre qu'ils ne sont pas représentatifs de la population argentine. Par exemple, on n'y trouve aucun paysan et presque aucun ouvrier. En revanche, les enfants de professions libérales ou intellectuelles son majoritaires. Enfin, les noms de nombreux terroristes suscitent des réactions de xénophobie de la part de la majorité qui aident les militaires. Voilà sans doute pourquoi la police et l'armée ont bénéficié en permanence d'informations précises fournies par la population, dénonçant tel voisin qui reçoit des visites tard dans la nuit ou chez qui l'on voit des jeunes gens aux activités suspectes.

Terreur et contre-terreur laissent des traces si durables et si perverses dans la mémoire collective que cette tentation devrait être refusée par ceux en position de faire le choix.Malheureusement, les avantages de la terreur sont tels qu'elle s'impose d'elle-même et que les conséquences tragiques de cette politique semblent à court-terme un moindre mal.