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lundi 24 novembre 2008

Du nouveau sur la Vendée

La guerre de la Vendée et le système de dépopulation
Gracchus Babeuf

Cerf, Histoire à vif, 236 p., chronologie, sources, biblio., 24 euros, ISBN 978-2-204-08732-2. Présenté en annoté par Reynald Secher et Jean-Noël Brégeon, introdcution de Stéphane Courtois et avant-propos de Reynald Sécher.


Reynald Secher et Jean-Joël Brégeon (qu'on a connu dans le passé plus timoré) frappent un grand coup avec leur nouvel opus publié par les éditions du Cerf qui décidément ont mangé du lion. On ne les reconnaît plus ! Se seraient-ils enfin mis à l'école de Benoît XVI ?

Le prétexte de cette réédition, car il en faut toujours un, est le soixantième anniversaire de la convention de l'ONU « pour la prévention et la répression du crime de génocide ». C'est un Juif polonais, Rafaël Lemkin, qui avait imaginé le terme. Toutefois, comme le soulignent les auteurs, déjà en 1794 le révolutionnaire français Gracchus Babeuf s'interrogeait sur la nature de la répression exercée sur les Vendéens. Il avait quant à lui imaginé le terme de « populicide ».

En outre, une proposition de loi impulsée par les députés Lionel Lucas et Hervé de Charette vise à la reconnaissance du génocide dont la Vendée a été la victime.

Une des reproductions illustrant l'ouvrage, le rapport de Louis-Marie Turreau, général en chef de l'armée de l'Ouest, au Comité de salut public en date du 24 janvier 1794, qui traite notamment de l'extermination de tous les habitants de la Vendée militaire et à la destruction de leurs biens.

Enfin, les auteurs rappellent cette vérité effrayante : plus de deux cents ans après les terribles événements de la Vendée, les lois d'anéantissement et d'extermination n'ont jamais été abrogées. Qu'attendent nos députés pour le faire ?

Pour ce qui concerne le corps de l'ouvrage, il s'agit d'une nouvelle édition du texte publié par Gracchus Babeuf à l'occasion du procès de Jean-Baptiste Carrier, l'auteur des noyades de Nantes. Gracchus Babeuf, considéré comme le père du communisme, est l'une des grandes figures de la sinistre révolution française.

Dans cet ouvrage, l'auteur s'interrogeait sur la nature de la répression perpétrée par la Convention en Vendée. Il dressé un réquisitoire très bien documenté et d'une totale modernité, contre la politique dictatoriale menée par les Conventionnels avec Robespierre en France entre 1793 et 1794.

Cette politique, rappelons-le, devait conduire à l'anéantissement et à l'extermination des Vendéens, Bleus et Blancs confondus, et de préférence des femmes et des enfants.

Aquarelle anonyme intitulée les Fusillades de Nantes (1793).

Les auteurs sortent des sentiers battus en définissant un quatrième crime le génocide, le « mémoricide » pour décrire les tentatives des thuriféraires de la Révolution d'en occulter les forfaits.

Signalons que son reproduits pour la première fois le texte de la loi d'extermination; la lettre de Turreau, général en chef des armées de l'Ouest, qui explique comment il va procéder pour éliminer tous les habitants de la Vendée, la lettre de Jean-Baptiste Carrier relative aux noyades de Nantes et de nombreuses illustrations peu connues.

Bref, un livre indispensable qu'il faut lire et offrir.

mardi 12 février 2008

Le livre qui dérange l’Université

Olivier Pichon, directeur du magazine Monde & Vie.

Révolution française La vérité dont ils ne voulaient pas

Au moment où paraît le Livre noir de la Révolution française (Cerf, 882 pages, 44 €), les députés Hervé de Charette et Lionnel Luca cosignent une proposition de loi relative à la reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794. Extraits de l’exposé des motifs :
« Les exemples montrant la volonté incontestable de la Convention d’anéantir une population sont nombreux et variés ; ce qu’explique en 1794 Gracchus Babeuf dans un pamphlet, Du système de dépopulation ou La Vie et les crimes de Carrier, dans lesquels il dénonce les exactions commises par J-B Carrier lors de sa mission à Nantes qu’il nomme populicide. » (disponible intégralement sur le site de l’Assemblée nationale).

Pour la sortie de ce livre, Olivier Pichon, directeur du magazine Monde & Vie a posé quelques questions à l’historien Reynald Secher qui a participé à sa rédaction au titre de ses travaux sur le génocide vendéen*.

M&V : Vous avez participé à la rédaction du Livre noir, mais ce livre ne vient-il pas tardivement ?

Reynald Secher : Oui et non. Oui, parce que le bicentenaire de la Révolution française était l’occasion de dire enfin la vérité sur cette révolution et sa vraie nature. Il n’en était pas question à l’époque pour deux raisons :
1. Nous étions en pleine ère mitterrandienne et le chef de l’État, au nom de l’intérêt supérieur de la nation voulait une commémoration monolithique qui ne soit entachée d’aucune critique historique. L’université, lieu naturel de la liberté de recherche mais inféodée au pouvoir s’est soumise à ce désir politique et idéologique. Il faut se souvenir qu’à l’époque, les cérémonies n’ont été consacrées qu’à la glorification de la Révolution, toute contestation refoulée et les contestataires réprimés.
2. Il faut se souvenir qu’à l’époque l’URSS était toujours présente, les blocs s’affrontaient encore et que les intellectuels français penchaient du côté du socialisme soviétique qui se voulait héritier de la Grande Révolution française et réciproquement. Souvenons-nous d’ailleurs du sort réservé aux intellectuels de haut niveau comme François Furet, dénoncé à l’époque comme un parjure. D’ailleurs, dans ce livre, Stéphane Courtois souligne cette filiation. D’où le fait que cette commémoration fut concentrée sur une seule année avec le fiasco que l’on sait.
Au niveau international il faut se rappeler qu’un certain nombre de chefs d’États avaient dénoncé cette commémoration par exemple Margareth Thatcher et Ronald Reagan en parlant de détournement de vérité historique.
Non, parce qu’il n’est jamais trop tard pour qu’éclate la vérité, d’autant que le contexte médiatique est bouleversé et que si les médias et les universités s’interdisent de parler de l’ouvrage, Internet fera le travail. Le directeur de la collection, Renaud Escande, a été d’ailleurs surpris de la passion manifestée depuis quelques mois à l’annonce de cette publication et notamment des lettres d’insultes et de menaces qu’il a reçues. Qui plus est, au niveau national avec l’effondrement du marxisme et du Parti communiste, les enjeux sont différents et le corps enseignant est devenu plus critique par rapport à ce qu’on lui demande de transmettre et la presse plus sceptique. Au niveau international, la chute de l’URSS a bouleversé la donne et, maintenant, la vérité éclate sur ce qu’a été le communisme en URSS et à travers le monde. Avec la publication du Livre noir du communisme par Stéphane Courtois, on a compris la nature véritable de la Révolution et, par ricochet “à travers la fille on juge la mère”. À titre d’exemple, grande a été ma surprise lorsque la première chaîne de télévision russe, en découvrant que Lenine avait exterminé Tambov au nom de la Vendée, est venue me voir pour comprendre ce qu’était la Vendée et a réalisé un film diffusé le 1er novembre 2007 en prime time. Le succès a été tel qu’ils en sont à la troisième rediffusion! Avec le recul, le bicentenaire a été le chant du signe de l’historiographie révolutionnaire dominée par le robespierisme et la fin d’une vision manichéenne de l’histoire régionale, nationale et internationale. Pour notre époque, comprendre le génocide vendéen c’est comprendre le génocide arménien et juif. Le recul de l’histoire permet de mieux comprendre la manipulation de l’histoire et le révisionnisme déjà dénoncé par Taine en 1884 et, bien entendu, le négationnisme car la Vendée est un prototype.

M&V : Il semble que tout le monde n’entende pas ce discours, je trouve dans les documents officiels diffusés par le Centre de documentation pédagogique (CNDP, Chouans et Vendéens, n° 469) sous la direction de l’historien robespierriste Jean-Clément Martin des thèses résolument négationnistes sur la Vendée.

R.S. : On ne peut qu’être stupéfait par les contenus de cette revue destinée aux enseignants. À titre d’exemple : « Certains parlent improprement de génocide, en fait il n’y eut pas de plan de destruction, mais un délire politique pendant quelques mois de 1793 à 1794 autorisant des mesures menées de façon incohérente… parler de génocide c’est ne pas voir que près de la moitié de la France a été rangée dans la contre-révolution militante et punie » [sic]. En clair, il nie l’existence de la loi d’anéantissement votée le 1er août 1793, de la loi d’extermination du 1er octobre 1793, du plan Turreau dont nous avons l’original au fort de Vincennes. Très explicite puisque Turreau général en chef de l’armée de l’Ouest écrit lui-même à la Convention : « J’ai commencé l’exécution du plan que j’avais conçu de traverser la Vendée sur 12 colonnes… enfin si mes intentions sont bien secondées il n’existera plus, dans la Vendée, sous 15 jours ni maisons ni subsistances ni armes ni habitants que ceux qui, cachés dans le fond des forêts, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions. »

Propos recueillis par Olivier Pichon

*) Le génocide franco-français, la Vendée vengée, Reynald Secher, éd. Perrin