Affichage des articles dont le libellé est Claire Bommelaer. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Claire Bommelaer. Afficher tous les articles

samedi 18 avril 2009

Archives en danger ?

Le déménagement du site des Archives nationales dans une zone à risque a des conséquences sécuritaires qui ne semblent pas avoir été prises en considération.

Comme on peut le voir sur le site des archives, les nouveaux bâtiments se trouvent au beau milieu d'ensembles d'habitation, sans la protection qu'offrait le centre de Paris.

Voici ce qu'en dit le projet officiel :


Mai 2005 – concours d’architecture – texte de Massimiliano Fuksas

Le site des Tartres est un lieu de frontière, dans lequel différentes réalités se frôlent, chacune porteuse de ses propres échelles, caractéristiques et contraintes.

La cohérence du projet dépendra de sa façon de concilier les différentes échelles identifiées.

Ces zones périurbaines ont une âme, une culture et une expression qui n’appartiennent qu’à elles. Une âme aux marges de la ville, une âme née d’une culture qui voit coexister surtout des jeunes et des anciens, contrairement au centre ville où vit désormais une population qui a entre trente et cinquante ans, généralement sans enfant. La ville d’aujourd’hui expulse les enfants et les plus âgés! Les banlieues a
britent donc les enfants et les plus âgés, le futur et la mémoire, raison pour laquelle elles sont plus vivantes, plus fortes que les centres villes.

Mais le problème est beaucoup plus crucial: ces espaces n’ont plus d’identité. Nous détruisons le monde non seulement en abattant les arbres mais aussi en oubliant de préserver l’identité de notre territoire.
On peut partir de là pour travailler : la géographie des lieux.

La réponse du projet dans ce cas ne peut pas être de l’ordre du « design » ou du «maquillage» urbain.
L’étude de son fonctionnement, le positionnement de ses accès, son orientation urbaine, sa lisibilité morphologique sont des enjeux importants afin que cet équipement ne soit pas conçu comme un énième élément isolé et introverti qui se juxtapose ou s’ajoute à la ville, mais qu’il devienne un véritable « générateur d’urbanité ».

Redonner à l’architecture son rôle et sa fonction d’origine, être à la fois le produit représentatif et l’accompagnement fonctionnel de l’activité humaine (fonction éthique).

Dans nos divers travaux d’architecture et d’urbanisme la préoccupation majeure est de percevoir et de concevoir le territoire comme un lieu cherchant à être doté de son identité spécifique ainsi que de révéler au Lieu sa géographie. Ainsi tous nos projets sont conçus comme des entités vivantes qui viennent s’insérer dans l’organisme que représente la nature ou la ville.
Cette démarche oblige l’investigation du contexte et permet l’intégration du projet dans le paysage sans tomber dans l’excès stérile. Dans la continuité de cette position se situe notre volonté de redonner à l’Architecture un impact humain se situant dans la réalité du présent. L’éthique remplace l’utopie.
La première chose à faire est donc de fabriquer un paysage, une géographie.
Géographie comme identité d’un lieu physique.

Mais, au-delà de la réalité, au-delà des contraintes, il faut doter un projet d’une dimension poétique.

Une architecture capable de créer des émotions …

La présence du rêve aussi est importante. Mais dans quelle mesure peut-on faire rêver les gens ? Peut-être en leur racontant des histoires, en employant des images : la figuration n’est peut-être pas le moyen le plus efficace de parler aux gens.

La société, comme la ville, sont faites de conflits. Autant en prendre acte et travailler avec les matériaux qui sont à notre disposition. (suite à lire sur le site).

En d'autres termes, l'architecte a complètement négligé la question de la compatibilité de l'objet à préserver avec son environnement humain.

Au cours des prochaines éruptions de violences urbaines, quel peut être l'exutoire de la colère des émeutiers ? Tout ce qui va représenter à la fois l'Etat et le pays dont ils haïssent l'identité nationale, l'histoire, la culture, qu'ils associent avec leur marginalisation sociale.

Les archives peuvent constituer la cible préférentielle de ces petits épisodes d'intifada banlieusarde. Contrairement aux affirmations irénistes et irréelles de la journaliste du Figaro Claire Bommelaer, la présence des Archives au milieu d'une poudrière sociale et ethno-religieuse ne risque en rien d'apaiser les tensions mais au contraire des les aviver.

Comme le chiffon rouge devant les yeux d'un bête de combat dans l'arène. Belle corrida en perspective dont risquent d'être les victimes les archives et notre mémoire collective.

Ce n'est pas d'une caserne de pompiers dont le site a besoin, mais d'une caserne de gendarmes mobiles dotés des blindés légers.





Qaund le Figaro fait dans le gnan-gnan

La journaliste Claire Bommelaer a consacré ce matin un article intéressant, mais à la conclusion particulièrement gnan-gnan, sur le déménagement des archives nationales à Saint-Denis.


Quand la mémoire de la France déménage


Le déménagement des Archives nationales vers le nouveau site de Pierrefitte-sur-Seine se prépare dans le silence et le sérieux qui sied à cette vieille institution. Fin 2011, l'affaire devra être bouclée, sans que l'on ait perdu un précieux parchemin ni que les chercheurs aient été incommodés par le chamboulement de leurs habitudes. Vu de l'extérieur, cela semble à portée de main. Mais dans le saint des saints, un vrai plan de guerre a été mis en place.

À l'aide d'un curieux schéma, la Direction des archives explique ce qu'elle appelle «le chantier des fonds». D'abord, le décompte de millions d'archives, puis leur bilan sanitaire. Ensuite, leur conditionnement, la désinfection éventuelle, la restauration, le microfilmage ou la numérisation. Le tout s'étalant sur des années. Des mois et des mois passés en sous-sol à aspirer la poussière, à recoller des tranches, à mettre des documents dans de nouvelles chemises en carton, à photographier des millions de pages, puis à apposer des codes-barres.

Dès que l'on retire un dossier d'une étagère pour le reconditionner, il faut organiser une traçabilité, puisque rien ne ressemble plus à une boîte qu'une autre. Certains documents seront traités à Paris, au palais Soubise dans le Marais, mais la numérisation ne peut se faire qu'à l'extérieur. Et dès que l'on déplace une boîte entre deux sites, il faut un transporteur spécialisé, obligatoirement accompagné d'un fonctionnaire des Archives pour des raisons de sécurité.

D'ici au déménagement, dont la préparation aura nécessité près de 5 ans, 7 millions d'images auront été numérisées, 4 millions microfilmées. Pendant le déménagement, qui s'étalera, lui, sur 14 mois, 180 kilomètres de rayonnages seront déplacés. Une mission titanesque qui coûtera la bagatelle de 245 millions d'euros, dont 190 pour la construction du nouveau bâtiment. «Nous préparons la mémoire de demain : rien ne doit se perdre», résume Martine de Boisdeffre, directrice des Archives de France (*).

Le testament de Louis XIV
Pour l'instant, les archives publiques nationales - 300 km de dossiers, en plus ou moins bon état - sont stockées sur deux lieux : dans le quartier du Marais, à Paris, et à Fontainebleau, où sont entreposées les archives postérieures à 1958.

À Paris, une splendide salle Napoléon III, en bois avec escaliers en métal, abrite les archives de la monarchie, celles du Parlement, le trésor des chartes, ainsi que la fameuse armoire de fer. Bardée de trois portes, elle renferme des documents exceptionnels, comme le journal de Louis XVI ou le testament de Louis XIV, dans lequel il indique qu'il «a trop fait la guerre». Consultables au compte-gouttes, ces pièces uniques ne sont manipulables que par un conservateur ganté. Elles resteront à Paris, pour des raisons de sécurité et de prestige, avec les archives datant d'avant 1790 et le minutier central des notaires.

Après un parcours dans les dédales du bâtiment parisien, on débouche sur des rayonnages en métal gris façon Castorama. Ils hébergent sur des milliers de mètres des milliers de boîtes en carton aux codes mystérieux. «Toute cette partie du bâtiment n'est plus aux normes : les hausses ou les baisses brutales de température mettent ces archives en péril, explique Isabelle Neuschwander, directrice des Archives nationales, et, curieusement, ce sont les documents les plus récents qui s'abîment le plus. Les archives de Vichy, par exemple, se dégradent et ne survivront pas au temps qui passe.» Rédigées en encre violette, les minutes de la police de Vichy pâlissent de jour en jour. Elles ne sont, qui plus est, pas photocopiables, et doivent impérativement être microfilmées.

Depuis 1790, le service des Archives récolte tout ce qui a trait à la vie de l'État et de la nation. S'y sont ajoutés des fonds privés, comme les archives de la maison de France, celles de d'Antoine de Saint-Exupéry ou encore, celles de Maurice Thorez. Bercy et le Quai d'Orsay ont leur propre système de conservation. Pour le reste, à chaque élection ou chaque remaniement, président et ministres doivent remettre leur prose. Par goût du secret ou par négligence, les archives ministérielles ne sont pas toujours impeccablement tenues. Et depuis l'avènement du courriel et des SMS, une partie disparaît purement et simplement, en dépit des copies faites sur CD-ROM.

Mais l'administration française a les défauts de ses qualités : son pointillisme légendaire s'avère in fine précieux pour l'archivage. Les archives de Valéry Giscard d'Estaing représentent 4 500 cartons, les deux septennats de François Mitterrand près de 14 500 cartons !

Tous ces documents sont gardés pour la postérité, mais aussi et surtout pour les citoyens. C'est un principe fondateur des Archives : chaque Français a le droit à un accès libre et gratuit à l'histoire et à sa propre histoire. Si tant est que les délais légaux sont passés (75 ans pour les dossiers judiciaires et d'état civil, 50 ans pour ceux couverts par le secret-défense), les fonds sont en général consultables à la demande. par ailleurs, 100 millions de pages, notamment les actes d'état civil, sont déjà mis en ligne. Quant aux demandes de dérogation, elles aboutissent positivement «dans 95 % des cas», surtout depuis la loi de 2008 qui a réduit considérablement les délais et les procédures.

Système de brumisation
Chaque année, 10 000 lecteurs viennent ainsi plancher dans la salle de lecture. Des chercheurs, des thésards, des écrivains, des particuliers. Les fonds les plus prisés sont ceux des ministères de la Justice ou de l'Intérieur. Depuis les lois mémorielles des années 1990, les Français s'intéressent aux fonds sur les dommages de guerre, qui restaient jusque-là intouchés, à la Seconde Guerre mondiale, à leurs propres origines. Depuis peu, les questions d'environnement, des gens du voyage et les Tsiganes captent l'attention. Ces lecteurs, quels qu'ils soient, seront prioritaires même pendant le déménagement.

«On ne peut pas avoir deux salles de lecture, c'est trop compliqué et cela ne respecterait pas les règles de sécurité : nous garderons celle de Paris tant que le déménagement ne sera pas fini. Et les boîtes feront des allers et retours entre les deux sites», explique Isabelle Neuschwander. Limiter les sorties permet d'ailleurs de limiter les éventuels vols. À l'entrée, le lecteur est prié de laisser ses effets personnels et de se munir d'un sac en plastique transparent. Il doit remettre sa carte d'identité, s'inscrire dans un registre. En dépit de ces précautions, parfois, une page disparaît. D'autres sont dégradées : par souci de «véracité», il arrive qu'un indélicat corrige au crayon un détail ou une date.

Le futur site de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) fera justement la part belle à la sécurité. Conçu par l'architecte italien Massimiliano Fuksas, il sera un mélange de boîte noire et d'ouvertures. Situé dans une banlieue sensible - c'était un des paris de cette délocalisation décidée en 2004 par Jacques Chirac -, il sera soumis, bien sûr, au plan Vigipirate et sera fermé la nuit. Une caserne de pompiers sera construite à proximité, et un système de brumisation, moins dévastateur que l'eau en cas d'incendie, sera mis en place.

Les Archives ont organisé une série de communications à l'adresse des habitants de Pierrefitte, et tenté de les sensibiliser en recevant des scolaires de La Plaine-Saint-Denis dans les salles historiques de Paris. La RATP s'est par ailleurs engagée à réaménager la sortie de la station de métro, qui dessert pour l'instant le quartier et l'université Paris-VIII. Elle pourrait ouvrir un centre commercial à côté du nouveau bâtiment d'archives, afin de faire de ce quartier un véritable lieu de vie.

«Avec ce déménagement, le sanctuaire de la monarchie va se télescoper avec la France sensible, la France mélangée avec la France de la Basilique», s'est ainsi réjoui l'historien Pierre Nora. Du rôle du vieux papier comme pacificateur du 9-3 !

[Peut-on imaginer de conclusion plus stupide ? L'art du novlang appliqué au politiquement correct pour en plus dire des inepties. Comme si les délinquants mineurs de ce département pouvaient trouver un intérêt à la mémoire historique du pays hôte ? A tout prendre, ils trouveraient avantage à visiter les archives d'Aix en Provence.»]

(*) Les Archives de France regroupent les Archives nationales, le réseau des archives départementales, les archives du monde du travail et celles d'outre-mer.