tag:blogger.com,1999:blog-7435220470370187582.post2571414371073892104..comments2024-02-26T11:49:44.037+01:00Comments on Aventures de l'histoire: Le non-dit belgeBalbino Katzhttp://www.blogger.com/profile/10927974147399513232noreply@blogger.comBlogger1125tag:blogger.com,1999:blog-7435220470370187582.post-70360703275130411412008-02-29T08:19:00.000+01:002008-02-29T08:19:00.000+01:00Quelques précisions sur l’histoire de la Belgiquem...Quelques précisions sur l’histoire de la Belgique<BR/>mercredi 26 décembre 2007, par Daniel Cologne<BR/><BR/>(lire sur http://www.europemaxima.com/spip.php?article301)<BR/><BR/>Le 9 novembre 2007, au cœur de la crise d’une Belgique sans gouvernement depuis cinq mois, le site Aventures de l’Histoire a publié un intéressant article intitulé « Le non-dit belge ». Balbino Katz enrôle à ses côtés le journaliste du Nouvel Observateur, Claude Askolovitch, qu’il cite abondamment, pour persuader ses lecteurs que la tension communautaire Flamands - Wallons « n’est pas une simple question linguistique ». Voici la conclusion du texte : « C’est un règlement de comptes entre deux communautés qui solde des factures vieilles de soixante ans. »<BR/><BR/>Balbino Katz se contredit quelque peu, car plus haut dans l’article, il écrit : « La Révolution française et l’invasion du pays par les troupes du puissant voisin du sud ont accéléré la francisation des élites. » On voit donc bien qu’il y a dès le départ un problème de langue et que les factures remontent à plus de deux siècles.<BR/><BR/>Katz et Askolovitch ont le mérite « d’ancrer le conflit dans sa dimension historique ». Rares sont les journalistes qui le font, mais à la télévision belge, on voit des « manifestations de patriotisme belgicain » qui ne reflètent pas seulement le « point de vue d’un francophone » ou d’un « habitant de Bruxelles », mais qui émanent aussi de certains Flamands toujours attachés au drapeau noir - jaune - rouge. Katz est intellectuellement honnête et avoue prendre « le risque de la caricature ».<BR/><BR/>Cela dit, Askolovitch a raison de souligner que « la Belgique a longtemps été l’apanage des seuls francophones, maîtres de la culture et de l’économie ». Le mouvement flamand né vers 1860 est une « culture de résistance » à la domination de la langue française, une réaction identitaire doublée d’« une affirmation sociale », un combat mené par de grands écrivains (par exemple Hendrik Conscience), et pas uniquement par « des prêtres proches du peuple », une lutte dont le théâtre ne se limite pas à la ruralité des « villages du Nord ».<BR/><BR/>Askolovitch poursuit jusqu’à la Première Guerre Mondiale. Évoquant à nouveau le mouvement flamand, il écrit que celui-ci « s’extrait de la boue des tranchées de 1914 - 1918, porté par des soldats persuadés que le prix du sang leur offrira l’égalité ».<BR/><BR/>Parler d’équité serait ici plus exact. Le français était aussi au XIXe siècle la seule langue judiciaire. Des criminels flamands de droit commun furent jugés sans comprendre un mot de leur procès. Ce fut un des plus importants déclics de la révolte identitaire flamande.<BR/><BR/>Par ailleurs, la présence de milliers de combattants néerlandophones sur le front de l’Yser prouve l’existence d’un solide « patriotisme belgicain ». Théoricien de « l’âme belge », Edmond Picard est décédé en 1924. La Belgique est née en 1830. Jean Stengers a donc raison d’évoquer « le grand siècle du sentiment national belge », dont j’ajoute que le catholicisme constitue le ciment, malgré les coups de boutoir de la laïcité naissante. Katz remonte à l’Ancien Régime et rappelle que « les Pays-Bas méridionaux se sont constitués autour d’une identité catholique ». Le prince Charles-Joseph de Ligne est un bel exemple de cette « noblesse des Pays-Bas méridionaux » qui trouve « à s’employer » dans toutes les monarchies de la Chrétienté européenne, où triomphe la culture française. Diderot est au service de Catherine II de Russie. Voltaire séjourne auprès de Frédéric II de Prusse. Voltaire et le Prince de Ligne se rencontrent et leur légende leur prête une conversation sur la grande horloge cosmique inconcevable sans l’existence d’un Grand Horloger, Dieu des religions ou Grand Architecte maçonnique.<BR/><BR/>Askolovitch remonte aussi la ligne du temps jusqu’au Moyen Âge et jusqu’à « la victoire flamande contre l’armée française en 1306 ». Il me permettra cette légère correction : la bataille des Éperons d’Or, ainsi que les matines brugeoises, ont eu lieu en 1302. Revenu à l’histoire contemporaine, le journaliste a raison d’écrire : « En 1940, la Flandre militante s’égare dans la collaboration, convaincue que l’Allemagne victorieuse lui donnera l’indépendance. » Katz confirme : « Les nationalistes flamands voient dans l’occupation allemande une opportunité pour obtenir l’indépendance de la Flandre. » Grave erreur politique, car même en cas de victoire de l’Allemagne et d’Europe nazifiée, les Flamands auraient été absorbés « sans autonomie politique » dans un Reich fondé sur une germanité soi-disant homogène, et non dans une impérialité de type habsbourgeois, souple, tolérante et respectueuse des diversités.<BR/><BR/>Katz et Askolovitch s’attardent sur l’épuration du second après-guerre. Elle fut plus dure en Belgique qu’ailleurs, parfois mesquine, certainement interminable, puisque les mesures d’amnistie se font toujours attendre alors qu’elles existent en France depuis 1959 et que l’Union Soviétique les a promulguées en 1955. Je ne suis toutefois pas d’accord avec la phrase que voici : « la dimension de règlement de compte inter-communautaire de cette répression est flagrante. »<BR/><BR/>En lisant cela, on a l’impression que s’opposent, d’un côté une Wallonie démocrate, de l’autre une Flandre fasciste. Certes, les circonstances historiques ont engendré jusque dans le Vlaams Belang actuel une « imprégnation fascisante », mais celle-ci est vouée à disparaître avec les nouvelles générations, n’en déplaise à Jean-Claude Defossé (R.T.B.F.) qui n’aura bientôt plus de photos inédites montrant des jeunes nationalistes flamands en visite chez Léon Degrelle.<BR/><BR/>Parlons précisément un peu de Léon Degrelle, de ses compagnons de la « Légion Wallonie », de Robert Poulet, Constant Malva, Pierre Hubermont, Félicien Marceau, Michel de Ghelderode. Où donc nos deux auteurs vont-ils chercher que les francophones et les Wallons ont fait preuve de tiédeur à l’égard de l’Allemagne ?<BR/><BR/>Alors qu’une majorité de « collaborateurs » flamands se limitaient à une « collaboration » culturelle (à l’exemple du peintre et écrivain Marc Eemans), des élites de Wallonie se déshonoraient dans la crapuleuse dénonciation des Juifs et des résistants. Tel fut le cas du châtelain du village natal de ma famille (en Hesbaye), avocat rayé du Barreau et recyclé dans le négoce des fruits après sa sortie de légitime incarcération.<BR/><BR/>Il est faux d’attribuer le blocage de l’amnistie à « l’opposition des francophones ». Je me souviens d’un vieux résistant flamand (de la région de Tongres). Interrogé par la R.T.B.F. sur la possibilité d’un pardon accordé aux collaborateurs du nazisme, il répondit (au début des années 2000) : « Il n’en est pas question. Si je devais me réconcilier avec les collaborateurs et si mes amis résistants décédés devaient me voir les trahir ainsi, ils penseraient que je suis un salopard (sic). »<BR/><BR/>On peut comprendre et même admirer la fidélité de ce Limbourgeois octogénaire à son idéal des années 1940. On ne doit pas pour autant se désintéresser des Flamands « exilés de l’intérieur », descendants des collaborateurs jugés « inciviques » ad vitam æternam.<BR/><BR/>Compensant leur marginalisation culturelle par la guerre économique, les Flamands ont inversé la tendance par rapport à une Wallonie, « puissance mondiale » au XIXe siècle (grâce aux mines et à la sidérurgie), aujourd’hui en déclin, avec néanmoins des signes de redressement.<BR/><BR/>Pour conclure avec Katz et Askolovitch, la Flandre possède aujourd’hui les moyens de se séparer de la Belgique et peut trouver dans l’histoire du pays de nombreuses et légitimes raisons à cette volonté séparatiste. L’amenuisement du « patriotisme belgicain » dérive aussi du spectacle de plus en plus décevant offert par une famille royale désormais exempte de fortes personnalités fédératrices. Les auteurs parlent assez peu des Saxe-Cobourg-Gotha. Ils sous-entendent l’ambivalence d’Albert Ier, alors que ce reproche me semble plutôt s’appliquer à Léopold III. Une chose est sûre : la Belgique est orpheline d’un Léopold II, et même d’un Baudouin Ier (décédé en 1993), à qui l’on peut faire grief d’un certain puritanisme religieux, mais dont le rayonnement personnel forçait une sympathie unificatrice. Avec la disparition de ce dernier vrai souverain d’une dynastie devenue ensuite insignifiante (sauf pour ceux qu’impressionne la « mathildomania »), la Belgique est entrée, pour paraphraser Spengler, dans ses « années décisives ».Anonymousnoreply@blogger.com